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lieux communs (et autres fadaises)

26 novembre 2016

commis-voyageur (en camionnette)

LE CLIENT
d'Ashgar Farhadi

C'est vrai que j'ai un peu tardé à le voir, celui-ci. Il passait beaucoup de jours à beaucoup de séances, et à chaque fois je me disais comme la soeur d'Antigone "J'irai demain...". Farhadi, je connais  tous ses films, je pense les avoir tous vus, et je me souviens  qu'il a, en France, un distributeur qui a véritablement su mouiller le maillot (dans des campagnes de pub extrêmement bien agencées) pour le faire connaître et reconnaître désormais comme un des réalisateurs iraniens importants qui comptent dans notre pays.
C'est vrai que je ne me suis pas hâté parce que je gardais un souvenir un peu mitigé du  dernier (Le passé) que j'avais trouvé moins convaincant, plus laborieux. (J'avais vraiment beaucoup aimé ses premiers films, La fête du feu, A propos d'Elly, Une séparation)
(Tiens, il faudrait un jour écrire quelque chose sur ce qui reste des films, une fois qu'on les a vus, et la façon dont on le gère, ce souvenir, je veux dire...)
Mais ce jeudi après-midi de pleut comme vache qui pisse, ça tombait bien, il passait à la première séance, et hop! donc. Dès le début, je me suis dit que c'était filmé avec une grande intelligence, et  je sentais que ça allait me plaire grave si ça continuait comme ça jusqu'au bout. Et ce fut le cas.
Dans le bôô cinéma, on connaissait par coeur sa bande-annonce qu'on y avait beaucoup beaucoup vu. Bande-annonce très bien faite, puisqu'elle raconte une certaine histoire, qui a l'intelligence de ne pas être tout à fait celle du film. On y a effectué un savant travail de montage, à partir de beaucoup de plans, et ça raconte l'essentiel, disons, de la moitié du film. Et c'est très bien comme ça. On a droit à une part de surprise, et c'est bien.
J'aime la façon, même si elle n'est pas tout à fait nouvelle, que Farhadi a, dès le début du film, de mettre l'accent sur le théâtre. (Si j'aime les films où il y a un film dans le film, j'aime tout autant les films où il y a une pièce dans le film, et c'est le cas ici, puisque Le client est comme qui dirait enceint de la Mort d'un commis-voyageur). Théâtre en tant que lieu (la scène les éclairages les machinistes les coulisses) mais en tant que miroir aussi (ce qui se dit/se joue sur scène et ce qui arrive "en vrai" dans la vie des personnages du film).
Rana et Emad sont femme et mari dans la vie, mais jouent le même rôle sur scène (mais je ne connais pas assez la pièce d'Arthur Miller pour en étudier davantage les parallèles). Obligés de fuit leur immeuble pour cause de risque d'écroulement, il sont relogés par un ami (théâtreux) dans un appartement qui leur semble plutôt pas mal, libéré par une mystérieuse précédente locataire (qui y a pourtant entreposé tout son bazar dans une des pièces, et est censée revenir le chercher "dès qu'elle aura trouvé une autre appart"), locataire dont on apprendra assez rapidement "qu'elle voyait beauoup de monde" ou "qu'elle était de moeurs légères" (traduisez : elle se prostituait). A cause de cette mystérieuse locataire, Rana va être victime d'une agression dans la salle de bain de l'appartement, et Emad va tout faire pour retrouver le coupable...
Comme je le disais plus haut, je trouve que tout ça est extrêmement bien fait, on est tendu pendant tout le film, à la fois derrière Emad qui mène désespérément son enquête, mais tout autant de Rana qui se remet mal de l'agression qu'elle a subie, faisant vivre à leur couple une crise sérieuse, à la fois dans leur quotidien, mais, évidemment, sur la scène du théâtre où ils jouent Mort d'un commis-voyageur.
Il sera longuement question de culpabilité et de vengeance (certains critiques ont qualifié le film d'hitchcockien, on pourrait préciser que cela aurait à voir avec Soupçons et Le faux coupable, pour jouer avec les titres, en rajoutant un zeste de L'ombre d'un doute, pourquoi pas de Jeune et Innocent, et, tiens pour faire bonne mesure Complot de famille ? je ne parle bien sûr que des titres...)
La résolution de l'intrigue aura lieu en huis-clos dans un appartement vide, et toute cette longue dernière scène renvoie directement à l'aspect théâtral de l'histoire que Farhadi avait souligné dès l'ouverture du film, bouclant ainsi la boucle. Impeccable est le mot qui me vient à l'esprit dans ces cas-là, et Le client vient confirmer l'estime que je porte à son réalisateur...

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22 novembre 2016

à part peut-être mme...

...en voilà une une qui décoiffe!
l'image fait rire, mais la réalité qu'elle recouvre, beaucoup moins...

 

22 novembre 2016

radicaux libres

APNÉE
de Jean-Christophe Meurisse

Celui-là, je l'attendais de pied ferme. Ces trois-là, plutôt (deux mecs et une nana) qui déboulent en robe de mariée avec fracas dans la scène d'ouverture du film, face à un maire à qui ils vont rapidement faire ses moyens. parce qu'ils veulent se marier, ensemble tous les trois, et que ça n'est pas prévu par la loi ("On vous parle d'amour, et vous nous parlez de loi..." lâche la demoiselle, passablement agacée). Ca démarre fort, avec cette porte qui claque et ces trois robes de mariés. Le la est donné. Qui permettra éventuellement de chantonner ensuite puisque s'ensuit ex abrupto une scène de patinage à poil, à trois toujours (un bonheur pour l'oeil, QV obligent) sur je ne sais plus quelle saison de Vivaldi (et c'est vachement mieux comme ça que de le subir sur le répondeur d'une administration quelconque, non ?) , suivie  d'une visite d'appartement exigu (de gourbi, plutôt) à quatre cette fois, avec vendeur en sueur, que notre trio va tenter de circonvenir (non, non, pas de circoncire, relisez). Puis on change d'endroit pour une scène de baignoire (à trois bien sûr), mais en vitrine d'un magasin, dans une rue passante (avec conversation fort civile, -dans la baignoire toujours- sur les préférences sexuelles de chacun(e) -que pensez-vous du doigt dans le cul ?- )
Nos trois tourtereaux (Céline Fuhrer, Thomas Scimeca, Maxence Tual, également magnifiques)  continuent donc leur petit bonhomme (et petite bonne femme) de chemin iconoclaste, libertaire, jem'enfoutiste.... Au fil des rencontres et des échanges qui s'ensuivent (certains fonctionnant mieux que d'autres). Sur des sentiers pas trop balisés jusque là dans notre cinéma français cocorico. Ca part dans tous les sens, ça tire dans tous les coins, de ci de là, cahin-caha, va chemine va trottine va petit âne (à chanter, bien sûr). Cour d'école maternelle, bureau de banque, quad sur les routes de Corse, apéro en bord de route avec les flics, village abandonné.... Et nous, on y va. Entre coq-à-l'âne et cadavre exquis, on trottine sur leurs talons, (ils cherchent toujours à se marier, voilà le -parfois lâchement détendu- fil conducteur, (ou, mieux, déconstructeur). Et ils y parviendront d'ailleurs -avec Olivier-Martin Salvan en maire (presqu'étonnamment "raisonnable", quand on connaît le lascar...) -
Jean-Christophe Meurisse (le réalisateur) a crée la compagnie (théâtrale) des Chiens de Navarre, à laquelle appartiennent nos trois héros, et le film, si j'ai bien compris, en est la transposition cinématographique. Improvisations collectives. On a un point de départ, une proposition  (un lieu, une phrase, un personnage, une situation) et on joue. On y joue, on en joue, on se renvoie la balle, on rebondit, des fois ça se combine miraculeusement bien, des fois c'est juste une étincelle et puis pffft ça fait long feu, et d'autres fois encore on rame, on essaie de tenir la distance mais ça ne fonctionne pas tout à fait... Il y a tous les cas de figure dans Apnée qui bout-à-boute ses vignettes (tout ça aurait un peu à voir avec la bande dessinée), et chacun(e) y trouvera c'est certain des choses qui lui plairont beaucoup beaucoup et peut-être d'autres moins.
Et puis le rythme. C'est comme la vie, finalement, on ne saurait être tout le temps au top, ou à donf, ou à fond de cale, il faut savoir (être capable d') accepter les modulations de l'énergie, de l'intérêt qu'on y porte, du plaisir (ou dé-) qu'on peut y prendre . Mais c'est la succession des moments et des situations (et leur interaction) qui produit l'énergie folle à laquelle le film carbure. Apnée est un générateur (de folie) de secours, qui pétarade et fait parfois de la fumée noire, mais qui génère -justement- un plaisir fou. Les Cahiaîs (avec lesquels, tiens, pour une fois je suis d'accord) lui trouvent une accointance avec le Peretjatko de La fille du quatorze juillet (que j'ai détesté) et de la loi de la jungle (que j'ai mieux aimé), et l'apparenteraient donc avec le "new burlesque à la française". Soit.
C'est vrai que le film est difficile à ranger précisément dans une case, un genre précis, une définition, il y a toujours un bout qui dépasse, qui accroche. Oserait-on parler de  "nouveau surréalisme" (ou créer une nouvelle case, celle du sous-réalisme ? ou, mieux encore, uber-réalisme ?)
En tout cas, tout cinéphile patenté et dûment certifié ne peut pas, en voyant apparaître l'autruche dans les rayons du supermarché, ne pas penser à la même (enfin, sa grand-mère voire même arrière-grand) qui clôturait Le fantôme de la liberté, de Luis Buñuel (autre joyeux agité/allumé/déconstructeur) et avait même eu à l'époque les honneurs de faire la couv de Pozitiff. Bigre! Un grand bonheur de cinéma, donc. Avec une étoile supplémentaire pour la justesse (et l'évidence) de ses choix musicaux, toujours percutants.
Et l'on est en droit, à ce moment, de reprendre son souffle...

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18 novembre 2016

rions un peu en attendant l'hiver

(un genre de réponse à Hervé...)
"Je n’ai rien à raconter
Je vis un éternel été
Ni gris, ni bleu, ni mérité
Qui dure depuis tant d’années
(...)
Je n’ai rien à raconter non plus
Aux autorités, je n’en peux plus
Je suis un cheval fatigué
Qu’on mène à la salle des pas perdus
Je n’ai rien à raconter, tant pis
A l’humanité, j’ai rien compris
Je suis un animal fatigué
Qui traîne la patte, laissez passer "
Gérard Manset

 
"J'aurais voulu te dire
J'aurais voulu te dire pourtant
Quelque chose
Quelque chose de gai
Ou de très différent
Mais je n'ai plus d'idées
Et je suis fatiguée
J'aurais voulu te dire
J'aurais voulu te dire vraiment
Quelque chose
Autre chose tu sais
Mais je n'ai plus d'idées
Et je suis fatiguée "
Françoise Hardy
"Today j'ai la vague à lames
Je n'sais trop pourquoi
Je sens mon coeur sur la lame
D'une vague de froid
Suis-je dans le no-man's land qui sait
Ou dans le no-way
(...)
Je nage en eaux troubles
je sais que ce n'est pas gai
De ma pirogue je vois s'éloigner
Mes deux pagaies"
Vanessa Paradis

"Et s’en allant là-bas le paysan chantonne
Une chanson d’amour et d’infidélité
Qui parle d’une bague et d’un coeur que l’on brise

Oh! l’automne l’automne a fait mourir l’été
Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes grises"
Guillaume Apollinaire

"Les carreaux d'la fenêtre sont fêlés
Y a un mélo à la télé
Comme ma vie en est un
J'éteins"
Alain Chamfort

 

"Je n’sais ce qui cloche
Tout me semble moche
L’pire c’est que c’est sans
Raison"
Jane Birkin

 

"Où sont tous mes amants
Tous ceux qui m'aimaient tant
Jadis quand j'étais belle ?
Adieu les infidèles
Ils sont je ne sais où
A d'autres rendez-vous
Moi mon cœur n'a pas vieilli pourtant
Où sont tous mes amants"
Fréhel

"Croire en demain
Croire que les secours vont venir
Donne moi la main
Tu sais ta fièvre finira bien par guérir
Nos grèves finiront bien par servir
A quelque chose enfin
A quelque chose ou à quelqu'un"
Nicolas Michaux
[Refrain]
"Alors
Haut les cœurs Haut les cœurs
On peut encore se parler, se toucher, se voir
Haut les cœurs (x3)
Il faut se dire des belles choses, qu'on gardera pour plus tard"
Fauve
11 novembre 2016

caravansérail

LES HABITANTS
de Raymond Depardon

Les Habitants ? Il y avait déjà ceux, remarquables, magrittesques, vaguement inquiétants, d'Alex van Warmerdam. Ceux-ci (les nouveaux) n'ont rien à voir, ou presque. Rayray (comme nous l'avions affectueusement surnommé il y a déjà un certain temps) a sorti du garage sa vieille caravane, l'a un peu rafistolée/aménagée, et est parti pour sillonner la France du nord au sud et du sud au nord, s'arrêtant ici ou là pour y planter son chapiteau (une table dans l'axe, deux sièges de part et d'autre, face à face donc, et derrière une grande fenêtre par laquelle on peut voir tout ce qui se passe derrière.)
Plutôt que de cirque, il s'agirait plutôt de théâtre. De petit théâtre ambulant. Où vont défiler une vingt-cinquaine de couples, de duos , de paires : mari et femme, père et fils, mère et fille, copain et copine, pote et pote, chacun/chacune nous offrant (par l'intermédiaire de la caméra -dissimulée- et de quelques micros) leur conversation. Nous gratifiant d'un échange, plus ou moins touchant, plus ou moins drôle, plus ou moins joué etc. Ces gens-là, des jeunes des vieux, des femmes, des hommes, des sérieux et des rigolards, des calmes et des excités, c'est comme les gens dans la vraie vie : il y en a qu'on a plus de plaisir  à écouter que d'autres (et même certain(e)s qu'on a le droit de trouver horripilant(e)s).
Le dispositif est simple, le découpage l'est tout autant : les moments de dialogues alternent avec les scènes de déplacements de la caravane à Rayray sur nos jolies routes de France (sur une alerte musique, très plaisante du très prolifique Alexandre Desplats) et des plans fixes de la même, sur son lieu d'installation.
C'est bref (même pas 1h30) c'est enlevé, et très plaisant à regarder. Ca se grigonte avec gourmandise, comme les fruits secs à l'apéro, et oui, ça en deviendrait presque addictif.
Je n'ai pas fermé l'oeil une seconde (c'est un signe qui ne trompe pas) , et ça ne m'aurait pas gêné d'en reprendre une poignée, bien au contraire.
Mais nous sommes tous différents (et le film le montre bien) et à la sortie de la salle, les avis divergeaient : un qui trouvait que "c'était pas bon", le deuxième "assez inégal", et le troisième (moi, donc) qui "avait beaucoup aimé"... Sans doute parce que ce dispositif qui se revendique en tant que tel (avec la part de sincérité et de calcul -de roublardise- que chacun voudra bien ou pas y trouver) sait rester à la hauteur des gens, simplement, de ceux qui sont filmés comme de ceux qui les regardent, mais sait ne pas rester simplement simplet, et nous accorde même le plaisir d'une mise en abîme : la  vie qui continue derrière nos interlocuteurs, dans le rectangle (très cinématographique) de la grande fenêtre devant laquelle ils sont installés, et où le Rayrayalisateur les ré-inscrit avec intelligence - avec malice ?- dans une réalité qu'on peut supposer objectivement aléatoire (aléatoirement objective ?). Les petites histoires que ces gens nous racontent (les leurs) mises en parallèles avec les petites histoires des gens (les autres) qui passent, dehors. Les parleurs, comme les personnages derrières, par la fenêtre, ne font que ça, passer. inscrire définitivement sur l'écran quelque chose qui n'était, par définition, que provisoire, éphémère. Ca en devient ainsi, forcément, encore plus intéressant.

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Et contrairement à ce qui avait été annoncé, le joli film de Rayray n'a été projeté que deux fois, à 18, à la sauvette dans le bôô cinéma... Shame shame shame on you!

10 novembre 2016

09/11

Il y avait eu le 11/09, on a à présent le 09/11!
Fucking journée de merde!

A 17h32 il faisait déjà nuit noire
mais il continuait de pleuvoir comme vache qui pisse
-oui, je sais, il aurait pu neiger, on l'a juste manquée de peu (la neige)-
mais bon, toute la journée, pluie, froid, lumière lugubre

ce matin, j'étais encore -un peu- agacé à cause d'hier soir
(une histoire de bôô cinéma et de nombre de séances scandaleusement -et sans explication- réduit)
mais je l'ai été encore plus en regardant la couleur de la carte de s ZétaZunis où le rouge gagnait de plus en plus sur le bleu,minute après minute, état après état
inquiet, de plus en plus à vrai dire
je faisais autre chose mais je revenais sans cesse voir comment ça progressait
et pouf! il a gagné!
(arghhhh)

ce qui caractérise l'être humain, ce qui est fascinant chez lui, c'est sa capacité à faire encore pire
à chaque fois, résolument, avec constance, avec obstination, avec acharnement
(nous avons tous en nous une certaine dose de connerie, personnelle, individuelle, "normale"
mais
multipliée par des millions de têtes de pipe, elle a tendance à augmenter exponentiellement...)
oui, fascinant

l'électeur moyen de Trump est "blanc, peu diplômé, rural et croyant"
les outrances ont payé, dirait-on
("plus c'est gros, plus ça passe")
Clintchounet doit être radieux
tout paraissait tellement joué d'avance
plié bâché les doigts dans le nez
et pouf pourtant, il a été élu

(le "vote honteux", l'amérique profonde, tout ça...)

Ca doit déjà donner des idées à certain(e)s
de par chez nous
ça pue déjà bien fort le fumier, le lisier, la merde qui monte
(c'est juste une façon de nous préparer ?)

9 novembre 2016

Dorsey ! dorsey!

Allez lire ça  puis ça, pour vous faire un peu de bien en pensant aux Etats-Unis.
Quand un blog que j'aime publie un article à propos d'un auteur que j'aime (où il renvoie sur un autre blog qui l'aime tout autant), on ne peut pas passer ça sous silence!
J'ai moi-même découvert Tim Dorsey très récemment, et tout de suite constaté qu'il était extrêmement difficile de se procurer ses bouquins d'occase (j'ai ainsi, mais je vous l'ai déjà narré, traversé Paris de long en large, et surtout en vain, avant de réussir à en dénicher un, Triggerfish Twist, chez le (dans le ? au ?) Boulinier de Bonne Nouvelle pour 1€ (mais qui me coûta tout de même un portefeuille, une carte bancaire et une trentaine d'euros... mais ça fait rien je lui pardonne) et, depuis que j'ai mis le nez dedans, j'ai envie de lire tous les autres... En ai acheté un chez Gibertuche.com, trouvé un autre à la Foire aux livres, émis des souhaits sur Priceministruche pour les autres, etc.
Je suis venu à Dorsey via Carl Hiaasen, logiquement (Hiaasen qui restera la grande découverte de cette année année 2016), tant on peut leur trouver des airs de famille (la Floride, l'humour, la déjante, la multiplicité des personnages, la construction des récits) si ce n'est que Dorsey, s'il est aussi déjanté, est encore beaucoup plus trash que Tonton Carl (et pendant que nous y sommes,  dans la famille, n'oublions pas, of course, le cousin Mark Haskell Smith, qui s'y entend bien aussi question humour et trash...)
Tim Dorsey n'est publié, en France, que chez Rivages, en principe d'abord en grand puis en poche, mais pas forcément. Les titres sont en anglais, et reprennent toujours exactement le titre original, et le héros récurrent en est Serge Storms, qu'on pourrait définir comme un serial killer plutôt secoué (avec un certain passif psychiatrique) mais extrêmement attachant... Serge n'est pas tout seul, il fait équipe avec Coleman, un grassouillet amateur d'alcool et de dope, et Sharon, encore plus amatrice de dope et de morts violentes, et on ne sait pas exactement dans quel ordre il faut lire les bouquins puisque Dorsey a déclaré que son éditeur américian ne les vait pas publiés dans le bon ordre, au moins pour les cinq premiers, et qu'il faudrait donc d'abord lire Florida Roadkill, puis Triggerfish Twist...

Et il n'est donc pas très étonnant (après avoir lu Dorsey et Hiaasen) d'apprendre que la Floride a massivement voté pour D.T (...)

http://timdorsey.com/frenchtwist.jpg  http://p4.storage.canalblog.com/41/63/838515/111038599_o.gif
http://a54.idata.over-blog.com/186x300/4/45/54/51/Americains/11093-medium.jpg https://moeursnoires.files.wordpress.com/2016/10/florida-roadkill-payot-rivages-1999.jpg

(je les ai)

 http://www.babelio.com/couv/bm_5953_1760293.jpg  http://www.payot-rivages.net/couvertures/bassedef/9782743614249.jpg 

(je ne les ai pas... petit papa noël, psssst!)

 

 

 

9 novembre 2016

Kairouan

HEDI
de Mohamed Ben Attia

Une excellente surprise, hier soir dans le bôô cinéma, où se délocalisait, pour la cinquième année consécutive, le Festival Lumières d'Afrique.
Avec un (premier) film tunisien, proposé en avant-première (le film sortira début 2017). Hedi c'est un jeune homme, assez poupin d'aspect, commercial chez Peuge*t, doté d'une mère aussi volubile que lui est peu bavard. On apprend assez vite qu'il va bientôt se marier, qu'il s'agit d'un mariage arrangé) et qu'apparemment ça ne luit fait ni chaud ni froid. Sauf que, contrairement aux apparences (ou au peu de réactions qu'il manifeste), il n'est pas si bien que ça dans ses baskets.
Il en va prendre progressivement conscience quand, envoyé par son boss prospecter dans une ville voisine,  il y rencontre Rim, qui est danseuse dans un camp de vacances (pour allemands!). Il tombe amoureux. Ils tombent amoureux (complications de la grammaire française : ils , ici, c'est elle et lui...). Sa vie dévie. Il ne répond plus au téléphone, d'abord à celui de son patron, puis celui de sa mère! Et les choses vont encore se compliquer. Ou peut-être se simplifier...

(là, c'est très énervant, j'avais écrit une quizaine de lignes  lorsqu'une micro-coupure -couic!- a arrêté l'ordinateur, et au redémarrage, bien sûr, rien n'avait été sauvegardé... et tout avait -pfuit!- disparu...)

Bon je reprends. Tentons. A partir du moment où il se retrouve seul Hedi va imperceptiblement se relâcher (se détendre ?) se laisser aller. J'aime beaucoup la partie "balnéaire", qui m'évoquait assez lointainement un genre de Conte d'été rohmérien en Tunisie. D'autant plus que le réalisateur l'accompagne avec bienveillance, le scrute, ne le lâche pas d'une semelle (comme le faisait Rohmer avec Melvil Poupaud).  On le voit sourire, on le voit jouer, on le voit désirer, on le voit flirter, et c'est comme si se fendillait soudain -enfin ?- sa carapace. Hedi, jusque là, était comme un enfant enfermé dans un corps d'adulte, un gamin déguisé, vivant presque automatiquement une vie ordinaire décidée par sa mère, son patron, etc. Un gamin poli, sérieux, propre sur lui, lisse et cadenassé de l'extérieur jusqu'à l'inexpressivité. Et voilà qu'entre dans la tête d'Hedi une petite brise guillerette, comme si on en avait enfin entr'ouvert la fenêtre. Et lui si silencieux, si intériorisé va même réussir à s'exprimer, à vider son sac, à hurler ce qu'il a sur le coeur et dans les tripes, face à sa mère venue tenter de le récupérer manu militari pour qu'il revienne se marier et dans le "droit chemin".

il pourrait être tentant de faire le parallèle entre le parcours du personnage et l'histoire de son pays : la révolution de 2011 et les espoirs qu'elle avait suscité(s) à laquelle ferait écho la révolte d'Hedi face à sa mère, sa famille, son patron, et les autres. Une prise de conscience (à laquelle le réalisateur n'a pas pu ne pas penser) , certes, mais comme chantait Bashung "Tu voudrais qu'ça débouche sur quoi ?"

Il n'y a qu'à voir la fin, que j'ai trouvée... abrupte, et pour laquelle je pourrais mettre un petit bémol à mon enthousiasme. J'ai toujours eu un peu de mal avec les fins dites "ouvertes", quand le réalisateur laisse son personnage -et nous les spectateurs avec- en plan à un moment critique : le fera-t-il ? Ou le fera-t-y pas ? Ou bien, ou bien, et c'est alors à chacun(e) de se (re)faire son film. Mais cela montre bien aussi la lourdeur des habitudes, le poids du conditionnement, et de la difficulté à se situer "entre tradition et modernité (comme l'écriraient certains conférenciers  C*nnaissance du M*nde). Hedi sois bon, a-t-on envie de lui chanter, pour l'encourager...

Bon, le film l'est assurément, et si le réalisateur rend -peut-être inconsciemment- hommage à ses producteurs (les frérots Dardenne), encore que ce ne soit visible, à mon sens, que pour un oeil spécialement scrupuleux et tatillon,  en tout cas ça ne m'a pas dérangé. Le filmage de dos et la caméra portée ne sont pas l'apanage exclusif des susdits, non ? J'y ai en tout cas passé un excellent moment de cinéma, et je vous recommande d'aller le voir à sa sortie (j'espère qu'on le reprogrammera dans le bôô cinéma!).

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8 novembre 2016

(verticales)

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(plaisirs d'automne)

7 novembre 2016

(horizontales)

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