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lieux communs (et autres fadaises)
31 mai 2016

combustion inversée

ELLE
de Paul Verhoeven

Oui, je l'avoue, fouettez-moi, (je le mérite sans doute) : je n'ai jamais lu un seul bouquin de Philippe Djian (et je n'en ai absolument pas l'intention) mais par contre j'en ai vu plusieurs adaptations cinématographiques (re-fouettez moi : j'avais trouvé 37°2 le matin un peu ennuyeux... Aïe, pas si fort! ça fait mal toutes ces gifles...)
Et donc là j'allais voir (bôô cinéma, avec Marie, séance de "retraités") davantage Verhoeven+Huppert que l'adaptation de Oh!. Ceci étant posé, deux mots sur la salle, qui malgré le petit nombre de spectateurs (premier jour, première séance), s'est révélée franchement pénible, tout particulièrement ces deux cruchasses du dernier rang qui ont passé leur temps à ricanasser régulièrement et de très bête façon, à des moments qui soient les dérangeaient soit qu'elles ne comprenaient pas (ou peut-être encore qu'elles avaient le ricanateur coincé en position "on" et qu'elles ne pouvaient rien y faire, les pauvres), ce qui a encore compliqué notre "entrée" dans le film, déjà pas si facile que ça par nature.

Car ça démarre tambour battant par un bruit de verre brisé sur fond d'écran noir, suivi par des bruits qu'on identifie comme de lutte, avant que l'image ne nous révèle (on nous met à la place du chat qui assiste à la scène) qu'il s'agit d'un viol, et que c'est le personnage d'Isabelle Huppert qui en est la victime. Viol spécialement brutal, mais, qui, étrangement ne semble, par la suite, pas l'affecter plus  que ça. "Tiens...", se dit-on. Et on va ensuite, sur ses traces, faire la connaissance du petit monde dont elle est le centre de gravité (ou d'indifférence) : ses collègues (femme, Anne Consigny, et hommes, tous les autres : elle est éditrice de jeux vidéos, et elle règne d'une main de fer dans un gant de fer aussi sur tout son staff de jeunots geeks ou apparentés), son fils qui s'est mis en ménage avec une "folle" (dixit Isabelle H.) et aurait besoin d'argent pour louer son nouvel appartement, sa mère (Judith Magre, grandiose), qui se tape un magnifique et musclé jeune gigolo avec qui elle projette de convoler, son ex-mari, (Charles Berling) écrivain raté un peu dans la dèche, sa belle-fille (qui mériterait effectivement des baffes) et last but not least le couple des nouveaux voisins, elle très catholique (Virginie Efira), et lui (Laurent Laffite) qui ne l'est peut-être pas tant que ça... Ah j'oubliais, et aussi son amant, qui s'avère être le mari de sa meilleure copine.

Voilà que sont mis en place les pions de la partie qui va se jouer. Paul Verhoeven l'est très, joueur. Et il va bien jouer, avec nos nerfs, avec nos angoisses, avec le feu, avec nos santés, (on peut s'amuser à continuer la liste...). Sans quitter des yeux isabelle H, en suivant ses traces : Isabelle à la maison, Isabelle au travail, Isabelle au restaurant, Isabelle dans sa chambre, etc. Bon, il y a eu cette histoire de viol, qu'on a vue en ouverture, et qu'on reverra plusieurs fois sous plusieurs coutures, mais ce n'est pas le plus étrange (ou le plus dérangeant) dans la vie de cette femme : on dirait que tout le monde s'y met autour d'elle (à déranger, déraper, désaxer). Violences, menaces, manipulations, mensonges, provocations, tout se met en branle autour de l'épicentre de ce viol initial, comme une onde qui se propagerait, une onde de malaise (on se dit à chaque instant que le pire pourrait arriver, mais, en général, c'est autre chose. Ou pas.), insidieuse, omniprésente.

Comme souvent chez Verhoeven, il est question d'apparences (et de faux-semblants), de violence (et de sursauts), de rapports de force  (qu'est-ce que se soumettre ?), de manipulation (s), mais surtout, grandiosement, de mise en scène (celle du film tout autant que celle qu'utilisent les personnages). Isabelle Huppert démontre, sans donner jamais le sentiment d'en faire trop, qu'elle est absolument celle qu'il fallait pour crédibiliser ce personnage. Elle y est souveraine (c'est le qualificatif qui a surgi pendant la projection) mais les autres ne déméritent pas et sont tous au diapason (avec un bémolet, peut-être, pour celui qui est derrière la cagoule, mais ça n'engage que moi...).

J'en ai profité pour, après,  réviser la filmographie de Verhoeven (ceux que j'ai vus) : Turkish Delices, Spetters, Le quatrième homme, (Je l'ai découvert parce que, dans sa première époque, la hollandaise,chacun de ces films était un FAQV. A Hollywood, bien entendu, les choses ont changé...) Total Recall, Robocop, Basic instinct, Starship troopers, Black Book...Oui, Isabelle Huppert (enfin, le personnage qu'elle incarne) ne dépare absolument pas au milieu de cette galerie de créatures (a minima) et de monstres (a maxima). Ici ne se joue pas la démesure science-fictionnesque des effets spéciaux, mais tout ça n'en est que plus impressionnant. En faisant semblant de faire profil bas, simple, français, quotidien presque, Paul Verhoeven nous embobine divinement. Mine de rien, le terrain est aussi miné qu'il l'était, déjà, pour les personnages des films précédents. Où la réalité ne serait qu'un point de vue.

Double-jeu. Ou jeu à plusieurs niveaux : Il fabrique un personnage qu'il met en scène dans un certain environnement (selon des codes précis), et le souligne en faisant de ce personnage le créateur/concepteur d'un jeu vidéo qui apporte à la création de son personnage principal (une guerrière qu'on pourrait qualifiée de "très sexuée") le même soin que celui du réalisateur qui l'a créeé. (Mise en abyme, mise en scène, mise en condition). Il s'agit bien alors de programmation (dans le jeu, seul le concepteur en connaît à l'avance non seulement les rebondissements mais aussi le "but" final) mais le spectateur est un gamer captif : il n'a pas de manette pour jouer, il ne peut compter que sur son propre cinéma intime (cette capacité d'envisager le pire) pour l'aider à progresser jusqu'à la fin de l'épopée. Alors on joue le jeu, on lâche prise, on se laisse manipuler, on est ravi. Et quand game is over on peut reprendre enfin son souffle.

Le film est long en bouche (en tête, plutôt),  on y prend goût,  on le savoure, et à la fin il ne vous laisse pas  vous en sortir si facilement. On est pendant deux heures monté et descendu, sur le carrousel déglingué (déchaîné) sur lequel Paul Verhoeven nous avait ficelé, voire on aurait tourné en rond, mais qu'importe. Le train fantôme, le grand-huit, la galerie des miroirs, les autos-tamponneuses, c'est comme si on avait tout fait, sans même avoir besoin de boucler sa ceinture. Cinéma forain, cinéma malin, on est passé partout, oui, et on a un peu les jambes qui flageolent. Et il y en a une qui nous regarde partir (en réalité c'est le contraire, c'est elle qu'on regarde s'éloigner, mais ça revient au même) avec un  éclat de rire presque narquois. Du grand art.

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(euh... vous auriez le petit doigt en l'air, vous, à ce moment-là?)

29 mai 2016

gazaouies

DÉGRADÉ
de Tarzan et Arab Nasser

Ce post aurait pu s'appeler LE CHEVALIER RAU LION (ceux qui ont vu le film comprendront). Les réalisateurs, je vous les ai mis hier (enfin, en début de semaine...) en photo, ce sont ces aimables plantigrades jumeaux tout en cheveux en barbes et en poils, avec en sus de languides yeux de gazelle cernés au khol (mmmmh ça y est je bave).

Petit Mardi curieux entre copines (avec à la caisse une dame, inconnue, qui me fait bénéficier de son ticket orange cinéma -enfin de son demi-ticket, soit 2,90€ la séance-) pour ce joli exercice de style : un huis-clos entre femmes dans un tout petit salon de coiffure et de beauté ("de la taille de la chatte d'une fourmi" dixit une cliente) et de Gaza, tandis que dehors, dans la rue, les mâles paradent comme d'hab'  avec les jeeps et les kalachnikovs, menaces et grognements, et ce de plus en plus fort.

Le film tient du dispositif (unité de temps, unité de lieu, avec son éventail de propositions (un "panel") de personnages féminins, tous les genres (jeunes vieilles grandes petites etc.) toutes les interactions envisageables (la patronne/les clientes, la mère/la fille, les hommes/les femmes, et toutes les variations de spécimens (les voisines, la future jeune mariée, la future parturiente, l'amoureuse, la plaquée, celle qui attend, la pieuse, la provoc'), qu'on doit d'ailleurs se débrouiller pour les ranger (je ne sais pas comment corriger cette tournure syntaxiquement boîteuse), les ordonner, en ouvrant grandes les noreilles, utilisant chacun des indices qui nous sont aimablement fournis par nos nounours-réalisateurs gazaouis.) mais le tient bien.

C'est un cinéma du geste et du verbe. Les mots fusent, complices, vachards, agressifs, apaisants, ça dépend, tandis qu'à l'extérieur ça dégénère et défouraille de plus en plus bruyamment (une histoire de lion -qui s'avère d'ailleurs être une lionne, un indice que nos réalisateurs en remettraient une couche sur la notion de genre et de sexe ?-),  jusqu'à ce que schlack! le rideau de fer soit tiré, de l'extérieur ("C'est pour votre bien, sisters!" est-il dit, ou quasi), et que notre gynécée gazaoui se retrouve complètement isolé (et qu'on ne perçoive plus de l'extérieur que ce qu'on en entend). Et que la température monte encore.

(Et c'est là que c'est extrêmement bien fichu, parce que nous aussi, par un travail minutieux et efficace sur le son et, surtout, sa mise en espace,  on est en plein dedans. Cerné par ces  bruits de guerre armée, détonations, rafales, explosions. Comme si on y était. Sauf qu'on ne se fait pas qu'affiner les sourcils, épiler au caramel, se faire faire la demi-jambe. On écoute tout (toutes, plutôt) elles parlent de leur vie, en général, et ici et maintenant en particulier. Ce que c'est que d'être une femme à Gaza (en plus que ce que c'est que de vivre à Gaza tout court).

Car DÉGRADÉ est un film vrai de vrai palestinien, ce qui n'est pas si courant sous nos latitudes cinématographiques (A part Elias Suleyman peu de noms, comme ça, de réalisateurs palestiniens me viendraient à l'esprit) et qui a l'intelligence (la coquetterie ?) de se démarquer, de ne pas parler justement de ce dont on pensait qu'il allait parler, puisqu'il ne sera question ici "que" d'arabes, en train de faire mumuse à "c'est moi qui ai la plus grosse (foi, bien sûr)". Mais la frontière se fait poreuse entre les ébullitions mâles et belliqueuses, là, dans la rue, juste dehors, et le petit salon douillet (même si surpeuplé et surchauffé et disjoncté) de nos chéries chéries, car il y a de l'amour, entre le dedans et le dehors , et, des deux côtés, les téléphones sont en surchauffe (maris et femmes, mais amants et maîtresses tout autant) (et c'est Tarzan, un des frérots gazellouis réalisateurs, qui joue le rôle du seul "fiancé" visible de -le chevalier rau lion, c'est lui.)

On revient alors dans une narration un peu plus habituelle. L'action du film alors devient sans doute plus prévisible, mais permet aux réalisateurs d'affiner encore leurs portraits de femmes, de les nuancer, de les biaiser tout en douceur. Un film plaisant, incontestablement, auquel on a envie de faire des yeux aussi doux que ceux que nous font Tarzan et Arab...

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28 mai 2016

euphorisant(s)

une journée placée sous le signe de la madeleine, des petites choses qui font des petits bonheurs...


- le livre de Mario Rigoni Stern Le sergent dans la neige, dont j'ai lu cet après-midi un bon morceau, au soleil, c'est très simple, il est sergent, dans les tranchées, c'est la guerre, c'est l'hiver, ils se battent contre les russes... une écriture magnifique

- le livre de Philippe Dumez, Basse fidélité, découvert grâce à Libé, je pense, et commandé sur PM qui m'avait annoncé que mon souhait était exaucé. Un "Je me souviens" autour de la musique, des disques et des concerts, qui me passionne assez pour que j'ai envie d'en savoir plus sur le monsieur en question

- et je découvre, juste avant de partir au cinéma, en fouinant sur le ouaibe, où je cherche en vain un autre livre du monsieur, nommé 39 ans 1/2 pour tous, que le monsieur a eu pendant quelques années un blog sur tumblr (dont je marque la page)ici, qu'il a hélas interrompu, (mais il en a recommencé un autre, "Les écumeurs"). Le peu que j'en lis (et que j'en vois, car Philippe Dumez, s'il est un écouteur, est aussi un regardeur) me promet de belles heures de lecture (et j'ai notamment appris que Basse fidélité était une version extended de son premier petit bouquin joli

- au cinéma nous sommes trois dans la salle, il y a un monsieur (que je ne connais pas) qui discute assez fort avec sa voisine de derrière (qui est assise au milieu du rang au bord duquel je me suis assis) et tous les deux rigolent. Comme j'ai l'impression d'avoir écourté (j'avais écrit écouté) leur conversation je change de place et vais m'asseoir de l'autre côté de l'allée, sur le même rang cette fois que le monsieur, et les voilà d'ailleurs qui redémarrent...

- dans les bande-annonces, j'ai l'immense plaisir de revoir celle de La sociologue et l'ourson (que nous programmons bientôt) et que je trouve tout aussi magnifique et touchante que la première fois que je l'ai vue, et me donne très très envie de voir le film, et prolonge cette sensation d'euphorie légère qui me suivra au long de cet après-midi.

- Le film c'est Théo et Hugo dans le même bateau, de Ducastel et Martineau, joli film (post critique suivra) FAQTV (à quéquettes trèès visibles) avec une histoire de rencontre, un louable souci d'information (et de prévention), une jolie histoire d'amour, me voilà toujours sur mon petit nuage dans mon ciel ensoleillé de midinet

- quand les lumières se rallument, je regarde le générique quand le monsieur se lève (c'est un grand monsieur) s'avance, et en passant à ma hauteur me lance "c'est un beau film, hein ?", j'acquiesce, il s'est arrêté quelques secondes, il sort de la salle, je me lève, le suis, je vois qu'il m'a tenu la porte, il continue la conversation, et nous sortons en parlant du film, il regrette le peu de spectateurs, et m'annonce qu'il est venu depuis Lons-le-Saunier pour le voir! il loue la programmation, et j'en profite pour lui préciser que je fais partie de l'association qui l'a programmé... Nous marchons jusqu'au parking en parlant, principalement de cinéma, d'abord du film de Ducastel et Martineau, puis il me dit qu'il a vu le Téchiné qu'il a beaucoup aimé, nous parlons du Téchiné, c'est très plaisant de parler cinéma avec ce beau grand monsieur à vareuse de rugby et barbe de trois jours... Nous parlons encore et des idées diverses me passent par la tête, (mais une petite voix se met à chuchoter... pfff à quoi bon, tu vas encore te faire du mal...) et puis il me dit qu'il doit rentrer et me demande si je peux lui indiquer la route pour Besac... Nous nous serrons la main très chaleureusement et très longuement (je trouve), et je lui propose de me suivre : je vais lui montrer la route. ma twingouille est là, il rigole et me dit qu'il en a aussi une (de twingouille) . Elle est bleue avec des bandes blanches (beaucoup mieux que la mienne). Et nous voilà partis, il me suit, et je me dis que j'aurais pu tenter quelque chose, lui demander son téléphone, l'inviter à boire un pot, ou bien, ou bien... Arrivé au dernier rond-point, je lui indique du bras par la portière qu'il doit continuer tout droit, tandis que je vais tourner à gauche... Je le surveille dans le rétro, et lui me fait un grand geste amical de la main... et je continue ma route mi-joyeusement, mi-rêveusement... tralala les occasions manquées ?
Quelle coïncidence de vivre un truc comme ça, juste après un film comme ça, non ?

25 mai 2016

2 fois 2 hommes

deux photos qui m'ont touché, dans le même numéro des Inrocks :

cary grant

Randolph Scott & Cary Grant (lovers)

tarzan et arab nasser
Tarzan et Arab Nasser (brothers)

... et qui ont toutes deux quelque chose à voir avec le cinéma

24 mai 2016

3000ème

Voui voui, juste faire un post pour ça, pour dire que le précédent, c'était juste le trois-millième post de ce blog...

Merci encore à celles et ceux (c'est comme ça, c'est plus un blog de filles que de garçons) qui suivent, les assidu(e)s et les volages, les proches et les lointain(e)s, les sporadiques et les accidentel(le)s, de passer par ici voir s'il y a de la lumière, et de revenir...

Bises reconnaissantes aux plus fidèles, aux historiques, à la garde rapprochée : Catherine, Hervé, Isabelle, JR, Loulou, Malou, Manue, Marie, Mimi, Pépin, Philou, Zabetta, Zvezdo (par ordre alphabétique, et en suivant les couleurs de l'arc-en-ciel, tiens, pour ne froisser personne)
Il doit bien y avoir Brigitte aussi, ma petite soeur, (même si elle ne laisse jamais de commentaires), que j'embrasse, et Annick (qui en laissa quelques-uns), que j'embrasse aussi...
Bienvenue aussi aux petites nouvelles, à Annette, si par hasard elle passe par là, à Coralie, dont je sais qu'elle y passe aussi, à Pacoune, peut-être...
Et "amicales pensées" à Alex, à Sylvain, à Deloin, à Y, à Solal et à Georges Brougnard,  à Eric L., à Emma, à Dominique,  à Christine, à Catherine P. et Catherine C., (ma marraine de blog), à Thomas Q, qui a la gentillesse de me rebloguer de temps en temps, et à l'autre Thomas (...), à Kitty78, à Tigerhole, à Psykokwak, à Snivel, à Jade, à Sapiens (là je remonte dans le temps...)

3000 en 10 ans ? en route donc pour le 4000ème post (qui devrait, si le rythme se maintient, être publié disons fin août 2019! Chiche ?)

 

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23 mai 2016

cannes cannes

bégayer , oui, le sentiment de bégayer...

c'est l'impression que me donne cette cérémonie de clôture cannoise (que je n'aurais comme d'hab' manqué  pour rien au monde, mais, bon, ça va peut-être changer...)

double, duo, paire, tout semblait aller forcément par deux

puis on est passé du double au doublon, à la triplette, etc.

(à commencer par ce drôle de rituel de faire venir les membres du jury par 2, pour chaque récompense, le premier disant "and the winner is..." et le second disant le nom du vainqueur)

deux discours de remerciement en iranien, le second (du réalisateur) traduit par petites tranches, tandis que le premier (l'acteur) le fut  tout d'un coup, "en bloc", à la fin

car deux Prix donc pour le film d'Ashgar Faradhi (le prix d'interprétation masculine et le prix du scénario)

le Prix d'interprétation féminine fut unique, pour l'actrice du film de Brillante Mendoza, qui avait déjà joué dans deux de ses films auparavant (Tirador et Serbis) qui la pauvre ne s'y attendait visiblement pas (et me tira quelques larmes)

un troisième Prix du jury consécutif pour Andrea Arnold, déjà récompensée deux fois par le passé, pour Red Road et pour Fish Tank (troisième ? ça veut dire qu'elle est bien, mais pas meilleure ?)

un deuxième Prix en compétition pour Xavier Dolan (après le Prix du Jury en 2015 pour Mommy), lui il a progressé, cette année il a obtenu le Grand prix pour Juste la fin du Monde (je pense que c'était la première fois que le nom de Jean-Luc Lagarce était prononcé sur la grande scène à Cannes, et j'avoue que lui aussi a su me tirer des larmes)

deux Prix de la mise en scène pour Christian Mungiu (qui était déjà monté sur scène parle passé : Palme d'or pour 4 mois, 3 semaines et 2 jours) et Olivier Assayas qui lui y montait pour la première fois)

Christian Mungiu a eu un discours très "roumain", (sérieux, simple) où, après la flopée de remerciements, il s'est ouvert de son inquiétude que le cinéma d'auteur ne reste cantonné "dans une niche"... (et la suite ne  lui a-t-elle pas donné raison ?)

... en décernant la Palme au film de Ken Loach qui n'avait pas vraiment besoin de ça (combien de fois déjà a-t-il été récompensé ?  n'était-ce pas pour être sûrs que ce serait "vraiment" son dernier film cette fois-ci ? En tout cas c'est sa deuxième Palme d'or je viens de vérifier, et il avait déjà obtenu trois Prix du jury)

et le maître de cérémonie répétait que, oui il disait des bêtises, et les membres du jury avaient l'air de s'emmerder s'embêter un peu et du coup j'ai coupé avant la fin

il y eut tout de même dans cette soirée à "multiples" quelques "uns" : d'abord, tout au début,

le réalisateur du court-métrage qui avait obtenu une mention pour la Palme d'Or du court-métrage, s'est joyeusement levé en entendant son nom, puis s'est valeureusement immobilisé quand on l'a tiré par son smoking en lui traduisant que non non il n'avait pas gagné, il était juste mentionné, et est resté glorieusement debout jusqu'à ce que la caméra l'abandonne et reparte sur la scène, comme debout resta glorieusement tout seul Xavier Beauvois au fond de la salle, persistant à faprolonger tout seule la standing ovation (qui venait de se rasseoir) en l'honneur de Jean-Pierre Léaud et de sa Palme d'or d'honneur (lui aussi fut un "un" magnifiquement émouvant et cinématographique)

bye bye (bye bye)

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23 mai 2016

dans mon téléphone10

(plaisirs des yeux)

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sous la pluie

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dans mes plates-bandes

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au café

22 mai 2016

vu

MEKONG STORIES
de Phan Dang Di

Au Victor Hugo (à Besac) ils ont recommencé les "mardis curieux" : un film (que j'ai en général très envie de voir) et qui ne passe qu'un jour, le mardi, donc, pour quelques séances. J'étais venu pour voir DEGRADÉ (de Tarzan et Arab Nasser, si si!) mais voilà-t-y pas que allocinépointfreu s'était emmêlé les crayons (ou c'est moi qui avais lu trop vite ?) et la caissière m'a informé qu'il ne passerait que la semaine prochaine, et que ce jour-là était projeté MEKONG STORIES (que j'avais -ça tombe bien- aussi envie de voir.)

hélas trois fois hélas j'en avais à peine vu le début qu'une terrifiante torpeur m'a terrassé (j'allitère avec les t pour souligner la violence de l'événement), le genre de sommeil à épisodes où vous vous surprenez à rouvrir les yeux alors que vous n'aviez pas eu conscience de les fermer, et re, et re, qui vous fait saucissonner le film en une série d'images brèves suivies de fermeture, puis de ré-ouverture, des yeux et voilà. Jusqu'à un moment où on reprend pied (où bien où on a juste assez dormi) et à partir de là tout re-va inexplicablement bien, dans le mieux réveillé des mondes.

ce qui fait que si j'ai bien vu les premières scènes (le jeune Vu se fait offrir un appareil-photo par son père, Monsieur Sau, qui revient. (noir) Ils habitent ensemble dans un bateau, (noir) il y a des jolis jeunes gens torse-nu (il fait très chaud au Vietnam), (noir) et aussi une jeune fille (ou plusieurs) des scènes de dancing, (noir) de baston,  une main compréhensive de demoiselle dans un caleçon (noir) ce qui fait qu'ensuite, à partir du moment où il n'était plus question d'endormissement, je suivais attentivement le film, tout en essayant  en même temps de combler les vides de l'histoire, de reconstituer ou de m'expliciter les choses que je ne comprenais pas (ou dont je n'étais pas certain).

Et tout ce que j'ai vu ensuite, je l'ai savouré (comme les personnages le faisaient du fruit du jaquier, on mange d'ailleurs pas mal de choses exotiques tout au long du film) minutieusement, passionnément, même si je ne comprenais pas tout. Il y a au départ un triangle amoureux (deux garçons et une fille), puis un père qui voit d'un oeil inquiet l'orientation sexuelle que semble choisir son fils, et des nuits moites et/ou humides à la je tu il elle, dans les mangroves, dans les rivières, dans la boue, où, après les roucoulades et/ou les accouplements, certaines se retrouvent enceintes, et certains autres souhaitent se faire stériliser...

rien de très clinique (à part l'image finale), mais énormément  de poétique, de langueur, de sensualité, (tout ça nimbé de l'évanescente musique de Chapelier fou...) qui font de ce film un grand bonheur (même s'il m'en manque un peu) et me donnent grand envie de le revoir (en entier) quand il passera dans le bôô cinéma. On ne serait pas si loin d'Apichatpongounet, même si le réalisateur (celui déjà de Bi, n'aie pas peur, qu'il me semble avoir vu) déclare pencher plutôt du côté de Tsai-Ming Liang (dont je me suis hélas insensiblement un tout petit peu éloigné me semble-t-il...)

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Big Father, Small Father and Other Stories
c'est le "vrai" titre original

21 mai 2016

antia

JULIETA
de Pedro Almodovar

Ahem! (un raclement de gorge avant de me lancer) Le "nouveau Almodovar" est arrivé. Comme pour chaque "nouveau Allen" j'y vais (c'est comme si j'étais japonais et que je n'allais pas voir les cerisiers en fleur, non ? Bien que j'aie des amies -ahem- qui ont décidé par exemple "qu'elles n'iraient plus voir aucun films de Woody Allen" (si si, jen connais!). Moi, j'y vais. Question de rythme et question d'habitude, presque de bienséance et de politesse.
J'ai vu presque tous les Almo, comme presque presque tous les Woodychou. A chaque film on y revient, certes (mais de chaque film j'en reviens tout autant, devrais-je préciser.) Almodovar, j'ai toutes les raisons d'adorer, de le révérer, d'abord parce qu'il est español (et l'atavisme, sans doute, me fait sentir la régénération quasi magique de mes petites cellules quand je l'entends parler dans ces films, cette belle langue... et tiens, une autre ressemblance : les deux -Allen et Almodovar- sont également inécoutables lorsqu'ils sont en vf), ensuite parce qu'il est gay (me semble-t-il, non ? Bien que cela (trans)paraisse de moins en moins dans ses films "convenables", l'avant-dernier, Les amants passagers, étant l'exception follassissime qui confirme la règle) deux bonnes raisons donc a priori pour que mon petit bonhomme de téléramuche perso ait un sourire jusque derrière les oreilles...

Eh bien non, hélas,trois fois hélas, caramba, encore raté ! Julieta ne m'a pas transporté. Ne m'a même pas ému plus que ça. J'ai avec les histoires de famille un rapport un peu compliqué : en général (par exemple Les secrets des autres) ça me bouleverse ça me transporte ça m'émeut et ça déclenche quasi infailliblement la petite machine interne à larmes. Mais, bizarrement, pas Almodovar. Pourtant il en parle, de famille, et il en parle beaucoup aussi, de sa mère, et de celles des autres, aussi. Et il y en a, de la tristesse et de la souffrance. Et ça ne me touche pas vraiment. Je suis resté les yeux désespérément secs, et ce jusqu'à la dernière image (qui m'a d'ailleurs un peu pris au dépourvu, avec ce joli mouvement de grue "et si on allait voir ailleurs " (ou "parlons d'autre chose"), comme une sortie de route, et que j'aurais souhaitée ne pas être la dernière.)

L'histoire, comme son titre l'indique, est centrée sur le personnage de Julieta, une jolie jeune femme blonde (avec beaucoup de coiffures différentes, puisque ça raconte un grand pan de sa vie, en mettant notamment l'accent sur ses rapports -un peu complexes- avec sa fille, et c'est aussi pour ça qu'elles seront jouées par plusieurs actrices.) C'est un mélo magnifique (personnages qui disparaissent puis réapparaissent longtemps après,  d'autres qui meurent, qui de noyade qui de sclérose en plaques, d'autres encore qui rencontrent la foi (aïe!),d'autres qui sont renvoyés de leur emploi, avec des photos qu'on déchire puis qu'on recolle, des voyages qu'on annule, des appartements qu'on (re)loue, des lettres qu'on attend sans jamais les recevoir, et qu'on finit par recevoir après ne plus les avoir attendues, des gâteaux d'anniversaires jetés régulièrement à la poubelle, des secrets enfouis, des révélations, des méprises, des serments, des réconciliations... oui, du mélo magnifique, vous dis-je).
Je ne me suis pas ennuyé, non non, j'ai vu tout ça, avec attention, consciencieusement, mais aussi un certain détachement. C'est joli, c'est bien présenté, c'est plaisant à l'oeil (beau travail sur la couleur, comme d'hab' chez Pedro d'Amour, tiens, d'ailleurs, les lettres d'amor se retrouvent dans l'ordre dans celles d'almodovar, joli, non ? il a dû le faire exprès...) mais c'est un peu fade (à mon goût, qui est d'ailleurs suffisamment peu développé pour que je puisse en faire un critère de choix).
C'est très sage, très violonneux, très lisse. Je préférais Marisa Paredes dans La fleur de mon secret, ou Antonio Banderas se tortillant en slip sur le lit en répétant folla me dans La loi du désir, ou même toute la joyeuse équipe de Femmes au bord de la crise de nerfs... Les actrices sont très bien (les acteurs aussi) mais on reste pris en otage dans le registre de la douleur (et de la culpabilité, vraie ou imaginaire, une fois, deux fois, trois fois.)
C'est trop... raisonnable. Qu'est-ce qui me restera surtout du film ? L'utilisation -judicieuse- de Rossy de Palma en bonniche ex machina. mais allez-y, je suis sûr que vous allez beaucoup aimer (et beaucvoup pleurer ?)

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18 mai 2016

don't say "... and stuff"

THE NICE GUYS
de Shane Black

Le post aurait pu s'intituler UNE BONNE PAIRE... car toutes les interprétations possibles en eussent été justes (...) Soient à ma droite le blondinet Ryan Gosling et en face de lui l'armoirenormandesque Russell Crowe (qui ma foi se porte plutôt bien mais ça lui va plutôt bien aussi) dont la simple voix (c'est pour ça que je voulais absolument le voir en V.O) me fait fondre comme une midinette enamourée (ce que je suis par ailleurs tout à fait) voix hypervirile à infrabasses genre Barry  White mais sans la musique... Ouaaah je me sentirais tout chose s'il me disait "Come here, buddy..." Mais je viens de réaliser que les publicitaires (voir plus bas dans l'affiche 1) ont eu -déjà- presque la même idée en mettant sur l'affiche Une belle paire, donc je m'abstiens.
Soient donc deux détectives privés, un gros rugueux, et un petit miteux. Le gros cogne et le petit tombe (souvent). Qui se retrouvent tous deux à avoir affaire à une jeune fille, Amélia, le petit parce qu'il est chargé de la retrouver, et le costaud parce que la même Amélia l'a chargé de décourager ceux qui la recherchaient. Ça commence par un bourre-pif et un bras cassé (au niveau du radius) et puis nos héros vont vite sympathiser -virilement- en réalisant que beaucoup de monde cherche Amélia, et beaucoup de gens commencent à mourir dans son sillage, et que encore plus de gens sont impliqués dans cette affaire (le schéma est classique et habituel pour le lecteur de polars moyen). L'histoire est passablement embrouillée mais nos héros vont bien sûr parvenir à débrouiller, justement, tout ça, notamment grâce à l'aide de la fille du blond, une gamine super (af)futée et super douée (et super blonde aussi).
C'est drôle, c'est nerveux, ça bourrine, ça défouraille, ça roule des mécaniques, ça recycle en rigolant tous les clichés de ce genre d'histoire, bref ça remplit son contrat (avec en prime une scène de rêve tout spécialement délicieuse).
Que le film se retrouve en compèt' à Cannes est un peu plus étonnant (peut-être les sélectionneurs ont été touchés par la qualité zygomatique des dialogues et leur jubilatoirité, à moins que ce soit simplement la réapparition de Kim Basinger ?) On passe en tout cas en compagnie de ces compères un excellent moment, de plaisir et de cinéma (l'un plus que l'autre, mais comme pour Ryry et Rurus, je ne vous dis pas lequel). Shane Black (dont j'avais déjà bien apprécié le Kiss kiss bang bang en 2005) confirme qu'il est un dialoguiste brillantissime, encore plus qu'un scénariste malin (L'arme fatale, c'était lui, juste son coup d'essai!) et nos deux zozos made in 78 forment une belle paire, formidablement efficace, dans ce divertissement à la moralité joyeusement ambigüe : parfois il arrive que les petits gagnent,(aller) mais finalement c'est toujours les grands méchants puissants  qui ont le dernier mot (le retour, qu'on se prend en pleine figure)...
Et les toutes dernières images pourraient bien augurer d'un possible retour de notre viril tandem. Nice guys 2 ? Attendez-moi, les mecs, j'arriiiiiive! Russellchounet donne-moi ta main (et prends la mienne)...

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affiche 1 ("avant")

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affiche 2 ("après")

 

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