fleurs jaunes
LES FEMMES DE VISEGRAD
de Jasmila Žbanic
Un film bosniaque, réalisé par une femme, avec pour personnage central une autre femme, australienne, performer, qui, en visite en Bosnie, découvre que l'hôtel où, touriste, elle réside, fut le théâtre d'atrocités (viols et crimes) commises contre des femmes, pendant "la" guerre, et dont tout un chacun sur place semble avoir décidé de perdre le souvenir, tout cela fait un certain nombre de bonnes raisons d'avoir envie de le voir, et, mieux, de le soutenir.
Claude W. l'avait vu en prévisionnement et, depuis, n'arrêtait pas de nous le recommander avec force, souhaitant même l'inclure dans la prochaine programmation, ce qui fut donc fait (nous sommes une assoc' démocratique)
Après avoir failli ne pas le voir, (une sombre histoire de tarif préférentiel non programmé, qui fut heureusement réglée téléphoniquement - merci Hervéchounet - ) je me suis donc enfin tout de même installé dans la salle (nous étions 6, les 5 autres à part moi étant des femmes), appareillant immédiatement pour une Bosnie enneigée (le film est construit suivant deux strates temporelles : la première visite, estivale, et la seconde, hivernale) et fort cinégénique ma foi (la -vraie- neige est toujours bien au cinéma...).
Bouleversée par ce qu'elle apprend par hasard de retour dans son pays, la jeune femme décide d'y retourner pour en savoir plus, pour savoir pourquoi personne n'en parle, pour tenter de témoigner à sa façon, de le faire savoir...
Dans quelle mesure l'esthique (tiens je viens d'inventer une nouvelle branche de la philo, entre l'éthique et l'esthétique) l'esthétique, donc, voulais-je dire peut-elle faire bon ménage avec la morale ? (My god, me mettrais-je, comme Mister Jourdain, à faire de la philo sans le savoir ? Ca y est j'ai le neurone en ébullition). Le scénario a été en quelque sorte écrit par la performer, Kym Vercoe, puisqu'il est l'adaptation de la pièce qu'elle avait écrite sur le même sujet, cette histoire qui lui est vraiment arrivée (et qu'elle revit donc) sous la caméra de la réalisatrice).
Sensible, touchant, le film l'est certainement, d'autant plus que le titre original évoque "ceux qui ne peuvent plus raconter l'histoire", un peu plus déroutant est son statut véritable (quasi-documentaire recomposant une quasi auto-narration, basée sur une réalité immontable /indicible) qui pourrait amener le spectateur à être encore plus attentif à ce qu'il est vraiment en train de regarder.
Et la fin, c'est vrai, est absolument magnifique. (un jour, il faudra que je compte le nombre d'occurences de "magnifique" sur ce blog...)
Un petit gros bémol, pourtant : c'est dommage de voir l'affiche avant d'aller voir le film...