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lieux communs (et autres fadaises)
31 mai 2023

mubi / juin

mubi-juin-2023

mmmmmh quel joli programme! (smiley avec des coeurs à la place des yeux)

31 mai 2023

le rose et le bleu

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GRAND PARIS
de Martin Jauvat

Je me suis retenu d'y courir hier à 18h (à la première séance) puisqu'on avait prévu d'y aller cet aprem', avec Marie (et peut-être Catherine). Finalement ce fut juste avec Marie (et jusqu'au bout, puisque nous fûmes seuls dans la salle, les deux autres personnes croisées ayant choisi d'aller voir le film de V. Donzelli (qui passe pourtant plein d'autres fois, hein...).
Ce film c'est un peu mon bébé à moi, tellement j'avais envie de le voir et que j'ai tout fait pour qu'on le programme (il s'en est fallu de très peu -une place- pour qu'on le programme la dernière fois, et donc pour moi cette fois c'étaitun point d'honneur que ce soit  la bonne... Et ce le fut.)
Soient donc deux zozos en survêts fluo, (qui disent wesh, gros, ma gueule, et fument beaucoup de weed) Leslie, le black (c'est le bleu) qui fait un peu la tronche, et Renard, peroxydé à lunettes qui se prétend à moitié rebeu par son père (c'est le rose), qui lui est aussi agressif qu'un chamallow, qui se rencontrent sous un abribus : Leslie doit convoyer de la came jusqu'à la gare rer de St Rémy Les Chevreuse (= très loin) et demande à son pote Renard s'il veut bien l'accompagner (et il lui file même 20€).
St Rémy les Chevreuse ne sera que la toute première étape d'une (longue) déambulation en transports en commun (mais pas que) qui va les mener finalement très loin (beaucoup plus loin en tout cas que ce qu'ils escomptaient...) Mais surtout parce  qu'ils ont trouvé, dans l'eau (sur un chantier du Grand Paris) un artefact (un truc en pierre avec des autres trucs gravés dessus)qui a aussitôt enflammé leur imagination (surtout celle de Renard) et dont ils espèrent tirer beaucoup d'argent...
C'est une épopée naïve, une odyssée candide (en majorité nocturne), un road-movie en transports en commun, un film de banlieue prenant l'exact et complet contrepied de tout ce qui a déjà été fait dans le genre, vraiment, et une comédie fluo et régressive (on pense aux bonbons harib*) authentiquement -et singulièrement- "décalée", avec des rencontres extra (ordinaires) : William Lebghil et Sébastien Chassagne le sont vraiment, tous les deux, et, bien sûr, (le meilleur pour la fin) un film de potes (plus juste que buddy movie), où, même en survêt, ça fait du bien de s'étreindre parfois pour se réconforter (vive le hug).
Grand Paris est un film court (1h12) mais réussit le pari de cocher toutes ces différentes cases. Sans jamais en faire non plus des caisses.  C'est... différent, c'est drôle, c'est attachant, c'est doudou, c'est mystérieux. Comme pour Leslie et Renard, (vous verrez pourquoi / comment à la fin) ça m'a vraiment ravi.
Et quand on apprend que le réalisateur (qui est aussi un des deux interprètes principaux) n'a que 27 ans, on se dit que vraiment, un Top10 est la moindre des choses pour l'encourager...

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GRAND PARIS
de Martin Jauvat

Je l'ai vu avec Marie le 2 ème jour, j'y suis retourné tout seul cet après-midi, pour la dernière séance (en espérant qu'il y aurait un peu plus de monde : bof, on était 6...) et pour vérifier que ce film me ravissait toujours autant... Mission accomplie, je confirme mon éternelle reconnaissance envers Leslie et Renard. Total respect pour ces deux branleurs adolescents, leurs improbables aventures, et l'habileté (le talent) avec laquelle est élaborée cette gourmandise, cette douceur, qui sous sa fine coque sucrée et régressivement joyeuse, acidulée, dissimule un petit noyau dense (et légèrement amer) de mélancolie. Ca rigole, ça déconne, ça vanne, et pfuit! de temps en temps, ça reprend sa respiration et ça avoue quelques faiblesses...
Oui, la deuxième fois, le film passe toujours aussi bien, et oui oui on confirme le Top 10, pour cette friandise amicale où il est notamment question de babybel de chocapic et de malabar fraise-citron... (grands) enfants de tous les pays, unissez-vous!

Tiens et je ne résiste pas au plaisir de vous offrir en prime la très enthousiaste critique de Libé...

"Leslie, banlieusard taciturne, accepte d’aller récupérer un colis à Saint-Rémy-lès-Chevreuse. Il entraîne avec lui Renard, un ami pas mal clownesque qu’il croise en chemin, au détour d’un Abribus. Une fois sur place, personne ne vient au rendez-vous et ils décident, faut de mieux, d’explorer les lieux. Sur un chantier de la future ligne du métro du Grand Paris, ils découvrent une étrange pierre frappée d’inscriptions cryptiques qu’ils se mettent en tête de revendre, pensant avoir trouvé une relique de l’Egypte ancienne. Mais au retour, entre bus retardés et problèmes techniques sur les voies de train, ils se retrouvent bloqués à La Hacquinière (station RER de Bures-sur-Yvette, au sud-ouest de Paris), point de départ d’une longue nuit au cours de laquelle vont se multiplier phénomènes surnaturels et rencontres d’outre-espace.

Il faudra impérativement voir Grand Paris au moins deux fois, parce qu’il y a dans le premier long métrage de Martin Jauvat deux films indistincts, qui se répondent, se mélangent et se confondent. Le premier, imparable et immédiat, est une formidable comédie, une des meilleures qu’on a vues ces dernières années en France, à la fois tendre et acide, parfaite de tempo, croisement inespéré entre les Apprentis de Pierre Salvadori et le cultissime Withnail & I de Bruce Robinson, modèles de bromance mordantes entre pieds nickelés grande pointure, auxquels Grand Paris offre un sublime contrepoint actuel, plein de néons hurlants, de joints éventés, de sandwichs steak-cordon bleu et de contrôleurs RATP conspirationnistes. Ce film-là file sans arrêts inutiles ni voyageurs sur les voies – rapide, implacable et s’offrant à mi-parcours une grosse demi-heure de délire ininterrompu avec l’arrivée d’Amin (William Lebghil), dépanneur en tout et n’importe quoi à bord de sa Renault Espace siglée "Chicken 3000", et de son ami Momo (Sébastien Chassagne).

Mieux, il a l’intelligence d’aborder des thèmes essentiels à son récit – racisme, fossé entre classes sociales, inégalités géographiques – sans jamais marquer d’arrêt, les évoquant au travers d’un geste, d’une réplique, qui en disent plus que de vaines démonstrations. Mais Martin Jauvat a surtout la bonne idée de saturer l’espace de punchlines cinglantes et de détails subreptices sans jamais étouffer ses images qui respirent toujours abondamment. Faisant apparaître, sous la comédie, un deuxième film, petit miracle de poésie occulto-shlagos, road movie en RER dont le voyage irréel s’étend par-delà des galaxies entières, parfaitement incarné par ses deux héros, Leslie (Mahamadou Sangaré), saoulé-marre-de-tout mais toujours à deux doigts de se briser, et Renard (interprété par Jauvat lui-même), crétin cosmique au cœur d’or, techniquement plus proche du jeune chiot que de l’être humain.

Jauvat montre des personnages infiniment plus denses et touchants qu’il n’y paraît, dont le périple entre pyramides, tunnels secrets et bord de mer vient révéler la magie là où on ne veut plus qu’elle existe, montrant la banlieue comme un monde englouti, des cités aux barres trapézoïdales aux arrêts de RER vides et silencieux comme des capsules à la dérive dans l’espace. Et délivre le message ultime de tout récit : croire qu’il existe une forme de miracle à l’œuvre dans le monde et, peu à peu, le dévoiler. En 1 h 12, temps record, Martin Jauvat non seulement y parvient, mais réussit aussi à communiquer quelque chose de plus large – une pulsion de vie, une électricité contagieuse."

 

30 mai 2023

oglala lakota

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WAR PONY
de Gina Gammell & Riley Keough

Le film est excellent, mais on en ressort... frustré. frustré parce qu'on n'en a vu, finalement, que 75%, grosso-modo. Non pas parce qu'on y a dormi (que nenni point du tout) mais parce qu'on l'a vu dans la salle 2 du Victor Hugo (à Besançon, poussons la délation jusqu'au bout) et que dans cette salle il y a hélas un problème de projecteur (la lampe vient d'être changée, nous a dit la jeune caissière) qui fait que dès que la scène est un peu sombre (ici,c'est le cas de toutes les scènes d'intérieur) on n'y voit plus que couic, et c'est (très) énervant.
Donc on sort en même temps heureux d'avoir vu le film, et malheureux de l'avoir vu dans ces condtions...
Le film de deux réalisatrices qui nous parlent de deux jeunes indiens de la tribu Oglala Lakota, vivant dans la réserve de Pine Ridge (dans les conditions misérables qu'on sait via d'autres films : LES CHANSONS QUE MES FRERES M'ONT APPRISES, THE RIDER, principalement).
Le plus âgé des deux s'appelle Bill, il a 23 ans, deux enfants de deux mères différentes (dont l'une est en prison et lui demande instamment de payer sa caution), pas mal de tatouages et une furieuse envie de s'en sortir. Le second, Matho, a une douzaine d'années, et est doté aussi d'une solide envie de grandir (devenir un homme) en faisant toutes les conneries possibles. On les suivra séparément pendant une grande partie du film, jusqu'à une très émouvante scène de rencontre. Billy a décidé de devenir riche en élevant des caniches, Matho, pour commencer, n'hésite pas à revendre la meth de son père, pour se faire du fric.
Tous les deux sont tenaces, pugnaces, endurcis tôt par la vie qu'ils mènent, sauf que Billy serait plutôt un gentil, tandis que Matho ne rechigne pas à tenter de s'affirmer avec ses poings. Le petit dur et le grand doux. Qui finiront par faire connaissance devant un sandwich au beurre de cacahuète.
Le film, après un traitement simple et plutôt réaliste, finit, par la force des choses, par une scène joyeusement surréaliste, heureusement en plein soleil, ce qui permet d'en profiter pleinement.
Mais mon dieu hélas, auparavant,  que de zones d'ombres dans la projection! Dominique m'avait prévenu qu'elle était énervée en sortant, et je la comprends...
Dommage, mais ça sera sûrement mieux quand on le projettera dans le bôô cinéma...

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29 mai 2023

corrigé

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LE PRINCIPAL
de Chad Chenouga

La constante perfection des rôles de Rochdy Zem de ces trois dernières années (ROUBAIX UNE LUMIERE, ENQUÊTE SUR UN SCANDALE D'ETAT, LES MIENS, LES ENFANTS DES AUTRES, L'INNOCENT) ne peut que donner envie d'aller voir cette nouvelle incarnation, même si ni le titre ni l'affiche ne semblent a priori très attrayants.
J'y suis allé en deuxième semaine (c'est l'avantage des films A en sortie nationale, c'est qu'ils ont en principe la chance de pouvoir rester à l'affiche plusieurs semaines, chance que n'ont pas hélas les autres films de notre programmation (dits B et C), pour qui ce sera, inexorablement, six petits tours (maxi) et puis s'en vont...).
Les histoires d'école, de lycée, de collège, moi, hein, bon... ça ne me passionne pas trop (j'y ai baigné longtemps, hein, quand même...). mais bon, pour Rochdy, allez, on y va. Première bonne surprise : oh oh Yolande Moreau au générique! Et, tiens, Marina Hands aussi... Et il y a aussi ce "tonton chelou" (Hedi Bouchenafa, tout à fait dans mes cordes...) qu'on découvre lors de la première scène dans un fast-food, (à qui Rochdy conseille de bien mâcher, ce qui pose tout de suite un certain cadre...)
Au début, le réalisateur nous lâche sans aucun indice, comme un élève dans un nouvel établissement le jour de la rentrée, et c'est très bien comme ça. Débrouille-toi. On comprend assez vite que Sabri bosse dans l'enseignement, que son fils est dans le même établissement (je ne sais jamais si c'est lycée ou collège), que Yolande Moreau est la principale (Sabri n'est qu'adjoint), que Marina Hands qui joue son ex-femme, y est aussi prof, et qu'il a des petits problèmes avec un prof de son fils en particulier (Yannick Choirat, qu'on voit d'ailleurs pas mal en ce moment...).
Le cadre, donc, est posé, les différents protagonistes aussi,  on se demande qu'est-ce qui va leur tomber dessus... (première fausse piste totale : au vu de l'affiche et du début du film, j'ai pensé soudain à un film de 1987, LE BEAU-PERE, l'histoire d'un sérial-killer tueur de familles successives, en costard, car notre Sabrilà, justement, dans son petit costard, a quand même des petits airs de psycho-rigide, hein, mais non non le film va partir dans une toute autre direction (ouf ! Rochdy n'est pas un psycho-killer!).
Le principal se fait du souci pour son fils, qui n'a pas eu les félicitations ce mois-ci, ce dont il ne comprend pas la raison (le père, pas le fils qui semble avoir bien d'autres centres d'intérêt). Le père, le fils, l'ex-épouse, le tonton, la principale, une jeune élève de SEGPA récidiviste : se mettent progressivement en place tous les éléments d'une histoire bien construite, qui part dans plusieurs directions possibles (envisageables dirait Lagarce).
Notre principal est au centre d'un dispositif narratif  où la relation qu'il a avec chacun des autres personnages (son frère, son fils, sa femme, sa supérieure) présente à chaque fois une nouvelle facette de son personnage (des nouveaux sentiments, un nouveau comportement).
Sur un coup de tête (un coup de dés, plutôt) l'irréprochable principal va franchir la ligne blanche de la légalité et faire une grosse connerie, lançant la deuxième partie du film : les conséquences du coup de dés, qui vont impacter tous les participants de façon plus ou moins violente.
Le réalisateur réussit, plutôt habilement, à suivre chacune de ses pistes narratives, jusqu'à une conclusion qui, si elle ne me semble pas tout à fait vraisemblable (surtout quand on connaît la "maison" de l'éducation nationale) a le mérite d'être suffisamment amorale pour confirmer que, décidément, le personnage de Sabri n'est pas vraiment sympathique.

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27 mai 2023

le pigeon

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SHOWING UP
de Kelly Reichardt

j'avais eu la chance de le voir en prévisionnement grâce au GNCR et à Diaphana, sur l'écran de mon ordi, avec la mention "PROPRIÉTÉ DE DIAPHANA qui prenait tout le faut de l'écran) et donc il falllait absolument que je le revisse "en vrai" dans le bôô cinéma. 13h40, salle 1 (la plus petite), six spectateurs (dont, exceptionnellement Alain K. ce qui compte donc double), et me voilà réembarqué dans cette nouvelle expérience, après l'éblouissement de FIRST COW le film précédent de la réalisatrice, dont je ne me suis pas encore tout à fait remis...).
A priori, à la première vision, le film semblait "moins fort" : Michelle Williams (qui joue pour la quatrième fois avec Kelly Reichardt) interprète une artiste céramiste en train de préparer sa prochaine exposition (un des sens possibles du swowing up du titre). Ce qui est frappant, quand on revoit le film, c'est la façon dont elle tire tout le temps la tronche : on ne verra jamais l'ombre d'un sourire sur son frais minois.
La deuxième chose, c'est que le film, à première vue, pourrait être considéré comme ressemblant à son personnage principal : mal fagoté (allez, pas très bien fagoté) et pas très souriant non plus en apparence. Un film qui n'aurait a priori rien d'aimable mais, allez savoir, qu'on se plairait pourtant à aimer, c'est comme ça, ça ne se discute pas.
La demoiselle est artiste, céramiste, et elle travaille aussi dans une école d'art (dirigée par sa mère), dans les couloirs de laquelle on aura plaisir à se balader, à découvrir les oeuvres qui y naissent et les étudiant(e)s qui les conçoivent (ce qui m'a ramené bien sûr en 2005, au temps bienheureux des Bozarts -et du jeune homme en t-shirt vert, et toc).
Lizzie a pour propriétaire Jo, qui est encore plus charrette qu'elle (j'ai appris l'expression dans le film) puisqu'elle prépare deux expositions en même temps, et qu'elle n'a donc pas le temps de réparer la chaudière de Lizzie, ce que la Lizzie en question lui demandera pendant tout le film, avec de plus en plus d'insistance, voire de nervosité.
Comme si cette fichue chaudière était la chose la plus importante du monde pour elle.
Comme si tout ça ne suffisait pas, voilà qu'un pigeon à l'aile cassée (attaqué par le chat de Lizzie) va être recueilli par Jo, qui va lui faire un joli pansement impeccable et le mettre dans un carton pour qu'il se rétablisse (et le confier à Lizzie puisqu'elle est trop charrette...)
On fera aussi connaissance du père de Lizzie, dont la maison est occupée par un couple de vieux squatteurs professionnels, et aussi (surtout) de Sean, le frère de Lizzie, qu'on pourrait qualifier de mentalement fragile, et qui est interprété par John Magarro (le Cookie Figowitz de FIRST COW) qu'on reconnaît d'autant mieux qu'il a conservé la même apparence (excepté le chapeau) et dont j'ai eu grand plaisir à retrouver la voix caractéristique.Encore un personnage magnifique.
Le film se partage en deux, avant l'expo, et pendant l'expo. Fidèle à elle-même Lizzie est mal fagotée (allez, pas très bien fagotée) et elle tire un peu la tronche (il sera pas mal question de fromage...). on est d'autant plus scotché devant ce historiettes qu'on a du mal à reconnaître Michelle Williams (à des années-lumière, par exemple, de son rôle / personnage dans THE FABELMANS de Spielberg), qu'elle a vraiment  réussi à faire naître un personnage complètement -et parfaitement- autre. Et on l'en aime d'autant plus.

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26 mai 2023

dordogne

"fais de mon âme une branche, de mon corps un talus..."

Dordogne

L'ange déchu

Amours débutants

Col de la Croix Morand

La momie mentalement

 

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(1989)

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(1991)

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(1993)

+

Par mégarde (découvert ce jour!)

Jean-Louis Murat est mort hier à 71 ans... Me sont revenues des réminiscences, entre 1989 et 1993 surtout... (c'est surtout à ce moment que je l'ai aimé...).
Ces trois albums-là, surtout, intensément écoutés (ooooh et on fumait pas mal à l'époque je me souviens aussi, à la maison bleue...)
Je me souviens d'avoir offert à Fabienne F. le maxi de "Amours débutants" parce qu'elle le trouvait beau (Murat)
Je me souviens d'avoir gagné un cd d'inédits pour les nouveaux abonnés des inrocks, et d'avoir été déçu parce que Dordogne n'y figurait ps, contrairement à ce qui avait été annoncé
Je me souviens que j'étais un peu agacé par le "vierge espace", dans Amours débutants
Je me souviens que j'avais enregistré une version live de Dordogne où le présentateur disait en intro "des chansons qui sont de belles hémorragies, écoutez c'est très fort et ça s'appelle Dordogne..."
Je me souviens que ce morceau figure au début de la face b de la K7 intitulée "Red mix" (Oui, on fumait pas mal, d'où le titre hihi)
Je me souviens que j'avais été un peu étonné qu'il fasse un duo avec Mylène Farmer, Regrets, mais que j'aimais beaucoup le morceau (et le clip aussi)

Pour moi Dordogne est sans doute une des plus belles chansons que je connaisse.
une autre version (dans "Murat en plein air")
(des souvenirs de nuits d'été, de piscine, de pétards, d'"écouter dans le noir")

ps : sans oublier une reprise magnifique (supérieure à l'original, que pourtant je trouve très bien) de MARIE-JEANNE (créée en français par Joe Dassin) (dans une compilation en hommage à Joe D.)

 

26 mai 2023

la créature

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JEANNE DU BARRY
de Maïwenn

Ira ? ira pas ? Je suis passé par toutes les phases de l'hésitation, et, ce qui a finalement emporté ma décision, c'est juste le fait que le film était projeté en avant-première, à 20h15, dans le bôô cinéma, en même temps qu'il l'était en ouverture du Festival de Cannes. Pas besoin de smoking ni de tapis rouge ni de montée des marches, et hop! nous les manants les gueux les serfs les va-nu-pieds, les obscurs les sans-grade, on pouvait, pendant deux heures, vibrer au diapason des belles dames en robe du soir pleines de paillettes et des producteurs à lunettes noires et à gros cigare (oui, j'ai une vision assez simpliste du public des soirées d'ouverture cannoises...), bref on se sentait... privilégié (et ceci pour la modique somme de 5€!)
On était à la 4 (la même salle que la soirée Emmaüs), et il y avait tout de même un peu de monde (une trentaine, je dirais)... au générique de début, il y a du beau linge dans la distribution (mais j'avais cru comprendre qu'il était surtout question de Maïwenn (la favorite) + le Roi Johnny Depp (dont je me suis demandé jusqu'au bout le pourquoi de la chose : pourquoi engager un american actor pour incarner un roi français, hein ? (A part que
1) il coproduit le film (qui a coûté bonbon), c'est déjà un argument recevable, et
2) peut-être que Maïwenn fantasmait de faire des galipettes avec ce cher Johnny -quoique de ce point de vue là le film est étonnamment sage : à peine quelques bisous et puis s'en va, la seule saillie un peu... vigoureuse étant filmée hors-champ, et n'étant même pas le fait du roi mais du Duc de Richelieu si je ne m'abuse, et encore han han han et fondu au noir...)
Donc, Jeanne "du Barry", au départ fille du peuple, sans manières et sans particule, se retrouve propulsée, par le bon vouloir du Roi ("il est ardent" confiera Laporte, son valet personnel à tout faire, incarné par le splendide Benjamin Lavernhe, vraiment excellent dans ce rôle...) en plein milieu de Versailles et de sa faune (la famille royale, les courtisans) ainsi que de sa stricte étiquette...
Je ne suis pas très "film en costumes", encore moins du genre "Si Versailles m'était conté...", mais j'ai tout de même quelques notions : Marie-Antoinette de Sofia Coppola, La mort de Louis XIV d'Albert Serra, Les jardins du Roi d'Alan Rickman,  sans oublier (et surtout) les films d'animation de Walt Disney, oui, surtout Cendrillon... pour ce qui est des perruques, des froufrous, des maquillages, des escarpins. Le cahier des charges en est ici respecté, (presque trop, serais-je tenté de dire...). L'ennui c'est qu'on a deux univers qui cohabitent : les têtes d'affiche sont "vraisemblables" tandis que, par exemple, pour ce qui est de la famille royale (les trois soeurs) on tombe dans une outrance quasi disneyenne (on ne peut pas ne pas penser aux soeurs de Cendrillon.)
On suivra donc l'ascension de la Du Barry, et la descente qui suivra, immanquablement (the rise and fall of...) La voix-off (car voix off , gentiment pédagogique comme dans les contes) nous apprendra ainsi (à moi en tout cas) qu'elle a été guillotinée un peu après Louis XVI et Marie-Antoinette, (mais que faisait-elle donc encore là ?).
Bref on a vu le film, comme les Cannois(e)s smokingués et robedusoirés, et il s'avère que c'était plutôt pas mal du tout (en tout cas beaucoup mieux que ce que je m'étais imaginé...) On ne va donc pas faire la fine bouche, n'est-ce pas, et ne pas bouder notre (royal) plaisir.
Maïwenn s'aime (à tout vent) et on prend un certain plaisir à la voir interpréter (avec des hauts et des bas) un personnage qui a tout de même, au début, la moitié de son âge, comme une gamine qui jouerait à la princesse pour de faux (ou pour de semblant). Et cultiver l'art agaçant de ricanasser comme une cruchasse. Mais intelligente, cultivée, toujours avec un livre à la main (même dans sa baignoire)...
On a le sentiment qu'elle essaie de nous faire passer un message, qu'elle serait au cinéma ce que la Du Barry fut à la cour de Louis XV : une frondeuse, une femme affranchie, rebelle, faisant fi des règles, piétinant les conventions, lançant les modes, et que c'est pour cette raison qu'elle est à la fois devant et derrière la caméra (sur tous les fronts), oui, c'est incontestable, non seulement la demoiselle s'aime, mais aime qu'on l'aime (mais n'est-ce pas notre lot à tous ?). Ok, on l'aime, mais on est en même temps un peu triste(s) pour India Hair (ridiculisée), Pascal Greggory (idem), Noémie Lvovsky (sous-employée), Pierre Richard, Patrick d'Assumçao (idem) -tiens si j'ai bonne mémoire ce dernier n'était-il pas déjà un médecin au service de Louis XIV chez Serra ?- ... Et il y a même, au début du générique, Robin Renucci que je n'ai même pas vu, ou reconnu, dans le film...
bon, c'était le film d'ouverture (en grande pompe), voilà...

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elle se la pète un peu quand même , non?

 

25 mai 2023

rosalind & julia

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ETERNAL DAUGHTER
de Joanna Hogg

Un film gothique, du brouillard, un hôtel sans clients, de la nuit, une mère et sa fille (plutôt une fille et sa mère) toutes deux jouées par l'intense Tilda Swinton, (pour les plus observateurs -les plus curieux-, les deux personnages figuraient dans THE SOUVENIR, de la même réalisatrice, où seule la mère était jouée par Tilda S.), une réceptionniste pas très coopérative, un chien qui n'arrête pas de se sauver, et qu'on doit chercher la nuit, un anniversaire, où sera soudain révélé, mine de rien, ce qu'on appréhendait depuis le début du film...
Je ne devrais pas en principe écrire grand-chose de plus sur ce film puisque j'y ai, hélas, beaucoup dormi (surtout dans la première partie) mais ce que j'ai vu je l'ai plutôt bien aimé (soooo british), et Tilda Swinton est excellente, comme d'habitude...

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23 mai 2023

les feuilles mortes

(un article que j'ai trouvé magnifique -particulièrement le dernier paragraphe allez savoir pourquoi- ce jour dans le supplément Cannes de Libé)

"Le jour où Aki Kaurismäki fera un mauvais film, on saura qu’il n’y a plus d’espoir pour rien ni personne, mais ce jour n’est pas arrivé. On peut même s’estimer heureux qu’il ait refait un film tout court (et il l’est), après avoir dit «adios» au cinéma, déclarant en 2017 : «Je suis fatigué. Je veux commencer à vivre ma propre vie, enfin.» Phrase très grave et très drôle, ce mélange kaurismäkien de solennité et d’humour dans l’économie de mots, qui sonnait vraiment comme une réplique d’un de ses 18 longs métrages de fiction – en comptant celui-ci, présenté en compétition à Cannes. Arrêter le cinéma pour commencer à vivre. Rechuter, sans perdre de vue l’objectif. Le cinéma est peut-être un art, mais c’est aussi une addiction. Est-ce un hasard si Kuolleet Lehdet, en français les Feuilles mortes, raconte en partie l’histoire d’un homme qui décide d’arrêter de boire pour commencer enfin à vivre ?

En partie, parce qu’il raconte aussi l’histoire d’une femme qui prend le risque de retrouver le sourire. Bouleversements liés à leur rencontre, qui connaîtra quelques adversités et embûches de mélodrame, d’ici à ce que l’amour triomphe. Qui connaissait la décision du cinéaste finlandais de prendre sa retraite, à 60 ans comme il se doit, peut supposer, en découvrant le film, une raison à cette reprise du travail. Le récit a lieu en février-mars 2022, daté par les actualités que les personnages entendent passer, chacun chez soi, à la radio tout au long du film : donnant des nouvelles des premières semaines de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, en particulier des bombardements touchant des civils. "Maudite guerre", dit Ansa – avec ses 1 340 km de frontière commune avec la Russie, le traumatisme de deux guerres avec l’URSS tentant d’envahir son territoire, la Finlande et sa population se trouvent ces temps-ci à l’avant-poste de l’inquiétude.

Le monde du précariat

Les Feuilles mortes donne l’impression d’avoir été écrit et tourné sous l’impulsion de cette peur et de cette impuissance d’auditeur entendant, ce que confirme la petite note d’intention sublime, et bien sûr blagueuse, par laquelle l’auteur présente son film : "Même si j’ai acquis aujourd’hui une notoriété douteuse grâce à des films plutôt violents et inutiles, mon angoisse face à des guerres vaines et criminelles m’a enfin conduit à écrire une histoire sur ce qui pourrait offrir un avenir à l’humanité : le désir d’amour, la solidarité, le respect et l’espoir en l’autre, en la nature et dans tout ce qui est vivant ou mort et qui le mérite." Une séquence montre Ansa (Alma Pöysti) et Holappa (Jussi Vatanen, le Bastien Bouillon finlandais) penser tendrement l’un à l’autre alors que la bande-son déroule, dans le poste, les décomptes des atrocités. Pas pour mettre l’accent sur quelque insouciance coupable, sur la dissonance entre un amour naissant et une guerre, au contraire : c’est ici le seul antidote, et si Kaurismäki cite Chaplin, donnant son nom au chien adopté par Ansa, c’est qu’il a dû revoir le Dictateur.

Annoncé comme le quatrième volet "perdu" de sa fameuse "Trilogie du prolétariat" (Ombres au paradis, 1986, Ariel, 1988, et la Fille aux allumettes, 1990), les Feuilles mortes a lieu, trois décennies plus tard, dans le monde du précariat, suivant ses personnages se faire virer sans ménagement de leurs emplois temporaires successifs, décrivant à chaque fois en peu de mots et de signes les situations qui leur sont faites par un capitalisme sans garde-fou ni droit du travail, autre contrepoint et obstacle à l’idylle qui tente d’avoir lieu entre eux. Le principal étant que Holappa – dont ni l’aimée ni le film ne connaîtront le prénom, n’apprenant même son nom que très tard – boit systématiquement, mécaniquement, ce qu’Ansa ne peut supporter (apprendre pourquoi, c’est la comprendre, voir un peu plus clair dans sa tristesse). Il arrêtera, se redonnant une vie et lui en proposant une. D’autres péripéties l’attendent, rythmées par beaucoup de chansons (plusieurs sont d’Olavi Virta, le grand chanteur de tango finlandais, dont la reprise de celle de Prévert et Kosma donne son titre au tout).

L’art de la litote et du surlignage

Pour faire filer tout ça, limpide, en direction de la fin du film, Kaurismäki peut compter sur le ton qu’on lui connaît, cocasse et mélancolique jusque dans chaque plan à la fois ultra-lisible et mystérieux, dans chaque demi-réplique à la fois insignifiante et décisive, ordinaire et hilarante. Art à la fois de la litote et du surlignage, donc paradoxal, mais qui s’explique par ce qui le provoque et le soutient : il n’y a que les sentiments qui comptent, ils sont le matériau et la visée de chaque seconde de film, or il n’y a rien de plus insaisissable et de plus schématique à la fois, de plus complexe à vivre et de plus bête à dire qu’un sentiment. Pour ce faire, les petits éléments de langage du cinéma classique, le jukebox des tropes du mélo, de l’amour, du visage derrière la pluie sur les vitres, marchent à plein tube sur nos affects, sur notre mélancolie pleine de distance et de larmes, tout ça à ras bord. Mais ce qui gagne, c’est la légèreté à toute épreuve donc la détestation discrète et résolue de tout ce qui veut passer en force, dans les films, dans la vie, chez les hommes ("un dur ça ne chante pas", tant pis pour lui), c’est la très bonne raison pour laquelle, bien qu’il ne donne aucun gage direct de trahison de l’hétérosexualité sur le plan manifeste, et qu’il ne figure donc pas dans sa sélection cannoise annuelle du meilleur film LGBTQ +, on donnerait à Kaurismäki la "Queer Palm"." (Luc Chessex)

En compétition. Les Feuilles mortes d’Aki Kaurismäki avec Alma Pöysti, Jussi Vatanen… 1h21.

(Sortie prévue : 20 septembre 2023)

 

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21 mai 2023

après-midi très malle (très bien)

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AU REVOIR LES ENFANTS
de Louis Malle

1987... j'avais 31 ans. Je me souviens d'une soirée-tarot avec Thierry G. (non, pas toi Riri la Gâchette,calme-toi, l'autre!) chez les parents de Sandrine B., mais aussi de Cérémonie des César, où le film avait triomphé (7 César!) et nous avec. Je me souviens qu'on aimait beaucoup ce film, pour différentes raisons. (...) Et, par exemple, la petite phrase "Y a des loups dans cette forêt ?" nous était restée en tête. Je me souvenais de Julien Quentin (l'alter ego de Louis Malle dans ce récit autobiographique) et de Jean Bonnet (qui s'appelle en réalité Jean Kippelstein), je me souvenais des confitures, de la mère de Julien, du marché noir avec Joseph, le boîteux qui travaille aux cuisines (et de l'excellent François Négret qui l'incarnait), de cette belle histoire d'amitié entre deux gamins en ces temps pas faciles, et de la bouleversante scène finale dans la cour du pensionnat (avec ce "Au revoir les enfants" qui donne son titre au film, avec cet ultime échange de regard entre les deux garçons, et ce petit geste de la main...).Je dois dire que j'étais déjà très ému, pour ne pas dire bouleversé, avant que le film commence, c'est dire le pouvoir émotionnel de ce film est encore intact, presque 35 ans après.

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089
LACOMBE LUCIEN
de Louis Malle

Un autre film qui se passe en 1944, juste quelques mois après AU REVOIR LES ENFANTS, film que je me souvenais ne pas être allé voir en salle (en 1974 j'avais d'autres niaiseries en tête...), je pensais l'avoir vu, beaucoup plus tard, sur l'écran de mon ordinateur, mais je n'en avais vu, en fait que les cinq dernières minutes (qui sont bucoliquement trompeuses). Il est question ici aussi, de Boches et de collabos, de dénonciations, d'arrestations, d'assassinats... Le personnage principal, qui donne son titre au film, est un jeune acteur non professionnel. Qui atterrit dans la police allemande un peu par hasard, sans l'avoir vraiment cherché (après avoir tenté de faire partie de la résistance et de ne pas avoir été accepté...)
Voilà Lucien Lacombe doté d'un costume neuf (avec pantalon de golf), d'une carte de la gestapo et d'un flingue. Et d'un pouvoir tout aussi neuf que son costume, qu'il exerce un peu dans tous les sens, comme un gosse avec un nouveau jouet. Il est tombé amoureux de France, la fille du vieux tailleur juif qui lui a cousu son costume sur mesure, et veut se l'approprier. Il s'en arroge le droit.
Il est arrivé là un peu par accident, le premier soir on l'a fait boire, pour le faire parler, et il livre aux miliciens l'identité du chef du réseau résistant du coin, un instituteur prénommé  Robert, qui sera aussitôt arrêté et torturé. Et Lucien, sans sourciller (et sans non plus d'états d'âme) va explorer son nouveau domaine. Milicien, collabo, gestapiste. Mais, pour lui, il est surtout, désormais "quelqu'un". C'est tout ce qu'il demandait. Il en jouit, il en profite, sans savoir tout à fait jusqu'à quel point il peut aller.
Le film est cinglant, dans ce portrait minutieux qu'il dresse d'un salopard (et le film d'ailleurs, à sa sortie, en 1974 avait provoqué un tel tollé -de tous les bords politiques confondus- que le réalisateur s'en était du coup exilé aux Etats-Unis.
Et, ironiquement le seul souvenir que j'en avais était cette dernière scène, ces dernières minutes, bucolique, verdoyantes, apaisées (elle se lave dans la rivière, lui est allongé dans la prairie et la regarde en mâchonnant un brin d'herbe, les seules cinq minutes de paix du film, avant que ne s'inscrive sur l'écran l'annonce de l'arrestation et de l'exécution de Lucien Lacombe, fin 1944.

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