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lieux communs (et autres fadaises)
30 novembre 2018

corégones

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MADAME FANG
de Wang Bing

Réussi à le voir in extremis, dernier jour dernière séance, juste après Amin. Ici il s'agit d'un documentaire, sur les dernières jours de Madame Fang, malade d'Alzheimer, en présence de sa famille. Les premieres images nous la montrent, filmée par le réalisateur, quelques mois avant, une belle vieille dame chinoise, debout,  en pleine possession de ses moyens, bref, vivante. Le plan suivant, qui nous la présente allongée sur son lit, est un choc brutal. Un visage silencieux, en gros plan, une bouche toujours ouverte, comme exprimant un cri muet.
Madame Fang va bientôt mourir, sa famille est autour d'elle et continue à vivre, s'exprimant sans détour sur les prochaines funérailles. Mais il s'agit ici de Wang Bing et donc de l'acuité du regard d'un cinéaste sur ce personnage de femme, sur cette situation.
J'ai un peu de mal à parler de ce film, de cette mort, alors je vais laisser là parole aux Inrocks :

"Tout est très subtil et calculé dans cette fausse absence de mise en scène, alors qu’il n’y a que ça, dans ce film qui ne montre objectivement pas grand-chose, que des petits riens, des voix dans la nuit, des yeux qui ne brillent plus, les étincelles de la pêche des carpes, la fumée des cigarettes, les repas, le temps qui passe, et la mort hors champ, très discrète de madame Fang, qui fut et qui n’est plus.

et au nouvel obs :

"Il y a là, de la part du cinéaste, une humanité poignante, quelque chose de puissant qui transcende les images. Ce n'est pas un film, c'est un poème philosophique."

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29 novembre 2018

Chantier

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AMIN
de Philippe Faucon

Beaucoup de monde ce jour dans la salle 2 (ou 3 je ne suis plus sûr) du bôô cinéma, pour cette dernière séance d'Amin. On aime beaucoup le cinéma de Philippe Faucon, et on a d'ailleurs programmé beaucoup de ses films. Du très beau cinéma, à taille humaine, du cinéma social et politique, et celui-ci, comme le font remarquer les publicitaires sur l'affiche pour battre pendant qu'il est encore un peu chaud le fer du précédent film -succès critique et public- du réalisateur,  vient juste après Fatima.
Un homme et une femme, mais pas vraiment chabadabada. Lui est noir (Moustapha Mbengue, impressionnant et mutique), elle est blanche (Emmanuelle Devos, magnifique comme d'hab'). il est marié et a des enfants en Afrique, qu'il voit trop peu souvent, elle est divorcée et a une fille (et se dispute avec son ex-mari, qui est un "vrai gros connard" comme on l'entend le lui dire au téléphone).
Il est maçon, est employé à construire une tranchée dans la cour de sa maison à elle. Ils vont vivre une histoire d'amour, simplement. Philippe Faucon ne parlera pas que d'amour, il parlera aussi du monde du travail, et du travail précaire (et payé au black), à travers quelques autres personnages secondaires, qui, comme Amin, travillent sur les mêmes chantiers.
J'aime énormément cette façon  de ne jamais insister, cette pudeur, cette délicatesse qui caractérisent Amin (qui m'a beaucoup plus enthousiasmé que Fatima, je dois le dire...).

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28 novembre 2018

belfort entrevues 2018-3 et 4

(deuxième journée des Rencontres Exploitants, après une première nuit à l'hôtel)

vendredi 23

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UN VIOLENT DÉSIR DE BONHEUR
de Clément Schneider
première surprise de la matinée que ce film "historique" qui narre l'histoire d'un moinillon soudain confronté à la Révolution et à ses soldats qui réquisitionnent son couvent. Plaisant de retrouver dans ce récit le jeune acteur de Desplechin, confronté à un autre jeune acteur du Nocturama de Bonnello. Un sacré beau film, à la facture suffisamment épurée pour qu'on puisse la qualifier de modernité (j'ai pensé aux derniers films "historiques" de Rabah Ameur Zaimèche) -qui pourrait, comme le film de Radu Jude vu hier, poser la question de la reconstitution-, avec un sens indéniable de la mise en scène (et une utilisation plus qu'intelligente de la musique), par un jeune réalisateur qui est venu, à la fin du film, nous présenter son travail, et le défendre avec une ardeur communicative.

sortie 26 décembre 2018

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L'AMOUR DEBOUT
de Michaël Dacheux

c'était le deuxième "inconnu" de la matinée, et ce fut encore une sacrée belle surprise... Une jeune fille et un jeune garçon (ils s'appellent Martin et Léa, et ce n'est certainement pas le fait du hasard, coucou Alain Cavalier), au début du film, dont on comprend qu'ils viennent de se séparer, et qu'on va suivre ensuite, séparément à certains moments et ensemble à d'autres. Un film de gens et de paroles, de rencontres et d'échanges, (marivaudage doux) où l'on voit passer amicalement Françoise Lebrun, où l'on a plaisir à retrouver Pascal Cervo, bref un film tendre, drôle,"référencé", aimable, entre relations, création, séduction... Les ombres tutélaires   de papa Rohmer (et celle de papa Eustache aussi) flottent amicalement au-dessus de cette plaisante histoire. Une goormandise cinéphilique, donc.

sortie 30 janvier 2019

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SIMONE BARBES OU LA VERTU
de Marie-Claude Treilhou

(re)vu dans une salle bourrée à craquer, avec 90% de jeunes (qui ont hélas quitté la salle en masse dès la dernière image sans profiter de la rencontre avec la réalisatrice) ce film pour lequel j'ai énormément de tendresse (et pas seulement parce que ma soeur y fait une apparition de quelques secondes), parce qu'il me ramène à ma propre jeunesse. Film en trois parties (le hall du ciné porno / la boîte de nuit lesbienne / la voiture du vieux dragueur) dont je trouve la première et la troisième parfaites (celle de la boîte s'étire un peu à mon goût -et se mélange un peu dans ma mémoire d'ailleurs avec celle de Victor Victoria-) un film Diagonale (avec tout l'affect que ça représente pour moi) un personnage féminin magnifique, (Ingrid Bourgoin y est pour beaucoup) entre gouaille et mélancolie, et une scène finale qui représenterait pour moi une quintessence de cinéma : voiture, intérieur nuit, un homme et une femme, par la force démesurée de ce qui s'y joue. J'étais très content (et ému) de la chaleur avec laquelle Lili Hirstin a présenté le film

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UNE HACHE POUR LA LUNE DE MIEL
de Mario Bava

pour celui-là j'hésitais un peu : j'aurais pu, à la même heure, retourner voir le Hong Sang Soo en séance publique, afin d'expier mes fautes dormitives, mais bon je me suis laissé tenter par cette chose-là... Quelle erreur! Une histoire inepte, un bellâtre huileux comme héros, une copie ayant viré au rose,  un son métallique et désagréable, une musique jouée beaucoup trop fort, une salle pas terrible, avec un groupillon de jeunes gens qui ont pris plaisir à casser les pieds -et les oreilles- au reste des spectateurs, bref, mauvaise pioche sur toute la ligne  (je n'y ai pas trouvé la moindre trace de cette "macération poétique" évoquée par le présentateur lorsqu'il a présenté le film...)

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*

 

(après une deuxième nuit, pas très bonne, à l'hôtel, mais un toujours aussi apprécié petit-déj')

samedi 24

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PLUS QU'HIER, MOINS QUE DEMAIN
de Laurent Achard

le dernier film pour moi de cette édition 2018, à la séance de midi, avant de repartir, dans la section "les premiers films de". Drôle de revoir, à vingt-quatre heures d'intervalle, un Pascal Cervo plus jeune de trente ans (dans un rôle pas forcément très sympathique). Une chronique familiale (comme le réalisateur en a évoqué à plusieurs reprises) douce-amère (on passera très progressivement de l'une à l'autre), une famille étouffante et un chouïa dysfonctionnelle (comme celles que Laurent Achard présentera souvent dans ses films suivants), où une jeune fille tristounette fait une visite à ses parents et son jeune frère qu'elle n'a pas vus depuis longtemps, avec son mari et son bébé. Un père faible, une mère toute-puissante, des secrets familiaux, et la machine est lancée. Du cinéma juste et amer, (l'ombre de Pialat) pour ce premier long-métrage du réalisateur, qui reçut un bel accueil critique.

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primé à Entrevues, donc, il y a vingt ans. Et la boucle est bouclée.
A l'année prochaine, Belfort!

27 novembre 2018

belfort entrevues 2018-2

(Journées Exploitants)
on attaquait là le noyau dur de notre participation à Entrevues, ces deux jours de prévisionnement que j'aime tant, où l'on peut non seulement voir les films (très) en amont, mais également entendre ceux qui viennent les présenter, réalisateurs ou, c'est plus fréquent, distributeurs

jeudi 22

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"PEU M'IMPORTE SI L'HISTOIRE NOUS CONSIDERE COMME DES BARBARES"
de Radu Jude

Le cinéma roumain c'est vraiment  pour moi un lieu de prédilection, et j'attendais avec impatience ce nouveau film de Radu Jude (Aferim!, Papa vient dimanche, La fille la plus heureuse du monde... sacré tableau de chasse!), avec lequel nous avons attaqué la matinée, un film indéniablement roumainissime qui m'a fasciné (une jeune metteure en scène répète un spectacle "commémoratif" sur l'attitude (dégueulasse) de la Roumanie en 1941, et sur une figure historique ambigüe) par son intelligence, son sens aigu de la mise en scène (je pense qu'il faut le voir plusieurs fois), par son humour acide et sa façon de poser les problèmes moraux par la confrotation impitoyable entre ce qui se dit et ce qui se fait (ce qu'on entend, donc, et ce qu'on voit). Un grand film, et un choc incontestable.
"La tentative de représenter un événement historique, surtout s’il est abominable, est dès le début vouée à l’échec. Ce sera toujours quelque chose en dehors de l’expérience réelle. En pensant à cet épisode honteux de l’histoire de mon pays, j’ai tout de suite compris qu’on ne pouvait pas le représenter sans le rendre banal, et c’est donc cette banalisation qui est devenue le véritable sujet du film. Et une nouvelle question a émergé : quelles sont vraiment les limites de la représentation ? La réponse appartient à chaque spectateur, tout ce que je peux espérer, c’est que ce problème sera bien posé et de manière complexe." (note du réalisateur)

sortie 20 février 2019

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GRASS
de Hong SangSoo
Hong SangSoo aussi c'est un de mes cinémas de prédilection, même si, comme disait Yves R. "il fait toujours plus ou moins le même film.." et j'avais rajouté "une femme, un homme, beaucoup de soju..." et nous avions conclu d'une même voix "ils se bourrent la gueule et ils parlent beaucoup...", et  le contrat est ici, une fois de plus rempli à la lettre, dans une forme courte (1h10), dans un beau noir et blanc, devant lequel hélas, trois fois hélas, oui, vous avez deviné, je me suis endormi (j'avais tellement lutté pour rester concentré et ne pas perdre une miette du film précédent que là d'un coup mes forces m'ont abandonné...) je ne peux même pas raconter l'intrigue puisque, chaque fois que j'ouvrais les yeux j'avais le sentiment de me trouver en face de personnages différents. A revoir, donc.

sortie 19 décembre 2018

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OTESANEK
de Jan Svankmajer

une pause (une brèche) dans la jounée exploitants, le temps de retrouver la section Une petite histoire subjective de l'animation, avec un film pourtant en prises de vues réelles, du grand Svankmajer. d'après un conte traditionnel, l'histoire d'un couple sans enfant dont le mari trouve une souche à forme humanoïde, qui telle Pinocchio, va prendre vie pour incarner le bébé qu'ils désiraient tant, un bébé en bois, affamé qui va, littéralement, tout bouffer : le chat, le facteur, l'assistante sociale, etc., tout ça sous les yeux d'une fillette blonde qui n'est pas sans rappeler, justement, l'Alice du même Svankmajer. Un conte fantastique et grinçant, où l'on retrouve avec  bonheur tout l'univers inquiétant du big boss Jan (et ses obsessions aussi).

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C'EST CA L'AMOUR
de Claire Burger

retour aux avant-premières, en séance publique cette fois, avec ce film de Claire Burger, qui avait co-réalisé Party Girl, (qui avait beaucoup fait parler de lui à l'époque, même si personnalement je n'en suis pas très fan) et se retrouve ici seule aux commandes et nous embarque pour un film magnifique, avec un Bouli Lanners tout simplement sensationnel, en père un peu largué avec ses deux filles ado, dont la mère est soudain partie voir ailleurs, le laissant se démerder tout seul... La petite est la plus rebelle, et refuse de continuer à vivre avec lui, tandis que la grande est un peu moins à vif, plus conciliante et fait de son mieux pour arrondir les angles familiaux, tout en vivant elle-aussi sa propre histoire. Un grand moment d'émotion et de plaisir cinématographique (et humain). Tout est juste, tout fonctionne, la réalisatrice fait merveille pour tirer le meilleur d'actrices/teurs pour la plupart non professionnels (et voir le visage tristounet de Bouli s'illuminer soudain d'un sourire est le plus grand des bonheurs.)

sortie 27 mars 2019

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NUESTRO TIEMPO
de Carlos Reygadas

c'est pour pouvoir voir ce film en entier (trois heures ou presque) que j'avais pris une chambre à l'hôtel et que j'avais décidé de manquer la soirée-rencontre autour de 7 minuti de notre Settimana italiana. Une séance unique pour cette dernière avant-première de la journée, pour laquelle on a fait la queue longtemps à l'avance, craignant de ne pas pouvoir y rentrer (ce qui m'a donné l'occasion d'échanger avec une adolescente aux airs d'Harry Potter), pour réaliser, finalement, qu'on n'était que très peu dans cette salle 14 (une trentaine) pour ce lôôông opus qui, s'il m'a plutôt bien plu (j'aime beaucoup ce que fait Carlos Reygadas) ne m'a pas autant enthousiasmé que, disons, Batalla en el cielo, et m'a même paru parfois un peu longuet. Une narration un peu moins absconse que d'habitude (le pitch pourrait en être résumé en quelques mots), des plans à couper le souffle tellement ils sont beaux, et d'autres dont on se demande un peu ce qu'ils font là (les enfants qui jouent dans la boue, au tout début)... Reygadas, quoi. d'autant plus que l'ami Carlos est cette fois des deux côtés de la caméra (et s'est attribué le rôle du mari candauliste (mais pas que) -merci Yves d'avoir introduit ce mot précis dans la conversation-.

sortie 6 février 2019

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26 novembre 2018

belfort entrevues 2018 -1

commencé tard cette année (alors que le Festival, lui, commençait une semaine plus tôt) mais bon avec Ecole et Cinéma, avec la Settimana Italiana, il a fallu s'organiser...
parti, mercredi en fin de matinée, avec Dominique et Hervé

mercredi 21

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HAUTE PEGRE
d'Ernst Lubitsch

Parfait pour débuter notre festival par cette mise en jambes enthousiasmante, cette quintessence de cinéma, cette comédie parfaite où il est question d'amour, d'escroquerie, (un escroc et une escroque de haut vol qui arnaquent les riches mais se font des taquineries entre eux), où l'on demande au serveur de voir la lune dans sa coupe de champagne, mais où il sera, également, beaucoup question d'amygdales (...). Des dialogues ciselés, merveilleusement équivoques et ambigus. Un bijou de haut vol, donc, dans une édition superbement restaurée (c'était, je l'ai appris plus tard, le film de la soirée d'Ouverture). Du bonheur, donc, à propos duquel je dois remercier Hervé (c'est lui qui avait très envie de le voir).

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YELLOW SUBMARINE
de George Dunning

autant continuer par un classique, lui aussi, dans une édition superbement restaurée, dans la catégorie "Une petite histoire subjective de l'animation", où chaque réalisateur dont on présentait un film en avait lui aussi choisi un autre a présenter : celui-ci avait été choisi par Bill Plympton. Je connaissais la chanson (que j'avais découvert en version française par les Compagnons de la Chanson, Le sous-marin vert), je connaissais auss l'album dont elle est tirée (encore que, pas vraiment toutes les chansons), mais pas vraiment l'histoire ni le film, et c'est un plaisir de les retrouver dans cette joyeuse re-création furieusement psychédélique qui fleure bon les années 70 et Lucy inthe Sky with Diamonds...

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BÊTES BLONDES
d'Alexia Walther et Maxime Matray

ou comment le hasard (ou un résumé sybillin) vous amène à voir un film, juste à la faveur de quelques mots (qu'on interprète à sa guise, ici "jeune militaire romantique"), qui se révèle ne pas être du tout ce à quoi vous vous attendiez... Il est ici beaucoup question de nourriture, mais aussi de tête(s) coupée(s) qu'on promène dans un sac, pour un sacré coq-à-l'âne cinématographique (comme avait résumé la présentatrice "entre comédie et gore"), un genre de jeu de l'oie narratif, avec un héros qui a la mémoire qui flanche, dans ce film plutôt plaisant (attachant) même si inégal (et dont je viens juste d'apprendre qu'il a obtenu le prix Gérard Frot Coutaz attribué à un premier film, la Caméra d'Or de Belfort, quoi)

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SCHOOL DAZE
de Spike Lee

Un Spike Lee rare, un film de jeunesse jamais sorti en France, et on comprend un peu pourquoi en le voyant : une comédie musicale dans le milieu des facs, ou plutôt des fraternités (ou sororités) qui y foisonnent, des rites d'initiation et des rivalités entre bandes... le réalisateur est jeune, enthousiaste, et il a choisi le vecteur des numéros chantés / dansés pour faire passer ses idées. Au début c'est plutôt très sympathique (il s'est confié le rôle de "Half Pint", un jeune homme plus petit que les autres, d'où son surnom, qui veut absolument intégrer une fraternité viriloïde) et se démène autant que son personnage, mais à la langue ça vire plutôt longuet (comme on dit, "à la fin, j'en voyais plus le bout...")

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21 novembre 2018

maman veux-tu ?

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SUSPIRIA
de Luca Guadagnino

(post en 6 actes et un épilogue)

Acte 1 accident
après le séduisant Call me by your name, l'intéressant A bigger splash (réalisé avant mais vu après) et le formidable Amore (réalisé bien avant et vu bien avant aussi), voici, du même réalisateur, le nouveau film, tant attendu, (remake du film du même nom, étiqueté pas moins que parangon de l'épouvante transalpine post-soixantehuitarde), et qui tadam! se révèle être ce qu'on est tout à fait en droit de nommer un accident industriel. Aïe. Oui, carrément, n'ayons pas peur des mots.

Acte 2 séance
Suspiria et moi, c'est une longue histoire... Quarante-et-un ans, rendez-vous compte, que j'ai vu pour la première fois l'original, celui de Dario Argento, dont je ne me suis jamais tout à fait remis. Parce que vu dans la plus grande salle du défunt Grand Vox, à Besançon, à une séance de 18h (parce que Michel Grisolia en avait fait une critiquette alléchante dans le Nouvel Obs'), salle où j'ai réalisé au bout de quelques minutes (j'avais raté le début du film parce que j'avais beaucoup hésité avant d'y entrer, et j'étais dans le noir, tandis que se déchaînait sur l'écran sur une sauvage scène d'assassinat à coeur ouvert, accompagnée d'une tout aussi sauvage musique paroxystique), après m'être avancé jusqu'au milieu de la salle, (le temps que mes yeux s'habituent à l'oscurité), que j'étais tout seul, au milieu de cette grande salle, ce qui m'a effrayé au point que j'ai changé de place et j'ai reculé pour venir m'asseoir sur le siège juste à côté des portes (ce qui était idiot, quand j'y repense, car si un tueur masqué était entré dans la salle par cette porte, il m'aurait vu immédiatement et donc égorgé illico...).

Acte 3 trouille
Quarante ans et quelques après cette séance inaugurale, Suspiria me fait toujours peur. Mais sans rien d'objectif. Je l'ai revu plusieurs fois par la suite, en entier cette fois (l'ouverture en est quand même un magnifique moment de cinéma) en salle, mais surtout à la télé, voire même sur l'ordi, j'ai acheté le cd de la musique, (qui est vraiment effrayante), j'ai essayé de me vacciner mais il n'y a rien à faire : si je le regarde (juste un bout, même) je sais que j'aurai du mal à m'endormir, après (ça me fait un peu le même effet avec Inferno, du même Dario Argento, découvert à paris quelques années après) parce que je sais que j'aurai la trouille. Irrationnellement. J'ai beau savoir que ça n'est que du cinéma, c'est comme si c'était resté gravé en moi, ce "trauma" initial... Alors ce soir, ça m'a fait drôle quand, après que je me sois aperçu que le film est tout de même interdit aux moins de 16 ans, ce qui m'a déjà mis en condition, j'ai entendu la demoiselle qui scanne les billets me dire "Vous allez peut-être être seul dans la salle...". Ca m'a fait arghhh l'espace d'un instant (non! par pitié! pas encore tout seul dans la salle!), mais ô chance ô bonheur est arrivé juste derrière moi un monsieur qui allait dans la même salle que moi... Ouf! me suis-je dit en y entrant... Et même un troisième (jeune) homme y est venu s'asseoir, quelques instants plus tard. A trois, c'est mieux... La séance pouvait commencer.

Acte 4 remake
Et voilà donc que ça commence, et je me dis que je vais pouvoir comparer, jouer au jeu des 7 erreurs, avec l'original, d'autant plus que le générique mentionne "d'après le script original de Dario Argento et Daria Nicolodi". Ca démarre autrement : Tiens, on est à Berlin, dans les années 70, tiens un vieux psychiatre qui reçoit une jeune patiente un peu agitée qui est danseuse et souffre visiblement de bouffées délirantes, évoquant les sorcières qui sévissent dans son école de danse, et tiens, -enfin ça y est je reconnais quelque chose- une jeune étudiante américaine, Suzy Banner (dans le premier elle s'appelait banner, mais bon), qui débarque dans sa nouvelle école de danse, l'Académie Markos (mais bon je trouve que l'arrivée de Jessica Harper, avec les portes de l'aéroport qui entrecoupent la musique, la tempête, le trajet en taxi, avaient une toute autre gueule...), le réalisateur a gardé pour les demoiselles le nom des personnages féminins d'origine, et, côté profs, on retrouve la fameuse Madame Blanc, mais il a éradiqué quasiment tous les personnages masculins du récit initial, qui étaient certes accessoires mais décoraient joliment (ah le pianiste aveugle avec son chien...), en rajoutant toutefois celui du vieux psychiatre, auquel il va d'ailleurs donner une importance démesurée...

Acte 5 sabbat
Le premier Suspiria, c'était une histoire de jeunes filles assassinées de façon brutale, de préférence la nuit, à l'arme blanche, avec une musique d'enfer, dans des décors baroquissimes aux couleurs pétantes (rien que pour ça, ça valait le coup de voir le film), au sein d'une académie de danse rococo dont toutes les professeurs étaient des sorcières, sous les ordres d'une sorcière-chef, qu'on ne voyait jamais (mais dont on entendait juste le râle) que l'héroïne, Suzy Banner donc, finissait par estourbir, dans un final assez croquignolesquement grotesque d'ailleurs (c'est un peu souvent le problème chez Argento, les fins ne sont jamais à la hauteur : celle d'Inferno est, il faut le reconnaître, tout aussi décevante), tout ça dans des décors insensés, avec des éclairages qui l'étaient tout autant. Luca Guadagnino a conservé sommairement cette trame, mais l'a tripatouillée à sa sauce, et en a fait une histoire  embrouillée que c'est rien de le dire (ah quoi bon ces références incessantes au terrorisme et à la bande à Baader ?)... Mais surtout que c'est moche! Suspiria, ça claquait en couleurs primaires, ça vibrait, ça décollait presque la rétine, rouge profond, bleu pétant, (technicolor, quoi!) jaune, vert, ça avait de la gueule! Ici tout est tristouille, éteint, froid, en verdasse marronnasse beigeasse (et même rougeasse, pour un final qui,lui, a conservé l'imbécillité de son modèle mais en l'étirant et en l'exagérant -le chorégraphiant- jusqu'à plus soif, ce qui n'était pas forcément la meilleure des idées à avoir (aïe aïe aïe un sabbat dont le souvenir me fait mal, tellement la grotesquerie y atteint des sommets).

Acte 6 actrices
Le réalisateur avait tout de même convoqué du beau monde, pour ce qui est de ses actrices : des jeunes (Dakota Johnson, Mia Goth, Chloë Grace Moretz) et des plus aguerries (j'avais écrit moins jeunes mais je trouvais ça désobligeant, alors que ce n'était pas du tout mon intention) :Tilda Swinton, actrice singulière que j'ai toujours trouvée formidable, qui est sa muse, (elle était sublime dans Amore) paye ici doublement* de sa personne -mais à quoi bon lui faire incarner un deuxième personnage auquel est attribué un faux interprète au générique* ?- (il avait été question, tout au début du projet, d'Isabelle Huppert dans ce rôle, et j'avoue que cette perspective m'avait fait saliver, mais visiblement, ça n'a pas pu se faire...), puis un duo d'actrices en hommage au cinéma allemand des années 70: Angela Winkler et Ingrid Caven (de la même façon que, dans la version de Dario Argento, Alida Valli et Joan Bennett jouaient les références au cinéma des années 50), puis un clin d'oeil à l'original, avec Jessica Harper -qui en 77 jouait la nymphette héroïne, apprentie-détective et witch-killer, tandis qu'elle n'est ici que la femme du psy- sans oublier notre Sylvie Testud (que j'aime toujours autant), hélas un peu ici injustement sacrifiée, dans tous les sens du terme, il a d'ailleurs fallu que je vérifie au générique de fin qu'il s'agissait bien d'elle), tout ça pour ça : un gloubiboulga (j'avais écrit salmigondis) indigeste et prétentieux (et peu ragoûtant, enfin de moins à moins, au fur et à mesure qu'on s'approche de la conclusion) et confus). Moralité (psy) en gros : tu es la mère / tuer la mère. Si j'étais une femme, je crois que je m'inquièterais du message délivré par le réalisateur.

Epilogue rêves
De ce naufrage on sauvera la musique de Thom Yorke (qu'il vaut mieux, finalement, écouter sur disque chez soi, au chaud), et quelques scènes aussi, quand même (Luca Guadignino nous a prouvé qu'il ne filme pas avec les pieds), surtout les scènes de "rêve", ces enchaînements très rapides de plans très brefs, parfois presque de l'ordre du subliminal, que j'ai vraiment beaucoup aimées, tout en se rappelant bien d'en oublier quelques autres  (un solo de danse de l'héroïne, concomitant au nouage des membres d'une autre ballerine, en solo elle aussi, que j'ai trouvé tout à fait embarrassant, tout autant que, je l'ai déjà mentionné, le sabbat final). Argento/Guadagnino : 1-0 en faveur de Dariochounet, sans discussion possible.

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l'affiche a une certaine gueule, mais, déjà, avant d'avoir vu le film, il y avait un détail qui me chiffonnait : je trouve cette calligraphie assez laide, et surtout, surtout, vous avez vu ce A immonde ? Injustifiable. J'avais d'ailleurs prévu d'intituler ce post Le A de Suspiria...

* et j'apprends à l'instant (dans Variety et en vo, s'il vous plait, qu'elle en en joue un troisième, lors du fameux sabbat final, celui de la sorcière-chef! (Donc elle figure trois fois dans cette scène!)

 

20 novembre 2018

coquelicots

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PENCHÉ DANS LE VENT
de Thomas Ridelsheimer

Ah, Andy... Pas celui de la chanson des Rita Mitsouko, non, celui du land-art. Cet homme-là je l'adore. Qu'on avait déjà vu à l'oeuvre dans Rivers and tides, du même réalisateur, il y a une dizaine d'années (qui avait été un beau succès-surprise lorsqu'on l'avait programmé, aux débuts du bôô cinéma... on avait presque refusé du monde me semble-t-i!). Un doux bonhomme aux yeux clairs et à la barbounette blanche (soignée, la barbe, option "trois jours" impeccable) qu'on re-voit donc à l'oeuvre, dans la verte et humide campagne brittone, mais plus seulement. Il se déplace partout, le bougre (même s'il garde un faible pour la verte et humide campagne brittone) . Et il n'est plus tout seul : non seulement sa fille l'assiste (pour les projets à taille humaine), mais également toute une équipe de gaillards, avec des gros bras et des grosses machines-outils, pour les projets plus monumentaux (j'avais écrit pharaoniques mais c'est un peu excessif).
Et c'est toujours autant un plaisir de l'entendre parler, de son art, de son rapport à la nature, de ses projets, passés et  actuels. et surtout de le voir faire. il joue toujours avec les pétales et les feuilles jaunes, avec les éléments naturels pour des créations éphémères (dont il garde heureusement des témoignages photo) d'une beauté à la fois simple et puissante, toujours dehors, dans la pluie, dans le froid, dans le vent, laissant son empreinte (dans tous les sens du terme, puisqu'il nous expose un nouveau travail de silhouettage mettant en jeu son propre corps, à la campagne tout aussi bien qu'à la ville) sur/dans le paysage environnant.
Au début le film est un peu morcelé, éparpillé (enfin c'est le sentiment que j'avais) mais très vite on se laisse aller à suivre le fil conducteur plus ou moins lâche tissé par le réalisateur et son acteur/interprète principal. ici, là-bas, ailleurs.
J'aime toujours autant le travail d'Andy Glodsworthy, et c'est, oui je le répète, toujours autant un plaisir de le voir à l'oeuvre.
Penché dans le vent, oui (une fois sur deux, je ne sais pas pourquoi, j'intitule le film Perché dans le vent, ce qui lui conviendrait au moins autant)...

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affiche...

*

et photos

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19 novembre 2018

l'égalité, c'est pouvoir dire merde à tout le monde

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LES CROIX DE BOIS
de Raymond Bernard

Quelle meilleure occasion que ce 11 novembre pour voir ce film superbe, à l'occasion d'une programmation spéciale "centenaire de l'armistice" souhaitée par le grand-manitou-en-chef du bôô cinéma.
Oui, un très beau film, en noir et blanc, sur une troupe de mecs faisant partie de la même compagnie, pendant la guerre de 14/18. L'ambiance virile / bidasses / chambrée, j'ai toujours eu un faible, vous devez commencer à le savoir. Hommes entre eux, déjà, ça m'appate (je ne me lasse pas, par exemple, de revoir Stalag 17, un genre de mètre-étalon pour moi dans le genre film de chambrée). Ici les chambrées en question sont sommaires puisque nos bidasses sont au front, dans les tranchées. Au début jouissant d'une certaine inaction -et s'en plaignant- (le film prend son temps pour se mettre en route, et c'est très bien, nous présentant les principaux personnages et prenant le temps de nous les décrire un peu plus en détail qu'une simple esquisse) jusqu'à ce que boum! la guerre la vraie soit soudain là.
Un film tourné en 1931 que j'ai trouvé "d'une étonnante modernité" (comme dirait Téléramuche) et qui m'a même fort ému à certains moments. Le réalisateur, en 1931, dénonçait l'absurdité de la (première) guerre (mondiale), (le début du film est très clair : des soldats en rang, présentez armes!, remplacés progressivement à l'écran par les rangées de croix de leurs tombes, plantées suivant la même perspective, en deux plans tout est dit) sans se douter que, sept ans plus tard, le monde allait remettre ça de la plus effroyable des façons...
Charles Vanel, Pierre Blanchar, Gabriel Gabrio (le patissier, l'étudiant, l'ouvrier) incarnent les trois figures principales de cette compagnie de soldats qu'on va voir se faire décimer progressivement au fur et à mesure du film. Après un début, je l'ai dit, plutôt calme et bon enfant (le quotidien -souvent rigolard- des bidasses désoeuvrés), le film de Raymond Bernard passe à l'attaque, et nous met -avec tous ses personnages- au coeur du combat.
Ces scènes, qui ont été reconstituées avec les moyens de l'époque, sont absolument saisissantes et ont fait de ce film, pourtant resté invisible pendant un long laps de temps, sans doute "le" film de référence sur la guerre de 14. A partir de la scène dite "des dix jours", le film ne va plus nous laisser le temps de respirer, faisant de ses scènes de batailles des grands moments de cinéma.
Quelques scènes ont un peu vieilli, mais font aussi, justement, le charme (suranné) d'un cinéma des années 30, un peu trop expressif (dans le lyrisme et l'idéalisme surtout).
Mais un film que je suis heureux d'avoir enfin pu voir. Merci le général en chef du bôô cinéma, sans qui ça n'aurait pu se faire...

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les croix de bois

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18 novembre 2018

décoller le sparadrap

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GIRL
de Lukas Dhont

Caméra d'or pour le réalisateur.
Prix d'interprétation (non genré) pour Victor Polster
Un sacré beau doublé qui fit effervescer le festival de Cannes 2018.
Et, incontestablement, le film les mérite, toutes ses récompenses. L'histoire de Lara, née Victor, danseuse, sur le point de devenir "tout à fait" fille.
On la découvre, à la maison, avec son père et son petit frère, puis à l'école de danse, où elle travaille dur. Pour y être admise définitivement (au début du film elle est en "observation"). Elle ne s'économise pas (les pointes c'est très dur, encore plus quand on ne les a pas pratiquées dès l'enfance, apprend-on dans le film), pour danser dans le ballet chorégraphié par Sidi Larbi Cherkhaoui.
Elle lutte aussi pour trouver sa "place", suit un traîtement hormonal, et attend avec impatience l'opération qui la transformera définitivement, la délivrant enfin de ce petit bout de chair qui l'embarasse, là-devant, et qu'elle s'acharne a faire oublier (à nier)  par des pratiques de dissimulation contraignantes et pénibles.
Le film est centré sur Lara, sur les choses qu'elle vit, la façon dont elle les ressent, et la caméra tourne autour d'elle (j'ai pensé à Rosetta pour cette façon, justement, de ne pas la quitter de l'objectif). Lara se bat (se débat) avec son père, avec la prof de danse,  avec les médecins, mais en douceur, sans que jamais l'affrontement ne dégénère en bataille rangée. il serait plutôt question de résistance. Pas facile de dire les choses, surtout lorsqu'on n'est pas tout à fait sûre de ce qu'on ressent.
Le film est très attentif à son personnage central, à son corps en souffrance(s) -la danse est une rude école-, et à sa personnalité, en construction (elle est adolescente, ce qui n'est déjà pas une mince affaire à vivre en "temps normal", mais là les choses deviennent encore bien plus cruciales...), et donc à ses rapports aux autres (j'ai déjà parlé de son père, de ses profs, il faudrait rajouter ses alter ego : les filles (et les garçons aussi, mais surtout les filles) avec lesquelles elle danse, et, surtout, ce petit voisin sur lequel elle a flashé, et pour lequel, en bonne adolescente, elle met en place toute une batterie de manoeuvres d'approche...).
Et Lukas Dhont, dont c'est le premier long (métrage) a l'excellente idée de prendre les choses par le petit bout (de la lorgnette) : calmement, simplement, sans pathos superfétatoire, exposant les choses comme elles sont, comme elles viennent, sans que le spectateur obtienne forcément une réponse à toutes les questions qu'il se pose. Il est bien question de souffrance, physique ou morale, mais toujours filmée avec ce qu'il faut de pudeur et d'empathie.
Lara voudrait être une adolescente comme les autres, mais les choses ne vont pas aussi vite qu'elle le souhaiterait. Une grande partie du film progresse ainsi, à petites touches, presque comme un constat, une routine de vie (la maison, les transports, la danse, les transports, la maison) mais jamais filmée juste en tant que telle... C'est bien sa vie à elle, ni tout à fait la même ni tout à fait une autre...
Difficile d'être plus précis sans spoiler...
Mais je ne pensais pas que le film était aussi dur (pourtant on m'avait prévenu). J'ai fini en larmes, et c'est doux quand le dernier plan revient mettre de la lumière dans tout ça...

Et je suis encore plus sidéré d'apprendre que Victor Polster, l'interprète de Lara,  est d'abord un danseur (ça, effectivement, ça pouvait se deviner) et que ce film consitue son premier rôle d'acteur (j'utilise à nouveau le masculin, puisque c'est le sexe du jeune homme en question, qui explique qu'il n'est pas du tout transgenre mais qu'il a plutôt apprécié de devenir une fille le temps d'un tournage), et qu'il s'agit donc bien d'une interprétation (mais d'une façon tellement bouleversante qu'on a du mal à croire qu'il s'agit d'un rôle de composition).

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17 novembre 2018

tapis volant

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LE VOLEUR DE BAGDAD
de Michael Powell, Emeric Berger, Tim Whelan (et d'autres encore sans doute)

Prévisionnement Ecole et Cinéma 2 : celui-là je ne l'avais jamais vu en salle (et je crois bien même que je ne l'avais jamais vu du tout).
Technicolor flamboyant, féérie moyen-orientale genre Mille et une nuits (les palais ressemblent à des pâtisseries géantes enveloppées de pâte à sucre aux couleurs pastel (ah ce bleu et ce rose layette/loukhoum) doublage fraçais (le film sera proposé en vf) très connoté années 50 (avec chansons ad hoc), transparences attendrissantes, méchant très très méchant, gentils très très gentils, rien n'y manque...
Les deux héros sont l'ex-calife jeune et beau Ahmad qui a été détrôné par le très méchant vizir Jafar, jeté en prison par le même, ensorcelé (il est devenu aveugle), et son copain Abu, un jeune voleur (de Bagdad, d'où le titre du film) qui, lui, a été transformé en chien (d'aveugle, justement, on pourrait dire), parle même Jafar, en colère de ne pas avoir l'amour de la princesse qui, voyez-vous ça justement, est tombé amoureuse d'Ahmad (qui lui aussi a coup-de-foudré pour elle dès la première fois qu'il l'a vue). Jafarchounet (aux yeux inquiétents qui devraient impressionner quelques têtes blondes) a promis à la princesse que les sortilèges qu'il a lancés à Ahmad et Abu seraient levés dès qu'elle aurait accepté qu'il la serre dans ses bras.
Elle accepte, fin du premier acte (qui permettra notamment de préciser la notion de flash-back).
Mais ça ne fait que commencer...
Cheval volant, automate meurtrièr(e), oeil-qui-voit-tout, génie géant enfermé dans une bouteille, tapis volant, araignée géante, cul-de-basse-fosse avec pieuvres y nageant, mais aussi baiser enfiévré, mariage princier, méchant puni, il ne manquera pas un poil de turban ni une paillette de voile arachnéen à cette production délicieusement kitchissime (je redis l'épithète car il est particulièrement bien adapté...) qui a ravi l'esthète pervers qui sommeille en moi (ah cette scène d'ouverture avec les marins torse-nu grimpant dans les haubans, miam!) et le cinéphile admiratif, tout autant.

Jugez plutôt :

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Ahmad raconte son histoire

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l'arrivée en ville de la princesse

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la princesse

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la même, vue par le reflet de Ahmad

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Jafar et le père de la princesse

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Jafar et Ahmad (qui est le gentil, qui est le méchant ?)

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le génie

Thief of Bagdad 13

le sanctuaire de la déesse

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l'oeil-qui-voit-tout

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accroche-toi à mes cheveux!

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Ahmad et Abu

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tapis volant

*

attention là je vais un peu vous spoiler la fin :

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aaaah....

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arghhhhh...

*

et l'affiche, quand même :

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