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lieux communs (et autres fadaises)
27 août 2018

micro180

*

" Les hommes sont comme une théière : petite tête, gros ventre, et la queue toujours en l'air!"
(dans une bande-annonce)

*

la différence, est-ce que ce serait le fait de trop différer les choses ?
(la procrastination en fait, quoi)

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le plaisir ineffable de manger les premières groseilles du bébé groseiller
planté avec amour l'an dernier
(et qui d'ailleurs n'en avait produit qu'une seule!)

*

rêvé d'un groupe qui s'appelait Los Hombres Dolorosos

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 jeudi 9 : en principe, aujourd'hui, il pleut jusqu'à 17h
(dit avec espoir et ferveur)

*

Jean-Fran n'avait pas trouvé le pastis,
nous avons servi notre mauresque en utilisant à la place
le fond de la bouteille de raki (c'est très bon)

*

enfin, il a plu!
c'est la première fois, depuis longtemps
que ce simple fait me procurait autant de joie

*

les abricots auront été plutôt très bons, cette année, contrairement aux pêches

*

une unique ipomée particulièrement vigoureuse est partie à l'assaut
de l'encadrement de de la fenêtre de la cuisine

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la multitude de QV qui ont égayé les "Molière de Vitez", à Bussang

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le bruit surprenant (et réjouissant)
que font les glands tombés, bien secs, quand on roule dessus

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des mecs torse-nu, en short, qui soulèvent des troncs d'arbre (entr'aperçus)

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à cinq heures du matin est tombée une pluie si fine qu'on avait l'impression qu'elle n'osait pas faire de bruit en tombant, je suis sorti dessous, pour vérifier qu'il était bien en train de pleuvoir.

*

21 août 2018

berchigranges

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20 août 2018

le bleu

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UNE VALSE DANS LES ALLÉES
de Thomas Stuber

Le dernier film qui me restait à (que j'avais envie de) voir, et donc vu avec Emma. J'avoue que j'ai été un peu surpris. D'abord par la durée (j'avais -mal- lu que le film faisait 1h38, il en fait plus de deux). ensuite parce que je m'attendais (j'avais -mal- lu le résumé du film) à une bluette gentillette, genre l'amour au supermarket, Ich liebe dich roucoulons, eh bien pas vraiment. Non non pas vraiment du tout... Ce film exhale une incontestable -et persistante- mélancolie. Les tourtereaux ? Au rayons confiserie, Marion (Sandra Hüller, from Toni Erdmann) et, au rayons boissons,  Christian (Franz Rogowski, from Transit, où j'avais déjà beaucoup  apprécié son visage et sa voix -son phrasé- singuliers), et, s'il s'agissait d'un conte, il y aurait une marraine bonne fée qui préside à leur rencontre, ici elle s'appellerait Bruno, serait un ancien routier de RDA reconverti dans le chariot-élévateur à la tombée du Mur, et serait le vieux briscard aguerri à qui on confie le nouveau venu (Christian) pour le former, à son arrivée au magasin.
Le film, pendant un grand moment, se cantonne uniquement sur le lieu de travail, en sortant uniquement quand les personnages en sortent, le quittant quand les personnages le quittent. Puis la caméra (et le scénario) vont, progressivement, se hasarder à prendre un peu de champ pour nous sortir, de temps en temps, de cet univers confiné. Prudemment, délicatement, comme Christian avec Marion.
Christian, Marion, Bruno, trois beaux personnages, chacun donnant son nom d'ailleurs à une partie du film, dans une "histoire simple" qui prend son temps, et même tout son temps puisqu'elle ne sera pas encore parvenue à l'issue qu'on espérait (qu'on attendait, midinet(te)s un jour, midinet(te)s toujours) lorsque le film s'arrête, et figurez-vous que c'est très bien comme ça...
Marion et Christian se cherchent dans les rayons du supermarché, entre les boissons et la confiserie, le travail et les pauses, les manoeuvres d'approche et celles de retraite, et la progression de leur histoire est quasi-millimétrique, même si vue avec bienveillance (et encouragée / entretenue, d'une certaine façon) par celles/ceux qui les entourent (de mille précautions). Christian n'est pas bavard (euphémisme), il a ses raisons. Marion se protège (idem), et Bruno, lui aussi, (re-idem) saura, en temps utile, à sa façon, faire part au spectateur d'un certain mal-être qui le ronge.
Il sera, finalement, beaucoup question de solitude (celle, ultra-moderne, que chante Souchon) dans chacun des trois volets (oui des trois temps) de cette histoire..
Un beau film lent, ample, un peu amer, mais un peu doux aussi, un film attentif aux petites gens (Emma a évoqué Kaurismaki, et ma foi c'est vrai il y a de ça..., comme ont dit les critiques "entre humanisme et poésie"), un film juste. Profondément. Avec une belle mise en route /  ouverture majestueuse même si Kubrick l'a déjà utilisée en d'autres temps e d'autres lieux...) qui donne d'ailleurs son titre français au film, et sait nous faire entrer lentement, progressivement dans ses eaux sombres.
Une histoire d'amour qui pourrait être lambda, si elle n'était pas filmée avec autant d'attention, de précision, bref, une belle découverte estivale.

petit jeu des 7 différences

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entre l'affiche originale...

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... et la française

19 août 2018

mister freeze

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LE MONDE EST A TOI
de Romain Gavras

Contrairement au morceau de Kool Shen (2005, j'ai des lettres) L'avenir est à nous, le titre ici se conjugue au singulier, les choses sont claires : chacun pour sa gueule. Et dans ce beau panier de crabes (et de crabesses), ça joue dur de la pince, chacun(e) pour s'en sortir mieux que le voisin  n'hésitant pas à marcher sur le museau du copain/de la copine, sans états d'âme ni remords ni regrets. Moi je. Festival de tromperies, de bluffs, de feintes, de mensonges, de trahisons, de coups bas, et autres empapaoutages divers.
Au centre de l'histoire, François (Karim Leklou, que j'aime beaucoup et que j'étais content de voir enfin en haut de l'affiche, il le mérite bien...) un petit trafiquant qui rêve de se ranger du trafic de shit en bas des immeubles pour devenir le concessionnaire exclusif de Mister Freeze au Maroc. Pour sa mise de fonds, il doit négocier avec Poutine, le caïd local aux méninges passablement grillées (Sofian Khammes, très bien) mais surtout avec Danny, sa mère (isabelle Adjani, dans ses -très- grandes oeuvres), plus quelques autres bâtons dans les roues : Henry, un ex-taulard copain de mère (Vincent Cassel, parfaitement extraordinaire dans la sobriété et le sous-jeu...) et la jeune Lamya (Oulaya Amamra, toujours aussi délicieuse, découverte dans Divines) qu'on pourrait poliment qualifier de gourgandine.
Voilà les ingrédients principaux de ce cocktail estival passablement frappé : rajoutez deux petites frappes (un black et un rebeu) speedées, un trafiquant américain et sa fille grassouillette, pas mal d'argent en liquide, pas mal de shit en tonnes, pas mal de flingues aussi, et hop, secouez secouez et dégustez ce catalogue d'embrouilles ce bal de faux-culs et d'entourloupes. Tout le monde cherche à le faire à l'envers (cette expression revient très souvent, en ce moment dans les films et les bandes-annonces) à tout le monde, et tout le monde y réussit, à un moment ou à un autre, avant d'y passer à son tour.
C'est peut-être François le moins salaud de l'histoire (à moins que ce ne soit, finalement, le plus retors) et Karim Leklou incarne à la perfection ce mec un peu mou, un peu lâche, un peu veule, qui n'arrête pas de s'en prendre plein la gueule par les un(e)s et par les autres, mais qui suit, finalement son petit chemin pépère, et parviendra, au bout du compte,  à réaliser son petit rêve pépère (délicieuse image finale)...
Un film en dents de scie, souvent très drôle, et très grinçant aussi d'autres fois (parfois ce sont les mêmes), qui, même s'il a le cul comme posé sur plusieurs tabourets fictionnels (l'humour, l'action, le film de genre, le polar) sait plutôt bien jouer aux chaises musicales (parlons-en, tiens, de la musqiue...) et réussit, plutôt intelligemment à ne jamais se casser la gueule. Bien vu.
Applaudissements pour l'ensemble du casting (en redisant la bonne surprise de la performance atone de Cassel).

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 trois en bleu...

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trois en jaune...

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 trois en rose...

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et deux de plus en bleu
ça c'est de la campagne d'affichage...

 

17 août 2018

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16 août 2018

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samedi 11 :
LES MOLIERE DE VITEZ
mise en scène de Gwenaël Morin

Originellement ça n'était pas prévu, mais c'est ce diable de Pépin qui nous a mis suffisamment l'eau à la bouche, et donné diablement envie de  voir l'intégrale des spectacles, présentée en continu le samedi à partir de 14h. Quatre pièces de Molière en enfilade (si je puis dire), chacune jouée en 1h30, sans déco (plateau nu et une ou deux chaises en plastoche), sans costumes (venez comme il vous plaira), sans accessoires ou presque (juste un par ci par là : canne, perruque, bouquet, seau, extincteur)..., sans lumière (pleins feux sur scène et dans la salle) et sans effet non plus (fond du théâtre ouvert tout le temps.
Tambour battant et montre en main, L'École des femmes, Tartuffe, Don Juan, et Le Misanthrope (dans cet ordre). 14h, 16h, 18h, et 20h, avec trente minutes (un peu moins ou un peu plus) entre chaque. Un marathon Molière, quoi.
Les textes de chaque pièce sont disponibles sous forme de grands journaux (certains spectateurs prendront plaisir -paradoxalement- à plutôt lire le texte qu'à suivre ce qui se passe sur scène -effet supplémentaire -et involontaire- du bruit dans le public des pages qui se tournent simultanément schhhhrffff-.) On avait apporté les coussins (pour les fesses), les petites laines (pour le soir), les pommes (pour l'entracte) et les bouteilles d'eau. on était parés. En CC4 (troisième rang du balcon, bien centré), j'étais hyper bien.
Neuf jeunes comédiennes/diens (là exceptionnellement ils étaient dix, le surnuméraire étant un nouvel arrivant destiné à  remplacer un autre comédien pour la prochaine -et dernière- semaine de représentations. Et reprendre tous ses rôles. Rôles qui ont été, dit-on, distribués par tirage au sort, dans trois pièces sur les quatre, la distribution de la dernière ayant été fixée, re-dit-on encore, par le metteur en scène lui même pour "rééquilibrer" les rôles. Et cette fameuse quatrième pièce, c'est justement l'Ecole des femmes, celle qui ouvre le bal. Qui met le feu aux poudres. Feu d'artifices, vous dis-je. 
Bam bam bam trois coups de grosse caisse portés par une jeune fille assise sur une chaise (de jardin) en jardin, justement. "L'école des femmes, premier acte!" Et c'est parti. Tagada tagada. Molière est revitalisé, comme après une piqûre de vitamines, ou, mieux, d'adrénaline.  Et tous les actrrices/teurs sont au diapason. Le texte est dit dans son intégralité (à quelques -délicieux- lapsus et autres rajouts près), trois pièces en alexandrins sur quatre, tout de même, mais pas forcément à un rythme dit "classique" ou "habituel". Du théâtre de Molière ne reste que l'essence : le texte et le corps. Mieux, la quintessence, la substantifique moëlle comme on dit.
Un débit parfois joyeusement fou-furieux, pour des pièces dont, si j'en (re)connaissais le plus souvent les personnages, et les grandes lignes, voire grosso-modo l'intrigue ou même quelques répliques, je n'avais jamais me semble-t-il eu le plaisir d'en voir la continuité jouée.
Si le texte est à l'honneur, le corps l'est tout autant. L'exercice est très physique : courses, pirouettes, chutes, escalades, bousculades, bourrades, poursuites, tout comme l'est le dévoilement régulier des corps (les masculins surtout, pour mon plus grand plaisir : dans chaque pièce ainsi il y aura au moins un moment où un des personnages se fout à poil, et je mentirais en disant que cela ne faisait pas partie du grand plaisir qu'on prend à ce(s) spectacle(s)) des corps disais-je régulièrement dans le plus simple (et le plus ravissant) des appareils.
Il faut être attentif au texte, puisque la distribution est aléatoire, au petit bonheur, et l'on réalisera par exemple que tel grand gaillard vociférant en jean et t-shirt rayé est en réalité la mère d'Orgon, et que, si Dorine est joué par un mec (excellent) et porte une robe jaune, l'acteur qui joue la fille est lui en short et baskets, et Sganarelle, dans une autre pièce est joué par une femme en robe rouge (Marion Couzinié, époustouflante), ou même Tartuffe, par une femme aussi, mais en pantalon... Il faut être toute ouïe, pour ne rien manquer, et, en même temps, on ne peut qu'être tout oeil, tellement ça galope ça pétarade ça rue ça vibrionne. Et emballe son monde la plus exquise des façons. Et régulièrement, des seaux d'eau viennent rafraîchir et moduler les ardeurs de quelques personnages en crise(s). En surchauffe. Qu'on nettoiera ensuite à la serpillère, toujours en jeu.
C'est du grand art.
Tous ces jeunot(te)s ne gaspillent pas leur peine, pendant quatre fois quatre-vingt-dix minutes, et ils doivent, à l'issue de ces quatre pièces, être complètement sur les rotules. Mais quel bonheur pour les spectateurs! A part quelques pisse-froid arc-boutés sur leurs vieux principes poussiéreux (j'en ai entendu un pérorer lors du premier entracte "C'est n'importe quoiii! Ca n'a plus rien à voiiiir avec Molièèèère!") le public y a visiblement pris grand plaisir, et la grande majorité en est restée jusqu'au bout...
La construction de la jounée est aussi astucieusement pensée : L'Ecole des Femmes pour démarrer en trombe, puis Tartuffe pour calmer un peu le jeu (c'est la plus "raisonnable" des quatre), ensuite Don Juan pour remettre les gaz (ce fut ma préférée) et enfin Le Misanthrope en guise d'apocalypse (ce fut la préférée de Dominique). le Misanthrope avec son quart d'heure de -vraiment- folie furieuse (le spectacle est dans la salle, et je peux vous assurer que ça déménage grave), son bouquet déniapé (comme on dit chez nous) que j'ai tant aimé et son "trois quarts d'heures à cracher dans un puits" qui a tellement plu à Pépin...
Bref, du bonheur, du bonheur, du bonheur et du bonheur. (Oui, quatre fois, c'est bien le minimum qu'on puisse faire, et c'est rien de le dire...)
Merci à Michaël Comte, Marion Couzinié, Lucas Delesvaux, Chloé Giraud, Pierre Laloge, Benoît Martin, Julien Michel, Maxime Roger, Judith Rutkowski, Jules Guittier

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...et merci à Gwenaël Morin...

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15 août 2018

le baiser de la chouette

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UNDER THE SILVER LAKE
de David Robert Mitchell

Un film pop*.
Comme dans Tout est pop, d'Alain Chamfort (oui oui, j'assume mes références). Décidément, ces derniers temps,  au cinéma ça déménage, entre Le ciel étoilé au-dessus de ma tête, A genoux les gars, Le poirier sauvage, et How to talk to girls at parties, vu avant celui-ci, ça fait fort et ça part dans tous les sens! Pschhhttt! Un vrai feu d'artifice!
D'autant plus que celui-ci (le film) n'est pas sans présenter quelques ressemblances avec le précédent : un jeune homme amoureux d'une blondinette, de la musique plus ou moins furieuse, un auteur de comics, du show-bizz et du mystère. Rappelons que le réalisateur est aussi celui du très très aimé It follows vu il y a trois ans (et qu'il a aussi un nom en trois parties que je n'arrive pas à mémoriser).
Le jeune amoureux (et l'une des raisons, pour moi, de voir le film), c'est Andrew Garfield (dont je me suis amouraché depuis Boy A -2001- , mais qui m'a séduit à jamais pour son rôle de Bobby dans Never let me go, dont je ne répéterai jamais assez combien ce film est sublime). Là, c'est Sam, un jeune branleur (il a désormais passé la trentaine) qui vit à Los Angeles dans un appart dont on lui réclame sans cesse le loyer, sans qu'on ne le voie jamais rien faire qui ressemble à un travail quelconque, et s'occupe surtout à mater ses voisines avec des jumelles.
On voit défiler, au démarrage du film, en plus du grand zoo humain de L.A, toute une série d'animaux, un perroquet dont on ne sait pas ce qu'il dit, un caniche câlin, un écureuil suicidaire, un putois farceur... Le film s'ouvre comme un genre de cabinet de curiosités. Il faut regarder partout, être attentif, ne rien manquer. Il y aura, par la suite d'autres animaux déterminants : une chouette inquiétante, un coyote indicateur...
Ça regorge de détails de citations de clins d'oeil de messages plus ou moins sibyllins, et ça tombe bien puisque c'est tout à fait le thème du film : la blondinette a disparu et l'appartement a été vidé pendant la nuit, ne reste plus qu'un signe cabalistique tracé sur le mur, point de départ du jeu de pistes auquel va se livrer notre héros.
A partir de ce simple signe (deux carrés accolés par un sommet) Sam va mener l'enquête sur la piste d'un pirate, puis de jeunes actrices qui jouent les escort girls, rencontrer un auteur de comics spécialiste de la théorie du complot et autres joyeusetés, le groupe musical Jesus et les femmes de Dracula, comme en suivant l'échiquier d'un jeu de l'oie (j'avais écrit de joie, et c'est bien l'effet que le film procure) très lynchien, avec ses bonifications et ses pénalités ("allez directement à la case machin", "passez un tour", "reculez de trois cases") auquel notre Sam se plie de bonne grâce, tout tendu qu'il est vers la dernière case, celle où il retrouverait la blondinette...
On se régale. On ne comprend pas tout, mais ça fait, justement, partie du jeu... De la même façon que, dans How to talk to grils at parties, la partie alien me semblait légèrement inférieure à la partie punk, ici, c'est un peu pareil, la dernière partie un peu new-age machin me semble légèrement moins à la hauteur que le reste... Moins perchée, quoi.
Mais c'est quand même du grand grand plaisir cinématographique, hein, et il serait vraiment dommage de s'en priver. par ces temps de fortes chaleurs inconsidérées, Under the Silver Lake est comme un dessert rafraîchissant, un sorbet aux saveurs plurielles et aux couleurs idem.
"Goûtez-moi..." nous dit-il, comme le champignon d'Alice...

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 ... Et on y revient!
J'ai revu le film quelques jours après, lors d'une journée-ciné intensive, et j'y ai re-pris autant de plaisir.

14 août 2018

parents-profs

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HOW TO TALK TO GIRLS AT PARTIES
de John Cameron Mitchell

Comme a dit Titi en sortant : "Un film comme ça, ça fait du bien...". Et comment! Déjà, la bande-annonce annonçait clairement le jeu : grosso-modo, de la musique (du punk), de l'amour, et des extra-terrestres. Tout ça, oui. d'un réalisateur qui n'a fait que trois films auparavant : hedwig and the angry inch, que je n'ai pas vu, puis les formidables -mais très différents- Shortbus et Rabbit Hole.
Un film qui démarre à trois sur un vélo et se termine à beaucoup  dans une librairie quinze ans plus tard (avec un personnage en commun entre les deux). Une histoire d'amour entre Enn, un jeunot tendance punk (mais -ouf- sans crête, je suis désolé j'ai un problème avec les crêtes) et Zan, une extra-terrestre à macarons à qui Elle Faning prête son exquise et diaphane blondeur -mon dieu que cette demoiselle est belle!-
Mais les deux ne sont pas tout seuls comme ça là à roucouler les yeux dans les yeux, ils sont accompagnés chacun, Enn par ses deux potes punks (et une tripotée d'autres punks plus ou moins potes) et Zan par toute une flopée d'extra-terrestres -rangés par couleur, on comprendra bientôt pourquoi-, en voyage touristique avec une grosse bouffe à la clé, on comprendra aussi bientôt de quoi il est exactement question. Des punks, des alien(e)s, et, donc  de la musique qui va avec. Et entre les deux clans, qui s'entendent plus ou moins bien, s'ébat la reine punk du film, Boadicea, grandiose, en qui j'ai quand même mis presque trois quarts d'heure à reconnaître Nicole Kidman (je le savais, mais je l'avais oublié), qui livre une partition furieusement éblouissante (elle m'avait déjà bluffé, dans un rôle diamétralement opposé, dans le précédent Rabbit Hole du même réalisateur)oui là il faut bien reconnaître qu'elle est géniale, y a pas à tortiller.
La partie alien (trop lisse et trop vinyle) est un peu moins convaincante que la partie keupon, mais bon, l'un dans l'autre ça s'emberlificote comme il faut, et ça fonctionne (et j'ai mis aussi du temps à reconnaître, dans le rôle de Waldo, Tom Brooke, génial en vampire dans la série Preacher...)
Un joyeux bordel, une bande-son au diapason, l'amour toujours, god fuck the queen, et tout va pour le mieux dans le plus britton des mondes... Fuck yesssss! (and sod off!)

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13 août 2018

sinan reste qu'un...

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LE POIRIER SAUVAGE
de Nuri Bilge Ceylan

3h08, la chaleur à l'extérieur, la digestion, les mauvaises nuits précédentes, tout semblait jouer contre ce nouveau film de NBC, que j'attendais depuis Cannes 2018. Comme il était à craindre, j'ai (un tout petit peu) dormi, étrangement, surtout au début. J'avais précédemment tout à fait adoré Il était une fois en Anatolie et juste un petit peu moins le palmé Winter Sleep (que je trouvais parfois très bavard, même si tchékhoviennement bavard).
Et bien c'est un peu le même cas de figure avec ce Poirier, centré autour d'un jeune homme, Sinan, et de son père. Sinan revient régulièrement "au bled" (c'est traduit ainsi dans le film) où il retrouve sa chambre, sa famille, ses habitudes. il vient de réussir ses exams et ambitionne de devenir écrivain. Écrivain publié, puisqu'il a déjà écrit un livre, Le Poirier sauvage, qu'il souhaiterait faire éditer. Le film, comme Winter Sleep, est constitué de blocs narratifs successifs, autour de chacune des rencontres que fait Sinan (il est de tous les plans du film), avec, à chaque fois, les dialogues qui vont avec. Dialogues hyper-écrits (c'est le réalisateur qui le dit) mais pourtant, toujours sonnant hyper-juste. On parle d'édition, de religion, de société, de souvenirs, d'ambitions, d'écriture, d'addiction(s), de retraite, le spectre est hyper-large, et le film aussi donc. mais, heureusement, avant d'être un (beau) parleur, Nuri Bilge Ceylan est un cinéaste, et nous le prouve régulièrement dans des plans, des compositions, sublimes, oui, d'une beauté à couper le souffle, et la magie, hallucinatoire ou presque, opère à chaque fois comme dans les films précédents.
J'ai donc un peu dormi, et le pire c'est que je ne l'ai pas vu venir. A un moment, je découvre que Sinan a une ecchymose sur le visage, je m'étonne, et j'ai donc demandé pourquoi à Dominique, réalisant qu'il me manquait cette scène-là. J'ai eu deux ou trois alertes de ce genre, en début de film, mais les deux dernières heures, nickel. Et c'est un bon signe, c'est que j'ai énormément envie de revoir le film, ce que je ferai dans le bôô cinéma (pour la sortie nationale, j'avais quand même bravé la chaleur pour aller le voir au Victor Hugo à Besac) où nous le programmons bientôt (à partir du 5 septembre).
Le poirier sauvage est un film riche. Très riche. Trop riche sans doute, trop de choses à assimiler (ce qui se dit, ce qui se joue, ce qui se dit vraiment, ce qui se joue vraiment) et il aurait été possible de l'alléger un chouïa (je pense notamment à l'interminable la très longue scène dite "des deux imams", où je ne comprenais ni ce qui se disait, ni, non plus ce qui se jouait -je n'avais en tête que les deux pièces d'or que l'imam avait empruntées -et jamais rendues- au grand-père, et je me demandais quand Sinan allait oser lui en parler, ce qu'il ne fit jamais-. Le réalisateur prend un malin plaisir à la faire durer, en la mont(r)ant sous toutes les coutures (une continuité dialoguée qui passe par une quantité de changements d'échelle de plan -de près de loin ici là-bas du haut du bas- qui aèrent la scène mais ne la rendent pas plus digeste (la religion est je le redis un sujet qui m'inintéresse) et qui prouvent une fois de plus que Nuri Bilge Ceylan est un réalisateur sacrément doué. Mais que j'apprécie d'autant plus quand il arrête de s'écouter parler et qu'il préfère se regarder filmer. Moi aussi c'est ce que préfère.
Le film serait comme un escalier aux 5000 marches dont la vision finale, lorsqu'on est parvenu tout en haut (la scène finale est belle à pleurer), justifie les difficultés et les essoufflements qu'on a pu ressentir de temps en temps pendant la grimpette, et c'est d'ailleurs ce qui restera dans la mémoire, cette splendeur, une fois que le film sera fini.
J'ai vu la bande-annonce dans le bôô cinéma, le lendemain de l'avoir vu, et ça m'a doublement re-donné envie de (re)venir l'y voir, très bientôt, quand nous l'y programmerons. Pour voir ce que j'ai manqué, mais, aussi, pour pouvoir le faire dans des conditions optimales (d'installation et de taille d'écran).
Top 10, hop!

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12 août 2018

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Le théâtre à Bussang c'est une tradition estivale depuis mmmh... très longtemps (soupir...) Un endroit à part, avec lequel j'entretiens un certain rapport affectif. avec des hauts et des bas, des enflammements, des bouderies, des réconciliations...
Cette année, pas si courant, j'y suis allé deux fois. plutôt "on" y est allé deux fois, car j'y vais rarement seul (je déteste cette route, qu'y peux-je, et je suis prêt à tout pour m'y faire véhiculer oui oui...)

mercredi 1er :
LITTORAL
de Wadji Mouawad
mise en scène de Simon Delétang

Belle journée, joyeuse équipée, cinq dans la voiture  ("entre copines" hihi), soleil, formule gourmande (avec tarte aux myrtilles) assis à l'ombre tout comme il faut avec un peu d'air juste comme il faut, juste avant de monter au balcon s'asseoir au premier rang (on les adore ces places-là) pour voir la pièce de l'après-midi, où joue notre ami Pépin. C'est vrai j'avoue on est venu (je suis venu) d'abord  pour lui.
Wadji Mouawad, je le connaissais surtout par le cinéma (Incendies, que j'étais un des seuls à ne pas avoir trop aimé, tellement je l'avais trouvé manipulateur) mis en scène par un nouveau metteur en scène /maître des lieux (Simon Delétang), plus un ami sur scène, plus Coraliechounette, plus les tartes aux myrtilles, tout ça justifiait amplement le déplacement.
Comme annoncé, la pièce est en deux parties (50' puis 1h20) avec entr'acte -obligatoire- au milieu. Rituellement on y boit un coup et/ou on va aux toilettes. Je connaissais par Pépin le thème de la pièce,  les petits détails attractifs (le fait que le metteur en scène avait engagé son propre père pour jouer sur scène le père du personnage dont lui-même incarne aussi -brièvement- une version "jeune" allez-y vous comprendrez...) et le fait aussi -il m'en avait parlé très tôt- qu'il jouerait un texte spécialement "éprouvant". Et j'avais donc envie de voir ça, avec un délicieux frisson d'inquiétude préalable...
Il est question d'un fils, Wilfrid, qui apprend la mort de son père, alors qu'il était en train de "baiser vigoureusement" (c'est dit dès le premier monologue de l'excellent Anthony Poupard). Il récupère le corps, que le reste de la famille ne l'autorise pas à entrrer dans le caveau familial. Le voilà donc parti pour aller l'enterrer comme il se doit. Où il se doit. Mais où ? Il est aidé dans sa quête par deux personnages "non réels" : un fantôme, (celui de son père) et un fantasme (un chevalier en costume, réminiscence de son enfance, qu'on pourrait qualifier de servant puisqu'il vole -littéralement, d'abord- au secours de notre héros, dans les situations difficiles.)
La première partie, qui se clôt sur l'ouverture des portes en fond de scène (l'émerveillement rituel) constitue quasiment une histoire autonome, avec sa fin propre (il a récupéré le corps de son père, il part).
Je suis bon spectateur, je l'ai déjà dit, mais aussi spectateur exigeant, et il y avait des petites choses qui m'avaient un peu chiffonné dans cette première partie : une polyphonie de début pas tout à fait impeccable - même si très impressionnante-, un accent anglais un peu douloureux (la scène du peep-show), certains acteur amateurs un peu trop en force à mon goût au niveau de la voix, bref des détails qui venaient juste érafler la force de la mise en scène et de la scénographie (splendide Christ mort de Philippe de Champaigne occupant tout le fond de scène.) Il faisait (très) chaud au balcon, ceci expliquant peut-être que j'étais alors d'une humeur -un tout petit peu- ronchon. Et que je me suis tout de suite ouvert aux ami(e) de ces quelques réserves.

Des gens qui avaient déjà vu la pièce nous avaient chuchoté que la seconde partie était "plus lente" (de l'utilisation des épithètes (ou attributs, d'ailleurs) dans les critiques de spectacles, comme quand on nous disait "C'est bien mais c'est spécial..."), on a bu notre café et on y est retourné. Clataclop.

Et là, surprise. J'ai vraiment adoré le redémarrage, la pénombre, ce chant de femme, et ce personnage d'aveugle de tragédie grecque qui hop nous embarquent vraiment ailleurs, à plateau nu ou presque, pour l'ultime odyssée de Wilfrid portant la dépouille de son père, figurant son cheminement, un itinéraire immobile, en rond, avec rencontres successives de personnages ayant eu quelque chose avec la guerre avec la mort, la mort du père, avec ouverture (un peu systématique) du fameux fond de scène pour en offrir l'accès (très cinématographique) à chaque nouvel arrivant. Ils vont accompagner Wilfrid, son cadavre enveloppé, et ses fantômes coutumiers (le père, Jean-Noël Delétang / le chevalier, Emmanuel Noblet) apportant chacun de bienvenues ruptures de ton, entre tendresse et sourire) jusqu'au littoral du titre, où la pièce prendra fin (et l'errance des personnages du même coup).
Avant ce voyage en rond (j'avoue que j'ai pensé, faisant mon malin,  "les personnages tournent en rond, et la pièce un peu aussi..." mais comment figurer autrement la progression, sur une scène de théâtre?) il y a aura eu ce moment que j'attendais, la scène de mon ami Pépin. Qui joue Hakim. Il n'avait pas menti, le texte en est vraiment abominable, (d'ailleurs il m'a dit que l'auteur avait coupé la scène en question lorsqu'il avait présenté sa pièce au Festival d'Avignon), mais il parvient à le faire entendre (je ne peux pas utiliser le mot passer, non, ça ne peut pas passer) parce qu'il est doué, (oui, il est fort, et je ne dis pas ça simplement parce que c'est mon ami) mais c'est vrai que la scène m'a remis en mémoire les réserves que je pouvais avoir par rapport à Incendies, du même auteur, à son goût de l'outrage, de la provocation, et de ce qu'on pourrait nommer l'épate-bourgeois. Les récits de guerre des autres personnages sont presqu'aussi épouvantables, mais, par l'auteur, sont presque plus justifiés (pour les autres, il s'agit d'histoires qu'ils ont vécues, alors que dans son cas il s'agit d'un "ami"...).
Mais bref, la pièce continue, dans cette seconde partie alors un peu en boucle, jusqu'à la scène finale.
Le père, le sable, la cérémonie, et je me demandais "Mais comment va-t-il s'en tirer (le metteur en scène) pour réussir à l'enterrer ?". La solution qu'il a trouvée est non seulement ingénieuse, mais hyper-efficace. J'ai fini, je l'avoue, la pièce en larmes, mais pas uniquement à cause de cette scène, peut-être encore grâce à la coda lumineuse qu'il propose (presqu'un peu trop, musicale ensoleillée, happy endique) en contrepoint, -mais c'est important cette remontée vers la lumière, cette quasi sortie du tombeaau. Mais j'ai été tellement remué (et je me suis aperçu que Marie était dans le même état ou presque) que lorsque les lumières se sont rallumées, j'ai eu besoin d'un certain temps pour reprendre figure humaine.
Tout ça m'a bouleversé. Il n'y a pas d'autre mot. C'est ça pour moi le théâtre, finalement. Les deux façons dont on peut vivre une représentation, l'appréhender. Intellectuellement (extérieurement) pour en recenser la forme, le tissu, la texture (les beaux motifs et les accrocs) -ce que j'ai fait au début-, et affectivement ((intérieurement), cet état dans lequel elle vous met, et contre lequel on ne peut pas lutter, ni raisonner, (pourquoi ci, et pourquoi ça on ne sait pas), juste constater qu'elle a touché en vous un point précis, quelque chose de profond, d'enraciné, de souterrain, qu'on serait bien en mal de tenter de nommer ou d'expliciter. L'état dans lequel j'étais à la fin.
Merci à Simon Delétang, et à tous les comédiens de la troupe, d'avoir provoqué ça.
Et donc donné, incontestablement, envie de revenir l'année prochaine, pour découvrir la prochaine mise en scène de Simon Delétang.

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