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lieux communs (et autres fadaises)
31 décembre 2023

top 10,20,30... 2023

(tout en haut, à part, hors-compétition, sur un petit autel avec des bougies et des fleurs fraîches, une belle claque de cinéma comme on en prend assez rarement... -7h30- Hélas non vu en salle)

SATANTANGO
de Bela Tarr

satantango_le_tango_de_satan

*

(puis le très haut du panier, chronologiquement : des films qui m'ont touché, remué, passionné, enchanté, ému, enthousiasmé, fasciné, émerveillé, ravi, titillé, subjugué, bouleversé et j'en passe...)
Top 13

DAYS
de Tsai Ming-Liang

4559721

JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES
de Jeanne Herry

5603857

LE RETOUR DES HIRONDELLES
de Li Ruijun

0031255

CHIEN DE LA CASSE
de Jean-Baptiste Durand

0272581

GRAND PARIS
de Martin Jauvat

2849678

DÉSORDRES
de Cyril Schaüblin

4682345

VERS UN AVENIR RADIEUX
de Nanni Moretti

2135618

LES HERBES SECHES
de Nuri Bilge Ceylan

0157298

SUR LA BRANCHE
de Marie Garel-Weiss

1885759

LE CIEL ROUGE
de Christian Petzold

3063090

ROTTING IN THE SUN
de Sebastian Silva
(sortie Mubi)

5735703

LES FEUILLES MORTES
d'Aki Kaurismaki

1770745

PERFECT DAYS
de Wim Wenders

3002976

*

avec, juste, derrière, les 21 suivants qui m'ont beaucoup plu, à différents titres, ceux pour lesquels j'éprouve, disons, une grande tendresse pour différentes raisons... (chronologiquement aussi)

POET
de Darezhan Ormibayev

3416465

 AMORE MIO
de Guillaume Gouix

0191590

HARKA
de Lotfy Nathan

4077022

ASTRAKAN
de David Dechapelle

0636621

BRIGHTON 4TH
de Levan Koguashvili

2307697

LES ÂMES SOEURS
d'André Téchiné

3336077

SHOWING UP
de Kelly Reichardt

0286636

RIVER OF GRASS
de Kelly Reichardt

2332901

LE PROCESSUS DE PAIX
de Ilan Klipper

3405425

ASTEROID CITY
de Wes Anderson

5000360

YANNICK
de Quentin Dupieux

5180485

ANATOMIE D'UNE CHUTE
de Justine Triet

2411798

UN COUP DE MAÎTRE
de Rémi Bezançon

4520212

FERMER LES YEUX
de Victor Erice

3823758

LA CHIMERE
d'Alice Rohrwacher

poster

LES DAMNÉS NE PLEURENT PAS
de Fyzal Boulifa

0529508

LA FIANCEE DU POETE
de Yolande Moreau

3361962

UN PRINCE
de Pierre Creton

2034307

RICARDO ET LA PEINTURE
de Barbet Schroeder

3914071

SIMPLE COMME SYLVAIN
de Mona Chokri

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LES COLONS
de Felipe Gálvez

3455242

 

28 décembre 2023

micro 211

(sur twitter) "Finalement Noël sert à rappeler à ceux qui sont seuls qu'ils sont seuls, à ceux qui n'ont pas de thunes qu'ils n'ont pas de thunes, et à ceux qui ont une famille de merde qu'ils ont une famille de merde."

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(à un chauffeur de bus) "Si vous y allez aussi vite que j'vous emmerde, pour une fois, vous serez en avance sur l'horaire ! " (Les vieux de la vieille)

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"L’été vient. Mais il ne vient que pour ceux qui savent attendre, aussi tranquilles et ouverts que s’ils avaient l’éternité devant eux." (Rainer Maria Rilke)

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(flou dans le fond, c'est Baudelaire)

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" Ne nous suicidons pas , il y a encore quelqu'un à décevoir " (Émil Cioran)

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"Depuis toujours, je compte sur mes nuits pour éclairer mes jours… notablement." (Henri Michaux, Façons d'endormi/Façons d'éveillé, 1969)

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GANacBoWIAAKcJi

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"Renoncer, c'est nous libérer. Ne rien vouloir, c'est pouvoir."  (Fernando Pessoa, Le Livre de l'intranquillité)

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"il vaut mieux qu'il pleuve aujourd'hui plutôt qu'un jour où il fait beau." (Pierre Dac)

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"Ce que les hommes appellent amour est juste une situation bien confortable pour eux." (Baptiste Beaulieu)

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"Chaque livre, chaque volume que tu vois, a une âme. L’âme de celui qui l’a écrit et l’âme de ceux qui l’ont lu, ont vécu et rêvé avec lui." (Carlos Ruiz Zafón)

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"Sentimentalité dont je ne puis me départir, qui me neutralise, en quelque sorte, et fait son ravage avant que je puisse en prévenir l'assaut. Non pas faiblesse, mais ouverture des portes, des vannes, laisser-aller général, effondrement de la dignité, au profit d'un larmoyant attendrissement, puéril, désolant. "Lâcher-prise" disent certaines. Foutaise!... Apitoiement, complaisance, autosatisafaction. On n'est jamais assez bon pour soi-même." (Jacques Drillon, Coda)

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Anton Tchekhov (je pense que la photo a été colorisée)

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"Les vieux ne sont pas si à plaindre qu’on croit, fit observer Martin. Ils repensent toujours à dans le temps et les souvenirs, c’est comme le vin, plus ils sont vieux, plus ils sont bons. Et quand ils sont frais, bien souvent, on en a gros cœur. Pas vrai?" (Marcel Aymé, Le vin de Paris)

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"J’ai des rapports assez amicaux avec moi-même, je me supporte, mais je ne me passionne pas." (Françoise Sagan, Répliques)

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"La morale et le bon goût sont un vieux ménage, ils ont pour enfants la bêtise et l'ennui."  (Francis Picabia)

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"Il y a des choses qui ne s'apprennent qu'à condition que nul ne nous les enseigne." (Clarice Lispector, La belle et la bête)

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23 décembre 2023

parlez-moi d'amour (redites-moi des choses tendres)

(Professeur émérite de biologie moléculaire et de biochimie, médecin biologiste, chercheur, Bernard Sablonnière est aussi auteur de plusieurs ouvrages sur les maladies du cerveau. Lors de son passage aux Tribunes de la presse 2023, il a évoqué les mécanismes biologiques de la passion amoureuse, des hormones et neurotransmetteurs impliqués jusqu’aux effets sur le cerveau et le comportement.

À propos de la passion amoureuse, quelles sont les mécaniques cérébrales à l’œuvre lorsqu’on tombe amoureux ?

B. S. : Il y a encore beaucoup de mystères autour du fonctionnement de ce sentiment d’amour chez l’homme. Mais l’étude du fonctionnement du cerveau nous a déjà apporté des éléments de compréhension, nous avons quelques clés chimiques dans le cerveau qui permettent aux neurones de communiquer entre eux. Ces clés sont au nombre de sept ou huit, mais expliquent 90 % des comportements chez l’homme. Dans certaines régions du cerveau, la dopamine est l’hormone de l’envie, du désir et au sujet de la passion, c’est elle qui va être le moteur chimique des informations.

Quels sont les éléments qui vont déclencher la dopamine ?

B. S. : C’est tout le mystère du déclenchement de l’envie. Nous avons évidemment des besoins vitaux : boire, se nourrir, dormir. Mais d’un point de vue anthropologique, ce n’est pas très romantique, le besoin de se reproduire est aussi inscrit dans le cerveau humain. Dans son évolution, l’espèce humaine a développé le cerveau limbique – le cerveau émotionnel –, et tout autour du cerveau reptilien – le cerveau du système instinctif. C’est pour essayer de donner à l’homme cette capacité de développer des comportements extrêmement spécialisés pour initier cette envie de se reproduire. D’où la complexité de l’amour d’ailleurs.

Il existe des gens qui ne tombent jamais amoureux, qui n’ont jamais de relations sexuelles. Cela peut être en raison de freins dans le cerveau liés à une éducation, un traumatisme dans l’enfance, etc., qui font que certains comportements sont inhibés complètement. Cela arrive, mais ce sont des circonstances pathologiques. Mais l’envie d’amour, l’envie de relation avec une ou un partenaire est finalement un besoin quasiment vital.

Quelles réactions, chimiques et corporelles, le déclenchement de la dopamine va-t-il provoquer ?

B. S. : La dopamine est responsable de la passion, un accélérateur extrêmement fort. Il faut que la relation aboutisse. L’espèce dit au cerveau « il faut que certains comportements marchent, sinon l’espèce va disparaître ». Le cerveau du jugement est inhibé au moment de la passion amoureuse ; la pensée du partenaire nous obsède et domine notre vie. Cela est dû à un déséquilibre des accélérateurs et des freins dans le cerveau. On est stressé au début, on ne mange plus, on ne dort plus… c’est la noradrénaline. Mais elle dure peu de temps.

Dès que la dopamine, hormone du désir, prend le dessus, débute le moment où nous sommes obnubilés par la passion. Lorsque la relation va commencer, si bien sûr il n’y a pas d’échec après, le cerveau va ensuite chercher à retrouver un équilibre entre les accélérateurs et les freins. La sérotonine, hormone régulatrice, va contribuer à baisser les hormones du stress. La libération de l’ocytocine survient ensuite et va permettre l’attachement. Les anthropologues considèrent que ce fonctionnement hormonal est fait pour permettre à la formation d’un couple de durer au moins deux/trois ans. Dans l’évolution de l’espèce, le cerveau a calibré ça avec une forte sécrétion d’ocytocine à ce moment-là pour permettre éventuellement à un bébé de naître et pour qu’il puisse être sevré dans de bonnes conditions.

À partir de quel moment peut-on vraiment parler de passion, est-ce le cœur ou le cerveau qui décide ?

B. S. : Le cœur n’a aucun rôle, c’est juste une pompe. Mais il est souvent associé à l’amour car il s’agit d’un organe exprimant très fortement les émotions et sensible à ces hormones stressantes telles que la noradrénaline, à l’origine des palpitations. Mais ces réactions cardiaques servent simplement à alerter le cerveau qu’une réaction corporelle se met en jeu. Le cerveau interprète ensuite l’émotion pour la traduire en quelque chose de plus mental, d’exprimable qu’est le sentiment. La phase de passion peut être déréglée chez certaines personnes. Dans les relations amoureuses, les gens peuvent continuer d’avoir une vie normale en dehors des périodes où ils sont avec l’être aimés. D’autres sont obsédés, à un niveau compulsionnel. C’est un déséquilibre entre les accélérateurs et les freins et ça dépend génétiquement de la façon dont le cerveau s’est créé puis s’est construit, et si on a des récepteurs ou des transporteurs de dopamine plus ou moins actifs dans notre cerveau.

Comment est-il possible d’entretenir la passion ?

B. S. : Tous les couples savent que si on veut remettre un peu de sel dans sa relation il faut innover. Il faut trouver des nouvelles situations où on va susciter un désir qui donnera un plaisir qui n’est pas connu chez le partenaire. Ne pas toujours lui acheter le même parfum, l’emmener dans le même resto… Il faut être plus spontané. Lorsque le cerveau se trouve face à une situation d’activation du circuit de désir-plaisir qu’il ne connaît pas, ça peut susciter une perception de plaisir qui est d’une intensité plus forte. Il faut donc varier les plaisirs. Et souvent je dis « petit désir, petit plaisir ». Si vous voulez augmenter l’intensité du plaisir, il faut essayer de changer la circonstance qui mène à cette activation de l’envie.

Ces mécanismes que nous avons évoqués pour la passion amoureuse s’appliquent-ils aussi aux passions pour une activité comme que l’art, la musique… aux domaines matériel et immatériel finalement ?

B. S. : Oui, car la passion est une envie d’intensité extrêmement forte. On va concentrer cette énergie sur cette activité-là et on va délaisser les autres. C’est cela le caractère passionnel, un peu compulsif. On va peut-être même se fatiguer, mais on aime ça parce qu’on perçoit ce plaisir et à ce moment-là, ça devient un peu comme une drogue. Cela correspond à la passion de la suractivité. On trouve aussi ce mécanisme chez un certain nombre d’hommes de pouvoir ou d’hommes politiques qui suractivent leur envie de tout. Et cela se termine par une envie de dominer qui est liée à une perception du plaisir assez importante.

Que se passe-t-il dans notre cerveau lors d’une rupture ?

B. S : La rupture est un état de manque extrêmement instantané. Dans le circuit désir-récompense, un désir est émis mais la récompense n’arrive pas et le cerveau n’aime pas du tout ça, car le désir n’est pas calmé. Très vite, l’axe du stress est activé. Le cerveau envoie un signal à la petite région du cerveau appelée l’amygdale, qui se dit « ça y est, j’ai une émotion négative très forte. Je dois donner une alerte à l’ensemble du corps comme quoi ça ne marche plus ». Les hormones du stress – le cortisol – sont activées : on pleure, on dort mal parce que la noradrénaline nous met en état d’alerte permanent et on est désorienté.

Il y a un dérèglement de cet équilibre entre les accélérateurs et les freins au niveau émotionnel, et le cerveau va essayer de retrouver un équilibre. Le cortisol va pousser le corps humain à se reposer et reconstituer ses réserves de clés chimiques. L’hormone de la sérotonine va agir avec une molécule du cerveau appelée la diméthyltryptamine, elle permet d’avoir deux façons de réagir. Au début, la sérotonine va entraîner un comportement de calme. C’est une sorte de frein entraînant un comportement soumis par rapport à ce qui nous arrive. Et si la situation perdure dans d’autres neurones du cerveau, la sérotonine va provoquer un coup de fouet pour essayer de réagir et on va vouloir repartir, revivre.

Le cerveau a-t-il révélé tous ses secrets ? À votre avis, quels sont les domaines inexplorés sur lesquels il faudrait axer en priorité les recherches ?

B. S. : Alors non, on ne connaît pas tout. Ce n’est aujourd’hui qu’un balbutiement, mais avec les techniques d’imagerie actuelles et les systèmes d’interactions entre puces électroniques puis neurones, il est possible de repérer les circuits de façon extrêmement fine, afin de mieux comprendre comment la régulation des influx se forme. Je pense que ce qui étonne de plus en plus les scientifiques, ce sont les capacités d’adaptation du cerveau, ce qui est appelé la plasticité. Les conséquences des recherches sur ce sujet pourraient être de nouvelles pistes pour traiter les maladies de Parkinson ou d’Alzheimer autrement qu’avec des médicaments. Ce sont des pistes intéressantes.


Propos recueillis par Loéva Claverie et Agathe Courret, étudiantes en master professionnel de journalisme à l’Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine (IJBA).

22 décembre 2023

quessé

207
SIMPLE COMME SYLVAIN
de Monia Chokri

Vu hier avec Catherine.(Une "vraie séance" : plus de 12 spectateurs!). Un film plutôt bien chroniqué un peu partout, présenté comme une "réjouissante comédie". C'est canadien, ça parle beaucoup beaucoup (çomme déjà dans LA FEMME DE MON FRERE, le premier long de la réalisatrice, où, tiens, le personnage féminin central se prénommait déjà Sophia). Sophia donc, une intellote qui attend un poste  de prof à l'université de Montréal, mariée à un intello, entourée d'ami(e)s intellos, et fait des conférences sur l'amour (ou les amours, plutôt) devant des papys et des mamies studieux) rencontre Sylvain, un bo barbu charpentier en charge des travaux de rénovation du châlet qu'elle vient d'acheter avec son mari. Et crac! c'est un coup de foudre ! Et crac crac! qui est consommé sur le champ, et crac crac crac! qui se transforme en adultère. Et crac crac crac crac qui va fissurer le couple jusque là en apparence si stable et solide et tranquille (trop ?) de notre héroïne.
Comment aimer, comment s'aimer, quand on est aussi différents , (malgré la loi du " opposite attracts" ?). Et, d'ailleurs, c'est quoi aimer ? Sur la théorie, Sophia en connaît un rayon. Pour ce qui est de la pratique, c'est une autre paire de manches...
J'ai beaucoup aimé le début (midinet un jour...), une histoire d'amour, qu'elle soit de coeur de cul ou les deux ensemble, c'est toujours très plaisant à voir naître. Et c'est d'ailleurs le fonds de commerce habituel du cinéma. Girl meets boys. ("J'entends pas beaucoup l'anglais" comme dira à un moment une des personnages.) Ca ouvre l'appétit.
Mais la suite, ici, ne l'est pas moins (d'une relation amoureuse considérée comme une course d'obstacles...). Tout ça filmé avec une grande intelligence (et un subtil sens du (dé)cadrage par la réalisatrice.) (Comme chez Mouret, il y a les choses qu'on fait et les choses qu'on dit. Et on dit beaucoup (je le redis) et en joual, cette langue virevoltante qu'on adore qu'on décrypte, et qui surprend toujours autant, par sa prononciation, son accent, son vocabulaire particulier, ses injures, et qui se voit ici constamment sous-titrée (comme dans les films de Woody Allen , il y a autant à lire qu'à regarder.) Et cette relation au début idyllique et incandescente, où tout roulait (et roucoulait, où "le corps exultait" (tout le monde à écrit sur l'amour, n'est-ce pas ?), va connaître ses premiers heurts, ses premières tensions,ses premières colères, Chacun(e), à son tour, y mettant du sien (ou de l'huile sur le feu.)  Avec toujours ce regard de la réalisatrice à la fois enjoué et précis (et donc parfois cruellement clinique -cliniquement cruel-). Mais plus on progresse et plus on s'éloigne de la simplicité et de l'évidence de l'embrasement initial. Comme si chacun des deux restait sur son quant-à-soi. Avec, chacun(e) son cercle familial, amical, qui vient encore compliquer l'affaire (la scène du repas quand elle va manger chez lui et sa famille n'a rien à envier avec la scène  terrible, où lui vient manger avec elle et ses amis). L'idéal serait, bien sûr, de laisser les proches en dehors de ça.Jusqu'à cette scène finale qui m'a laissé pantois, et fait dire à Catherine, lorsque les lumières se sont rallumées, "Je ne comprends pas la fin..." (alors que je comprenais chacun des plans qui se succèdent jusqu'à cette image finale), en réalisant juste après que j'aurais plutôt dû dire "je n'accepte pas la fin", ce qui aurait été beaucoup plus juste...(midinet un jour...). J'ai d'ailleurs posé la question au grand Sylvain M. assis quelques rangées devant. Je l'ai carrément apostrophé alors qu'il s'apprêtait à sortir. Ca m'intéressait d'avoir son avis de mec. Il est resté vague (mais concis) et  j'étas plutôt d'accord avec son résumé.
Car c'est cette image finale qui va rester en tête quand on va repenser au film. Qui va effacer, contrebalancer, faire chavirer, court-circuiter etc., l'aspect "comédie irrésistible" du film. Oui, ce qui reste, c'est quand même un goût plutôt amer (cf le, j'exagère à peine,  "dites ces mots : ma vie et retenez vos larmes" de Il n'y a pas d'amour heureux). Oui, j'exagère à peine. Station-service, extérieur nuit, il neige. Cut.
Mais c'était vachement bien, à la fin, de discuter avec Catherine, d'avoir sur le film et son contenu un point de vue féminin (comme celui de la réalisatrice) et de confronter nos points de vues (nos façons de voir) sur ce qu'est, justement, une relation amoureuse...

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21 décembre 2023

scooter

155
L'ARBRE AUX PAPILLONS D'OR
de Pham Tiên Ân
(vu le 28 septembre)

Bon, on avait envie de le programmer, j'ai donc souhaité aller me rendre compte sur place. Il passait au Victor Hugo, en sortie nationale et (je croisais les doigts, je n'avais pas posé la question, j'ai lu ce qui était écrit sur le billet -bonheur-) en salle 1!
Caméra d'or, caméra d'or... mouais! Je vais être très franc : je me suis beaucoup ennuyé, j'ai trouvé le temps trèèèès long. On était 6 dans la salle au début, on n'était plus que 4 à la fin : ma voisine de gauche a quitté la salle au bout d'une heure, tandis que celle de droite l'a fait à une heure de la fin... (ce qui créait un genre de symétrie).
Dominique a l'habitude de parler de "film à 2 de tension", mais là c'est carrément à 0,2 qu'il faudrait descendre...

(Et pourtant...)

Le héros est un jeune homme en scooter, Thien, qui, après l'accident qui a causé la mort de sa belle-soeur (dans la scène d'ouverture), va d'abord prendre en charge le corps de celle-ci, puis son jeune fils  (qui a "miraculeusement survécu") pour finir par le confier à une école de bonnes soeurs, avant de (re)partir, toujours en scooter, à la recherche de son frère ainé, Thân, mystérieusement disparu des années auparavant...
Ce qui m'a gêné, dès le début, et dont j'ai eu beaucoup de mal à faire abstraction, c'est qu'il est beaucoup (beaucoup!) question de foi, de Dieu, de messe (d'enterrement), de cathos (oui, on apprend qu'il existe une minorité chrétienne au Vietnam) de prières, alors que c'est pour moi une problématique plutôt rebutante (= ça ne m'intéresse pas, ça ne me concerne pas, je suis farouchement athée).
Donc le début a été pour moi d'autant plus éprouvant que j'y ai, à plusieurs reprises, piqué du nez (je sentais carrément ma tête qui tombait en avant, preuve que j'essayais de résister) et dormi -par intervalles- assez copieusement.
Plus tard, lorsque j'étais éveillé, j'ai regardé ma montre à plusieurs reprises (en temps subjectif, c'est comme si le film avait duré trois fois plus que Jeanne Dielman!!!)

A partir du moment où j'ai "repris conscience" (pourquoi m'endors-je toujours au début des films?) je me suis intéressé davantage à ce que je voyais sur l'écran... j'ai trouvé que le scooter -du jeune homme- était une bonne image de la progression du film, une métaphore assez juste. Un moyen de locomotion qui permet parfois d'aller vite et de filer sur une route droite et facile, mais qui parfois a du mal avec la nature du terrain (les ornières boueuses qui rendent la route glissante et difficilement praticable, obligeant même parfois le conducteur -le réalisateur- a poser le pied par terre pour pouvoir continuer d'avancer...), voire carrément tomber en panne. Scooter en panne, film en panne ? oui oui voilà.

Sauf que, bizarrement ce fut exactement l'inverse : une très jolie scène "narrative" et un peu décalée, où, justement, le scooter du jeune homme tombe en panne, est immobilisé sur le bord de la route et est secouru par un autre jeune homme en scooter, une scène filmée d'un peu loin, en plan large, où la caméra  s'immobilise et observe: une succession de virages, les deux scooters arrêtés, les dialogues échangés entre les deux hommes, et les autres véhicules qui continuent de passer, faisant parfois juste un écart pour éviter les deux scooters. Et voilà une scène "terre-à-terre" où l'on se sent bien.

Et c'est vrai que je me suis senti bien mieux dans cette seconde partie. Des plans-séquences somptueux, parfois rectilignes parfois  plus complexes, des cadrages précis, avec des encadrements (et des recadrages) très beaux. Où la métaphysique et la problématique de la foi font place à une narration en apparence plus simple (la longue et magnifique séance où le jeune homme est sur le point de voir enfin son frère), et une très belle séquence finale, au fil de l'eau pourrait-on dire...
De quoi juste donner des regrets.

Il ne me reste qu'une solution : c'est de retourner le voir lorsque nous le programmerons dans le bôô cinéma, "prochainement", et de pouvoir ainsi, peut-être, réviser mon jugement, et d'avantage m'enthousiasmer ??

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208
L'ARBRE AUX PAPILLONS D'OR
de Pham Tiên Ân
(revu le 15 décembre)

Chose promise chose dûe. A force de patience et d'obstination nous avons réussi à ce que ce film (Caméra d'or, pourtant) soit -enfin !- programmé dans le bôô cinéma (pour quatre séances, durée oblige!), soit quand même près de trois mois après sa date de sortie...
Anticipant la chose, j'ai fait une sieste avant d'aller au cinéma, et, miracle, ça a été efficace, puisque je n'ai pratisuement pas piqué du nez du tout (ah si, une seule fois, quand le grand-père parle de sa guerre), et, donc, j'ai vu le film dans son intégralité, en réalisant, par exemple que je m'y étais assoupi très tôt, et qu'il me manquait donc des éléments-clés pour la compréhension.
Le film s'ouvre sur un plan-équence époustouflant, on est tous bien d'accord là-dessus.
Il parle ensuite, dans sa "première partie" effectivement beaucoup de dieu, de religion, de foi, de messe, de défunts, d'âme, de paradis, ce qui continue de ne m'intéresser que très moyennement.
A partir du moment où spoil le jeune homme en scooter a confié le jeune garçon aux bonnes soeurs débute la deuxième partie, où le jeune homme cherche son frère, qui doit beaucoup lui ressembler puisque la jeune masseuse les a confondus...
Et je suis beaucoup plus à l'aise avec cette histoire-là. Une séquence sublime de déplacements sur route dans la brume -complètement silencieuse, où les lumières des phares des véhicules croisés deviennent des objets parfaitement fantômatiques (qui est sans doute pour moi la séquence la plus belle du film), puis un long flash-back où le héros joue à cache-cache dans les ruines avec une jeune fille qui s'avèrera spoil être la même que celle qu'il a retrouvée dans les ordres quelques années après, dans une autre séquence, avant, une autre séquence que j'aime (et que j'aimais déjà la première fois) beaucoup : celle où le scooter est en panne au bord de la route et qu'un autre conducteur de scooter vient l'aider, filmé de loin, en plan fixe, avant le dernier bloc narratif (qui débute après le discours -un peu fastidieux- de la grand-mère sur les âmes confrontées à l'odeur de pourriture terrestre), qui boucle le film d'une façon aussi magistrale que mystérieuse...
Un film souvent parfaitement enthousiasmant, mais un (jeune) réalisateur qui aurait dû avoir la force de réduire un peu la voilure de ses ambitions au niveau de la gestion du temps (avec une heure de moins, franchement, c'était tout à fait regardable...)

20 décembre 2023

plaine centrale

191
SATANTANGO
de Bela Tarr

Alors là...

(sur une musique d'accordéon un peu souffreteux, la caméra imaginaire de mon blog effectue un travelling circulaire (de 360°, donc), trèèèèèèès lentement, revient à son point de départ, revient sur mon visage comme médusé, les yeux dans le vague...) Ca m'a pris comme ça, l'autre après-midi : "Tiens, et si je regardais -enfin- SATANTANGO ?" Et hop!
Surtout que j'avais acheté la nouvelle édition du film (restauré en haute définition, dans un joli coffret, chez Carlotta, (les gens de Carlotta  sont décidément des gens de goût).
Il m'a fallu quelques jours pour le voir en entier (7h20, quand même), le film est partagé en trois parties, chacune conclue par un entracte (et donc trois dvd) -et il est ressorti en circuit commercial en trois films distincts aussi-  et je suis vraiment heureux et fier d'avoir réussi à le voir en entier (ça n'est pas toujours facile sur l'écran de l'ordi, et j'ai eu quelques fois les yeux qui piquaient, mais heureusement j'ai fait beaucoup de copies d'écran (quelle merveilleuse invention, décidément) ce qui me permettait de rester concentré...).
On avait programmé LE CHEVAL DE TURIN (2011) dans le bôô cinéma, et ça avait déjà été un sacré choc.
Et on y retrouve exactement le même univers.
(Je viens d'acheter le bouquin que Béla Tarr souhaitait "recréer" (plutôt qu'adapter) à l'cran. Je me rends compte qu'il a conservé toutes les têtes de chapitre, même s'il a partagé le film en trois parties alors que le bouquin n'en comporte que deux.)
Le film a mis une dizaines d'années pour être tourné, et l'iamge en noir et blanc en est toujours d'une beauté -d'une force- sublime. Béla Tarr utilise -parcimonieusement- une voix-off, citant des passages du roman (le tout début et la toute fin, -c'est important, soyez attentifs...- ainsi que des interventions en début de chapitre(s), parcimonieuses, et ne comptez pas sur elles pour vous éclaircir sur le sens de tout ça...
C'est un film grandiose, grandiosement sombre, opaque, gris, mouillé, désespéré, qui utilise de façon récurrente le motif du cercle, avec une alternance de plans-séquences reprenant parfois les mêmes évènements, mais vus d'une autre façon, via un autre personnage. Alternant les scènes en extérieur  et les éléments naturels (la boue, le vent, la pluie, la brume) qui les configurent, et d'autres scènes en intérieur, sidérantes, hypnotiques, chorégraphiées (les gens qui dorment dans la nouvelle maison, la soirée de beuverie et de danse au café), avec même une séquence -pour moi- insupportable (celle dite "du chat") avec toujours cette musique souffreteuse et minimaliste (le musicien joue un des personnages principaux).
Je n'en dirai pas plus, et je vous laisse avec les images (des copies d'écran) de la très belle version remastérisée sortie il y a peu par Carlotta (j'adore ces gens...).

 *

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Voilà, vous avez les captures d'écran chronologiques (du tout début à la la presque toute fin... A vous de vous construire votre (vos) propre(s) histoire(s)... Je tiens à la disposition des gens qui le souhaitent le coffret 3dvd... Et je viens même d'acheter le roman (Tango de Satan) que je vais lire pendant cette période -propice à la rigolade- du "temps des fêtes"...

19 décembre 2023

jamaïque

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MIGRATION
de Benjamin Renner

Vu tout de suite après LOST COUNTRY (qui pourrait d'ailleurs aussi servir de titre à celui-ci), un film d'animation dont la bande-annonce vue il a assez longtemps m'avait déjà fait rire. "Du canard à l'orange, c'est quoi ?" demande incrédule, un caneton devant un chef cuisinier inquiétant sur le point de réaliser sa spécialité. "C'est toi, avec des oranges..." lui répond-on, rien que ça, j'adore...).
J'étais tout seul dans la grande salle 4, et j'ai donc pu tousser tout mon soul. Eclater de rire, aussi, assez régulièrement.
C'est que le réalisateur, Benjamin Renner, est aussi celui du délicieux GRAND MECHANT RENARD, en 2017, qui nous avait enchantés durablement. Et bien fait rire aussi, autant par ses personnages que par ses dialogues.
Il est ici passé à l'échelon supérieur (production ricaine, animation 3D -ce qui à mon sens affadit un peu le propos, le "lisse", tant le dessin un peu "débraillé" du MECHANT RENARD faisait incontestablement partie de son charme...) avec cette fistoire de famille de canards (papa, maman, fiston, cadette), qui, un peu par la force des choses (le père est un trouillard fini, (une poule mouillée) et n'a qu'une envie, rester dans sa mare tranquillou et y finir sa vie sans histoire...) va être amenée à prendre son envol pour effectuer sa première migration, à destination de la Jamaïque... Avec toutes les péripéties et rebondissements qu'on attend et qui ne vont pas manquer de se réaliser, bien sûr.
On est heureux de reconnaître, en tête de générique, les voix de Laura Calamy (la maman) et de Pio Marmaï (le papa), et qui visiblement se sont autant amusés à incarner leurs personnages que nous à les entendre le faire. Ils incarnent le plus savoureux couple de canards qu'on ait vu à l'écran depuis belle lurette (bon, c'est vrai, on n'en a pas tant vu que ça déjà hein, c'est vrai...).
Les péripéties suivent le cahier des charges, les dialogues crépitent (et plusieurs fois j'ai éclaté de rire -tout seul dans la salle, ça fait drôle-) le méchant n'est peut-être pas ce qu'il y a de plus réussi dans le film, mais bon hein on ne va pas bouder son plaisir.
Et de retrouver à l'écran des hérons pour la seconde fois de l'année (les hasards de la programmation, après le Miyazaki), et qui sont ici particulièrement impressionnants, mais, on se rassure, tout est bien qui finit bien, évidemment.

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la famille au complet (j'avais oublié Oncle Dan, vieux canard foldingue)

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(et là les voilà avec un perroquet qui va jouer un rôle important...)

 

18 décembre 2023

"ma petite remorque"

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LOST COUNTRY
de Vladimir Perišić

Un film serbe, déjà, a priori ça fait envie, car c'est plutôt rare sous nos latitudes.
Portrait d'un adolescent plutôt maussade et de sa relation avec sa mère. Une mère hyper-aimante, dont le seul défaut est d'être une "tête" du parti socialiste, lors des élections de  novembre 1996 (avec la grande ombre nauséabonde de Milosevic), perdues par le parti, qui s'emploie alors par tous les moyens à contester les résultats et à invvalider le scrutin, en vue d'organiser un "troisième tour" dont les résultats lui conviendraient mieux. En pleines manifestations étudiantes, Stefan (le jeune homme maussade) se retrouve le cul entre deux chaises, dans une pision d'abord inconfortable puis carrément intenable.
La caméra le suit dans ses rapports avec sa mère, avec ses copains (il a intégré l'équipe de water-polo), avec son grand-père, avec une jeune fille dont ses potes lui disent "quelle est zarbi, elle sniffe de la colle...", au fil d'un parcours qui se révèle de plus en plus chaotique et sans issue. Sans issue autre que celle qui, logiquement, clôt le film. (Plus le scénario progresse et plus on se dit que ce jeune homme est mal barré...) Simplement, sobrement, inéluctablement.
Plus le film progresse et moins Stefan parvient à trouver une place, et plus il en souffre, et plus il le manifeste, rompant progressivement les relations avec (tous) ceux qui lui étaient proches. Jusqu'au bout.
Une scène très forte, traitée a minima (j'ai pensé à Bresson).
Le réalisateur n'est pas tout à fait un inconnu, puisque nous avons déjà programmé en 2009 son premier long-métrage ORDINARY PEOPLE, aussi fascinant que glaçant.
J'ai pensé au MERE ET FILS, de Calin Peter Netzer, évoquant le même genre de rapport excessif, mais en Roumanie (on n'est pas si loin...)
Dans la salle, nous étions 3.
Sur le générique de fin, une jolie ré-interprétation au piano (et a minima) de C'est la lutte finale...
(Oui, "groupons-nous et demain...")

 

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17 décembre 2023

viva l'italia

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LA CHIMERE
d'Alice Rohrwacher

Je l'avais déjà vu (très) en avant-première, lors de notre SETTIMANA ITALIANA, je l'avais beaucoup aimé, et j'avais été déçu par le nombre de spectateurs qui y avaient assisté (beaucoup moins que pour l'autre avant-première, L'ENLEVEMENT, qui faisait, il est vrai, la soirée d'ouverture...)
Je suis donc revenu le voir au Victor Hugo (dans la salle 2, hélas, mais avec beaucoup moins de soucis visuels que je ne craignais d'en avoir...) Et j'ai re-trouvé ça excellent.
J'aime beaucoup le cinéma d'Alice Rohrwacher (le dernier, HEUREUX COMME LAZZARO, en 2018, déjà dans une SETTIMANA ITALIANA précédente, était une merveille). C'est un cinéma, suprenant, instable, malcommode parfois, réjouissant la plupart du temps. Un cinéma d'éboulis. Des blocs sont entassés de forme de taille différentes, et quand on s'y risque (promenade parfois, escalade souvent), il faut faire attention. Là où on pose le pied. des fois c'est c'est stable, et des fois ça tremble, ou même parfois carrément ça tourneboule et s'écroule. C'est inconfortable, et c'est ce qui en fait tout l'intérêt.
Un beau personnage masculin central (moins beau que Lazzaro, quand même) qui traverse le film d'un bout à l'autre dans le même costume clair. Au tour de lui une constellation de personnages féminins, de tous âges, vivants où morts, où j'ai eu un immense plaisir à retrouver Isabella Rossellini, en nonna, officellement donc (et merveilleusement) vieille.
Il est beaucoup question, dans le film, du passé (des Etrusques, dont le héros et ses copains pillent les sépultures), de la mort donc, et aussi de l'endroit où -et de la façon dont- on meurt.
C'est bien de re-voir un film, par exemple, si on est attentif, on sait dès la première image que, déjà, tout est joué...
Top 10 reconfirmé.

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La chimère

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celle-ci est pour moi une des plus belles affiches de l'année...

16 décembre 2023

esprit de noël

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BÂTIMENT 5
de Ladj Ly

Vu immédiatement après PERFECT DAYS (juste le temps de passer aux toilettes, mais pas de boire un café!), ce film en sortie nationale dans le bôô cinéma, deuxième film d'un réalisateur dont on avait adoré le premier (LES MISÉRABLES). On est de retour à Montfermeil (où se déroulait déjà le film précédent). On reconnaît Jeanne Balibar (que j'ai TOUJOURS plaisir à revoir, même si elle n'est pas, comme ici, dans un rôle très sympathique), ("avec la participation de"), on reconnaît Alexis Manenti, flic dans le premier et nouveau maire -pas joli joli- dans celui-ci, et Steve Tientcheu (toujours aussi imposant) qui jouait le maire dans LES MISÉRABLES, et devient ici le premier adjoint. Et on découvre la jeune Anta Diaw qui interprète Haby, une jeune habitante des "quartiers sensibles" fort investie dans le combat social et la lutte pour la défense de l'accès au logement des habitants du quartier. Et qui fait merveille. (J'ai failli écrire "qui casse la baraque, mais ce n'est pas elle hélas qui va gérer cet aspect là de l'opération).
Le film est autobiographique, et évoque une situation vécue par la grand-mère du réalisateur.
Comme dans LES MISÉRABLES, l'ambiance est à la guerre civile, à l'affrontement entre les "politiques" et les habitants. Et du "tous les coups sont permis" entre les deux forces en présence. L'affrontement est, une nouvelle fois, déséquilibré.
Il est surtout question de logement, et le film s'ouvre sur la destruction en grande pompe d'une barre HLM (provoquant d'ailleurs, indirectement, la nomination du nouveau -et jeune- maire, je vous laisse découvrir comment).
Il sera question d'un autre bâtiment, le fameux Bâtiment 5 du titre, dont les habitants vont être pris en otage, de façon vraiment dégueulasse, dans un contexte particulièrement sensible (je vous laisse, là aussi découvrir lequel), ce qui va provoquer une réaction violente d'un des personnages, un peu comme dans LES MISÉRABLES, où l'escalade dans la violence de part et d'autre conduisait à la mise en place d'une riposte particulièrement brutale et anxiogène. (Je me souviens d'avoir été quasiment tétanisé sur mon siège lors de cette dernière -et terrifiante- scène.)
Je peux vous assurer que je n'ai pas fermé l'oeil du tout, tant tout ça est serré, tendu, fiévreux, et que la mise en scène ne faiblit pas une seconde.
D'une belle force.
Comme dit la jeune Haby : "On ne peut pas être que en colère..."

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