majorettes obèses
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NOCTURNAL ANIMALS
de Tom Ford
Je suis allé voir un film dont j'ignorais tout avant qu'il ne soit programmé dans le bôô cinéma (toutes les séances en vf mais une quotidienne en vo à 18h, à laquelle j'ai assisté aujourd'hui, tout seul comme un grand dans la salle 10). Tom Ford est quelqu'un de very famous semble-t-il (et donc very rich, re-semble-t-il) mais à part son nom je n'en sais pas beaucoup plus. Artiste ? Couturier ? Les deux ? (ah peut-être que je confond avec Steve Mc Queen, me souffle-t-on dans l'oreillette). Bon on s'en fiche.
Le film est tiré d'un roman policier que je pense avoir dans ma bibliothèque mais que je n'ai jamais lu (je viens de vérifier, c'est le cas).
DONC revenons à notre film. La dernière fois que j'ai vu Jake Gylenhaal au cinéma, il était face à une araignée géante avec un demi-sourire énigmatique. Là il est en plus mauvaise posture. Conduisant de nuit dans une zone où le téléphone ne capte pas (c'est dire) avec sa femme et sa fille, le voilà qui se fait embêter puis accidenter par trois rednecks inquiétants. c'est très anxiogène comme situation sauf que c'est dans un livre. Qui a été écrit par le personnage joué par Jake G., l'ex-mari de l'héroïne, et envoyé à sa femme pour qu'elle le lise et lui dise ce qu'elle en pense. Et donc quand elle lit, notre blonde et froide héroïne, ce qu'on voit à l'écran est ce qu'elle imagine. Le conducteur est joué par son ex-mari, elle-même joue l'épouse, et sa fille est jouée par leur vraie fille (enfin, vraie dans le film). Le film fait donc des va-et-vient entre le roman et la "vraie vie" de la lectrice (à laquelle il faudra bientôt rajouter les souvenirs de ladite lectrice : comment elle a rencontré son ex-mari, comment elle l'a épousé, contre l'avis de sa mère, comment elle l'a laissé tomber pour un jeune bellâtre, etc.) De plus la dame est galeriste, et on suit son quotidien et ses états d'âme de galeriste (ce qui fournit entre autres au réalisateur le prétexte d'un générique sur fond de majorettes vieilles et obèses pas vraiment ragoûtant c'eût été des majorets que çela l'eût été aussi peu, ragoûtant : le troisième âge est flasque, on n'y peut rien, alors, quand en plus il est obèse je vous laisse imaginer...)
Avec ce générique, Tom Ford fait un peu son malin, mais on peut dire qu'avec le reste du film aussi... Il règne sur le film un aspect assez déplaisant "magazine de mode et papier glacé". Dollars, fashion, cocktails mondains, tout le monde est très riche très hautain très glacé très mondain et très bitch. Et du coup on a le sentiment que le réalisateur a mis tout autant de soin, mais en sens inverse, dans sa reconstitution de l'histoire qui se joue dans le livre lu. Regardez comme ils sont méchants, et veules, et cracra, semble-t-il vouloir nous fredonner. Et je suis sûr qu'ils puent. Et de rajouter un personnage de flic cancéreux en phase terminale (et que je fume et que je tousse et que j'expectore avec complaisance). Ca crée une ambiance un peu bizarre. Comme si on avait essayé de faire entrer au chausse-pied Comancheria dans Café Society (je parle ici de la forme plus que du fond de chacun des films).
Ca se regarde sans déplaisir, on participe (la première partie est vraiment très anxiogène, pour moi du moins), on suit, on admire parfois même les trucs du réalisateur, mais on se dit, en définitive (vous avez déjà remarqué que c'est souvent en définitive qu'on se dit ça justement) à quoi bon tout ça (le fait d'écrire un bouquin, de le faire lire à son ex-femme, et de raconter ce qu'on y raconte), juste pour ça ? (la scène finale, que je trouve d'ailleurs plutôt plaisamment réussie...). Comme si le réalisateur refermait là-dessus les pages en papier glacé de son luxueux opuscule. (de arty à artificiel il n'y a pas si soin...)
une campagne d'affichage que je trouve plutôt réussie...