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lieux communs (et autres fadaises)

20 décembre 2016

danse, danse!

deux spectacles de danse, deux jours consécutifs, déjà c'est bien, deux spectacles qu'on adore, c'est encore mieux

PIXEL
de Mourad Merzouki
Compagnie Käfig

On avait déjà vu ici son Boxe boxe, qu'on avait beaucoup aimé (un quatuor à cordes et des boxeurs, dans les cordes aussi), et les échos étaient plus qu'élogieux  à l'égard de ce Pixel, plus ancien. Justifiés, les échos qu'ils étaient. Rarement j'ai eu, dans un spectacle de danse, le sentiment d'avoir en permanence la mâchoire tombante, comme un gamin (dans les gravures de vocabulaire) devant les vitrines de Noël. Bouche bée, oui. De par la danse, d'abord. Dix danseurs (dont une danseuse) plus une contorsionniste.  Du hip-hop virtuosissime (bonheur 1) , sur une musique belle à pleurer d'armand Amar (bonheur 2) avec une création numérique de Adrien Mondot et Claire Bardainne (bonheur 3). Des "projections en 3d" dont on se demande souvent comment ça fonctionne (notamment l'interaction entre les "pixels" (les trucs électroniques qui bougent) et les danseurs) et qui provoquent souvent le même émerveillement qu'on pouvait ressentir, par exemple, devant les effets des premiers spectacles de Philippe Genty (mais sans doute, aussi, historiquement, celui qu'avait pu provoquer sur ses premiers spectateurs la projection de L'arrivée d'un train en gare de La Ciotat. Première image animée ici, et première ninteraction réel/virtuel là. Montalvo et Hervieu, en leur temps, nous avaient déjà émerveillés avec l'intercation réel/vidéo, mais à l'époque c'était "juste de la 2d". On pouvait comprendre. Tandis que là...).
Mais ce qui est encore plus fort, c'est que cette virtuosité techinque est au service des danseurs. Comme la musique. Danse, musique, création numérique, on a toujours au moins une bonne raison d'être émerveillé. En plus j'étais avec Emma, juste à côté, et c'était bon de se sentir ainsi en communion lacrymale et émotionnelle. Oui, y a avait toujours une raison d'avoir la machoire qui se décroche et le coeur qui cogne... Tout était vraiment au diapason. Visiblement le spectacle a produit le même effet sur l'assistance entière (la salle était complète, et emplie par le "mieux-disant-culturel" de la ville voire de la région. Un grand moment.

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BADKE
Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero - Les Ballets C de la B / Hildegard De Vuyst - KVS

Le lendemain, à Besac, une autre salle complète de chez complète, pour un spectacle qui était au départ plein d'interrogations. ballets C de la B ? ceux qui nous avait proposé, sous la direction d'Alain Platel, le fanfaramineux En marche, l'année dernière, au Théâtre Ledoux , Mais cette année, pas de Platel, pas de fanfares. Il est question de danseurs palestiniens... Le temps que la salle se remplisse à donf et que les derniers arrivants aient fini de tourner pour trouver leur place, ça commence. Noir ("très noir" me précise Dominique) et ça commence. Toujours dans le noir, un cri de femme, des pieds qui frappent le sol, des frappés de main. Ça continue, comme ça, black is black, pendant quelques minutes, les spectateurs sont un peu désarçonnés, puis la lumière finit par monter doucement. Ils sont là, dix, six hommes et quatre femmes, et ça commence doucement timidement presque, une des danseuses s'avance (tout le monde est en fond de scène) et fait sa petite chorégraphie, sans musique, accompagnée de ci de là par frappés de pieds et de main, puis une autre s'avance, fait de même, les autres regardent... On est un peu sur son quant-à-soi, on se dit mouais, et soudain la musique déboule, forte, entraînante, joyeuse, énergique, et les voilà tous qui s'y mettent aussi, avec des sourires grands comme des bananes et des yeux qui pétillent. Et une énergie! ça n'arrête plus, traversées, sauts, farandoles, sarabandes,  c'est ahurissant tellement c'est intense.  Ces gens-là mouillent vraiment la chemise (c'est visible) et ils ne s'accordent que très peu de temps de récupération (personne ne quittera le plateau). Jusqu'à ce qu'un genre de panne de courant (de coupure d'électricité) interrompe brutalement tout ce splendide remue-ménage. Juste une veilleuse, tout là-haut, et ça redémarre, doucement, on sifflote, on chantonne, on gigote. un peu d'inquiétude, peut-être, on fait avec les moyens du bord, et soudain tout redémarre, et musique, et lumière et farandoles et énergie... C'est sidérant. ces jeunes gens réussiront à nous raconter beaucoup de choses de leurs vies, la violence, les femmes, le foulard, la mort... Un spectacle beaucoup plus "nu" que Pixel mais au moins aussi efficace. Et j'ai re-adoré ça

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19 décembre 2016

pantalons en cuir

PERSONAL SHOPPER
d'Olivier Assayas

Ah, Kristen Stewart...
Découverte en assistante personnelle de Binoche dans le divin Sils Maria, la voilà revenue en personal shopper d'une diva de la mode (et de la morgue), à Paris (comprenez qu'elle court les boutiques de luxe pour acheter pour sa patronne les robes de créateurs -qu'elle n'est pas elle-même autorisée à essayer- et les accessoires griffés que celle-là n'aurait pas le temps d'aller acheter elle-même tellement elle est occupée à courir planétairement  les fashion weeks. Un univers friqué assez puant, genre "le petit sac à 2000€ là vous m'en mettrez deux...".
Mais dans le film elle est aussi une américaine à Paris (elle déclare avoir pris "ce job de merde" pour  payer son loyer (et pouvoir y rester), loyer qu'on imagine à l'aune du prix des petits sacs), mais encore,  et surtout, médium.
Médium dans l'attente d'un signal depuis l'au-delà de son frère jumeau récemment décédé d'une malformation cardiaque -dont elle souffre elle-aussi-.
Personal shopper est un film fantastique. Un film de genre, plus précisément un film de fantômes, du genre (!) de ceux qui me terrorisaient vraiment lorsque j'étais plus jeune : Qui hantait le presbytère de Borley ? à la télévision, le fit beaucoup en son temps et de façon durable, puis plus tard, au cinéma, dans la même catégorie, La maison du diable de Robert Wise, qui me flanqua des chocottes dont je me souviens encore...) Qui dit genre dit codes et références, et, justement, cette Maison du diable, c'est celle que m'a immédiatement évoqué la première scène (filmée depuis derrière le lourd portail d'une maison dont Kristenchounette vient ouvrir le cadenas qui tient fermée la grille, face à nous, sous nos yeux, -ou ceux de la créature qui semble alors la regarder en caméra subjective-). Ce n'est qu'un détail, mais j'étais déjà dans l'ambiance... Le premier, et presque le dernier, mot du film sera "Lewis", presque chuchoté, le prénom de son frère.
Oui, tout film de fantômes nécessite de son spectateur une connivence, qu'il accepte de jouer le jeu, et sans broncher les rituels : ectoplasmes, séances de spiritisme, bruits mystérieux, présences maléfiques, éventuellement morts violentes, Esprit es-tu là ?, et autres Bouh fais-moi peur! Suivant les films (et les metteurs en scène) il faut bien admettre que c'est plus ou moins bien réussi...
Alors c'est vrai qu'à Cannes le film d'Assayas s'est assez violemment fait descendre (sifflets et huées et conspuages divers, et allons-y gaiement) et qu'après l'avoir vu on peut assurer qu'il ne méritait pas ni tout ce barouf ni tant de haine... Comme dans une robe de créateur (ou de grand couturier) Assayas a voulu associer dans une même étoffe filmique des éléments a priori disparates : le luxe, le frère mort, le harcelant -et inquiétant- correspondant téléphonique -tiens ça pourrait avoir comme un lointain parfum de Scream- , la crise d'identité (Je est un(e) autre), la chambre d'hôtel n° 237 (là, on lorgnerait soudain du côté de Shining ?), les problèmes de tuyauterie (et de robinets qui fuient) , le film dans le film ("Séances de spiritisme à Guernesey dans la famille Hugo"), la peinture abstraite contemporaine (avec sa première représentante historique), un meurtre sanglant, des verres qui se brisent, sans oublier des écrins contenant des pièces de joaillerie uniques (et donc bien bien plus chères encore que les petits sacs dont il était question tout à l'heure), oui ça fait vraiment beaucoup pour une seule barque narrative. Dont il n'est finalement pas étonnant qu'elle tangue un peu.
Mais bon. Moi qui n'ai d'ordinaire pas du tout le pied marin, là, je me suis laissé tenter (tanguer, aussi).
Ah, Kristen Stewart... (soupir)
Oui, inexplicablement ("Lewis ?" à prononcer avec une petite voix un peu inquiète) c'est un film que j'ai envie de défendre. Assayas a trop voulu bien faire, et tenté d'emprunter de multiples directions sans en suivre une vraiment jusqu'au bout, et le film laisse une certaine sensation d'incomplétude, mais, bon... Kristen Stewart, hein... (je pense qu'Olivier Assayas a du être aussi fasciné devant elle pendant le tournage que nous le sommes, au visionnage... Mais qu'est-ce qu'elle a donc de si spécial, cette demoiselle, hein ? peut-être parce qu'elle est filmée si... attentivement (attentionnément  ? passionnément ?)  que le film nous renvoie, en miroir, cette amoureusementitude ?)

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12 décembre 2016

... et un mercredi qui ne le fut pas moins!

13h20
BACCALAURÉAT
de Christian Mungiu

On le programme dans le bôô cinéma à partir du 4 janvier, mais vous pensez bien que je ne pouvais pas attendre. j'ai un énorme faible pour le cinéma roumain, qu'y peux-je, je le trouve très addictif. Christian Mungiu n'est pas le plus drôle de la bande (Puiu, Porumboiu, Jude, Muntean) il filme plus "droit", sans, me semble-t-il, cette imperceptible impertinence / ironie / distance, sans ce léger rictus qu'on pourrait appeler rire jaune, ou mieux, "rire roumain". (Je me basais sur 4 mois, 3 semaines, 2 jours et sur Au-delà des collines, pas vraiment à se taper sur les cuisses, pour affirmer ça, mais je réalise que le même Mungiu a chapeauté les "Contes de l'âge d'or", -suite à l'intervention d'un spectateur, raconte all*ciné- donc il faut que je module, mais bon je ne vais tout de m^me pas effacer cette jolie phrase hein...)
Baccalauréat penche, de toute façon, davantage du côté des deux premiers que des seconds... L'observation "attentive" d'une Roumanie contemporaine aussi déboussolée que désillusionnée ne prête pas à sourire, et encore moins à espérer... Il sera question d'un père de famille, Roméo, qui est prêt à tout pour que sa fille réussisse le baccalauréat qu'elle est sur le point de passer, alors qu'une série d'événements vont contrarier cette volonté et compromettre peut-être cette réussite à laquelle est subordonné le départ en Angleterre de la jeune fille en question.
Le film commence par une pierre anonyme qui vient briser la vitre d'un salon. Puis une agression (hors-champ elle-aussi) qui fait encore plus de dégats. Mythologiquement parlant, on serait entre le tonneau des Danaïdes (ou le rocher de Sysyphe) et la navigation entre Charybde et Scylla. Ya d'le joie... Plus le père de famille essaie de colmater les fuites et plus ça se met prend l'eau  de partout... Ca se met à fuir. Services rendus dont on reste redevable, compromission(s), suspicions, délations, ainsi va la société roumaine d'aujourd'hui. La situation devient de plus en plus intenable pour notre brave héros, et anxiogène aussi au fil des incidents bizarres (une très réussie séance urbaine et nocturne) -le réalisateur est sans pitié-. Fille, épouse, copain de la famille, grand-mère, dans la famille tout devient instable, prétexte à remise en question. Mais à l'extérieur tout autant , dans un effet de réaction en chaîne assez terrifiant.
Non, vraiment ça ne rigole pas, mais c'est toujours aussi rigoureusement roumain, et ça, j'adore. Heureusement un minusculissime rayon d'espoir vient in extremis rééchauffer juste un peu l'ambiance.

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15h40
LOUISE EN HIVER
de Jean-François Laguionie

A la sortie de Baccalauréat on a -légitimement- un peu le moral dans les chaussettes, et Dominique m'a alors conseillé comme remède le Louise en hiver de Jean-François Laguionie (dont Hervé m'a appris très récemment qu'on devait le prononcer lagu-i-onie). Et elle a bien fait. Ce très beau film d'animation a agi comme un antidote. Un pansement très doux.
Louise est une vieille dame qui, à la fin de l'été, a raté le dernier train, et se retrouve complètement seule dans une station balnéaire désertée pasr ses estivants.
Tout baigne dans une lumière délicate de fin d'été (le réalisateur compose lui-même chacun de ses décors), en couleurs tendres, sur les pas de Louise qui va, à petits pas,  se constituer en Robinsonne balnéaire (elle aura même son Vendredi). Et le récit (elle a tout son temps pour rêver) va convoquer une Louise jeune, et le souvenir de ses aventures, sur les falaises et dans les bois (dont le réalisateur précise d'ailleurs qu'ils sont parfaitement autobiographiques).
Un film doux, lumineux, nostalgique. Délicieux. A voir absolument.
A noter qu'après Ma vie de courgette et Sausage party (mais pour des raisons extrêmement différentes) Louise en hiver est le troisième film d'animation consécutif à ne pas être "pour les enfants". Moi ça me plaît. Quel bonheur!

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19h
NOBODY
Mise en scène de Cyril Teste
d'après des textes de Falk Richter
Compagnie La Carte Blanche
Performance filmique

(Après cet après-midi riche de deux films forts, j'attendais beaucoup de ce spectacle dont je ne savais strictement rien, à part qu'il se situait dans un open-space, et mettait en scène les employés d'une boîte de consulting, ce qui n'était pas forcément pour me rassurer.)
Le dispositif se construit sur deux niveaux : au rez-de-chaussée l'open-space en question, derrière des parois vitrées, avec ses coins et ses recoins, les bureaux les salles de réunion, les toilettes, l'ascenseur...) occupe tout l'espace scénique, tandis que juste au-dessus est installé un écran où va être retransmis le film de la pièce (les acteurs sont en permanence filmés par deux caméramen)  où tout (montage, lumière, son, musique) sera fait en temps réel. On a donc perpétuellement le choix entre observer l'ensemble de la composition, en bas, où tout se joue "en vrai" et le film projeté juste au-dessus. A vrai dire on regarde, le plus souvent, d'abord le film, puis on vérifie, en bas, qui est filmé et où (et de quelle façon).
Une très belle réussite, pour clore en fanfare cette journée hautement culturelle (la deuxième d'affilée!)

http://www.scenenationaledebesancon.fr/sites/default/files/styles/image-spectacle/public/nobody03.jpg?itok=TVijFNTe

10 décembre 2016

un mardi chargé

à 14h L'OLIVIER
(dont j'ai déjà parlé)

à 18h
CAPTAIN FANTASTIC
de Matt Ross

Une excellente suprise. Je n'en avais pas plus envie que ça à la lecture du sujet (l'équivalent français avec Mathieu Kassowitz, Vie sauvage, m'avait laissé sur un sentiment plus que mitigé) Et puis les histoires d'éducation ne me passionnent pas tant que ça. Mais Viggo Mortensen est grandissime! Ce père qui a élevé à la dure ces cinq (six ?) enfants, au milieu de la forêt et en dehors de toutes conventions et normes sociales (en cultivant en même temps leur corps et leur esprit, soit un physique de guerrier avec un mental d'astrophysicien / philosophe / humaniste) est soudain confronté à la dure réalité lorsque son épouse, bipolaire et suicidaire finit par passer à l'acte.
Le grand-père refuse qu'il assiste à l'enterrement (par lui décidé) alors que l'épouse souhaitait, selon ses dernières volontés, une crémation et que ces cendres soient versées dans les toilettes pour y disparaître.
Après une exposition très Boorman nous montrant in situ le quotidien de la famille (l'inititation du fils ainé qui tue son premier chevreuil au couteau de chasse), nous voilà assez rapidement dans le vieux bus déglingos conduit par le papa pour s'en aller à la ville, plus précisément à l'église, pour chahuter un peu les funérailles de maman, et tenter de faire respecter ses dernières volontés.
Mais le grand-père est têtu comme une mule, d'où choc frontal. Encore plus violent du fait qu'un des frangins (on avait déjà remarqué qu'il était rebelle parmi les rebelles, et que forcément moins par moins ça allait finir par faire plus) annonce qu'il souhaite rester chez les grands-parents ("à la ville"), occasionnant maints affrontements verbaux, constatation du fossé entre "les bons sauvages" et "les méchants civilisés", mises au point diverses, argumentations et interrogations qui le sont tout autant.
C'est passionnant, d'un bout à l'autre.
Si Viggo M. est (comme d'hab') magnifique, les enfants le sont tout autant (du plus âgé -celui qui voudrait aller en fac- au plus jeune -dont on mettra d'ailleurs un certain temps pour savoir s'il s'agit d'un garçon ou d'une fille-) composant cette fratrie sauvage, sylvestre, arboricole, FTS (fuck the system) -et utopique- donnant à chacun de nous spectateurs  des regrets de robinsonnades à jamais enfuies.
La dernière partie (allez savoir pourquoi j'ai pensé soudain à Little Miss Sunshine) est vraiment bien. (Et les critiques que j'ai lues après sont, encore une fois très très agaçantes... Je devrais arrêter de les lire, même a posteriori...)

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à 20h30
MERCENAIRE
de Sacha Wolff
J'en avais eu deux avis plutôt mitigés, mais je souhaitais me faire mon opinion comme un grand. Je l'ai donc vu dernier soir dernière séance (nous fûmes 4 dans la salle). Et peut-être était-ce le film de trop de la journée. (ou le contratse avec le Captain Fantastic qui l'avait juste précédé).
Ce jeune Wallisien de 120kg envoyé en France par un compatriote -qu'on soupçonne d'emblée véreux-, pour être pilier dans une équipe de rugby, et qui part en bravant le refus (et la violence) d'un père terrifiant, se retrouve à l'aéroport sans valise (son père l'a jeté sans rien), "en short et en tongs", et est refusé aussi sec (et laissé en plan) parce qu'il fait 20kg de moins que les 140 attendus. Il va devoir se démerder tout seul (il a juste en poche une adresse, d'un compatriote susceptible de l'aider, et un peu d'argent donné par sa grand-mère).
Quotidien d'un "petit" club de rugby de troisième zone, difficultés d'intégration, hostilité des locaux, bungalow pourri, petit boulot de merde, rien ou presque ne fait fléchir notre jeune mastodonte. Les choses, qu'on a vues d'abord sensiblement s'améliorer pendant un moment, vont commencer à mal tourner, et ce de plus en plus. Le film est dur, la France est froide et humide, les gens assez déplaisants.
Et l'extrême violence de certaines scènes m'ont mis encore plus mal à l'aise. C'est vrai qu'en métropole nous ne sommes pas très au fait des us et coutumes wallisiens, mais ce qu'on en voit ici ne donne pas forcément envie d'en connaître davantage (en sus des tatouages, du gôut pour l'alcool et de l'importance du rapport au père).
J'en suis sorti moy-moy, quoi (et en plus il fallait gratter le pare-brise!)

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10 décembre 2016

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9 décembre 2016

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8 décembre 2016

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7 décembre 2016

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7 décembre 2016

le camion

L'OLIVIER
d'Iciar Bollain

Un film español en vostfr, ça n'est pas si courant dans le bôô cinéma (à part Almodovarchounet), et donc j'y suis allé à la séance (unique) de 13h45. Me demandant pourquoi ils l'avaient mis dans une si grande salle (400 places) alors qu'à la fin des pubs on était 3 : deux mamies qui s'échangeaient à voix très hautes leurs recettes de réveillon -tiens, des escargots à la cancoillotte!-) et moi.
On a attendu (mais pourquoi donc ???) et soudain j'ai compris : comme dans les westerns (les portes du saloon qui claquent) ou les films d'horreur (une rumeur qui enfle avant qu'une meute de zombies menaçants ne déboule) ont fait arghhh! irruption dans la salle des centaines d'ados, avec portables, sacs à dos, interpellations à voix haute d'un bout de la salle à l'autre, sacs de bonbons, courses et enjambements divers, ricanasseries, qui me firent craindre le pire...
Mais non, je dois reconnaître qu'ils se tinrent relativement bien (cinq bonnes minutes quand même pour que se taisent les conversations, le scènes de générique ne faisant  pour eux visiblement pas partie du film, pourquoi on se tairait, hein ?) pendant la projection (exception faite du petit con qui a fait consciencieusement scritchscritcher son sac de bonbons jusqu'à la fin... mauvaise pioche, deux rangs devant moi) sauf pendant les dernières minutes (1h39, pensez) où les téléphones recommençaient à s'allumer nerveusement pour donner l'heure tandis que recommençaient à bruire conversations comme sur son canapé entrecoupées de rires idem.
Le film vient d'un scénario écrit par le scénariste habituel de Ken Loach, et a été tourné par la réalisatrice dont on avait programmé et aimé le beau Même la pluie. C'est dire qu'il y a beaucoup plus de lumière et de chaleur que chez Ken L. (mais tout autant de pauvres dans la mouise). Et viva España!
L'olivier du titre est un arbre centenaire qui a été vendu (avec d'autres) pour 30000€ et éponger quelques dettes, arbre auquel étaient sentimentalement très attachés un grand-père et sa petite fille. La fillette a grandi, le grand-père a vieilli, et est devenu aphasique (ou quelque chose qui lui ressemble). La jeune fille (une rebelle) décide de retrouver le fameux olivier et de le ramener au grand-père pour le guérir.
Le voyage (jusqu'à Dusseldorf) se fera en camion, en compagnie de son beau-frère et d'une jeune ibère ami de la famille transi d'amour pour la jeunette. Road-movie, réseaux sociaux-movie (sk*pe et faceb**k au secours pour rameuter du monde) et finalement gentils écolos manifestant bruyamment devant le siège de l'horrible et méchante et retorse et menteuse multinationale faisant semblant d'être gentille et se rachetant une virginité développement-durabiliste en abritant le fameux arbre tel un bonsaï géant au beau milieu de l'immeuble abritant son siège social (et en l'ayant choisi pour logo)...
C'est en español (sauf la partie dusseldorfienne) donc c'est -forcément, merci les gênes- bien. C'est plutôt bien construit, bien joué, dialogué (avec une bonne dose d'argot español contemporain, ça a dû plaire aux jeunes gens), mais hélas ça se carambouille un peu sur la fin, qui pousse un peu dans le pathos larmichesque à la va-comme-je-te-pleure. Comme chez Keno Loacho, les petits Davidos (campesinos) n'ont pas réussi à vaincre le gros Goliatho de la finance, mais ils n'ont pas, à la fin, quand même tout perdu... Et on pourrait donc envisager une suite, "L'Olivier 2", puisqu'on en aurait les moyens...
(Ce qui est drôle c'est que c'est cette fin, que je trouve lourde et complaisante qui, selon certains critiques, "redonne sa dignité" au film, et le "sauverait" en quelque sorte, alors que pour moi, au contraire, cela eut sans doute mieux fonctionné sans... Mais bon moi je dis ça, hein...)
Et je me suis sauvé dès le début du générique car je n'avais aucune envie d'être pris dans un embouteillage de djeunz. Manque de bol, il y en avait déjà tout autant dans le hall....
Arghhh! Ils arrivent!!

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6 décembre 2016

oeufs au sumac

TOMBÉ DU CIEL
de Wissam Charaf

Il y a des films, comme ça, dont on sait, dès la première image, qu'ils font "partie de la famille". Une reconnaissance immédiate, oui, une complicité évidente, qui font qu'on s'y sent tout de suite bien (la "familiarité"). Par l'image (premier plan : un homme marche dans la neige), par le son (deuxième plan -celui du générique-, un homme s'habille face à son miroir, accompagné d'une rythmique obsédante), par la composition (troisième plan, l'homme qu'on avait vu marcher dans la neige, écroulé dans la rue, est porté par quatre hommes en combinaison verte puis déposé sur le plateau arrière d'une camionnette). Tout va bien, tout concorde, fonctionne, intrigue, séduit, et ça continue, on jubile, on jubile, tout en se demandant si le film va rester aussi bien (ou continuer à nous faire autant de bien) jusqu'au bout.
Ce qui va être le cas. Ce que le réalisateur nous avait introduit comme un "film de mecs" se situe au Liban, à Beyrouth pour être précis, et nous raconte l'histoire de deux frères, (celui qui marchait dans la neige et celui qui s'habille en garde du corps). De leurs retrouvailles (celui qui marchait dans la neige réapparaît au bout d'un certain temps.) Mais ici, point de pathos, ni trop d'explications, non plus. Un humour à froid, qui m'a évoqué immédiatement celui d'Elia Suleïman, impeccable / implacable, un sens du burlesque  minimaliste (Tati tendance Bresson, pour faire court).
Un film gai (le réalisateur nous a dit, lors de la discussion consécutive, qu'on taxait souvent ses films de "films homos", et c'est vrai que la gent testostéronée en occupe bien 98% de la surface filmique habitable, sans que n'adviennent  pourtant ni bisous ni câlins ni caresses, entre nos plantigrades de (p)référence, il faudrait donc plutôt parler de film d'hommes, dans le genre Melville mais en plus ensoleillé et en beaucoup plus drôle) -mais pas gay donc- mais un film triste aussi, une certaine tristesse, un sentiment commun, souterrain, délétère, qui semble affecter la majorité des habitants  -et on les comprend bien-. Des habitants mâles je précise puisqu'on ne voit (presque) qu'eux.
(C'est peut-être aussi ça qui m'a enchanté dans le film)
Comme si le film posait la question "C'est quoi, être un homme, aujourd'hui, à Beyrouth ?" et tentait d'y répondre en observant plusieurs spécimens. A chacun sa façon de. Devenir garde du corps, tenir tête aux voisins en faisant brailler la télé, apprendre l'allemand en lisant mein k*mpf, ressasser les façons (passées) d'exterminer les envahisseurs (passés),  se faire canarder et n'avoir pas plus mal que ça, donner des coups de boule, ressusciter, faire des pompes, tirer au bazooka... Il est question d'hommes, d'individus, mais aussi, et surtout, des relations qu'ils ont entre eux, qu'elles soient familiales, de voisinage, amicales, ou de simple coexistence fortuite dans un même instant et un même lieu. Des interférences testostéronées (c'est plus fort que moi, j'adore ce mot.)
il est souvent question d'armes, et tout aussi souvent de violence, mais il s'agit le plus souvent d'une violence hors-champ, d'une méta-violence. La violence exagérée du slapstick ou du cartoon. Et la métaphore "mon engin / mon calibre" n'échappera pas à tout amateur un tant soit peu éclairé et friand de sous-sous-texte-gay (le film n'est pas du tout à QV, mais on ne le lui demandait pas. Rien que comme ça, déjà, elle est très bien, cette virilitude...).
Le film est court (moins d'une heure vingt) mais dense. Intense. Avec une très jolie pirouette finale. Et j'ai vraiment ressenti la même jubilation que celle générée par Chronique d'une disparition / Intervention divine / Le temps qu'il reste, d'Elia Suleiman (mais que devient-il, au fait ? Rien depuis 2009...)
Le film sortira en mars/avril, et je vous en remettrai une couche à ce moment-là. En attendant, je vais faire mon malin - et me faire plaisir- comme les journalistes des Cahiaîs qui glissent dans leur top 10 un film pas encore sorti...

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l'affiche

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et les photos
(viril, vous dis-je!)

 

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