après/midi
Je l'ai déjà dit et répété, me sens souvent/toujours le cul entre deux chaises, comme si composé de deux moitiés hétéroclites (hmmm homoclites serait plus adapté mais bon) et plus ou moins bien assemblées. Bringuebalantes. Au risque d'avoir le sentiment parfois d'être en train de perdre des boulons.
Mais si vous savez bien blanc/noir, le trivial et le sublime, Jeckyll et Hyde...
Cet après-midi fut ainsi.
(première chaise) J'ai apporté à des amis l'agenda (l'almanach dirait P.) qu'ils m'avaient commandé. J'étais un peu penaud, mais bon ils avaient déjà lu ici-même l'étalage de mes malheurs concernant ce putain de bordel de nom de dieu de merde fichu agenda, alors c'était moins difficile quand on l'a regardé (c'est bien simple, je n'en voyais plus que les défauts).
On a bu du café, et encore du café, et encore encore du café, en mangeant des gâteaux (notamment un gâteau aux noix qui confinait au sublime) et on a surtout beaucoup parlé. On ne se voit pas très souvent alors normal quand on se voit on en profite. Agenda, bozarts, création, subventions, éditions, artiste, métier alimentaire, amitié, tout-venant, écriture, biture, blogs, programmation cinéma, cinquantaine, et j'en passe...
C'est... rassurant, les amis. Quelque chose de si solide, de stable, de durable. Je ne sais pas pourquoi, mais en sortant de chez eux, c'est comme si je repartais avec quelque chose en plus. Oui, comme si j'avais gagné quelque chose. Par rapport au moment où j'étais arrivé chez eux. Quoi, je ne peux pas le dire, mais c'était là, c'est sûr (je ne l'ai réalisé qu'après coup)
(deuxième chaise) j'ai donc repris la voiture et, tiens, voilà qu'elle a tourné toute seule comme une grande à gauche au mauvais endroit, le chemin qui n'allait pas directement à ma maison mais.. ailleurs.
Je suis donc allé ailleurs.
Brouillard, froid, flaques gelées, (ce qu'on appelle un choc thermique) et là plus ni café ni conversation. Du silence (beaucoup) et des regards (parfois) Comme une cour de récréation où on ne serait pas sûr de savoir à quoi on joue ni avec qui on va jouer. Ca rappelle un peu quand on jouait au béret, à l'école primaire. On est deux, face à face, un bras replié dans le dos, et il faut ramasser le béret et regagner son camp sans se faire toucher par l 'autre. Sauf que là, rien à ramasser, et il serait plutôt question de se faire toucher, justement.
Mais j'étais là un peu de loin, en tant qu'observateur plutôt qu'acteur, presque je me regardais faire (et les autres aussi) comme si pour une fois j'avais envie de prendre ça à la rigolade, désinvoltement, comme un môme... Superficiel et léger.
Pourtant il y aurait eu -habituellement- de quoi (de qui plutôt) m'énerver. Les parkings, c'est comme tout lieu social, il ya des inimitiés plus ou moins justifiées mais fortes (et définitives) qui s'y créent. C'est comme ça. Et il y en avait un, justeemnt, celui-là, je l'achèterais pour le battre. J'ai fait comme s'il était pas là.
Dans l'humeur joviale du moment, j'ai lié conversation avec un troll rigolard : bonnet de traviole, large sourire, bon bedon sous pull un peu jacquard destroy, un petit (mais large) routier breton, aimable comme tout, avec qui on s'est dit qu'on aurait pu aller au chaud s'il avait eu davantage de temps... Pas grave, la prochaine fois!
Il a démarré, geste de la main, et coup de warnings en réponse à mon appel de phares. Juste comme j'aime.