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lieux communs (et autres fadaises)
13 février 2006

chhhht!

à bas régime
à basse tension
à feu doux
à moitié
à pas comptés
à petit feu
à voix basse
au compte-gouttes
au minimum
au rabais
au ralenti
cahin-caha
clopin-clopant
dans un murmure
dans un souffle
decrescendo

diminuendo
en convalescence
en chuchotant

en demi-teinte
en économie d'énergie
en hibernation
en petite forme
en solde
en traînant des pieds

imperceptiblement
mezzo voce

par paliers
pas à pas
petit à petit
peu à peu
pianissimo
presque pas
réduit à sa plus simple expression
sur la pointe des pieds
tout doucement

un tout petit peu...

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13 février 2006

strip-tease / pèse-personne

- En arrivant : 72,5
- sans manteau & bonnet : 71,5
- sans chaussures : 70,5
- sans gilet & chemise : 69,3
- sans jeans : 68,3
- sans calbute et sans cho7 : 68
- sans lunettes : ça faisait encore un petit peu moins (67, 9 ou quèqu'chose comme ça, mais comme je n'arrivais pas lire le résultat avec précision, je ne le prends pas en compte, soyons honnête !)

12 février 2006

maison(s)

Retour sur un samedi très "culturel"

Voulu (encore une fois) aller au ciné pour voir "13 tzatemi" (c'est la deuxième fois qu'on me dit qu'il n'y a pas de séance à 14h... mercredi déjà je me suis tapé à la place "le chien jaune de mongolie" en VF, mais là ai préféré faire l'impasse...)

Donc, traîné dans les librairies jusqu'à 17h, puisque j'avais rendez-vous à cette heure-là et que je n'avais pas le numéro de C. pour modifier le susdit rendez-vous. Retourné beaucoup de livres, mais, heureusement rien acheté (quand j'ai pensé à la pile de "livres-achetés-mais-non-lus" qui trône chez moi, ça m'a aidé!)

A 17h, retrouvé C., exacte au rendez-vous (comme d'hab j'étais un poil en retard, elle m'a confié être arrivée un poil en avance...ça s'équilibrait, en somme ! ) Sommes allés sonner chez P. qui organisait dans son appart' une exposition de "boîtes". Sentiment un peu étrange de revenir dans cet appartement où j'ai vécu il y a euh... plus de vingt ans, qui n'a pas vraiment changé, avec tous les souvenirs qui s'y rattachent (tiens faudra que je fasse une liste...) Le travail de P. me touche toujours autant. Dans ces petites boîtes à 10 cases, elle a peint, dessiné, marouflé, déchiré, découpé, collé, agencé, installé, pailleté, bombé, colorié, organisant des espaces minuscules, racontant des histoires sans paroles... Le résultat est plutôt séduisant (j'en ai acheté deux!), spécialement par ce mélange du réel et du figuré, du vrai et de sa représentation, de la recréation de cet univers improbable d'anges, de lutins, d'insectes morts, de figurines...

Puis filé à Gy pour assister à l'ultime représentation de J'ETAIS DANS MA MAISON ET J'ATTENDAIS QUE LA PLUIE VIENNE, de Jean-Luc Lagarce, mise en scène de mon ami Sylvain G. (Faudra bientôt que je me rédige un code de déontologie toponymique pour ce blog. Qui nommer, qui ne pas nommer ? Quand donner le prénom, et quand juste l'initiale ? Y penser...) La salle n'était pas facile (pour la première fois, la pièce n'était pas jouée sur la scène d'un théâtre mais dans une "salle des fêtes") : espace plus vaste, table plus grande, chauffage faisant du bruit pendant toute la représentation et obligeant les comédiennes à davantage porter leur voix... mais , comme d'habitude (c'est quand même la septième représentation à laquelle j'assistais...) le résultat a été au-delà des superlatifs.
D'accord, le texte de Lagarce est superbe (variations féminines autour des thèmes de l'absent, de l'attente, du retour, et des années perdues -car elles furent perdues-...), mais, par le travail de mise en scène, l'exigence de la direction d'acteurs, la subtilité du jeu des comédiennes, le rapport de proximité avec le public, il gagne encore en profondeur, en qualité d'émotion, en précision : je vous le dis, c'est du grand art !
(et comme d'habitude, j'ai fini avec les yeux rouges, on ne se refait pas, n'est-ce pas ?)

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12 février 2006

micro6

Au bord de la route, à intervalles irréguliers, des morceaux de glace brisée éparpillés.

*

Je prends toujours les choses trop à coeur.

*

A St Germain des Fossés, le train s'arrête au moins cinq minutes dans cette gare déserte où personne ne monte ni ne descend.

*

Le bruit de quelqu'un qui coupe du pain par la fenêtre ouverte, sans doute pour donner des miettes aux oiseaux.

*

"Nous sommes de la poussière dans les rainures des parquets de la maison du boss."
(entendu dans un court-métrage)

*

La souffrance amoureuse est littéralement indicible.

*

Donner le change (ou lui rendre la monnaie de sa pièce ?)

*

Sans la retouche esthétique de la neige, le paysage apparaît tel qu'il est réellement : sinistre.

*

Il avait envahi ma vie.

*

"L'objet du désir, au sens commun, est, ou un fantasme qui est en réalité le soutien du désir, ou un leurre."
(Jacques Lacan)

*

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11 février 2006

cocotte-minute(s)

Oui, on est tous des cocottes-minutes.
Des p'tites des grosses des neuves des vieilles des rafistolées des étincelantes des préservées des cabossées...
Chacun avec son petit frichti qui mijote à l'intérieur, plus ou moins riche, plus ou moins épicé, à feu plus ou moins doux, depuis plus ou moins longtemps.
C'est ça le problème : quand le feu est modéré, ça peut cuire très longtemps, lentement, au ralenti, les saveurs se mélangent, ça sent bon, mais si la température devient excessive, la vapeur se concentre se concentre et ça menace d'exploser. Ca devient instable, ça fout un peu la trouille...
Alors, soit on baisse la flamme, soit on laisse sortir la vapeur.
C'est donc ce que j'ai fait (mais je ne sais pas lequel des deux).
Si, finalement, j'ai cru avoir éteint le gaz, mais il me semble que j'ai juste enlevé le petit bitonio qui tourne en faisant du bruit comme une minuscule locomotive un peu coléreuse, et toute la vapeur en trop est sortie. Elle était très chaude, je me suis peut-être un peu brûlé au passage, pendant un moment il y en a eu tellement dans la pièce que je n'y voyais plus rien. J'ai ouvert la fenêtre.

Je ne suis plus sous pression, stricto sensu.
Mais le petit frichti dedans continue de mijoter, à feu doux à feu doux à feu doux...
Hmm... ça sent bon, vous ne trouvez pas ?

10 février 2006

rengaines...

(Réponse(s) à un questionnaire transmis par Tiger... attention, ça risque de vous parler "d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaîiiiiiiiiiiiiiiiiiitreuh...")

La chanson qui vous rappelle un(e) ex
"Don't you go" (John Martyn)
"Happiness" (Lisa Germano)

La chanson qui vous fait rire
"Félicie aussi" (Fernandel)

La chanson qui vous donne la pêche
"C'est comme ça" (Rita Mitsouko)

La chanson qui vous rappelle celui/celle que vous aimez
Pour l'instant, ça serait "Shine on you crazy diamond" du Floyd (mais ça pourrait bien changer!)

La chanson que vous auriez aimé écrire
"Tightrope" (Laurie Anderson)

La chanson qui vous rend nostalgique
"Les regrets" (Alain Souchon)

La chanson qui vous rappelle votre adolescence
"Les gauloises bleues" (Yves Simon)

La chanson que vous aimez d’un artiste que vous détestez
"En l'an 2001" (de Pierre Bachelet)

La chanson que vous admettez aimer honteusement
"Regrets" (Mylène Farmer) (en duo avec J-L Murat)

La chanson dont vous aimez les paroles
"Le 22 septembre", "Les deux oncles", "Le pluriel" (et d'autres encore…) (Georges Brassens)

La chanson avec laquelle vous aimez vous réveiller
En ce moment "Dixit Dominus" de Haendel (oui je l'avoue la musique vocale religieuse me donne une pêche d'enfer) ou, à défaut "O Superman" (Laurie Anderson)

La chanson qui vous rappelle votre enfance
"La plus belle pour aller danser" par Sylvie Vartan (le premier 45 tours entendu à la maison, avec "Chariot" de Petula Clark, mais que j'aimais moins…)

La chanson qui vous fait penser aux vacances
"Le soleil donne" (Laurent Voulzy)

La chanson qui vous rappelle votre meilleur(e) ami(e)
"Something in the way she moves" by James Taylor (P)
"Sex Machine" (James Brown) (E)
La chanson des Stones dont je ne me souviens plus du titre (P) (Paint it black ??)

La chanson qui vous fait pleurer
Ouh lala y en a beaucoup, je suis un genre de madeleine à oreilles. Y en a , des fois, juste avec l'intro j'ai les larmes aux yeux... Par exemple :
"Avec le temps" (Léo Ferré)
"Tant de belles choses" (Françoise Hardy)
"Gypsy" (Suzanne Vega)
"Tightrope" (Laurie Anderson)
"Mercy Street" (Peter Gabriel)
"Tombé pour la France" (Etienne Daho)
"Cold song" (Klaus Nomi)...
"Maxie, Madge, et parfois Dicky Wagner" (David Mac Neil)
(mais y en a d'autres!)

La chanson qui vous fait penser à votre solitude
" Walking and falling" (Laurie Anderson)

La chanson que vous aimez chanter
"Ta Kathy t'a quitté" (Boby Lapointe),
"Azzuro" (Régine)

La chanson qui évoque votre état d'esprit du moment
"
Protection" (Massive Attack), "Being Boring" (Pet Shop Boys), ou, peut-être encore mieux "Mens" (Alain Chamfort)

La chanson que vous détestez par-dessus tout
"Comme ils disent" de Charles Aznavour (arghh ça y est j'ai envie de vomir)

10 février 2006

post mortem

ODETE
de Joao Pedro Rodriguez

O FANTASMA (qui signifie je le rappelle "le fantôme" et pas "le fantasme"), le premier film de ce jeune réalisateur, avait déjà provoqué de vives discussions, et m'avait laissé sur un sentiment mitigé, de fascination troublée dirons-nous, (j'aime bien quand je trouve un réalisateur qui aime et sait filmer les hommes) mais la radicalité et l'extrémisme de la dernière partie du film ne m'avaient pas permis d'adhérer totalement au propos, en tout cas d'en sortir complètement satisfait.

Je dois reconnaître que c'est encore une fois le cas ici.
Il y a dans ODETE deux trames narratives au départ hermétiquement disjointes : Rui, un jeune homosexuel vient de perdre son amant Pedro dans un accident d'automobile. Odete, jeune fille en rollers dans un supermarché, désire maladivement avoir un enfant, mais, pas de chance, son amant (fort appétissant ma foi...) vient juste de s'enfuir, suite à une nouvelle scène de ménage.
La nuit et le jour, le deuil et la naissance, le cimetière et la maternité, difficile de faire plus grand écart, et pourtant Joao Pedro Rodriguez va y parvenir, usant de toutes les ressources d'un scénario tordu, tout cela fusionnant dans une scène ultime qui m'a -une fois de plus- légèrement mis mal à l'aise. (plutôt comme maladresse que comme mal au coeur)
Le réalisateur, c'est indéniable, prend plaisir à filmer les corps de ces jeunes gens nous gratifiant de quelques images délicieuses.Comme le baiser des deux amants en gros plan qui fait l'ouverture du film, le pré-générique, scène infiniment plus sensuelle à mon goût que celle, quasi-identique pourtant -trouvez l'erreur !-  qui  clôture quasiment le film, mais en beaucoup moins fort.
Au couple du début (Rui et Pedro) qui n'en finit plus de se séparer en embrassades passionnées et en attentions exquises (je t'aime tu m'aimes on s'aime etc) mais qui va être séparé illico par la force des choses va succéder le couple d'Odete et de son délicieux ami-dont-j'ai-oublié-le-nom-mais-qui-vaut-vraiment-le-coup d'oeil (oserais-je qualifier cette scène dun tantinet exhibitionniste ? en tout cas j'en redemande...) qui vont être eux aussi séparés, manu militari, d'un commun accord d'Odete. Et le film va continuer ces allers-et-retours entre l'univers de Rui et celui d'Odete.

Le film nous fournit un panorama quasi-exhaustif de la vie homo (le bar, le sauna, le parking, la boîte...), en suivant les pérégrinations plutôt nocturnes de Rui, dans ses tentatives successives de faire son deuil. Ce jeune homme agit comme nous agirions tous en pareil cas, je pense, comme nous pourrions nous comporter dans cette situation de douleur maximale, il agit dirons-nous normalement, alternant douleur et violence, souvenirs et regrets, larmes et coups, recherche désespérée du plaisir et pulsions suicidaires...
Tandis que la demoiselle, l'Odete du titre, nous est présentée dès le début, comme un tantinet déséquilibrée. De par son métier, d'abord, (elle est "patineuse" dans un supermarché) puis par son comportement dans les premières scènes (son obsession de la maternité, sa violence quand elle jette son petit ami tout nu sur le palier, si si!), attitude qui ne va pas se "normaliser" au long du film, bien au contraire... Puisqu'elle oscille perpétuellement entre l'envie de vie (son bébé) et la fascination de la mort (un de ses apports principaux à l'histoire pourrait d'ailleurs se résumer par "tout ce qu'on pourrait bien faire dans un cimetière")

C'est un rideau bleu soulevé par un coup de vent qui va servir de point d'intersection aux deux récits : Odete va s'immiscer (on ne sait pour quelle raison) dans la soirée de veillée mortuaire de Pedro, puis à la cérémonie de l'enterrement, jusqu'à y revendiquer une place dont le spectateur en vient à se demander si c'est bien ou non la sienne. Dans une trame narrative au départ "réaliste", Joao Pedro Rodriguez glisse quelques éléments qui pourraient s'apparenter au surnaturel : les rideaux bleus déjà évoqués, le doigt d'un mort qu'on suce pour lui voler sa bague (hmm Bunuel aurait adoré...), un bouquet d'anthuriums, une tombe transformée en catafalque avec des bougies, un appel téléphonique d'outre-tombe, une grossesse miraculeuse... mais qui à chaque fois peuvent aussi se justifier pragmatiquement.
Non seulement Odete va se déclarer enceinte de Pedro, mais elle  va par celà mettre en route un processus irrévocable , une machinerie minutieuse dont le réalisateur va illustrer les différentes étapes.
Chacune des rencontres entre Rui et Odete est comme un nouveau palier dans cet escalier de l'étrange (des mauvaises langues diraient "du n'importe quoi", mais ce sont des mauvaises langues...) qui met le spectateur à chaque fois un peu plus en déséquilibre, sensible au vertige fictionnel qui fait trembloter l'édifice de la narration. (comme d'un immeuble très haut on hésiterait à se pencher par la fenêtre.)

Pour en arriver, somme toute, à une conclusion du style "l'amour est plus fort que la mort", (oups! d'ailleurs je viens de m'apercevoir que c'est ce qui est écrit en accroche sur le bandeau du film) mais attention, relevée aux épices de Joao Pedro Rodrigues : un peu d'érotisme, un zeste de surnaturel, un poil d'étrangeté, et un je-ne-sais-quoi de... (Comment dit-on too much en portugais ?)

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(ps : tiens pour une fois je trouve que l'affiche est très honnête : on pourrait dire que tout y est.)

9 février 2006

la pharmacienne et le chagrin d'amour

Ca ferait un beau titre de fable, mais ce n'est qu'un post que j'avais commencé de rédiger avant de partir pour Clermont, et qui a ensuite mystérieusement disparu avant d'être enregistré (pourtant, si je me souviens bien, je m'y étais déjà repris à deux fois!...)

Voilà donc ze story, grosso modo.

Je suis  allé voir ma pharmacienne et lui ai demandé "un truc homéopathique pour réguler les émotions". Elle me répond avec un sourire complice "Ah, le soir, des fois, vous avez envie de tout casser ? " (avec petit geste des poings ad hoc)
Moi : "Pas du tout, je serais plutôt au bord des larmes pour un oui pour un non..."
Et là, je pensais qu'elle allait soudain compatir, s'apitoyer, me faire genre un clin d'oeil en murmurant confidentiellement "Hmmm je vois en tout cela comme une maladie de chagrin d'amour..." pour que les autres clients ne puissent pas entendre, et me sortir de dessous son comptoir un genre de remède magique perlimpimpinus 7ch ou chagrinus amouri 50ch...
Pas du tout!
Elle se redresse, me toise en vraie professionnelle et me lâche un "Mais alors, c'est la fatique !" sans appel, qu'elle assortit d'un "Ah lala comme tout le monde en ce moment : manque de lumière mauvaise période de l'année, février...vous manquez de magnésium!"
Moi "Ah bon ? "(mâchoire qui s'affaisse un peu de dépit, j'étais déjà grimpé sur mes grands chevaux mélancoliques échevelés de la passion la plus fougueuse et la plus contaminante, eh bien non, pas du tout ça n'était pas l'amour, que nenni point du tout, c'était juste le manque de magnésium !)
Je suis donc ressorti avec ma boîte d'ampoules sous le bras, et l'injonction de la patronne de "faire le traitement très rigoureusement sinon ça ne servirait à rien" et la promesse vaguement menaçante " Et si ça ne suffit pas, on passera à quelque chose de plus sérieux..."

J'ai donc magnésiumé quasi scrupuleusement à Clermont, et voici le résultat : c'est vrai, je ne suis plus perpétuellement sur ce fichu bord des larmes. mais je ne suis pas du tout du tout sûr que ça ait quelque chose à voir avec le magnésium...

Ceci dit c'est vrai que ce moment est pour moi (et visiblement aussi pour d'autres) un sale moment de l'année. Quand j'étais plus jeune, c'était novembre, mais, depuis pas mal de temps, c'est indiscutablement février le mois le plus épouvantable le plus dégueulasse de l'année (heureusement en quelque sorte, que c'est le plus court aussi!)
Saloperie de février!

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9 février 2006

les autres

       " On lutte contre sa propre superficialité, son manque de profondeur, pour essayer d'arriver devant autrui sans attente irréaliste, sans cargaison de préjugés, d'espoirs, d'arrogance ; on ne veut pas faire le tank, on laisse son canon, ses mitrailleuses et son blindage ; on arrive devant autrui sans le menacer, on marche pieds nus  sur ses dix orteils au lieu d'écraser la pelouse sous ses chenilles ; on arrive l'esprit ouvert, pour l'aborder d'égal à égal, d'homme à homme comme on disait jadis. Et, avec tout ça, on se trompe à tous les coups. Comme si on n'avait pas plus de cervelle qu'un tank. On se trompe avant même de rencontrer les gens, quand on imagine la rencontre avec eux ; on se trompe quand on est avec eux ; et puis quand on rentre le soir, et qu'on raconte la rencontre à quelqu'un d'autre, on se trompe de nouveau. Or, comme la réciproque est généralement vraie, personne n'y voit que du feu, ce n'est qu'illusion, malentendu qui confine à la farce. Pourtant comment s'y prendre dans cette affaire si importante - les autres - qui se vide de toute la signification que nous lui supposons et sombre dans le ridicule, tant nous sommes mal équipés pour nous représenter le fonctionnement intérieur d'autrui et ses mobiles cachés ? Est-ce qu'il faut pour autant que chacun s'en aille de son côté, s'enferme dans sa tour d'ivoire, isolée de tout bruit, comme les écrivains solitaires, et fasse naître les gens à partir des mots, pour postuler ensuite que ces êtres de mots sont plus vrais que les vrais, que nous massacrons tous les jours par nôtre ignorance ? Le fait est que comprendre les autres n'est pas la règle, dans la vie. L'histoire de la vie, c'est se tromper sur leur compte, encore et encore, encore et toujours, avec acharnement, et, après y avoir bien réfléchi, se tromper à nouveau. C''est même comme ça qu'on sait qu'on est vivant : on se trompe. Peut-être que le mieux serait de renoncer à avoir tort ou raison sur autrui, et continuer rien que pour la balade. Mais si vous y arrivez, vous... alors vous avez de la chance."

( "Pastorale américaine" Philip Roth)

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7 février 2006

communiqué

La dépêche d'agence vient de tomber à l'instant :

"L'affaire *** est considérée comme définitivement close à compter de cet instant précis.
Nulle et non avenue. Il ne s'est rien passé, circulez y a rien à voir."

(et -paradoxalement- je dois reconnaître que j'en ressens un certain soulagement)

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