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lieux communs (et autres fadaises)
21 février 2006

chaleur et poussière

LA TRAHISON
de Philippe Faucon.

Vu samedi après-midi cet excellent film.
Nous étions, dans cette salle du bôô cinéma, une petite dizaine à la séance de 16h (bizarrement que des troisième âge et je pestais en pensant aux millions de veaux qui se bousculent pour voir les bronzés 3 mais bon ceci est une autre histoire.)
La guerre d'Algérie vue "de l'intérieur", à hauteur d'homme, par le petit bout de la lorgnette, à travers le quotidien d'une compagnie (d'un régiment ? je ne suis pas très au fait de ce vocabulaire... ah ça serait peut-être une division, non ?)
Il s'agit de l'adaptation du roman autobiograhique du même nom de Claude Sales, en 1989, et Philippe Faucon nous fait partager le quotidien du sous-lieutenant Roque et de ses hommes. Fuyant le sensationnel, les "scènes à faire" il sait rester sur un mode "mineur", son observation quasi-documentaire se doublant d'une extrême proximité avec les protagonistes de cette Trahison (le titre en fait aurait pu être mis au pluriel, tant il est de multiples façons de l'interpréter). Soldats français, soldats algériens combattants avec les soldats français, population algérienne, paras, harkis, fellaghas, tout ce microcosme inextricable s'agite et se débat convulsivement dans une atmosphère plutôt tendue.
Cette guerre a -jusqu'ici- été suffisamment peu montrée au cinéma pour qu'on puisse considérer qu'effectivement c'est un sujet qui dérange, une poignée de sable du désert qui vient gratter la bonne conscience historique nationale. Et le film est d'autant plus fort qu'il souhaite rester simple , (dans sa forme et dans son propos), j'entends par là garder une certaine objectivité, une forme de neutralité, évitant le manichéisme , qui est bourreau qui est victime, qui a tort qui a raison, qui trompe qui et qui se trompe... là n'est pas vraiment le propos du réalisateur.
C'est vrai que le film est plutôt dégraissé, épuré, dépouillé (ascétique ont écrit certains) et c'est bien ce qui fait sa force. 1h20. Rien de trop, rien en trop. Chronique profondément humaine (l'affiche à ce propos ne rend pas vraiment justice au film, accentuant plutôt à tort le côté militaire/guerrier) loin des épopées braillardes et belliqueuses qui sont habituellement le lot de ce genre de production, amour sacré de la pââââtrieeeeeu, LA TRAHISON ne choisit pas, et prèfère se poser en constat.
Attention, on n'est pas non plus dans BEAU TRAVAIL (que j'ai beaucoup aimé, mais pour d'autres raisons...) et la stylisation esthétique du corps des hommes en treillis. Il s'agit d'une observation, au quotidien (le film d'ailleurs, comme un agenda, situe régulièrement, les lieu et temps de l'action.) tant des faits (fouilles, arrestations, interrogatoires, attentats...) que de tout ce qui peut se passer dans la tête de ces hommes (relations humaines, amitié, confiance, doute, inquiétudes, conflits d'intérêts...)
Un beau travail sur la couleur (c'est vrai que le kaki des uniformes se marie parfaitement avec les ocres et les bistres du désert) vient rehausser encore esthétiquement le réalisme de cette histoire, à laquelle Vincent Martinez sait apporter une note étrange et personnelle.
Beau travail, oui...

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20 février 2006

bits & pieces

(dans la série "rions un peu avec notre dictionnaire analogique"...)

abattu
abîmé
accablé
affligé
anéanti
annihilé
blessé
bouleversé
brisé
broyé
cabossé
cassé
crashé
déchiqueté
déchiré
décomposé
déconstruit
découragé
démantibulé
démonté
désagrégé
désespéré
désintégré
désolé
détruit
disjoint
disloqué
en miettes
en pièces
ébréché
éclaté
émié
éparpillé
épuisé
éreinté
érodé
explosé
fêlé
fendu
fini
foutu
fracassé
fracturé
fragmenté
froissé
harassé
hors-service
hors d'usage
lézardé
meurtri
morcelé
pulvérisé
ratatiné
scindé
terminé

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(retour de la veine saumâtre ? non non juste exercice de style dirons-nous...)

19 février 2006

petits bonheurs

En allant faire mes courses dans une grande surface, je passe en bagnole devant le Super U, où le carburant est affiché à 1,10€ le litre, baisse soudaine  de dix cents qui m'étonne et me fait me dire tiens j'en prendrai tout à l'heure. Arrivé à l'autre grande surface, ce même litre est toujours à son ancien prix : 1,19€. Je fais comme j'ai dit, et, en repassant un peu plus tard devant le Super U, je fais donc le plein, en réglant au préalable avec ma carte bleue. 45 litres à 1,10€.
A peine ai-je fini que la dame de la station sort de sa guérite et va à la borne des prix qui surplombe les pompes, modifiant illico le prix des carburants. Qui passe sous mes yeux, tandis que je redémarre, de 1,10€ à 1,19€. J'ai donc économisé (je fais le calcul dans ma tête) 45 x 0,09 = 4,05 €. C'est toujours ça. Pas mal pour un samedi!

*

Tandis que je marchais dans la rue piétonne, mon regard croise, sur le trottoir d'en face, celui d'un jeune homme en bonnet, avec un sourire d'une oreille à l'autre. Je le regarde, il me regarde, toujours souriant. Je m'arrête, il traverse la rue et vient vers moi, toujours le sourire aux lèvres, me serre la main avec un "Salut Bart, alors quoi de neuf ?"
Je ne m'appelle absolument pas Bart, je réalise qu'on ne se connaît pas et qu'il m'a pris pour quelqu'un d'autre. Je pense qu'il le réalise aussi, mais toujours en souriant. On se sépare sur une poignée de mains.

*

Mon ami Philippe m'envoie son courrier du lecteur n°33, et j'y trouve deux extraits qui me donnent envie de lire le(s) bouquin(s) correspondant(s) : ceux de Hubert Mingarelli (Une rivière verte et silencieuse) et de Jens Grøndahl (Bruits du coeur)

*

L'autre soir, lors de cet exquis repas de moules-frites chez des amis, je retrouve le plaisir (un peu adolescent, après deux kirs...) d'écouter au casque, égoïstement, un morceau de musique, pendant que le son des haut-parleurs est coupé et que les autres poursuivent ainsi leurs conversations. Dans ma bulle sonore, il y avait Tombé pour la France version maxi, écouté, bien entendu, très fort.

*

Deux choses qui m'ont beaucoup fait rire, dernièrement :
- la pub pour Canal+, vue deux fois au cinéma, où un mec raconte à sa copine, à la cantine, La Marche de l'Empereur (le film) et où on voit ce qu'imagine la nana par rapport à ce que lui raconte le monsieur. j'ai trouvé ça irrésistible...
- la liste de courses (fake, of course !) des cow-boys de Brokeback Mountain, que j'ai trouvée . J'avoue, j'ai trouvé ça très bête, mais vraiment à pisser de rire...

*

Le jeune monsieur, qui, sur la place, se précipite vers moi en me demandant de lui rendre un grand service. Il s'agit de le descendre en ville, il a un rendez-vous important avec une dame des Services Sociaux,  en face de la Sécu, et il a peur d'être en retard. Il est environ 15h et il me dit qu'il vient de se réveiller... Dans la voiture, il parle beaucoup, il en a besoin, je le sens un peu véner contre sa femme en particulier, et contre le monde en général. Il me demande plusieurs fois mon prénom, l'oublie à chaque fois, tutoie, vouvoie, re-tutoie, et finit la conversation en répétant à voix de plus en plus basse mais c'est pas grave mais c'est pas grave mais c'est pas grave. Il n'arrête pas de me remercier. Je le dépose, poignée de mains, à la prochaine... (J'aime bien rendre service.)

C'est grave, docteur ?

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18 février 2006

giboulées

Vacances, vacance... cet état bienheureux.

Février s'égoutte, s'écoule, et c'est tant mieux. S'épanche (météo) en dirait-on de violentes averses de larmes suivies d'un déchirement silencieux dans les nuages lorsqu' y apparaît soudain un ciel bleu tout neuf, lavé de frais. Allumé, éteint, et puis ça recommence, couvercle du ciel refermé, plus de lumière, on étouffe, et pluie à nouveau qui tambourine, pluie pluie trop de pluie.
Météo qui souffle le chaud et le froid comme qui dirait.
Plutôt le mouillé et le sec.
Du coup c'est mouillé partout, dans l'herbe et ailleurs (les accotements, bref les bords de route) et voici qu'à nouveau réapparaitrait chez moi comme une collection de chaussures boueuses. Le sol est détrempé, si on ne fait pas attention (et la nuit notamment) on barbote dans les flaques, on s'enfonce dans la boue sournoise, dont on ne parvient à décoller ses chaussures qu'avec des bruits répugnants de limace, de succion (et le lecteur se demande mais que fait-il donc à marcher dans la boue dans la nuit ?)
Avec tant d'eau, j'ai du mal à comprendre qu'on me parle de déficit au niveau des nappes phréatiques.
La pluie, tant de pluie (demander pourquoi tant de pluie ? comme on demanderait pourquoi tant de haine ? et le maître des cérémonies météo, là-haut, nous répondrait peut-être , avec un demi-sourire énigmatique Nothin' personal, you know...)
Bref il pleut, puis pas, puis re, comme des saisons en accéléré, comme des vélléités de printemps, de soleil, de douceur, qu'on tenterait d'étouffer dans l'oeuf non non y a pas de raison, c'est bien trop tôt, faut qu'y z'en chient encore un peu avec l'hiver, hé!
Alors "on" nous en remet une couche.
Mi-février parfois comme fin mars, parfois comme mi-novembre. On apprend la patience. Le bout de ciel bleu rapidement entrevu est comme le chiffon rouge agité sous les yeux du taureau. Une provocation destinée à faire réagir.
Tourner encore un peu dans la cage, alors, et regarder le ciel et se dire que bientôt. Faire comme si.
C'est vrai, j'ai besoin de lumière (...)

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17 février 2006

d'hommages...

13 TZAMETI
SAUF LE RESPECT QUE JE VOUS DOIS
BUBBA HO-TEP

Ne croyez pas tout ce que racontent les médias ! Elvis Presley (le vrai, Ze King) n'est pas mort du tout : il se ratatine dans une maison de retraite à Mud Creek, et il a une excroissance sur la bite. (C'est lui-même qui le dit !).  John Fitzgerald Kennedy a bien été abattu a Dallas, mais il a été réincarné dans le corps d'un papy black, lui aussi en maison de retraite ! Et quand on vous dit que les vieux tombent comme des mouches, ce n'est pas la canicule, non non, c'est une momie qui vient se nourrir de leurs derniers souffles vitaux. Ce joyeux n'importe quoi est le point de départ du réjouissant BUBBA-HO-TEP, de Don Coscarelli , sorti aujourd'hui (mais pas pour longtemps je pense! Une première semaine avec juste une séance quotidienne à 22h, ça signifie en général pas de deuxième semaine du tout! en plus on était cinq dans la salle (dont un délicieux petit barbu qui distribuait des michoko...)

C'était la dernière étape, la cerise on the gâteau d'un après-midi très ciné-friendly, puisque j'y avais vu précédemment (et successivement) 13 TZAMETI de Gela Babluani et SAUF LE RESPECT QUE JE VOUS DOIS de Fabienne Godet. S'enquiller trois films d'affilée, hop hop hop, comme on goberait coup sur coup 3 cachetons contre le mal de tête... Gourmandise ? Boulimie ? Juste les hasards de la programmation dirons-nous (et p't'être un je-ne-sais-quoi de nostalgie de festival, peut-être aussi !)

Le premier, donc,  m'a laissé un peu perplexe, un truc viril (bourrin ?) en noir et blanc juste-comme-j'aime, un truc ludique mais qui rigole pas (genre les films de truands, les polars des années cinquante, ceux où on plaisante pas avec les codes de l'honneur, où les demoiselles sont là juste pour faire joli, où on se la joue mâle-grave-sa-race-je-suis-un-dur-un-vrai-tâte-mes-muscles-et-renifle-un-peu-mon-tshirt-hein-on-est-pas-des-gonzesses-con, un truc un peu surprenant, mais pas toujours prenant, un truc un peu faisandé au niveau de l'intrigue mais bon les bronzés 3 hein..., bref un truc qui se laisse voir sans réel déplaisir, mais qui se la pète un peu trop peut-être pour complétement fasciner. Comme un gamin qui aurait mis le costard et les pompes de son papa et qui prendrait un air méchant pour nous en mettre plein la vue. Trop petit mon ami. Question de pointure, quoi. Attendons donc le film suivant de ce jeune homme  pour nous prononcer définitivement...

Le deuxième m'a laissé un peu sur ma faim. Portrait d'un homme en pleine désagrégation (le toujours excellent -à mon goût- Olivier Gourmet) qui commence plutôt pas mal, mais bifurque violemment à mi-chemin du constat social (la vie dans l'entreprise, ses joies et ses peines...) au fait-divers polardeux et se prend un peu les pieds dans le tapis, et c'est dommage. Les acteurs sont excellents (mention spéciale à Marion Cotillard, saisissante en "asociale" et au toujours mimi Jean-Michel Portal (là c'est forcément subjectif), et juste deux petits regrets concernant Dominique Blanc, hélas sous-employée, dans un rôle un peu trop bobonne-en-mineur et Julie Depardieu, un peu sacrifiée aussi) Si la première partie est nickel, la deuxième déçoit, ça manque de rythme, ça se ramollit, et hélas plus on va vers la fin et plus ça freine, plus ça n'en finit plus de finir. Oui, dommage...

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16 février 2006

clermont/besac & back

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16 février 2006

naturellement...

LE NOUVEAU MONDE
de Terrence Malick

Vu mardi soir l'avant-première du nouveau film de Terrence Malick : LE NOUVEAU MONDE. Malgré la V.F , suis encore sous le charme...
Depuis LES MOISSONS DU CIEL, je savais que cet homme sait parfaitement filmer la nature, mais là, carrément, ça dépasse les bornes : chaque plan est sidérant de beauté. Carrément.
Partant d'une histoire vraie (qui finalement n'a que peu d'importance, à part celle d'illustrer parfaitement la position du réalisateur sur "le sauvage / le civilisé") celle de la princesse Pocahontas (non, non, je vous en prie, ne vous enfuyez pas déjà en hurlant et en lacérant vos vêtements de désespoir... ici pas de jérémiades ni roucoulades ni mélopées sucrées, on n'est pas chez W.D! d'ailleurs son prénom ne sera même jamais prononcé dans le film... "Princesse" c'est mieux, non ?) et de John Smith, un aventurier chevelu barbu tatoué (ouahhh Colin Farrel confine ici quasiment au sublime dans l'archétype viril... allez, je remonte ma mâchoire qui risque ici une dislocation texaveryenne)

Il est anglais, elle est indienne, c'est un soudard, elle une princesse, tout les sépare, et pourtant (hmmm finalement c'était pile poil un film à voir en ce 14 février, non ? ) ben oui, ils vont s'aimer (et qui s'aime le vent...)
La réussite du film tient sa conception même : le récit proprement dit (grosso modo partagé en quatre : l'arrivée / le camp indien / le fort anglais / le retour au pays... trame qui rappelle d'ailleurs curieusement celle du précédent film de l'auteur : La ligne rouge, ça vous dit quelque chose ? ),s'il progresse suivant une chronologie et une narration peu ou prou rectilignes (l'histoire, je l'ai déjà dit est connue et a déjà été "vulgarisée" par ailleurs, mais là n'est pas le plus important...), est sans cesse  illuminé, déformé, magnifié, contaminé, par les autres éléments filmiques : le traitement des images et celui de la bande-son (j'ai un peu le sentiment d'enfoncer des portes ouvertes et d'égrener des lieux communs, mais je suis incapable de l'expliquer mieux que ça!)

Les colons anglais ont débarqué dans ce "nouveau monde" où vivent des "bons sauvages" avec qui ils vont tenter de cohabiter -par la force des choses- dans un premier temps, avant de retomber dans leurs petits travers habituels, violence, massacres, etc... Dès les premières images, on retrouve (dans ce format gigantesque qu'il utilise si bien) le goût de Malick pour les éléments naturels (l'eau, le vent, la lumière, les herbes qui frémissent, les nuages qui bougent). tout lui est bon pour nous émerveiller : la mer, la végétation, la forêt, le ciel, chaque plan est extraordinairement, maniaquement, précieusement, composé et filmé. Plus d'une fois , ébloui, bluffé, on se dit mais comment il a pu parvenir à filmer ça ?
Dans ce décor édénique , il a bien fallu placer des protagonistes (des antagonistes, même!) à ma droite les casques, les armures, les poulaines et les haut-de-chausses (un peu ridicules, il faut bien le reconnaître) de nos braves colons anglais (qui vont progressivement devenir de plus en plus hirsutes et dépenaillés au fur et à mesure que leur situation se précarise), et, en face nos valeureux amis indiens, tout en muscles, peintures tribales, grâce féline, plumes et petits pagnes en peau de bête...

Où il est ensuite question de choisir son camp. John Smith, envoyé en expédition, se retrouve "prisonnier" des indiens, et va vivre parmi eux quelques mois qu'il qualifiera rétrospectivement de "rêve". Cette partie du film est d'ailleurs quasiment filmé en tant que tel : accumulation de couleurs, de textures, de sensations contradictoires, montage nerveux... Par opposition, son retour au fort anglais fait l'effet d'un bain saumâtre : tout n'est que boue, flaques, moisissure, décomposition, misère... Les pauvres colons y sont décimés par la la famine, les épidémies, et surtout ces terriblement habituelles maladies humaines que sont l'ambition, la jalousie, la violence... A l'épisode "John Smith chez les Indiens" va succéder son symétrique "Pocahontas chez les colons", où comment apprendre à revêtir une stricte robe boutonnée presque jusqu'aux yeux, marcher avec des chaussures, bref se comporter en "civilisée", hélas.

Tout au long de cette histoire (dont je ne vais pas tout tout vous raconter ) courent , en contrepoint, les voix off des deux amants (et même une troisième, un peu plus tard dans le récit) qui se répondent mais sans véritablement dialoguer. il ne s'agit pas d'un commentaire ou d'un résumé de l'action (sauf dans le cas de la troisième voix off), il s'agit plutôt d'un discours intérieur tout en souvenirs, interrogations, frémissements, exactement le genre de choses qu'on a dans la tête lorsqu'on est amoureux... si si ! Tout ça enchassé (j'avais écrit enchanté !) dans une musique somptueuse, ample (quelqu'un a écrit élégiaque, ça me semble assez juste, d'autres ont dit trop présente, là je ne sais pas) quelque part entre la Pastorale de Beethoven et les draperies sonores de Phil Glass. Sans oublier la bande-son, extrêmement présente, prégnante, à chaque instant, minutieusement travaillée (à ce propos, restez jusqu'à la fin du générique, c'est délicieusement apaisant..), comme un catalogue grandeur nature (vive le dolby !) de tous ces bruits, chants, sonorités qui composent un paysage...

Un seul regret, tout de même : la partie finale, du récit (en Angleterre) fait certes un peu grise mine après les magnificences d'avant, mais surtout, elle semble pressée, déséquilibrée. Le film, annoncé comme très long ne dure en réalité que deux heures et une dizaine de minutes... Y aurait-il un peu de coupe sauvage pour le "formater" (et gagner ainsi une séance par jour ?  ces gens-là ont parfois je vous jure des calculs un peu sordides...) On a le sentiment que tout ça est un peu expédié, on vous résume en quelques phrases ce qui arrive à un tel et à une telle, et hop, c'est plié, bâché, générique! Par bonheur, il est superbe... On en ressort apaisé, flottant, rasséréné... Merci Monsieur Malick!

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15 février 2006

pour G.B

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14 février 2006

cupidon s'en fout

Pfff... même pas mal!
En ce jour précis, je veux dire, là, maintenant, en ce jour rose ovairedose de coeurs de roucoulades de serments z'éternels (Est-ce un effet de mon imagination mais cette année il me semble qu'on nous a encore plus bassiné avec ce truc que les autres années, non, qu'on fait vraiment le forcing pour essayer  de nous fourguer tout le fond de commerce mon chéri/ma chérie je t'ayme tant et si fort avec ma carte bleue (avec tout ce rose, ça fait une moyenne !) à moins que... ah oui d'accord ok ok ok les circonstances fassent que j'y sois cette année plus sensible que d'habitude, autant pour moi.)
Bon et c'est reparti les gémissements  et c'est trop inzuste et pourquoi les autres et pas moi... En ce jour rosissime, voilà que je vais faire mon oeil noir et ma lippe pendante ? Comment ça crient les gens, qu'est-ce qu'il a çui-là ? il est pas heureux ? il est pas amoureux ? Il a pas acheté son tit bouquet ?
Ben non.
Et finalement, pourquoi pas ? On fête bien la St Valentin, pourquoi on ne consacrerait pas un autre jour à fêter la St Caliméro ? On s'offrirait des moitiés de coquilles d'oeuf pour se mettre sur la tête, on s'échangerait des plumes noires du plus corbeautesque effet, on chouinerait toute la journée...

Ca pourrait être bien, non ?

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14 février 2006

cinématographies (deux)

(suite)

On est à présent au milieu des années soixante-dix (1974 pour être plus précis) j'ai désormais un salaire, et je suis majeur, deux éléments qui font désormais de votre serviteur un jeune homme financièrement et culturellement indépendant. Je vais donc au cinéma souvent, avec appétit, avec curiosité, avec boulimie, il y a à ce moment là quatre salles de cinéma dans la ville où j'habite, et je continue à construire ma cinéphilie de bric et de broc. Je vais voir "ce qui sort" (nanars français, comédies, films "d'auteur", films d'horreur, grosses machines grand public etc...) ou plutôt "ce qui passe" !
Je continue de fréquenter le ciné-club du centre social (qui ne va pas tarder à s'arrêter, hélas) , je lis des revues de cinéma , mais je ne profiterai plus de la télévision  qu'exceptionnellement (je quitte la maison en 74), pour voir un "inratable" chez des amis qui l'ont , à droite à gauche.
En juin 76, je suis au Festival d'Avignon , mais plutôt que le théâtre ou la danse (je rate, à l'époque, sans le savoir, la création de Einstein on the Beach...) je continue de creuser mon sillon cinématographique il y a des salles qui diffusent toute la journée (de 10h du matin à minuit, si je me souviens bien ) des films que j'ai envie de voir. Je découvre la (puis les, au fil des ans, on ira jusquà trois!) salle Utopia, où je passe le plus clair de mon temps.
Un ami cinéphile de l'époque me fait découvrir Wim Wenders, dont on fait alors une rétrospective (mais dont je n'ai jamais entendu parler) : AU FIL DU TEMPS (Im Lauf der zeit) est pour moi un énorme choc : plus de trois heures, en noir et blanc sous-titré, une chronique amicale et déambulatoire à travers l'allemagne, je suis sous le charme. (Euh si je me souviens bien, c'est aussi là que j'ai vu mon premier kiki de monsieur au cinéma...) Wenders deviendra alors un de mes premiers cinéastes de chevet (et je l'y garderai longtemps, d'ailleurs!)

Je me mélange un peu dans les dates, mais, les années qui suivront, ayant enfin obtenu le permis de conduire et la bagnole qui allait avec, me voilà doté d'une autonomie supplémentaire qui me permet d'aller jusqu'à Besançon, où il y a -à l'époque- des cinémas partout!
C'est l'époque la plus riche pour moi, je découvre des films qui me ressemblent, qui me touchent, qui me plaisent, qui me construisent peut-être aussi d'une certaine façon, et qui me marquent de façon durable : CRIA CUERVOS de Carlos Saura, L'AMI AMERICAIN de Wim Wenders, BAROCCO d'André Téchiné, TROIS FEMMES de Robert Altman, POURQUOI PAS de Coline Serreau (celui-là peut-être pas juste sur des critères ciné !)... Mes goûts s'affinent, se précisent, parfois un peu paradoxalement : cinéma dit "d'auteur" (art et essai, ciné-club, sous-titres ) mais dans le même temps une certaine fascination pour le cinéma-bis et surtout les films d'horreur,  fantastiques, d'épouvante, (toujours eu du mal à comprendre ses différentes classifications): La nuit des morts-vivants, L'exorciste, Phantasm, La nuit des masques, Suspiria,etc ...

A l'époque, le cinéma européen (j'y range aussi la Suisse!) est florissant : Carlos Saura, Victor Erice, Ettore Scola, Luigi Comencini, Dino Risi, Alain Tanner, Michel Soutter, Claude Goretta, Patricia Moraz, Chantal Akerman, Wim Wenders, Rainer Werner Fassbinder, Werner Herzog, Werner Schroeter, Daniel Schmidt, réalisent régulièrement des films, chaque pays voit éclore ses jeunes talents, il ya partout comme une effervescence, un renouveau, et on assiste, attentif, ému, à cette explosion tous azimuths qui hélas ne va pas durer très longtemps, ni, en tout cas, totalement justifier tous les espoirs qu'elle avait alors pu susciter.
Dorénavant je vais aussi de temps en temps à Paris, voir quelques incunables ou "pointus/pointus" qui ne sont pas "parvenus jusque chez nous", le parc de salles local (Vesoul et Besançon) commence à péricliter, les salles ferment les unes après les autres (adieu le Rex, le Stella, le Majestic, le Vox, l'Abc, Le Building, le Paris, Le Montjoye, le Central, la Coupole, le Vauban, le Pax, le Lux, le Styx...) Adieu le temps béni !

Une nouveauté a fait son apparition : le magnétoscope (et les vidéo-clubs !) De temps en temps, avec un groupe d'amis, on organise des "nuits-vidéos" (on va louer des films ET le magnétoscope, puisqu'à l'époque personne encore d'entre nous n'en possédait !) où chacun choisit "son" film qu'il a envie de voir, de revoir, ou de faire découvrir aux autres (avec discussions passionnées à la clé, nuits blanches et café à gogo, mais des fois c'est vrai on piquait un peu du nez au film de 2h du mat!) Le clivage apparaît chez les amis, à propos du cinéma : ceux qui aiment "vraiment ça" et les autres...

Au milieu des années 80, me voilà muni de ce qu'on appelle un "bon bagage cinéphilique". J'ai déménagé, j'habite à Gray, et me rends donc régulièrement à Dijon (pour le cinéma!) où je retrouve par hasard une ancienne fondatrice des cinémas Utopia, rencontrée à Avignon bien des années plutôt, elle est désormais directrice de deux salles, on sympathise, et je passe mes mercredis et mes week-ends à bouffer du film. Ma consommation augmente quasi exponentiellement, je vois alors plus de 100 films par an (dont je vais, à partir de 1990, me mettre à tenir à jour la liste dans un "carnet vert" que m'offrit alors une amie) et vont s'y ajouter ceux que je fais enregistrer par l'assistant de ma copine (qui a Canal+ et un scope) :
la collection démarre...

au_temps barocco ami_americain pourquoi_pas suspiria

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