LES SÉMINARISTES
de Ivan Ostrochovský
1) Derrière ce titre peu affriolant se cache une merveille de film. Plastiquement c'est -vraiment- somptueux : noir et blanc intense, format 4/3, travail méticuleux sur le son, éclairages et cadrages hyper-soignés, oui, sans doute un des plus beaux films que j'ai pu voir cette année (merci Hervé!) (les hasards de la programmation nous font afficher deux films en noir et blanc la même semaine, c'est dire si, moi qui aime tant ça, les films en noir et blanc, j'ai été parfaitement comblé).
MAIS deux petites choses m'ont empêcher d'apprécier pleinement ce film cinglant (ou, en tout cas, de l'apprécier encore plus) : d'abord le sommeil (qui est arrivé quasiment dès la première image!), ou plutôt ces micro-endormissements (de l'ordre souvent de quelques secondes) qui vous font soudain ouvrir l'oeil et vous dire "ah tiens, là, j'étais en train de dormir un peu..." on se concentre, on se pince un peu -dans l'espace entre le pouce et l'index-, on tente de lutter mais rien n'y fait les yeux se re-ferment : film /noir / film / noir, jusqu'au moment où votre cerveau décide de vous libérer, et vous voilà réveillé, fringant, mais de l'eau a coulé sous les ponts du film, et il faudra souvent ramer pour réussir à se remettre à flot du récit (on aura forcément manqué des éléments essentiels), et, justement, la deuxième chose (cf début du §), c'est le récit lui-même, à propos des accointances entre l'Eglise et le pouvoir politique (communiste) dans la Tchécoslovaquie des années 80, avec ses instantanés d'apparatchiks saisis sans pitié comme autant de vieux reptiles préhistoriques et répugnants clignant des paupières dans la lumière des phares, déjà pas très sexy en lui-même, mais rendu du coup quasiment incompréhensible par ce que j'en avais manqué lors de mes endormissements.
Je l'ai donc regardé, ce film, passionnément, comme j'aurais pu, en son temps, regarder, par exemple L'année dernière à Marienbad (tiens, encore un grand film en noir et blanc!), sans jamais comprendre tout à fait ni ce qui s'y disait, ni ce que s'y disaient ses différents protagonistes.
A noter dans le film la présence de l'imposant Vlad Ivanov, acteur roumain multi-vu (et toujours autant apprécié), notamment dans Les Siffleurs (2019), Baccalauréat (2016), Dans la brume (2012), Le voyage de Monsieur Crulic (2011), My Joy (2010), Policier, adjectif (2009), de la Roumanie jusqu'à l'Ukraine, c'est dire...
2) Ca m'avait vraiment agacé d'en avoir perdu autant, et, donc, j'y suis retourné, le lendemain, à 16h, accompagné de Catherine, que mon enthousiasme avait finalement réussi à décider. Cette fois je n'en ai pas perdu une miette, et j'ai pu remplir les blancs que mon sommeil avait créés. Et j'ai réalisé qu'il m'en manquait pas mal, surtout au début, du simple intertitre ("143 jours avant"), durée, une seconde, jusqu'à des scène beaucoup plus conséquentes (jusqu'à quelques minutes), avec l'intense plasir d'avoir, cette fois, tout vu, mais, même en ayant tout vu, subsistaient encore des interrogations (notamment à props de l'organisation Pacem in Terris) et toujours aussi le sentiment d'avoir vu un film brillantissime (en même temps que, paradoxalement, plutôt opaque, bref un genre de trou noir cinématographique). Et encore plus content de voir que Catherine et Claude W. (qui assistait aussi à la séance) étaient du même avis que moi.
photos au format du film
l'affiche
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