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lieux communs (et autres fadaises)
19 septembre 2022

réparation

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REVOIR PARIS
d'Alice Winocour

Un film qui suscite le débat, en tous cas la diversité des opinions (entre le catégorique "de toute façon je n'irai pas le voir" de D., le "il y a des scènes où je me sentais de trop, où je n'avais pas envie d'être là" d'E., le "j'ai trouvé ça fade" de F., et le "absence totale de ressenti et d'émotion" de P., tout un arc-en-ciel de, justement, ressentis).
J'y suis allé lesté d'un a priori très négatif (dû à l'avis de P. qui venait justement de le voir), avec Catherine (et un certain nombre de dames, dans la salle à part moi il n'y avait qu'un seul autre monsieur) et j'avoue, dès le départ,  m'être laissé embarquer par le film, par Virginie Efira, par l'évocation de l'attentat, et des conséquences produites sur ceux qui en avaient fait partie, par la recherche d'un inconnu en guise de tentative de reconstruction, par l'intéressant travail sur le son, par l'attention portée aux personnages.
Plus le film avançait et plus j'étais dedans (et moins je comprenais les réticences de P.), et quand les lumières se sont rallumées, les yeux de Catherine m'ont confirmé ce que j'avais perçu, qu'elle avait pleuré, je lui ai dit que je l'avais entendue, et elle m'a dit que non seulement elle m'avait aussi entendu renifler (la scène finale, c'est vrai) mais qu'elle avait aussi entendu son voisin (l'autre monsieur) sangloter...
Visiblement, de l'émotion, il y en avait...
Il est donc question d'une jeune femme, à moto, qui à cause de la pluie (et de son compagnon qui l'a plantée là fort peu diplomatiquement, tiens revoilà Grégoire Colin, dans un rôle pas vraiment plus sympathique -ni souriant- que celui qu'il tenait dans AVEC AMOUR ET ACHARNEMENT) est entrée dans un bar-restaurant  pour boire un verre de vin en attendant que ça cesse (la pluie), et va être prise dans un des fameux "attentats" terroristes du 13 novembre 2015.
On a déjà eu un aperçu -terrifiant- de l'attentat contre Charlie-Hebdo, raconté -de l'intérieur- par Philippe Lançon dans LE LAMBEAU. Alice Winocour tente une reconstitution "vécue de l'intérieur" via le personnage interprété par Virginie Efira, un moment de confusion et de terreur,  qui va la laisser amnésique (comme Sara Giraudeau au début de LA PAGE BLANCHE, mais pas pour les mêmes raisons.), une amnésie partielle, un black-out complet sur ce qu'elle a vécu lors de ces minutes-là.
Le film se déroule après, et l'histoire se reconstitue par bribes et fragments, minutieusement, au fil d'images qui resurgissent accompagnées souvent des bruits qui les accompagnaient (je l'ai déjà souligné, le travail sur le son est remarquable...) Tout ça est bien construit, une genre d'enquête personnelle avec recherche d'indices, le film qui se structure au fur et à mesure que la jeune femme se reconstruit, et Virginie Efira est excellemment au service de son personnage (impressionnante...). mais la réalisatrice nous montre qu'un certain nombre d'autres personnages sont eux-aussi inverstis dans le même genre de quête... (et qu'il est parfois difficile de conjuguer deux traumas individuels...
Le seul reproche que je pourrais faire au film, c'est l'histoire d'amour avec Benoît Magimel qui n'était pas vraiment indispensable (et n'apporte rien à l'histoire), mais bon, un peu de romance vient juste ajouter ce qu'il faut de sucrosité pour compenser l'amertume du récit...

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18 septembre 2022

micro 195

"Même si le bonheur t'oublie un peu, ne l'oublie jamais tout à fait." (Jacques Prévert)

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"Les personnes de plus de 65 ans ont le bonheur plus facile que les jeunes, pour des raisons biologiques (psychologiques et sociales d’abord) mais aussi neurobiologiques : les gens âgés qui n’ont pas de maladies sécrètent beaucoup de dopamine, neuromédiateur de l’action, et des endorphines. Des petites choses auparavant considérées comme fades et sans goût peuvent être source d’une sensation de bien-être incroyable : un petit déjeuner réussi, la lecture d’un journal, la visite d’un enfant ou la discussion avec un voisin… Tout cela participe à la sécrétion d’endorphines." (Boris Cyrulnik)

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(à la clinique) le demi-gourbi que j'ai occupé le matin de mon intervention (pas une chambre, puisqu'il n'y avait pas de lit) s'appelle "box commun" et est tout de même facturé 30€. Et toc!

*

(au restau) : le papa, la maman, quatre filles identiquement blondes (entre 3 et 12 ans) finissent leur repas (de famille, donc) SAUF QUE arrive une autre dame, à ce moment celle que je prenais pour la maman se lève pour aller la rejoindre, et fait se lever une des filles qui part alors avec elles, puis elle dit au revoir au monsieur en lui disant "Vous n"avez pas changé..." avec un charmant sourire, et s'en va, avec sa fille et la nouvelle arrivante, laissant le papa se débrouiller avec les trois gamines restantes (la plus petite me fixe effrontément -un peu comme dans ce film d'horreur norvégien ou danois-, ou plutôt elle fixe chacune des frites que je mange...)

*

Jean Cocteau participe à un dîner très ennuyeux.
Arrive un moment de silence qu'un invité comble avec la phrase de circonstance :
- Un ange passe.
Cocteau :
- Attrapez-le vite, qu’on l’encule !
Nouveau silence de mort.
Alors Cocteau :
- Il doit aimer ça, il est revenu.

*

"Quel que soit le degré sur lequel on prétend se positionner, on n'en demeure pas moins, toujours, au premier degré. On dit toujours ce qu'on pense réellement, même, ou plutôt surtout, lorsqu'on précise qu'on déconne. Les blagues racistes sont racistes, les blagues homophobes sont homophobes et Pierre Desproges est antisémite. Basta. Circulez." (Jacky Schwartzmann, Allez vous faire foot)

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Le champion de TLMVPSP (plus de 100 victoires et de 70000€) a été éliminé par un jeunot de 18 ans, qui a refusé une offre de 9000€ et préféré prendre le fauteuil parce qu'il "avait envie de jouer".

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"Qui donc, pour contredire Jacques Lacan ?
Eh bien le supporter de foot. Oui, Monsieur. Le supporter de foot se dresse sur la pointe de ses petits crampons, il soutient du regard n'importe quel psychanalyste, et il affirme, haut et fort : "Le supporter de foot n'est pas lacanien." Parce qu'il est tout entier imprégné de second degré." (Jacky Schwartzmann, idem)

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en persan, pour exprimer un profond instant de bonheur, il existe l'expression "ghand too-ye delam âb mishod", qui signifie littéralement "du sucre a fondu dans mon cœur"

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"Nous vivons tous, ici-bas, à bord d'un navire parti d'un port que nous ne connaissons pas et voguant vers un autre port que nous ignorons ; nous devrions avoir les uns envers les autres l'amabilité de passagers voyageant ensemble." (Fernando Pessoa, Le Livre de l’intranquillité)

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"On est jeune. Puis on n'est plus rien." ( Georges Perros, Papiers collés 3)

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"Chez les uns le cœur vieillit d'abord, chez les autres l'esprit. Et quelques-uns sont vieux dans leur jeunesse, mais quand on est jeune très tard, on reste jeune très longtemps." (Nietzsche)

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Le film NOVEMBRE sortira le 4 octobre.

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"Tout l’automne tombe dans mon cœur ; j’ai l’âme d’une ancienne dame effacée ; une âme en taffetas couleur de feuilles mortes." (Anna de Noailles à Maurice Barrès, septembre 1904)

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Cet échange dans un cimetière entre Sacha Guitry et Yvonne qui fut un temps sa femme : "Tu sais, un jour on écrira sur ta tombe : ‘Yvonne Guitry, enfin froide" Et l’intéressée de répondre aussi sec : "Et sur la tienne, on mettra : ‘Sacha Guitry, enfin raide".

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"Vous qui pénétrez dans mon cœur, ne faites pas attention au désordre." (Jean Rochefort dans Un éléphant ça trompe énormément )

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la mort de Godard me laisse de glace d'une force mais alors d'une force...

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Si tu pars de Yerres aujourd'hui et que tu fais une pause avant Thiers, tu seras à Hyéres demain !

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*

 

 

 

16 septembre 2022

gett

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CAHIERS NOIR 1 : VIVIANE
de Shlomi Elkabetz

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CAHIERS NOIRS 2 : RONIT
de Shlomi Elkabetz

Remarque préalable : Il vaut mieux voir les deux films dans l'ordre (ce que la programmation dans le bôô cinéma ne facilite pas (vendredi, il passait le 2 à 13h40 et le 1 à 18h!). J'étais très heureux (et très fier) qu'on puisse le programmer mais aussi plutôt déçu par le peu de spectateurs intéressés (d'autant plus que je suis prêt à parier qu'au prochain FICÂÂÂ ça fera salle comble et même qu'on refusera du monde...).
Ronit Elkabetz et son frère Shlomi ont réalisé ensemble trois films entre 2004 et 2014 : PRENDRE FEMME / LES SEPT JOURS / LE PROCÈS DE VIVIANE AMSALEM, mais on avait déjà eu l'occasion de découvrir la superbe Ronit dès 2001 dans le non moins superbe MARIAGE TARDIF de Dover Koshashvili , on l'avait revue (et toujours autant aimée) dans MON TRÉSOR (2004) puis dans LA VISITE DE LA FANFARE (2007).
Ronit Elkabetz est morte en 2016, et son frère a entrepris de lui rendre hommage à travers deux films qui sont un montage très impressionnant d'archives publiques et privées (Shlomi filmait sa soeur beaucoup, souvent, depuis très longtemps) le premier évoquant "les débuts", (la famille, comment le disent les inetertitres : LA MERE, LE PERE, LA FILLE, LE FRERE) jusqu'au film LE PROCES DE VIVIANE AMSALEM, le second évoquant plutôt la maladie, en revenant beaucoup plus en détail sur le tournage de ce même film, puis la vie de l'actrice avec cette maladie, attentivement, jusqu'au bout (on apprend qu'un nouveau film basé sur le personnage de la Callas était prévu...)
Un très beau portrait de femme forte (jusqu'au bout, là aussi), doublé d'un portrait de famille touchant aussi (les 3 films co-réalisés racontent l'histoire de la mère de Ronit et Shlomi) avec en filigrane  le récit d'une relation forte entre un frère et une soeur, retranscrite à l'écra avec une "romantisation" de leur histoire (via l'utilisation de la musique de Bernard Herrmann, notamment pour le VERTIGO de Hitchcock). Shlomi Elkabetz nous montre tout ce qu'il a pu filmer de sa soeur, professionnellement (les films, leurs tournages, leurs sorties, les rushes, les affiches, les campagnes de promo, même les projections refilmées depuis la salle), mais tout autant ce qui relève de la sphère privée (les "films de famille") intime et familiale (le frère et la soeur, mais aussi les parents, et, surtout leur mère) dans un travail de montage fascinant (30 ans d'archives, tout de même!).

 

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15 septembre 2022

PLS

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ANATOLIA
de Ferit Karahan

Brrrr... on frissonne, et pas uniquement parce qu'il neige tout le temps dans ANATOLIA, ni parce que le chauffage est en panne dans ce pensionnat de garçons, ni parce qu'on impose à certains garçons des douches froides pour les punir, ni parce que "la région Kurde n'existe pas", ni encore parce que les adultes de l'équipe qui encadre (on ne peut pas parler d'"éducative"..) rivalisent d'incompétence, de bêtise, de mauvaise foi, de veulerie, non, on frissonne, surtout, parce que le combat est par trop inégal, et que c'est toujours le plus grand (le plus con) qui a le plus de pouvoir, qui a le dernier mot, et qui gagne à la fin (la dernière image est glaçante).
Le film suit le jeune Yusuf, voisin de lit (et ami) du jeune Mehmet, qui un matin ne peut pas se lever parce qu'il est malade, et Yusuf va passer le film au chevet de Mehmet, tandis que face à lui défilent les adultes de l'équipe (plus ou moins responsables), pratiquant la politique du "c'est pas moi c'est lui", et du fusible (chacun cherchant à chaque fois celui sur qui rejeter la faute), bref comme un grand vivier d'autruches turques (de sexe mâle), et un superbe festival de faux-culs (ça m'a évoqué un certain gouvernement par rapport à la gestion d'une certaine crise sanitaire...). Et au milieu, un gamin qui s'inquiète pour son copain.
Le film est basé sur l'expérience personnelle du réalisateur, qui a passé six ans dans ce genre d'internat. Un film plutôt sombre, qui commence et finit dans les douches, et le reste du temps, il neige. Et pas de la neige d'opérette. Avec de temps en temps des scènes ou des images (des détails) qui font sourire (les gens qui glissent systématiquement en entrant dans l'infirmerie, le directeur obligé de se percher sur une chaise près de la fenêtre pour avoir du réseau...) histoire d'alléger un peu ça et là la tension...

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13 septembre 2022

et mes affiches tu les aimes ?

JLG est mort à 91 ans, ça va faire encore une belle une pour Libé (je parierais bien sur "à bout de souffle" ?)
Je voulais juste préciser que je n'ai jamais été un godardophile excessif (godardolâtre) mais si je ne devais garder qu'un film du monsieur, ce serait LE MÉPRIS (merci Pépin!)...
Et en cherchant une repro de l'affiche pour la mettre ici j'ai trouvé ça :

le mùépris

aff le mépris

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mais aussi

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Ah, cette Brigitte, ah ce Michel, ah ce Jean-Luc, ah cet Alberto, ah ce Fritz, ah ce Jack...

11 septembre 2022

44 ans en l'an 2000

une nouveau bloc cinématographique de ma jeunesse qui s'éboule tout d'un coup et s'écroule et disparaît dans les limbes : Alain Tanner est mort ce jour, à 92 ans, et même si ça faisait un certain temps que je n'avais pas vu un de ses films, il y en a pas mal qui me reviennent comme ça...

jonas tanner

1976

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1971

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1974

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1978

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1982

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1969

années lumière

1981

fourbi

1996

flamme dans mon coeur

1987

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1973

noman's land

1985

vallée fantome

1987

encore un porteur de flambeau qui aura éclairé (et contribué à) l'épanouissement de ma jeune cinéphilie, à qui je revendique mon attachement, auquel j'envoie mes plus sincères remerciements...

9 septembre 2022

association d'idées

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C'est tout l'effet que ça me fait. Voilà

8 septembre 2022

(rêve de rendormissement)

(ça faisait longtemps que je n'ai pas été aussi content (soulagé) de me réveiller...)

je réalise soudain que je n'ai plus mon téléphone, je me dis que j'ai dû le laisser en haut de l'escalier (métallique comme un escalator) où je suis resté un moment tout à l'heure
j'y retourne donc, tout en bas, au pied des marches contre le mur il y a une boîte (des objets trouvés ,) contenant justement un téléphone, mais beaucoup plus gros que le mien, et bizarrement gonflé en son milieu
j'arrive en haut des marches, sur la gauche il y a comme une petite trappe et je me dis que c'est là que je l'ai laissé. Je la soulève, bingo! mon téléphone est là (il est bien plus gros que dans la réalité, mais ça ne me fait pas réagir) je suis rassuré, mais lorsque je l'ouvre, je réalise que le voleur a tout pris ce qui était à l'intérieur : l'écran, les bitonios électroniques, la batterie, ce n'est plus désormais qu'une coquille vide, et j'en suis très malheureux

(pendant la suite du rêve, je continue de chercher mon téléphone, et d'être très malheureux de sa perte)
je monte d'abord dans la pièce qui est au-dessus de l'escalator, c'est un genre de grand dortoir avec des gamins à qui j'expose mon infortune et que ça fait ricaner, certains deviennent d'ailleurs légèrement menaçants, je pense que c'est un d'eux qui a dû faire le coup, mais je repars rejoindre les gens avec qui j'étais

ils sont déjà partis à (?) et je suis à leur recherche (beaucoup de leiux, beauccoup de gens, comme d'hab")

à un moment je vois au-dessus d'une porte le mot Pépin en métal ouvragé vert, style un peu art-déco, et je décide de le photographier, quand je vois arriver... Pépin (je pense "quand on parle du loup..."), chargé de plusieurs sacs en plastique contenant des BD, dont plusieurs sont dédicacées, et il m'en tend une, assez volumineuse, de Blutch, qui ressemble plutôt à un double rouleau de papier, en me vantant la qualité du papier ("c'est doux... presque comme du velours") mais je n'arrive pas à comprendre si c'est un cadeau, ou juste un prêt

je croise alors Loulou, qui était visiblement à la librairie avec son papa, mais on n'a même  pas le temps de parler

je ne sais plus où sont pépin et Loulou, je passe dans des pièces exrêment encombrées, comme des ateliers, avec, encore une fois, beaucoup de monde,et je réalise soudain que j'ai perdu aussi la BD de Blutch, que je m'emploie à chercher frénétiquement (il y a des tonnes et des tonnes de papiers entassés sur les établis, je vois même Dominique dans un coin, à qui je fais part de mon affliction mais qui plutôt que de me soutenir  commence à me faire la leçon, c'en est trop pour moi, et je lui articule silencieusement mais plusieurs fois "Merde merde merde merde" pour montrer ma colère

j'ai perdu mon téléphone, j'ai perdu la BD de Pépin, j'ai perdu les gens avec qui j'étais (que je devais rejoindre, mais je ne sais même plus où, je n'arrive pas à me rappeler du nom du lieu)

(il me semble que je me réveille, dans le rêve, et que je réalise que c'est bien la réalité, le téléphone, etc., que je ne suis pas en train de rêver, et que ça me rend encore plus triste)

mais je ne suis pas encore au bout de mes peines, puisque je réalise tout à coup que je n'ai plus mon sac à dos (où et-ce donc que je l'ai laissé ?) et que, du coup, j'ai aussi perdu mon appareil-photo

(quelle galère!)

j'essaie de refaire le chemin en sens inverse, mais je ne reconnais pas les lieux (qui sont, en plus, très emberlificotés, avec des espaces étroits, des angles aigus et des perspectives vertigineuses) et je passe fébrilement d'un espace à l'autre, essayant de me renseigner auprès des gens que je croise, en vain

(à un moment je me trouve en bas des remparts de ce qui ressemble à une cité médiévale, avec une petite route pavée qui s'éloigne vers le lointain ça ne me dit rien)

en suivant des jeunes, je me retrouve dans ce qui ressemble à un grand réfectoire (où ils viennent pour faire le service?) sous les ordres d'un grand qui n'a pas l'air trop commode et commence à s'approcher de moi pour me parler, mais je préfère tourner les talons et sortir, pour continuer de chercher mon sac à dos

(et je me réveille, ouf!)

8 septembre 2022

françois françois

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AVEC AMOUR ET ACHARNEMENT
de Claire Denis

C'est une d'autant plus belle surprise que d'être ravi par un film dont on n'attendait pas forcément grand-chose sur le papier (Denis + Angot + Binoche = ouais pourquoi pas faut voir). Leur première collaboration UN BEAU SOLEIL INTÉRIEUR ne m'avait pas pleinement convaincu (je vais retourner voir ce que j'en avais dit, tiens c'est , et tiens finalement c'est plutôt positif...), enfin c'est le vague souvenir que j'en avais, l'autre film avec Binoche (et Robert Pattinson), HIGH LIFE, m'avait plutôt mis mal à l'aise. Quant aux collaborations Lindon /Denis, c'était quasiment le grand écart entre le très beau VENDREDI SOIR (d'il y a très longtemps) et le détestable LES SALAUDS (surtout pour une scène dégueulassement injustifiable)... Donc en y allant ,je demandais à voir...
Peut-être est-ce -enfin- le grand film de la réconciliation entre Claire et moi ? (Et, pour moi, de la reddition totale et sans conditions...) Alors que, souvent, dans ses films, il y a le caillou dans la chaussure, de taille plus ou moins conséquente, qui fait plus ou moins claudiquer, eh bien pour celui-ci je n'ai absolument aucune réserve. Tout est divinement au diapason : les acteurs, le filmage, la musique(la voix de Stuart M. Stapples me bouleverse toujours autant...) et j'y ai même trouvé une des plus magnifiques scènes au cinéma cette année, celle dite "du nouveau bureau". (Une scène que j'ai trouvée sublime).
Binoche et Lindon composent une couple parfaitement vraisemblable, aussi touchant dans la roucoulade (la scène du début) que dans l'engueulade (le début de la fin). Vraisemblables aussi, et d'autant plus touchants, leurs échanges (avec, bon, peut-être un minusculissime bémol sur les voix-off de Juliette Binoche -notamment le François François... du titre qui m'a immanquablement fait penser aux mêmes mots, chuchotés et pâmés, par la divine Danièle Lebrun à propos de Vidocq, dans le feuilleton du même nom- qui sont -peut-être- un petit peu trop sur-écrits, mais bon je n'en suis pas tout à fait sûr...)
Soit donc un couple, elle et lui, qu'on découvre, superbement amoureux, au début du film, dans la mer, se câlinant et se disant des mots tendres, et qu'on quittera, à la presque toute fin, autour d'une baignoire, (elle dedans et lui dehors), plus tout à fait exactement dans le même état d'esprit (quoique). Car est venu se planter entretemps dans le talon de leur belle histoire l'épine du troisème homme, le précédent amour d'elle, qui réapparaît brusquement. Et précipite (chimiquement) la réaction. Le fameux, donc, François (ce cher Grégoire Colin, qui a bien grandi, qu'on a vu grandir, d'ailleurs, au fil des films de Claire Denis (j'ai compté 7 occurences), depuis son apparition dans Nénette et Boni (1996)
L'amour, toujours l'amour... Ce film a pour moi quelque chose de miraculeux dans son (dés)équilibre, dans sa justesse, dans la façon de le filmer, de le regarder, le montrer, le dire (ou pas), oui quelque chose de miraculeux. Pour parler de l'amour(de sa naissance, de sa résurgence, de sa rémanence), comme dans ces formules que j'adore ("C'est donner quelque chose qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas") . J'ai lu je ne sais plus où que Claire Denis avait envisagé d'adapter au cinéma les Fragments d'un discours amoureux, de Roro Barthes, mais que cela n'avait pu se faire à cause des ayant-droit(s)...) et ce film pourrait avoir quelque chose à y voir...
J'ai pleuré deux fois, deux belles fois, la première fois lors de la scène évoquée plus haut (que je ne préciserai pas davantage), où la savante progression du montage débouche sur un climax qui m'a fait venir les larmes aux yeux à la fois de surprise et de ravissement, et la seconde, presque à la toute fin, un extérieur nuit urbain sur elle, de dos, moins fiévreux, plus distant, et là c'est  la voix de Stuart Staples qui en a été le déclencheur.
Top 10.

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j'avoue que l'affiche ne me donnait pas particulièrement envie...

7 septembre 2022

y laisser des plumes

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DODO
de Panos H. Koutras

C'est le genre de film dont je raffole. Soit le réalisateur de L'ATTAQUE DE LA MOUSSAKA GEANTE, qui nous a offert ensuite STRELLA puis (surtout) XENIA, et qui nous revient (enfin! 8 ans c'est longuet, on se languissait) avec un film choral autour d'un mariage, genre, tiens,  celui de Robert Altman du même nom (UN MARIAGE, 1978!), mais, à la grecque (par contre je ne peux pas comparer avec MARIAGE A LA GRECQUE, film américain de 2002, puisque je ne l'ai pas vu...)
Bon, dans un film choral, plus il y a de personnages et plus il y en a à mémoriser (il faut au moins deux choses, le nom, et le statut, et ce qui est rigolo, dans ce film-ci c'est qu'on a rarement les deux en même temps : soit on connait le nom mais on ignore le statut, soit le contraire.) Mais on va apprendre à les connaître peu à peu, et les choses vont se clarifier progressivement.
D'abord, le dodo, donc. Un volatile disparu depuis trois cent ans (exterminé par les Hollandais, le film nous l'apprendra via une animation didactique en noir et blanc -et rouge-) qui apparaît, poursuivi par le chiens, au tout début du film, se réfugiant dans le jardin d'une luxueuse propriété, celle où va se tenir, quelques jours plus tard, le mariage de Sophia, la fille des proprios, lui c'est Pavlos (qu'on découvre se faisant un claquage au squash avec son jeune ami Alexis) et elle Mariella (une belle bourgeoise blonde qui va donner un peu de son temps (et se racheter une conscience) dans les camps de réfugiés).
Il est assez vite question d'argent (argent qu'on veut, argent qu'on doit, argent qu'on attend, argent qu'on doit récupérer) et on comprend assez vite que les parents de la future mariée sont quasiment sur la paille (et doivent donc donner le change, le temps que Pavlos touche un pactole que doit lui transmettre Alexis.) 
On est chez l'ami Koutras, et donc côté SSTG, ça y va : dès la scène d'ouverture quasiment, on assiste à une étreinte aussi furtive que virile (et passionnée), entre deux mâles que je n'ai pas identifiés sur le champ (et qu'on ne reverra d'ailleurs plus ensemble! -ah ces Grecs...-), puis apparaît le -traditionnel chez Koutras- personnage de transexuel(le) qui est très bel(le) (remember STRELLA, là aussi ça dépotait...), la flamboyante Eva (dont la spécificité est d'être "non binaire"), que Pavlos va ramener à la maison (enfin c'est elle qui le ramène tellement il est bourré...) pendant que Mariella, elle, va ramener -et héberger- le jeune Khalil (un réfugié syrien qui parle français, et sa fille Amira). La même nuit on fera la connaissance de Florian -façon de parler puisqu'on l'a déjà vu brièvement avant- (celui qui va découvrir le dodo dans la remise et appeler à l'aide Aggelos, un vieil acteur grande folle mais attendrissant qui passe son temps à déclamer des vers...) Et, last but not least on découvre ensuite le jeune et mimi Socratis, -façon de parler puisqu'on l'a déjà aussi entraperçu furtivement avant- qu'on verra bientôt s'endormir en slip sur le canapé de la jolie Tina, qui l'héberge pour la nuit -mais sans sexe- en écoutant une chanson ukrainienne accompagnée au ukulélé (Tina est l'assistante de Katia, l'organisatrice -survoltée- du mariage à venir (ce qui m'a soudain rappelé que, dans le film d'Altman, c'était Géraldine Chaplin qui tenait ce rôle...)
Evidemment chacun(e) a ses soucis, dont chacun(e) des autres peut bien sûr faire partie, et le réalisateur empile un peu ses historiettes, certaines un peu au détriment des autres (comme un empilement un peu brinquebalant de cartons de pizzas, dont chacun renferme une spécialité (une garniture) différente, mais dont on doigt goûter au moins un morceau... Et comme chacun a ses soucis, chacun a aussi sa langue (DODO est un film joyeusement polylotte : grec, français, anglais, albanais, ukrainien et j'en passe. Polyglotte est à la langue ce que pansexuel est à l'orientation sexuelle), et Panos H. Koutras ne s'en prive pas -ô toujours très chastement-, mais pas mal de cas de figures seront évoqués...)

C'est... charmant (les critiques ont dit camp et queer, nous, restons simple), dommage juste que si peu de gens se soient déplacés pour venir s'ébrouer dans cette joyeuse fantaisie...

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