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lieux communs (et autres fadaises)
14 septembre 2017

grossesse (très) nerveuse

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MOTHER!
de Darren Aronofsky

On a déjà eu Maman, Mommy, Mother, M/other, et la revoici donc avec un point d'exclamation (et une graphie chichiteuse!) J'ai quand même fait 40km pour aller voir l'avant-première, parce qu'elle était en VO (dans le bôô cinéma on n'aura droit hélas qu'à la VF),  qu'elle coûtait 7€ (avec le code 7ART) et qu'Aronofsky a déjà fait quelques films mémorables (Pi, Requiem for a dream) même si d'autres moins (The Foutain, The Wrestler) et d'autres encore que j'ai carrément zappés (Black swan, Noe).
(Le cinéma en question réussit quand même à nous projeter, en première partie, la bande-annonce du film qu'on va voir juste après! Bon, ça... met en condition, et on est prévenu, ça ne va pas rigoler!)
Le résumé allocinoche du synopsis était concis : "Un couple voit sa relation remise en question par l'arrivée d'invités imprévus, perturbant leur tranquillité.", et ce genre de sujet peut donner naissance à des films radicalement différents s'ils sont réalisés par, disons, Ingmar Bergman, Max Pécas, les soeurs Washowski, ou Lars Von Trier... Prise de tête, poilade, cyber-espace, dogma ? Histoire de traitement (et traitement de l'histoire, justement) Et la direction choisie par Darren Aronofsky n'est pas mal non plus...
Un couple, donc, elle blonde jeune et lisse (Jennifer Lawrence, que je trouve effectivement beaucoup trop lisse), et lui brun et massif (et plus vieux, et c'est Javier Bardem, qui a pris curieusement des faux airs de Fernandel). Un couple dans une grande maison, au milieu d'une nature apaisée et resplendissante, c'est le matin elle se réveille, elle se tourne face caméra, dit "Bébé" à son chéri, le cherche dans le lit, ne l'y trouve pas, puis dans la maison, et sort même sur le pas de la porte -pour voir la nature apaisée et luxuriante-, avant qu'il n'arrive par derrière, tout sourire après l'avoir surprise ("Je t'ai fait peur chérie ?"). Bref un petit matin ordinaire d'un couple ordinaire, dans sa grande (très grande) maison chicos avec beaucoup de pièces (et beaucoup d'étages aussi) ordinaire.
Normal, quoi... presque. Sauf que (il faut toujours un sauf que). On a vu, juste avant, des images qui ne vont pas tout à fait avec ça (je ne vous les dis pas toutes, mais, notamment, le visage d'une jeune fille à l'air furibarde et un peu cramée, filmée de très près, sur fond d'incendie, croit-on, qui paraîtrait quasi sortie d'une dystopie pour ados genre Hunger Games : L'Embrasement (où jouait, justement, hihihi,  la jeune Jennifer L. mais, fausse piste) , et on a du mal à comprendre sur le coup tout ce qu'on voit alors. Mais ça viendra plus tard.)
Dès le début, donc, on sent qu'il y a un truc qui cloche, sans qu'on puisse le situer avec précision, dans la maison, dans la relation du couple, dans le récit, ou dans la jeune fille elle-même qui semble... percevoir des trucs quand elle touche les murs (il y a aussi une cave assez angoissante, et une chaudière, comme dans Les griffes de la nuit ou Shining..., mais encore fausse piste) Aronofsky s'y entend pour mettre le spectateur mal à l'aise (je lui ai toujours trouvé un sens de l'esbroufe malaisante, remember Requiem for a dream...) et là il n'hésite pas à charger la mule sans modération et un peu dans tous les sens.
Les choses ne vont pas s'arranger, comme annoncé dans allocinoche, avec l'arrivée des fameux invités imprévus : d'abord lui (Ed Harris, un peu ratatiné), puis elle (Michelle Pfeiffer, que j'avais le sentiment de ne pas avoir (re)vue depuis des lustres (ou "qui s'était faite rare sur les écrans depuis le début des années 2000") mais que j'avais du plaisir à retrouver, en plus pas excessivement botoxée ça c'est bien, dans un rôle plutôt venimeux) qui vont rejouer Les inconnus dans la maison, ou presque... (fausse piste, nananananère) car d'autres vont arriver (ça pourrait être du Feydeau : "Tiens, On a sonné ?" mais en nettement moins drôle)et d'autres encore. La tension va aller croissant pendant toute la première partie du film, on est constamment crispé sur son siège (le réalisateur fait tout pour ça) d'autant plus que le film est assez agressivement sonore (et les possibilités du dolby astucieusement exploitées), avec une exponentialisation (ça se dit ? en tout cas vous comprenez ce que je veux dire) du sentiment d'invasion -et d'incompréhension-ressenti par la jeune fille, dont le début de grossesse (aussi soudain que radical, on pense à Rosemary's baby, mais toujours fausse piste) peut-être qualifié de pas de tout repos,  Ah j'ai oublié un détail important : Javier (le mari) est un écrivain en panne d'inspiration (on repense à Shining mais encore encore fausse piste), oh un pauvre créateur qui n'arrive pas à créer, et non ça ne va pas aller en s'arrangeant (cf début du paragraphe)... Comme l'écrivait Gainsbourg, les affreux de la création ("le génie ça démarre tôt, mais y a des fois ça rend marteau...")
(et c'est rien de le dire)
Pour ce qui est de l'ambiance générale du film, dans la première partie, Aronofsky réussit assez bien ce que Lynch avait fait il y a quarante ans, avec moins de moyens mais encore plus de force, et en noir et blanc s'il vous plaît (oui, Eraserhead) : filmer un cauchemar avec sa violence, son illogisme, ses excès, ses invraisemblances, ses questions sans réponses, son absurdité, sa gratuité aussi. Un cauchemar, un vrai, un bien flippant, le genre dont on se réveille en sursaut et en sueur, avec le coeur qui bat à cent à l'heure. Une première vague malaisante va monter monter gonfler s'hystériser atteindre son acmé, suivie d'une pause (juste le temps de permettre au spectateur de souffler un peu) d'apprécier un calme trompeur,  avant qu'hélas une deuxième vague ne coupe le poil à la racine et l'empêche de se rétracter  ne vienne remettre la pression, sur l'héroïne autant que le spectateur, en  montant encore plus haut et plus violemment (l'effet tsunami scénaristique).
Et ça devient tellement excessif qu'on est en droit, à un moment, de trouver ça grotesque. Et incompréhensible. Un salmigondis (ça change de gloubiboulga) mystico prétentieux grandiloquent (del'artiste considéré comme un messie) où le réalisateur a tellement voulu en rajouter que ça finit par lui péter à la figure. Le scénar court dans tous les sens, éclabousse, n'importe quoite et finit par s'autocarboniser. Et la façon un peu trop prévisible dont le film se clôt (enfin, façon de parler, les spectateur malins, dont je suis, hihihi, auront vu ça venir un peu gros comme une maison, re-hihihi) le dessert (le film, vous suivez ?). Et les différentes pistes laissées en plan (les taches rouges, le truc sanglant dans les toilettes, Ed et Michelle, le médicament jaune, le trou dans le mur) laissent frustré (avec le sentiment d'avoir été grugé) , tout comme le fait que le réalisateur se laisse aller à la facilité d'utiliser le jump scare (le bouh fais moi peur! avec apparition soudaine et musique qui souligne).
Si Darren A. a choisi la forme du cauchemar (bad bad dream), in extremis il se dégonfle pour une fin reformatée Hollywood. Lui qui nous avait empoignés au début du film, comme un chien choperait un chiffon dans sa gueule,  nous secouant violemment -rageusement!- dans tous les sens, soudain se lasse se ravise et nous jette là, dans l'herbe, plein de bave et de regrets, avant de partir désinvoltement japper ailleurs.
Forcément, on est un peu déçu.

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13 septembre 2017

orage

cinq minutes cinquante six d'orage la nuit

Avec mon appareil-photo (puis, ensuite avec mon téléphone) il m'arrive régulièrement de faire des "petits films".
Des choses qui me plaisent, un moment qui passe, ou quelque chose, hop on filme, et on regarde comme ça ensuite, brut, sans montage, sans bidouillage,
"ne pas rater l'instant suffit"
(daniel biga)

le plus difficile aura été de réussir à les mettre en ligne

ici, le titre dit ce qui se passe : une nuit d'été, réveillé en sursaut par les coups de tonnerre, je suis descendu, j'ai ouvert la porte d'entrée, et j'ai filmé, en espérant capturer un éclair...
ça n'était pas gagné, il fait très noir, mais l'ambiance est juste
regardez, prenez le temps, soyez patients, ça s'illumine de temps en temps, et juste c'est tout (avec le bruit, quand même!)

12 septembre 2017

être une femme libérée tu sais c'est pas si facile...

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UN VENT DE LIBERTÉ
de Behnam Behzadi

A Téhéran, Niloufar. Une jeune femme moderne (avec hélas l'inévitable foulard qui me finit par me faire enrager à chaque fois mais bon, surtout qu'ici elles l'ont toutes, et c'est une véritable mer de foulards, qui vous submerge, vous asphyxie...) moderne donc, sans mari ni enfant, avec un job (elle est patronne d'un atelier de couture), un appart' (elle s'occupe de sa vieille mère avec qui elle cohabite), qui de plus vient juste de retrouver un amour de jeunesse, un bel entrepreneur, ça va donc plutôt bien lorsque le film démarre, mais ça ne va pas durer.
On apprend que Téhéran (la ville) est épouvantablement polluée (certains jours les écoles sont ferméesà cause de ça) et que la mamie avient de faire une attaque parce qu'elle est sortie sans précautions et sans sa bouteille d'oxygène. Les toubibs sont formels, elle ne peut plus vivre à Téjéran et doit partir respirer le bon air de la campagne. Le frère et la soeur de Niloufar ont alors une sacrée bonne idée : c'est Niloufar qui va l'accompagner et s'occuper d'elle, dans le trou du cul du monde du nord de l'Iran où la soeurette a une ville qu'elle prête "généreusement" (pour avoir la paix, ne nous voilons pas la face)...
Ca commencer à grincer de diverses dents dans la famille lorsque, à cause des dettes de son frère, Niloufar, déjà pas franchement emballée par la main qu'on lui force, va se trouver dépossédée de son boulot, d'abord, puis, quasiment de son appartement, par son connard de frère, et, comme un malheur n'arrive jamais seul, là voilà qui découvre que son soupirant (le bel entrepreneur) lui a un peu menti, et décide donc de prendre un peu de distance avec lui et de laisser sonner son téléphone...
Niloufar doit faire face simultanément à toutes les emmerdes et elle a besoin d'une sacrée force de caractère pour résister à ce faisceau de sale coups. Mais ça tombe, bien, justement elle l'a, et quand on l'a, justement comme elle, et bien, on se bat...
Un très beau portrait de femme (forte), qui s'achemine pas à pas  jusqu'à une conclusion qu'on peut qualifier de "fin ouverte" puisque aucun(e) d'entre nous ne l'a interprété de la même façon.

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9 septembre 2017

tout n'est que sexe 1

Une nouvelle sous-catégorie des "fadaises", ainsi titrée en hommage à mon ami Philou, qui, il y a une quarantaine (! oui oui) d'années me mail-artait une carte publicitaire vantant les mérites d'un ramonage régulier (et annonçant celui qui se proposait de le faire à domicile) ainsi sobrement légendée de sa petite écriture "Tout n'est que sexe..." Rendons donc à César...

*

Un article sur ce groupe de métal suisse (je copie/colle) :
"Quand NOSTROMO annonce sur un célèbre réseau social son retour après 11 ans d’absence, autant vous dire que ça frétille sévère dans le calbut des nombreux fans du combo helvétique. Ces techniciens de génie, adeptes d’un grindcore embrassant la scène mathcore, tel Napalm Death s’acoquinant avec Breach pour enfanter un savant condensé de haine et de brutalité, reviennent et certainement pas pour enfiler des perles. Leurs rythmiques syncopées vous laisseront tout juste le temps de respirer avant d’exploser de façon imprévisible. Ça tabasse, ça blaste, ça groove et ça rend le kiki vraiment tout dur !" Le Hellfest (et on a rien d'autre à ajouter) cité par La Rodia

*

Bureau de tabac, je veux payer mon abonnement avec ma carte de crédit, mais je ne vois pas par où l'introduire. Face à ma perplexité la buraliste s'exclame, enjouée : "La fente, c'est moi qui l'ai ! C'est normal, je suis une fille!"

*

Ce jeune homme au remarquable pantalon de travail rouge vif  met un certain temps à rédiger son chèque, plié à angle de droit au comptoir, en face de moi, et de ma place je ne vois que la rondeur de l'aimable postérieur qu'il me tend ainsi (mais je résiste et réussis à ne pas sortir mon téléphone pour mine de rien immortaliser l'instant.

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"Simon ne tarit pas de questions sur les rumeurs d'homosexualité qui entourent Jack Kerouac. En était-il ? En avait-il une grosse ? Ont-ils couché ensemble ? (...) Ses grands yeux noirs s'embuentau souvenir du jeune étalon de Lowell, de leurs soirées endiablées à la Cedar Tavern, de leurs folles virées au Mexique ou à Tanger. Allen se rappelle qu'il se sont branlés mutuellement, puis qu'il l'a sucé à plusieurs reprises dans un entrepôt d'un quai de l'East River, quand Kerouac était saoul. Mais Ginsberg refuse de réduire leur lien à une banale histoire de cul. Il lui préfère l'idée whitmanienne d'"adhésion", cette relation virile, typiquement américaine, qui réunit les égotistes de leur trempe dans un grand élan d'affection panthéiste."
Ginsberg et moi (Frédéric Chouraki)

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8 septembre 2017

partir au plus beau je crois (et cacher sa peine)

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BARBARA
de Mathieu Amalric

Premier jour, première séance, tout, tout de suite. Je le voulais absolument (oui je fais ma diva) : une bande-annonce hameçonnante, des interviews de Jeanne Balibar qui me rendaient tout chose, un certain retentissement médiatique, bref j'étais fin prêt, comme on dit par ici. Dès le début dans un état de surchauffe émotive (le générique lettré s'inscrit sur une chanson parlée/fredonnée que je connais parfaitement (elle était sur la face B de l'album rose La louve), puis le piano de la gare de l'Est,  et au bout de quelques minutes j'avais déjà les larmes aux yeux, simplement de voir Jeanne B. marchant sur un pont parisien.)

J'aime Barbara depuis longtemps, je l'ai connue assez tôt parce que, enfant, ma soeur l'adorait (que dis-je, l'idolâtrait), et je l'aimais bien, oui, et je suis même allé la voir sur scène, une fois, à Besac, où elle avait avait fait quasi un esclandre, à cause d'un mec qui la photographiait, interrompant une chanson en plein milieu et venant en bord de scène apostropher l'intrus genre "Moi, non on ne me prend pas en photo, si on me veut on me prend pour de bon, mais pas de photo..." Je connais ses albums, et certaines chansons me touchent me bouleversent toujours autant : Vienne, Perlimpinpin, Amours incestueuses, l'Aigle noir (bien sûr), Une petite cantate, Gottingen... Elle fait depuis longtemps partie de mon univers musical affectif, sur l'étagère "chanteuses françaises", quelque part entre Françoise Hardy, Juliette Gréco, Véronique Sanson... même si je ne l'ai pas toujours écoutée régulièrement. C'est surtout une diva de mon adolescence, une voix de ma jeunesse. Un personnage mystérieux, un peu inquiétant (mais moins que Juliette Gréco, quand j'étais gamin). Barbara au cinéma ? J'étais partant (surtout avec Balibar).

En plus j'adore les films avec un film dans le film, genre Ca tourne à Manhattan, ou La Nuit Américaine, et Barbara entre donc avec tambour et trompette  dans mon petit Panthéon perso des FAUFDLF. Car Mathieu Amalric est très malin : il est à la fois le "vrai" réalisateur du film Barbara (qu'on est en train de voir, mais lui en vrai on ne l'y voit pas), et  le "faux" réalisateur du film dans le film  (celui qui est en train de se tourner sous nos yeux) qui s'appelle aussi Barbara. Réalisateur qui a engagé une actrice qui se prénomme Brigitte (en hommage à Brigitte Fontaine, a dit "le vrai" Amalric en interview), pour interpréter le rôle de la chanteuse dans son film. Et donc à charge pour Jeanne/Brigitte d'incarner/de composer le personnage de la longue dame brune (dont les spectateurs ne savent finalement pas tant de choses que ça). Et nous voilà embarqués avec lui, avec elle,  sur le plateau, où se jouent des scènes du film dans le film, souvent, mais ailleurs aussi, où se (re)jouent d'autre scènes, qui seraient dans un film mais pas dans l'autre, et ça en devient vite vertigineux.

Précisons tout de suite : Balibar est PHÉNOMÉNALE, tant elle réussit à jouer en même temps Barbara, Brigitte en train de jouer Barbara, sans oublier Jeanne Balibar en train d'interpréter Brigitte en train de jouer Barbara, le résultat est étourdissant (oui, il sera question de myse en abyme, tiens avec deux y ça fera encore beaucoup plus chic) d'autant plus qu'Amalric sème des petits cailloux blancs de réalité, ides morceaux de la "vraie" Barbara (pochettes de disques, livres, photos) mais enchâsse aussi des images animées, extraits de reportages, de concerts, d'interviews, de films), sans oublier des chansons, beaucoup de chansons, interprétées par Barbara en vrai (quelques-unes), ou Balibarbara -jolie création de journaliste- (la majorité), voire même d'autres interprètes (une des dernières, par un garçon dont je ne sais plus le nom, magnifique). Le cinéma comme dialectique entre vérité de nos souvenirs et mensonge de la reconstitution. Et c'est bien plus fort que dans La Nuit américaine, cette perte de repères entre le vrai, le faux, le vrai-faux-vrai, le faux-vrai-faux, car Amalric a intelligemment évité l'écueil des enjeux narratifs rectilignes, du coup on se balade comme un môme émerveillé perdu dans le "labyrinthe des miroirs" (vous connaissez cette attraction foraine ? j'avais adoré ça gamin), on déambule, admiratif, rêveur, on se cogne, on se trompe, on croit que, au détour d'une scène on dit "là, c'est elle, en vrai, non ?" et pfuit! on a enchaîné sur l'autre, et c'est exquis de se faire ainsi entourner, comme au début d'une partie de colin-maillard. Oui, il y aurait quelque chose qui tiendrait du plaisir enfantin de la fête foraine : le vertige, l'appréhension, les cris de joie, les larmes aussi parfois.

Mathieu Amalric a réussi un sacré objet de cinéma, un album-souvenir de garnement, à double ou triple fond, entre le respect, l'admiration, l'interrogation, la distance, un objet a priori paradoxal mais dont la puissance émotionnelle nous caresse souvent à vif, une machinerie fantasque, entre Proust, pour la madeleine et Calder, pour la mobilité, (avec un chouïa de Mélès, tiens, pour la rêverie sur le cinématographe comme générateur d'illusions) qui ne peut que nous laisser pantois, béats, chamboulés, quand les lumières se rallument (toujours un peu trop tôt dans le bôô cinéma). Un film qui nous parle d'amour, de chansons, et de cinéma. Bref, une parfaite gourmandise. Une oeuvre, en tout cas, qui résiste à toute tentative de définition, ou de classification. On n'en saura pas forcément plus sur Barbara en sortant de la salle, mais là n'était pas forcément le propos.

Reparler de Jeanne Balibar et de l'excellence de la performance qu'elle livre, mais du travail de fourmi archiviste de Mathieu Amalric, de la force de toutes ces inter-réalités générées par le film,  et de toutes ces scènes sublimes qui restent  déjà  -et dorées à l'or fin- dans ma mémoire archiviste cinéphile : Barbara et l'homme au bar, Barbara et l'accessoiriste, Barbara chez les routiers, Barbara au milieu de la cour en attendant les déménageurs... c'est vrai qu'en sortant on a la tête tellement pleine de musique et de chansons qu'on a envie de tout récouter (et j'espère que la BO du film va sortir un jour...).

Mais mais ça va nous faire un top 10, ça... (fa sol do fa)

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Et, tiens, Grégoire Colin joue, pour la seconde fois à quelques jours d'intervalle, le rôle d'un agent (ici celui de Charley Marouani)

6 septembre 2017

stand up

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LE PRIX DU SUCCES
de Teddy Lussi-Modeste

Tahar Rahim est Brahim, un humoriste qui fait des one-man-show et est devenu célèbre. Roschdy Zem joue Mourad, son frère, qui lui sert de manager et de garde du corps. Maiwenn incarne Linda, la copine de Brahim (et aussi son metteur en scène). A ces trois-là il faut ajouter hervé (ça fait plaisir de revoir Grégoire Colin) qui a envie de prendre la carrière de Brahim en main, mais ne souhaite pas continuer à s'encombrer de Mourad (qui est quand même, faut le reconnaître, sacrément bourrin, et brutal, et soupe-au-lait, et bling-bling, et m'as-tu-vu, et autres qualificatifs encore avec des traits d'union).
Brahim se (dé)bat donc sur deux niveaux : celui du show-bizz et des people, avec la gestion de sa carrière, et les effets de sa "nouveelle" notoriété, et celui de sa propre famille (tensions avec son frère, donc, et avec ses frangines qui ne voient pas d'un très bon oeil sa relation avec Linda). C'est un gentil, Brahim. Trop, peut-être.
Tout va se jouer entre ces quatre-là, et Teddy Lussi-Modeste (qu'on avait découvert à travers Jimmy Rivière, avec Guigui d'amour Gouix) a orchestré, avec l'aide de Rebecca Zlotowski qui co-pilote le scénario) une histoire qui se tient, avec des rebondissements quelquefois attendus certes,  mais mis en scène avec une indéniable élégance. C'est Rob (qui a déjà musiqué tous les films de Rebecca Zlotowski, mais aussi, entre autres, Rock the casbah et Je suis supporter du Central, sans oublier le très chéri Bureau des légendes, c'est dire si on l'aime) qui signe la (très belle) musique, pour laquelle on peut aussi parler d'élégance.
Un film qui, même s'il est sans réelle surprise,  sait nous accrocher constamment, par la qualité de ses interprètes, tous justes et touchants. Tahar Rahim est joli-joli, et tient superbement la partition sur scène / en coulisses, Maïwenn n'a pas à se forcer pour jouer -très bien- du Maïwenn (elle aussi est touchante par sa simplicité), Roschdy Zem se collette haut la main avec la brutalité de son personnage qu'il réussit à nuancer avec finesse, et n'oublions pas Grégoire Colin, qui affiche une belle et sereine maturité.
Alors pourquoi donc mets-je un petit bémol (pouèt) à mon bonheur cinématographique ? je ne saurais vraiment le dire ou l'expliquer...un peu trop sage, peut-être ? sans réelle prise de risque , qui capitalise sur des visages et des silhouettes rassurantes ? bah, peut-être chipote-je.
Mais, je le répète, Tahar Rahim est vraiment trop joli joli... (tu plais à ton père, tu plais à ta mère...) ça c'est vraiment incontestable.

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tiens tiens, ça me dit quelque chose...

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...un petit air de famille, non ?
(ou bien c'est moi qui fantasme ?)

6 septembre 2017

à l'arash

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AVANT LA FIN DE L'ÉTÉ
de Myriam Goormaghtigh

Comme je l'ai dit à la fin du post août 2017, c'était effectivement le tout dernier film du fois d'août, avant que de, (aurais-je écrit il y a trois ans ou plus) "plonger dans les froides ténèbres" de septembre, alors qu'à présent ça ne me fait plus trop ni chaud ni froid...
Un film primé à Belfort (Entrevues) 2016 en tant que "film en cours" (il s'agit, je viens d'aller me rensigner sur le site, d'aide à la post-production...).
Trois iraniens en goguette : Arash (le plus imposant, qui donne d'ailleurs son titre à ce port), Ashkan et Hossein, ses camarades, plus...  dans mes cordes, barbe de trois jours, poils drus, cils de gazelle, vous voyez un peu le topo... Ces deux-ci ont convaincu celui-là de partir en vacances ensemble, en balade sur les routes de France, jusqu'à la mer, le temps d'en profiter une dernière fois avant qu'Arash ne reprenne son billet retour pour l'Iran (et les choses un peu compliquée qui l'y attendent...)
Si c'est un petit film par la durée (1h20), il s'agit pour moi d'un grand bonheur cinématographique, où la ténuité de l'intrigue (et du fil conducteur) laisserait, justement, au spectateur plus de liberté pour s'immerger (affectivement, affectueusement) dans les histoires (celles qu'ils vivent et celles qu'ils racontent) de ces trois amis là. Les endroits où ils passent. Les gens qu'ils croisent. Et (surtout) les choses qu'ils se disent.
J'ai pensé à l'album jeunesse du même nom,

Trois amis : Heine, Helme

où trois amis partaient justement en vadrouille ensemble, et, la nuit venue, se retrouvaient même dans leurs rêves, car "les vrais amis rêvent ensemble..." J'ai toujours beaucoup aimé cet album. Pour ça façon d'évoquer l'amitié. Pour sa simplicité, sa tendresse. Le film est tout aussi plein de tendresse, même s'ils n'ont pas grand-chose de plus en commun...
Un faux "film de vacances", nonchalant ce qu'il faut (comme on aime) mais, en fin de compte, pas aussi insouciant qu'il voudrait nous le faire croire a priori. On le doit, bien sûr à sa réalisatrice, mais au moins tout autant à nos trois lascars, car les dialogues du film proviennent en grande partie de leurs improvisations (d'ailleurs, ils ne sont au générique désignés que par leurs prénoms, qui sont bien sûr les mêmes que ceux qu'ils portent dans le film).
J'avoue, je n'avais qu'une envie en sortant, c'est d'y retourner (c'est la catégorie de films où à la dernière image je me dis Quoi ? Déjà c'est fini ?) tellement on aurait envie de rester là, avec eux, à écouter Hossein qui chante... et puis aussi, surtout qu'il m'en manquait un peu (oui oui hélas j'avais un peu dormichouné alors que je n'en avais pourtant pas du tout envie)

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... Et j'y suis retourné, le mardi à 16h, et qu'est-ce que j'ai bien fait! Je voulais être sûr de tout voir. Et j'ai réalisé qu'à première vue, il m'avait manqué, ça et là, quelques plans importants (le récit du rêve avec le mollah, les plans paysagers iraniens) mais surtout cinq bonnes minutes, quasiment à la fin.Et je n'en ai pas perdu une miette.
Ce film me ravit. Il ne m'apporte que du bonheur cinématographique. La relation des trois amis, leur complicité leur pudeur et leur sollicitude, l'extrême musicalité du farsi (ils ne parlent pas, toujours ils chantonnent, et c'est très doux), les apparitions régulières de la lune, les endroits traversés, (mes voisins, plus grands voyageurs que moi, m'ont soufflé à l'oreille Sète, St-Ghilem-le-Désert, moi il me semblait juste avoir reconnu le Gardon...), les habitants de la "France profonde", toujours vus à la bonne hauteur, à la bonne distance (le plan sur la caravane sur fond de route et de ciel bleu m'est venu comme un clin d'oeil amical à Rayray Depardon et à ses Habitants), le soin apporté aux cadrages, l'importance des ellipses et des non-dits,  l'extrême délicatesse du propos, et la liberté accordée au spectateur de remplir lui-même, justementt, les vides et les blancs, sans oublier les détails : les cigarettes iraniennes, les trois façons de dire pet en iranien, l'eau de toilette, le choix d'un t-shirt, le rayon alcools de Carrefour, le caleçonnet, le pistolet à crème solaire, la fête foraine, les conseils de drague, et la mélancolie, oui, la mélancolie, tout ici me ravit.

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Top 10, donc

4 septembre 2017

chat qui se branle

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8 RÉCITS EXPRESS D'ALAIN CAVALIER
d'Alain Cavalier

"La Petite usine à trucage" / "La Danseuse est créole" / "Chat du soir" / "Bombe à raser" / "La Fille de Brioche" / "J'attends Joël" / "Agonie d'un melon" /  "Bec d'oiseau en Plexiglas"

On continue avec Uncut et les film(age)s d'Alain Cavalier, toujours avec le même plaisir. Une petite caméra, des images, des mots qui sont posés dessus, et voilà un récit express à la Cavalier. une suite de petites formes hétéroclites (par le sujet, par la taille) mais, dans le fond, cohérentes aux titres en général explicites mais parfois énigmatiques (la danseuse est créole). Mais toujours cette même -et délicieuse- façon de voir les choses et de les montrer...

Personnellement, j'avoue avoir un faible pour "J'attends Joel", déjà vu, me semble-t-il, à Belfort (Entrevues) dans un autre programme Cavalier:

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qui serait la "version longue" (8 films, 1h25) de ces 8 récits express (mais seulement deux films sont en commun), mais qui, hélas, ne figure pas, pour l'instant, dans la sélection Uncut... J'attends Joël c'est une quitessence Cavalieresque : notre ami Alain attend son ami Joël, qui doit passer le prendre en voiture pour aller au village voisin regarder la retransmission de la finale de la Coupe du Monde de foot qui oppose la France à l'Italie. Il ne se souvient plus si le match débute à 20h ou à 21h, il est sans voiture, sans téléphone, et donc il attend, et Joël n'en finit pas de ne pas arriver, et donc Alain se fait des films (et en fait un pour nous, par la même occasion). Onze minutes, où Joël n'arrivera jamais, et Alain finira par partir à pied jusqu'au village... Du plaisir pour lui, et du bonheur pour nous spectateurs...

Bref, grand merci Alain Cavalier et à Uncut aussi!

3 septembre 2017

lecture assidue

Bizarre bizarre... Il y a depuis le début juillet (merci la rubrique statistiques du blogchounet) aux Etats-Unis,  une personne, là (Merci la géolocalisation grâce à adresse ip...),

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qui lit, consciencieusement, courageusement, immodérément (compulsivement , gloutonnement ?), et ce pendant des heures et des heures, qui lit, donc, toutes les pages de ce blog, l'une après l'autre (mais pas forcément dans l'ordre), mais sans jamais laisser un commentaire ou quoi que ce soit d'autre...
Ca se passe dans un patelin nomme Mountain View, aux Etats-Unis (et j'avais même dans un premier temps, le nom de la rue, Castro Street, où c'était censé se passer...)
Cette lecture a multiplié par 3 ou 4 le nombre de pages vues chaque jour et c'est d'ailleurs grâce à cette multiplication significative que j'ai pu dater avec une certaine précision l'apparition de ce lecteur (et au fait que son adresse ip soit très reconnaissable car elle ne change pas, ou si peu...)
Alors, Big Brother is watching me ? cellule anti-terroriste ? curiosité dévorante ? FBI ? CIA ? amour immodéré ?  intérêt pour la french culture ? ou bien ???
Je me perd en conjectures...

2 septembre 2017

bouts de rêves

4 fins de rêves de quatre jours différents, du plus proche au plus lointain

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une pièce avec beaucoup de monde, des étudiants je pense
il va y avoir un texte qui va être dit, sur scène, par plusieurs hommes successivement (une ligne chacun)
une autre pièce avec toujours beaucoup de monde
Je suis occupé à chercher mon manteau que j'ai posé quelque part et que je ne retrouve pas, mais je croise Dominique qui, en riant, le sort de sa poche, c'est comme un très long k-way froissé, noir et jaune
finalement je vais dire la poésie avec les autres hommes (au début il me semble que c'est La mome néant de Tardieu, mais ensuite il me semble que le vers que je dois dire fait plutôt partie du Dormeur du val de Rimbaud)
le "metteur en scène" me prend à part pour me donner des indications sur la façon de dire les mots (il y a une deuxième partie qui ressemble plutôt à de la poésie sonore, j'ai des mots que je dois prononcer en même temps que les autres, mais je n'ai pas de repères sur quand je dois les dire) il m'explique les modulations d'intensité : fort presque à la fin et en chuchotant pour finir

(peut-être avant) ce même metteur en scène discute avec moi du fait qu'il m'a rencontré quelques jours plutôt dans le hall d'un cinéma  (et je me rappelle bien de ce jour-là en effet, mais je ne le connaissais pas encore, et ne pouvais donc pas le saluer) tout en parlant il a posé sa main bien à plat sur mon ventre et il l'y laisse tout le temps de la conversation, et je trouve ça plutôt agréable

je suis un peu inquiet par rapport à cette poésie je re-demande au metteur en scène de me mettre les indications sur papier, un peu plus tard il m'apporte une feuille sur laquelle tout ça est inscrit, qui est rangée dans une boite en carton qui s'ouvre en deux, comme un nécessaire à correspondance, mais qui devient un truc de gamin(e) rose, style Hello Kitty

Je cherche ma boîte Hello Kitty que j'avais posé quelque part j'en suis sûr, l'heure de la représentation arrive (il va d'abord y avoir des textes dits par des enfants, les petites chaises sont installées sur la scène, qui, d'ailleur, a changé de place et de sens)
j'aperçois, à l'endroit où elle était posée avant, des plate-bandes avec des fleurs, et je me dis qu'il devait y avoir un espace entre la scène et le mur, et qu'on a eu peur que les enfants y tombent

je cherche ma boîte, une fillette, en souriant, m'emmène vers une petite armoire fermée à clé, dont elle ouvre la porte, et je me dis qu'elle a du la mettre dedans

je me mets à répétéer "c'est pas vrai c'est pas vrai..." en rythme, il me semble que j'entends ma voix qui provient alors d'un autre endroit, et, tandis que je répète, d'autres voix masculines viennent, en rythme, s'ajouter à ma mélopée... On le fait plusieurs fois, jusqu'à ce que le metteur en scène indique, en baissant la voix, que le morceau est fini

*

quand j'arrive devant la porte de chez moi (qui n'est pas du tout la porte de chez moi dans la réalité) il me semble que la serrure a changé, en plus il n'y a pas de poignée
je me rappelle que j'avais laissé le manteau gris que m'avait confié ma voisine (Christine ? Patricia ?) et qu'il est tombé par terre, je le remasse, mais ce n'est pas le même manteau, celui ci est en tissu épais, à chevrons, je dois récupérer l'autre
juste à côté, à gauche de la porte, il y a une grosse armoire qui est décollée du mur d'une trentaine de centimètres, et là, je vois, par terre, entre le mur et l'armoire, le "vrai" manteau, en tissur beaucoup plus fin, en plusieurs parties, avec un genre de boléro/caraco
je pousse la porte, puisqu'il n'y a pas de poignée pour l'ouvrir, elle n'est pas fermée à clé
je rentre, inquiet, en demandant s'il y a quelqu'un, en parlant très fort
une voix masculine me répond "qui est là ?" j'aperçois une ombre avec un fusil levé, mais je comprends que c'est encore Jacques en train de me faire une plaisanterie
(plus tard)
Je parle aveec Christine, je lui tends son manteau et je lui dis que je l'ai trouvé dans la poubelle, mais je le dis tout bas à son oreille pour que Jean-Fran ne puisse pas l'entendre

*

je suis dans une pièce, au milieu de bcp de gens,je suis obligé de me tenir très droit, car se sont appuyés contre moi, derrière, comme un siège d'église, deux garçons qui s'étreignent je suis obligé de rester comme ça, mais ça n'est pas désagréable, c'est comme si je leur servais de tuteur

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Hervé a vu le film "Ozon nu", et il m'explique qu'il en a absolument détesté la fin

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