DELICIOUS
de Mark Haskell Smith
Toujours grâce au même blog providentiel, Actu du Noir, ici) qui m'vait déjà fait découvrir les délices de Carl Hiaasen, voici donc un petit nouveau (qui lui n'a publié que cinq romans), et dont la filiation avec ce cher Carl Hiaasen semble assez justifiée. Même structure "en étoile", avec des personnages différents (voire très différents) s'agitant tout autour d'un thème "central", qui sont déjà, au départ plutôt attachants (ah oui, le roman commence par l'épilogue, on sait qui a fait quoi (bien qu'on ne sache pas précisément quels sont les quois en question) et ça commence suffisamment fort, pour qu'on soit tout de suite harponné, alpagué, crocheté (etc., complétez avec le qualificatif de votre choix) et qu'on ait envie d'aller plus loin. Il est ici question d'Hawai, d'un jeune cuisinier (local) plein d'avenir, de son oncle et de son cousin (dans la restauration, des équipes de cinéma en résidence notamment), d'une équipe de cinéma, justement (le réalisateur et son assistante), et d'un mafioso aux dents longues qui souhaite venir s'installer sur l'île pour y gagner beaucoup de pépettes (au détriment des petits entrepreneurs locaux). Il y aura aussi des tueurs, un, puis deux et trois. les personnages sont très bien croqués, avec certains revirements plutôt surprenants mais qui rajoutent encore au plaisir.
Et comme chez Hiaasen c'est une formidable mécanique, comme chez Hiaasen c'est très drôle (drôlement noir ou noirement drôle ?). Mais, encore mieux que chez Hiaasen (enfin, pour moi), c'est très cul. Très cru. Il sera beaucoup question de bites, en des états d'émoi divers (après le FAQV, voici le PAQV : le polar à quéquette visible, merci MHS!) et en plus, ce qui n'arrive pas si souvent non plus, pas strictement hétéronormé, donc, (pour moi, encore) que du bonheur...
Pour résumer, Mark Haskell Smith, c'est bon comme du Carl Hiaasen mais en encore plus couillu (ceci dit les romans ont quand même été écrits à vingt ans d'intervalle, il faudra que j'arrive aux bouquins plus récents de Carlounet pour éventuellement réviser ce jugement...)
QUEUE DE POISSON
de Carl Hiaasen
Retour à Hiaasen, donc (il m'en reste encore quatre, je crois) et à la Floride, après ce détour par Hawaiï. J'essaie de les lire dans l'ordre mais c'est compliqué, il me manque les premiers. Celui-là vient après Pêche en eau trouble, me semble-t-il, et il y est beaucoup plus question d'eau que de poisson, d'ailleurs. Ca commence avec un mari qui pousse sa femme du pont d'un bateau lors d'une croisière, et pense avoir commis le crime parfait. sauf que l'épouse en question non seulement a survécu (et elle est recueillie par une vieille connaissance, Mike Stranahan -toujours aussi viril et craquant-) mais décide de se venger... Le mari est un fieffé pourri, le genre de mec sans crupules et qui aime beaucoup les dollars et entreront successivement en jeu un flic très obstiné (qui a des serpents come animaux de compagner et rêve de se faire muter dans le Montana), le patron du mari (un businessman sans scrupules ni états d'âme) la maîtresse du mari (une esthéticienne au sang chaud) et le garde du corps du mari (attribué par son patron) une montagne en salopette couverte de poils... Touillez joyeusement, et c'est parti pour cinq cent pages extrêmement plaisantes (comme d'hab', Hiaasen sait être drôle, écolo, anti-capitaliste, cynique, fleur bleue, et il arrive même à nous émouvoir, si si! avec des twists de personnages, qui vont se comporter soudain comme on n'aurait jamais cru qu'ils se comporteraient...)
MIAMI PARK
de Carl Hiaasen
Celui-là me disait un peu moins parce qu'il est vieux, publié chez j'ai lu et qu'il accuse un peu son âge (mais bon le papier jauni a son charme, hein...) C'est comme rentrer dans la piscine, affronter le choc thermique. Et bien là, en deux pages c'était fait : une famille en décapotable rouge de location et en route vers un parc d'attractions reçoit soudain un rat, jeté depuis leur van par une paire de malfrats. Et c'est parti ! Car il s'agit en fait d'un campagnol du manguier à langue bleue, un spéciment rarissime, volé dans un parc d'attractions (dirigé par un boss sans scrupules ni états d'âme, promoteur véreux, en délicatesse avec la mafia, genre de personnage récurrent chez Hiaasen) par un duo de bras cassés (tandem de personnages tout aussi récurrents chez Hiaasen, et toujours aussi attachants) pour le compte d'une mamie très riche très écolo (et au révolver très facile, style Calamity Jane). Et là, on n'a encore lu que quelques pages! Il y a aussi un journaliste pourvu d'éthique, sa copine qui bosse pour une sex-line au téléphone, une jeune fille qui joue les ratons-laveurs dans le parc d'attractions qui est au centre de l'intrigue et des préoccupations de chacun (sans oublier un chef de la sécurité un peu trop porté sur les stéroïdes et anabolisants, un dauphin un peu trop entreprenant, un tueur mafieux souffrant d'aérophagie, et, cerise sur le gâteau, notre ami Skink toujours avec son imper fluo et son bonnet de bain à fleurs...) et fera l'objet d'ailleurs d'une scène finale plutôt apocalytique... De la littérature idéale pour ces vacances à soleil et chaise-longue au bord de la piscine!
A BRAS RACCOURCI
de Mark Haskell Smith
S'il y a une chose que j'ai en horreur (ceux qui me connaissent le savent) c'est bien les histoires de mafia, mafieux, mafiosi, parrains et tutti quanti (parle plus bas...), et il suffit en général que le sujet soit évoqué sur la quatrième de couv' pour que le bouquin me tombe des mecsn et je pensais que c'était irrémédiable. Mais je ne connaissais pas Mark Haskell Smith. Celui-ci est, chrnonologiquement, le premier des cinq parus (tous chez Rivages). Et donc je l'ai pris après avoir reposé le Miami Park précédent. ici, tout tourne autour d'un bras, malencontreusement coupé par une porte de garage, celui d'un mafioso haut placé, bras autour duquel vont se poursuivre des mexicains (toute la hiérarchie du crime, du jefe (le big boss) à ses différents fifres et sous-fifres, un flic entêté, un employé de la morgue (celui qui devait livrer le bras au flic), sa copine, son autre copine (sachant qu'untel ou unetelle est thérapeute et donne des leçons de branlette, écrit un livre de cuisine, tombe amoureux d'une femme vue sur un tatouage, découvre le pouvoir érotique d'un flingue, veut devenir scénariste de telenovela, rencontre l'amour, veut passer le septième niveau de tétris, passe son temps à fumer des pétards, se fait tatouer contre sa volonté, j'arrête là...). Ca s'agite beaucoup, sous le soleil de Los Angeles et parfois de ses environs.Les personnages sont plaisantissimes, les événements qui les rassemblent vont du loufoque au fou-furieux en passant par le clin d'oeil ou l'inattendu. C'est superbe, c'est -encore une fois- construit comme une mécanique de précision (tout est donc plus ou moins parti d'un bras, et tout ou presque se résoudra dans une chambre d'hôpital), c'est drôle, c'est alerte, c'est cynique, c'est même parfois fleur bleue (oui oui il y en a même des qui recontrent l'amûûûr), bref, c'est idéal... A recommander violemment, donc! (C'est un peu moins cul (un peu moins cru) que Delicious, du même -mais bon là il était plus jeune hihihi-)
Mais je vais arrêter là pour l'instant les Hiaasen et les Smith pour changer d'air avec un autre poids lourd dont je vous parlerai la prochaine fois.