L'EFFET AQUATIQUE
de Solveig Anspach
J'ai réussi à tenir un jour! Avant de courir à Besac au Victor Hugo pour le voir, enfin, le voir... Ce film posthume de Solveig Anspach, qui a été projeté à Cannes et y était apparu nimbé d'opinions positives et enthousiastes. C'est le dernier volet d'une trilogie entamée avec Back Soon (2007, que nous avons programmé) et poursuivie avec Queen of Montreuil (2013, programmé aussi dans le bôô cinéma (mais -jmelapétos- j'avais eu la chance de le voir en avant-première, en présence de l'équipe du film, à l'UGC Les H*lles ("mon" UGC), mais bon j'étais à des kilomètres dans cette immense salle, j'avais essayé de prendre des photos mais c'était nul, je me souviens juste qu'ils s'étaient toutes/tous affublés de fausses moustaches, rapport au film) et revu avec enthousiasme et passion.
Trilogie ? Back soon se passait en Islande (l'histoire d'Anna), Queen of Montreuil se déroulait à Montreuil (l'histoire d'Agathe, qui croisait celle d'Anna), tandis que L'effet aquatique commence à Montreuil (l'histoire d'Agathe) et retourne en Islande (recroise l'histoire d'Anna), et la boucle est bouclée. Le personnage de Samir (le grutier) figurait déjà dans Queen of Montreuil. Trois ans séparent les films, et on peut supposer que trois ans ont passé de la même façon dans la vie des personnages. Ce qui explique peut-être par exemple, entre autres, la disparition du nounours Caruso (qu'on regrette, bien évidemment). Agathe (divine Florence Loiret-Caille) est à présent maîtresse-nageuse à la piscine Maurice Thorez, à Montreuil (elle était cinéaste dans Queen of Montreuil, que je viens de me revisionner pour le plaisir ce matin). Et Samir (le suave Samir Guesmi), toujours grutier, vient de tomber amoureux d'elle. Et pour l'approcher lui fait croire qu'il ne sait pas nager et veut prendre des cours... Un avatar scénaristique l'obligera à dévoiler son mensonge, provoquant la fuite d'Agathe, tandis qu'un autre lui fera prendre l'avion à sa poursuite, vers l'Islande où se tient un congrès de maîtres-nageurs.
Ce film est un vrai doudou. De la même veine (aussi tendre que mélancolique) que Queen of Montreuil (qu'on a donc aussitôt envie de revoir). La partie française est focalisée (resserrée) sur Agathe et et Samir, et l'univers clos de la piscine (dont le scénario étoffera tout de même le décor en y insérant quelques nouveaux personnages : le directeur (Philippe Rebbot), le caissier (Esteban) et une seconde maîtresse-nageuse délicieusement obsédée (Olivia Côte), tous délicieusement "anspachesques" et affectueusement croqués.) on regrettera de ne pas revenir faire un tour chez Agathe.) La partie islandaise va permettre au film de prendre un peu d'espace, du champ, du grand air. Symétriquement au film précédent, c'est cette fois Anna qui hébergera Agathe (et Samir, dont elle avait fait la connaissance.) Anna qui est à présent conseillère municipale, mais par alternance : un jour sur deux elle est la supérieure de Frosti (un nouveau venu, je pensais, mais il me semble bien qu'on le voyait déjà, dans Queen of Montreuil, en copain islandais d'Anna en visio-conférence) tandis que c'est lui qui commande l'autre jour sur deux (démocratie à l'islandaise ?).
Et le film est délicieux. C'est comme le riz au lait que j'évoquais dans le titre, à la fois tout simple, presque sans enjeu (on sait très bien comment tout ça va -bien- finir) et extraordinairement gratifiant. Euphorisant, oui. On peut juste regretter qu'il passe trop vite (un peu plus d'1h20), peut-être que le décès de Solveig Anspach n'a pas permis d'y mettre tout ce qui avait été prévu d'y mettre, je ne sais pas, mais, en l'état, on se régale de tout ce qu'on nous y propose. Et Florence Loiret-Caille est toujours aussi mimi, et Samir Guesmi offre un contrepoint attendrissant (pour filer la métaphore de la recette du titre, on peut toujours se demander qui serait le riz et qui serait le lait, et en allant jusqu'au bout, on pourrait conclure que c'est l'Islande toute entière qui sservirait de troisième ingrédient nécessaire : à savoir le sucre, mais sans oublier la petite pointe de sel toujours indispensable dans ce genre de préparation.)
Bref, il est question d'amour, mais aussi de rapports entre les gens. L'effet aquatique est un film de regards, de rencontres, d'échanges (ah, le projet Together). Un film tendre, qui débute dans l'eau chlorée et finit dans une source chaude en pleine nature. L'effet aquatique, c'est que ça fait du bien, et que ça donne furieusement envie d'aller nous aussi faire trempette.
Je ne saurais que vous inciter/inviter à le voir, et à revoir aussi les deux autres. (Que je tiens à votre disposition.)