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lieux communs (et autres fadaises)
15 avril 2011

choc

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Hasards... Que j'aie eu le temps, ce mercredi après-midi, de passer chez mon petit bouquiniste... Qu'en fouinant, je sois tombé sur ces deux bouquins, côte à côte, dont la tranche dépassait un peu du rayon "poches". J'aime bien l'éditeur (le Dilettante), je lui dois quelques grands bonheurs ("La belle jardinière",  notamment), je connaissais l'auteur juste de nom... que j'ouvre "Feuilles volantes", que j'en lise quelques lignes, et qu'immédiatement j'aie envie de l'acheter, que je repose alors le Ishiguro que j'avais déjà sélectionné, pour prendre à sa place le deuxième volume, trouver que 6,50€ chacun c'était un peu chérot mais néanmoins les prendre.
Je ne sais pas pourquoi, en sortant de la boutique, j'ai aussitôt ressorti un des deux de mon sac, c'était Feuilles volantes, et j'en ai aussitôt commencé la lecture. Le choc. J'avançais sur le trottoir avec une relative prudence, mais je ne pouvais me sortir les yeux des mots de cet homme. C'est comme si sa voix m'avait alors crié dans les oreilles, mais uniquement pour moi, comme si ses mots m'avaient été spécialement, tout particulièrement, destinés.
C'est rare qu'au bout de quelques lignes, j'aie ainsi quasiment les larmes aux yeux. Je suis arrivé à la voiture, j'ai encore lu quelques lignes, pages, je ne sais plus. J'aurais pu rester là, assis, et ne plus m'arrêter de lire.
Fasciné par cette écriture à la fois si "économe" (ce n'est pas moi qui le dis) et si forte. Puissante, touchante, noire, pessimiste, exacte. Humaine.
Une noirceur oserais-je dire réconfortante ? L'auteur a été prisonnier en Allemagne et il en parle. Des textes brefs, une écriture simple mais fascinante. C'est incroyable -et presque désespérant- qu'une voix pareille n'aie pas eu plus de retentissement, plus d'écho.
J'ai regardé ensuite sur Internet, j'ai cherché plus de détail sur cet homme, sur sa biographie et sa biblio. Quelqu'un qui n'a pas eu de chance, et c'est rien de le dire, a été superbement ignoré de son vivant en tant qu'écrivain, tandis que, redécouvert dans les années 80 (après sa mort, quoi), voilà que ses bouquins ne se vendent quasiment qu'à des prix plus ou moins prohibitifs.
Ironie du sort... et somme toute pas si inhabituelle, n'est-il pas ?

10 avril 2011

beau temps (pour moi)

Avril, j'aime ce moment où l'année prendrait comme un virage décisif. Vers le soleil, vers le beau, vers l'été. On respire, on soupire, on a soudain trop chaud, on enlève quelques épaisseurs ("on ôte ses couches" serait plus ambigu...) mais dès que le soleil se cache on se retrouve comme un con avec ses bras à l'air.
Surtout en ce moment où l'on bat, paraît-il, des records de chaleur (depuis 1951 ? Ca me fait penser à ce court texte de Benchley sur les recors météo, qui m'avait bien fait rire, dans le recueil Le supplice des week-ends : en gros, sa théorie c'est que n'importe quel jour peut-être prétexte à un record météo quelconque, pourvu qu'on cherche bien...)
Nous voilà quasiment en juillet/août (question températures et torses nus), mais avec, peut-être, l'appréhension, on ne sait jamais jamais, que d'ici quinze jours il pourrait bien geler, voire neiger (et c'est là qu'invariablement on évoque les saints de glace, qui ne sont pas, comme je l'ai longtemps crus à cause d'un cinéaste (lequel ?) les seins de glace de Mireille Darc).
Oui, hier soir on prenait l'apéritif dehors, sous un pommier extrêmement en fleur, ce qui n'est pas fréquent pour un 9 avril.
Et d'aucuns rajoutaient "mais rendez-vous compte, 26 en avril, ça signifie peut-être 46 en juillet !"...
Et ce matin j'ai tenté, sur l'injonction quelque peu insistante (mais justifiée) de ma voisine, de désherber les plate-bandes (je suis comme les enfants, c'est le genre de tâche dont je me désintéresse assez vite, le plaisir de manier la pioche et le râteau n'étant certainement pas pour moi une source d'émerveillement perpétuel (et en me sous-disant que ça ne doit pas faire du bien au dos de se courber tout le temps comme ça, et que si j'ai mal demain je saurai pourquoi, hein...)
Et le beau temps ajouté au fait d'habiter désormais (quasi) à la campagne m'a fait découvrir un autre bonheur local, qui revient avec le soleil et les plate-bandes qui fleurissent : les fourmis ! oui, une invasion de fourmis, nombreuses, méthodiques, affamées qui n'ont de cesse de m'énerver à marcher ainsi en colonnes organisées à la recherche de mon sucre. salopes! J'ai vite abandonné les recettes "propres" trouvées sur internet (marc de café, jus de citron, voire acide borique) rapidement tous plus inopérants les uns que les autres, pour la solution finale : "la" boîte verte achetée en droquerie, dont la vendeuse m'assurait de l'efficacité absolue dans l'éradication de la gent fourmilière... Comme un grand tamanoir, j'attends et j'observe...



9 avril 2011

tanz

PINA
de Wim Wenders

On a le droit d'être déçu, c'est normal, ça arrive. un film sur une chorégraphe dont on admirait le travail réalisé par un réalisateur qu'on adora un certain temps... On était en droit d'espérer de grandes choses. Alors on est déçu, mais ça n'est pas si grave.
Surtout qu'on en a vu un autre, récemment, de film sur la même chorégraphe, on l'a même vu deux fois, avec les larmes aux yeux à chaque fois. Tandis que là, rien. L'oeil sec d'un bout à l'autre. Non, on n'y peut rien, c'est comme ça, on est déçu. Pourtant, c'est vrai, on a rarement été aussi près des danseurs, pourtant sont évoquées assez en détail un certain nombre de ses chorégraphies, pourtant parole est donnée à un certain nombre de danseuses et danseurs de sa troupe ; on suit ça avec intérêt, certes, mais le coeur est ailleurs.
Pour un film conçu pour la 3D (on se demande d'ailleurs quel pouvait bien en être l'intérêt - mais bon on l'a vu heureusement en copie plate, ouf!- ) c'est filmé platement (et je n'écris pas ceci juste pour faire un mauvais jeu de mots), ce qui est tout de même un comble. Sans génie, sans magie, sans étincelle, sans prise de risque. c'est bien filmé, mais... normalement.
Précisons les choses : ce n'est pas ce qui est filmé (la matière chorégraphique, le portrait en travers de Pina, les mots des danseurs) qui est en cause, c'estjuste  la façon dont c'est fait.
Je ne saurais dire autrement. De la part de celui qui réalisa -entre autres- Au fil du temps, L'ami américain, L'état des choses, Les ailes du désir... c'est juste un peu tristounet. On attendait plus. On était en droit d'attendre. Plus.

 

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4 avril 2011

micro91

*

ce n'est pas parce que je sais assez précisément ce qui me manque
que le ceci en question va soudain cesser de me faire défaut...

*

être au printemps, et avoir des plate-bandes...

*

"sèche-toi, sinon tu vas attraper la mort..."

*

rêvé des Harceleurs

*

l'apprentissage de la frustration : c'est face à l'échafaudage
que les batteries de mon appareil-photo m'ont (lâchement) lâché

*

Une fille et un garçon marchent à la même hauteur, chacun sur un trottoir
Le garçon se ronge les ongles et regarde la fille par en-dessous...

*

j'aurais tendance, a priori, à me méfier des chauves...

*

le conducteur était tellement bourré qu'il a embouti le radar,
et l'a déraciné

*

se rappeler -confusément- qu'on a eu seize ans.

*

dimanche ensoleillé, poids-lourds immobilisés
j'ai entraperçu mon premier routier de la saison en tenue légère
 fugace, mais ça s'imprime sur la rétine

*

 

2 avril 2011

"anthropophages..."

SINGULARITES ORDINAIRES
par le GdRA

Honnêtement, à la lecture du résumé, je ne sais pas si j'aurais fait l'effort de me laisser tenter. Quand il s'est avéré que c'était Adèle, la fille de mon ami Pépin, qui "avait fait les lumières", il est devenu inenvisageable de le rater...
Le résultat est un spectacle extrêmement réussi, peut-être plus labellisé "performance" que "théâtre", et qui risque donc de décevoir les amateurs purzédurs (de théââtre, je voulais dire). Sur le papier, donc, trois études de cas (personnages plus ou moins atypiques (un berger musicien, une danseuse qui préfère la barre verticale et une "mulâtre" égérie d'un bistrot marseillais), singuliers en tout cas. Et sur scène, (plateau nu) trois gaillards : un longiligne aux oreilles décollées, un petit trapu baraqué, et un grand barbu bouclé, qui vont intervenir chacun dans sa spécialité , soit, respectivement, le hâbleur, le danseur, et le musicien, pour nous parler, à leur façon, de chacun des trois personnages, d'abord successivement, puis simultanément, dans une création en cinq parties (la cinquième, en forme de coda, justifiera l'eistence du losange rouge -après le triangle rose ? - que chacun des trois acteurs porte sur son vêtement.)


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Sur le papier, il était question de sociologie, et d'anthropologie (ce que pratique d'ailleurs leen forme de coda n'étant que le matérialisation, l'hommage, de l'oeil extérieur qui est à l'origine d'une certaine partie de ce tout créateur de la troupe, qui est musicien anthropologue) mais il s'agit surtout, et fondamentalement, de regards, ou plutôt, justement (coucou, Adèle, tu vois on y revient!) d'éclairage / d'éclairages : plutôt parler des autres en parlant de soi, ou parler de soi en parlant des autres ?
Et le titre de cette catégorie ("pluricul/multimed") est ici  exactement et parfaitement mérité : vidéo, musique, voix, danse, acrobatie, graphisme, poésie sonore, tout est bon à ces trois gaillards pour nous accrocher, nous étonner, et nous conquérir.
J'en connais qui souriront, de ne pas me sentir ainsi complètement objectif, à chroniquer un spectacle créé/joué par trois hommes, qui ont visiblement établi entre eux des liens (d'affect / de complicité) forts, et qui plus est physiquement plus qu'agréables à regarder / à écouter (chacun d'eux a son charme, indéniable), et qui, re-plus est, évoquant la différence, et matérialisant par ailleurs  l'affect en question , notamment dans un duo extrêmement touchant - qui débute d'ailleurs  par une étreinte- (où l'un est la ballerine et l'autre Merce Cunningham, sans qu'à aucun moment cela n'apparaisse ni grotesque ni déplacé ni quoi que ce soit de négatif.)

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J'ai particulièrement aimé ces prises de parole, au nom de quelqu'un d'autre, chacun des trois à son tour prenant / donnant la parole à un des personnages, le jouant ainsi, mais a minima, et rendant encore plus forte cette simplicité. Les mots (le discours) n'étant qu'un des axes envisagés, le corps (la gestuelle le mouvement l'acrobatie) et le son (la musique la voix le chant) en constituant les autres.
On joue, ils jouent, sans cesse de ces interactions, et le travail d'Adèle à la lumière organise tout cela en une belle cohérence narrative et plastique. Chacune des parties a sa tonalité chromatique propre, mais pas que. Les effets, même s'ils sont discrets, sont toujours signifiants. Je suis toujours émerveillé par la façon dont les lumières réussissent, d'un rien en apparence,  à transcender les choses. il y a quelque chose de magique là-dedans...
Une expérience sensorielle multiple et riche, donc, chaudement recommandée. Elle est annoncée comme la première partie d'une trilogie, les deux autres étant NOUR et Sujet.
A suivre ?

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