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lieux communs (et autres fadaises)
11 décembre 2010

dix autres encore livres les plus importants de ma bibliothèque

LES AUTONAUTES DE LA COSMOROUTE
de Carol Dunlop et Julio Cortazar

Parce, d'abord, je n'avais pas voulu l'acheter (sous prétexte qu'il n'était pas de Cortazar seul), parc que je trouve cette idée toujours aussi fascinante, que ce bouquin tout à la fois me fascine, m'émeut, me fait rire...

LES AMNÉSIQUES N'ONT RIEN VÉCU D'INOUBLIABLE
d'Hervé Le Tellier

Parce que "1000 réponses à la question "A quoi penses-tu ?"", parce que, posé à côté de "Je me souviens", il contribua à lancer la collection des "livres qui disent que je", parce que j'ai même racheté la nouvelle édition (où il y en avait des inédits).

ULYSSE
de James Joyce

Parce que cette édition-là, précisément (le livre de poche, un seul volume, 704 pages  écrites tout petit), parce que j'ai lu ça quand j'étais en terminale, parce qu'il y avait des mots cochons, parce que (beaucoup plus tard) le monologue de Molly Bloom, parce que "et oui j'ai dit oui je veux bien. Oui. "

LETTRES A UN JEUNE POÈTE
de Rainer Maria Rilke

Parce que c'est l'exemple -recouvert de papier cristal- emprunté il y a longtemps à ma voisine et à elle jamais rendu, parce que j'en avais utilisé des extraits lors d'une "performance" à ... Jumilhac (?) (je ne suis plus très sûr)

MARTIAL, OU L'EPIGRAMME OBSCENE
de Serge Koster

Parce que j'étais sans doute un peu amoureux de Martial (imaginez, un barbu qui vivait il y a deux mille ans et écrivait des cochonneries) parce que c'était beaucoup plus intéressant que ce que l'on pouvait trouver à traduire dans les Lettres latines ("Thaïs habet nigros, Laecania niveos dentes habet..."), parce que c'est le dernier ouvrage(et le plus cru)  acheté à propos de lui...

LA BELLE JARDINIERE
d'Eric Holder

Parce qu'on avait tout juste découvert les minsucules recueils de nouvelles publiés par Holder chez Le Dilettante, parce que j'ai aussi découvert le "Prix Novembre" (existe-t-il toujours ?), le livre a ainsi toujours son bandeau rouge portant ces mots. Parce que c'était une écriture superbe.

TINGO
d'Adam Jacot de Boinod
Parce que je ne pouvais trouver trouver de bouquin plus improbable que ce dictionnaire "d'entomologie des langues", à la fois recueil de listes, ouvrage savant, et roman de la mondialisation de la langue, finalement.

LES CONTES DU CHAT PERCHE
de Marcel Aymé

Parce que Delphine et Marinette, parce que les parents, parce que le loup, parce que le problème, parce que la patte du chat, parce que les boeufs, parce que le méchant jars, parce que je ne me lasse pas de le lire et de le relire (Folo, 1978).

LA BOUTIQUE OBSCURE
de Georges Perec

Parce que c'est mon bouquin de perec préféré, et sans doute le moins connu, parce qu'il fut le numéro un d'une collection qui, si je me souviens bien, n'en compta pas d'autre ("cause commune / du pamphlet à la théorie"), parce qu'il y raconte, simplement, 124 de ses rêves, parce que ce fut lui qui me donna l'idée de collectionner les "livres qui racontent des rêves") et parce qu'il continue toujours autant à me fasciner

UNE ARDENTE PATIENCE
d'Antonio Skarmeta

Parce que je l'avais tellement adoré à la lecture (c'est un livre dont j'ai vraiment savouré chaque page)  que j'ai refusé de voir le film qui en avait été tiré, et que j'ai cherché ensuite à lire tout le reste de Skarmeta (et il n'y en a pas beaucoup!)


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10 décembre 2010

à deux doigts

HOLIDAY
de Guillaume Nicloux

Changement total d'univers pour cette deuxième séance de la journée : le cinéma "noir" de Nicloux (identifiable ici grâce à la présence de Darroussin et Balasko, entre autres) est un cinéma authentiquement barré. et la présence avérée de Jean-Bernard Pouy dans le générique de fin, en tant que co-scénariste, ne fait que confirmer les soupçons (et tout le bien qu'on en pensait).
Soit un hôtel, où Darroussin est venu passer le week-end, avec sa femme (Godrèche, impériale une fois de plus en cruchasse) et sa belle-mère (Balasko, parfaite en belledoche en surchauffe). Les scénaristes y ont installé (dans l'hôtel,  bien évidemment, pas dans Belle-Maman, voyons...), tant au comptoir, dans les couloirs ou chacune des chambres voisines, toute une galerie de personnages loufoques, "décalés", plus ou moins nets, et bizarroïdes idem, intrigants, voire inquiétants, qui vont se croiser  tout au long de ce qui va se révéler une nuit plus que mouvementée...
Un genre de vaudeville criminel (portes qui claquent, allées et venues, quiproquos et doubles sens), à moins qu'il ne s'agisse d'un crime vaudevillesque, car crime il va y avoir, bien sûr.
Et enquête, et reconstitution avec explication finale du flic devant le cercle des suspects, sans oublier l'indispensable "coup de théâtre ultime (et même celui en milieu de générique final, attention!). On a soudain glissé, insensiblement, de Chabrol mâtiné de Lynch (ce n'est pas moi qui ai eu l'idée) vers Pascal Thomas période "Agatha Christie", mais en un peu plus... leste (mon ami Pépin dirait que c'est un film pour public averti... enfin, rassurez-vous (ou pleurez, c'est selon,) pas l'ombre ici d'une QV, mais bon  ça fornique allègrement, par tous les bouts si je puis dire).
Darroussin a l'air de s'amuser, les dialogues font mouche et l'on y rit/sourit souvent, on a le plaisir de revoir la trop rare Françoise Lebrun, (qui fait "sssss!!!" dans les couloirs), et l'on sort de là, ma foi, d'assez souriante et débonnaire humeur.
Pas impérissable, certes, mais bien agréable, ma foi...

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9 décembre 2010

tous les petits animaux morts

PIEDS NUS SUR LES LIMACES
de Fabienne Berthaud

Agenex : C'est le moyen mnémotechnique que j'ai trouvé pendant la projection pour me rappeler les trois états par lesquels je passais et repassais successivement : agacé, énervé, exaspéré. Une histoire à propos de deux sœurs : une  blondinette qui embrasse les arbres (ça m'a rappelé un dessin de Reiser...), fabrique des porte-clés en vraie taupe crevée, et vernit en rouge les ongles des dindons (oui, bon, on peut dire autrement : elle est givrée, quoi), et sa frangine donc, toute aussi blonde mais beaucoup plus (mieux ?) formatée, limite psycho-rigide, quoi! L'intégrée vs la désintégrée, quoi...
Ludivine Sagnier (qui reconnaît elle-même qu'il serait temps que les réalisateurs réalisent, justement qu'elle a trente ans, et arrêtent de lui refiler des rôles de gamine) se sort comme elle peut d'un rôle impossible, (tellement il est chargé, comme la mule du même nom) à tel point que, juste après la scène où la sœurette fantasme l'avoir noyée dans la baignoire tellement elle est chiante (et c'est rien de le dire), j'en ai quasiment soupiré d'aise : ouf, enfin la paix! Mais ce n'est hélas qu'une fausse joie, et de bien courte durée.
C'est rare que cela se produise quand je vais voir un film, mais là, vraiment, plusieurs fois, j'ai envisagé de me lever et de quitter la salle, tant tout cela m'exaspérait, gamineries, enfantillages, minauderies, caprices, hurlements, hystérisations sororales, (mais bon, peut-être c'est juste parce que je suis un gros bourrin, incapable d'apprécier (je cite  de mémoire, Libé me semble-t-il, "un regard de femme porté sur le portrait de deux sœurs") enfin, à chaque fois, de scène énervante en scène pénible, je me suis dit "allez, reste encore un peu...". Parce qu'il faut reconnaître que tout ça n'est pas filmé avec les pieds, bien au contraire (euh, je précise que ceci est un compliment...).
Et bien m'en a pris. Car c'est vrai que le dernier quart d'heure m'a, soudain, intéressé. Bon, il y a l'intervention d'un genre de rugbyman très agréablement mal rasé, certes, mais pas que... Comme si, après une interminable exposition,  le film prenait enfin véritablement  son rythme de croisière, son intérêt. D'un réel fantasmé, on serait ainsi passé à un genre de fantasme réalisé. Où la réalité n'est plus du tout réelle, donc.
Un peu trop tard, sans doute...

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7 décembre 2010

deux morceaux de rêves

Une répétition de théâtre, avec Pépin et un acteur (Nicolas ?) qui a du mal... J'arrive de Besançon, et je leur dis que j'ai acheté le dvd d'Orlando, avec Isabelle Huppert. Je regarde alors l'écran du moniteur situé au-dessus de nos têtes, et je vois entrer... Isabelle Hupper, dans une tenue rose fuschia (comme sur la pochette du dvd). Elle va jouer une scène avec nous. Nous sommes dans une semi-oscurité, au tour d'elle, et elle chuchote un texte auquel je ne comprends rien...
Il est question pour moi de fabriquer un bouchon avec des allumettes que j'ai disposées en cylindre serré au creux de ma main, mais quand je regarde le goulot de la bouteille en question, aussi constitué d'allumettes serrées, je me rends compte qu'il n'y a pas assez d'espace au milieu pour mettre "mon" bouchon d'allumettes. Et d'ailleurs, comment les faire tenir ensemble , Avec un ruban?
J'entends quelqu'un parler de quelqu'un d'autre qui est en prison et qui a tout fait pour ne plus entendre et combien c'est difficile de le faire en cachette, se boucher les oreilles, et que, d'ailleurs, s'il avait voulu mettre des allumettes, ça aurait été dangereux, on aurait pu lui percer les tympans...
nous sommes en voiture, avec deux autres personnes, mais chacun dans un véhicule différent: j'ai un espèce de tracteur d'enfant avec la roue avant qui colle un peu sur l'accotement, c'est difficile d'avancer, je vois Hervé me dépasser, il est dans un genre de voiture de sport, tellement à l'aise qu'il n'a même pas besoin de mettre les mains sur le volant, et qu'il les a croisées derrière la tête

(une autre nuit)

j'arrive à Paris en train. Je voyage léger, j'ai juste mon sac à dos, il est à moitié vide (je vérifie que mon porte-feuille y est toujours, quand je me dis qu'il faut que j'achète des tickets de métro. Je réalise alors que je n'ai pas de manteau (je l'ai laissé là où j'étais avant de prendre le train, et surtout que je n'ai pas pensé à récupérer mon sac de voyage à l'arrivée à la gare (mais aurais-je alors voyagé en avion ?)
je tente donc de retraverser Paris pour retourner à la Gare de l'est récupérer ce fichu sac (je me prépare déjà, en pensée, à répondre aux questions des employés sur le contenu de ce sac pour prouver qu'il est vraiment à moi...
Je passe dans des rues bizarrement faites, avec des trucs surélevés au milieu, en rendant la traversée malaisée, comme des morceaux de vitraux un peu abimés...
Je passe devant une toute petite gare, dont j'espère un instant que c'est la gare de l'est, mais elle porte un autre nom, c'est une petite gare dont je n'avais jamais entendu parler, comme une gare "en modèle réduit"
Je retrouve Dominique et Malou dans un troquet, je leur raconte mes histoires de sac et de manteau (je me dis que je commence à perdre la tête). Nous sommes dans un troquet, assez cosy, sur une étagàre est posé le press-book d'un film (petit format carré) que j'ai envie de piquer, mais je me retiens. Je m'étonne qu'un press-book traîne ainsi dans un troquet, puis je me rappelle qu'on est dans le troquet d'Agnès Varda, c'est normal qu'elle fasse de la pub pour un film.
Film dont on parle d'ailleurs, avec D. et M. M. me demande si je l'ai vu, que, tout de même un film de 2h19=8, et je réponds en évoquant tous les films actuels très longs qui sortent, tandis que D. se lève précipitamment, peut-être pour aller aux toilettes.
Nous marchons, pour aller manger. Nous passons devant un restau mexicain où se déroule une scène dont je ne sais si c'est un film ou la réalité. Tous les employés "défilent" dans la devanture du restaurant, sur une musique répétitive faites d'applaudissements. Ils sont tous face public, les uns contre les autres, souriants, ça donne envie...
Nous entrons dans ce restaurant, nous asseyons, il y a une longue table, Agnès Varda est assise au bout, je me suis assis à l'autre bout, et (?) est assise à sa gauche. Un premier serveur arrive avec les menus, peut-être nettoie-t-il la table (il est question de miettes). Un deuxième jeune serveur arrive, il m'invite à me rapprocher ("pour la soupe...") et à venir m'asseoir à droite d'Agnès, donc. Je m'exécute en lui expliquant que je ne l'avais pas fait plus tôt parce que je pensais que le premier serveur en aurait peut-être besoin, et d'ailleurs, lui dis-je, pour la conversation ça n'est pas terrible. Le siège en question est un fauteuil en osier très bas, tandis que mes interlocutrices sont juchées sur des tabourets de bar, et que je ne peux pratiquement pas voir leurs visages...
Nous sommes installés pour manger 'j'ai de nouveau une hauteur normale), je' suis seul de mon côté de la table, en face de moi sont assis toujours Agnès Varda, mais aussi Jacques Boudet '(celui qui joue le papa dans Le nom des gens). On apporte les plats. Il y a plein de petits trucs, que je ne connais pas. on a des assiettes individuelles, mais il y a près de moi un plat chargé de saucières et de récipients que je tends à Agnès en disant "honneur aux dames..." (il y a une petite saucière qui s'est un peu renversée au milieu)
Derrière et à côté de nous, des gens sont attablés, discutant bruyamment et riant, il y a notamment deux messieurs qui ont exactement la même chemise (genre motifs hawaïens, marron blanc et noir) alors qu'il y en a un gros et un maigre... Je mange le contenu des petits raviers qui sont dans mon assiette, c'est très coloré, croquant, délicieux, je ne sais jamais à l'avance si je vais manger des fruits ou des légumes...
On regarde un extrait d'un film d'Agnès Varda. Elle a filmé un mec genre Sergei Bubkha, mais il saute en hauteur, l'extrême ralenti caméra au moment du saut le montre allongé au dessus de la barre, souriant, béat, comme s'il était dans son lit... D'ailleurs il est en peignoir (bordeaux), et on peut deviner son pyjama dans l'ouverture. Oui, comme s'il dormait dans son lit...

(je me réveille d'excellente humeur, en me disant que j'aurais ou lui dire que j'avais beaucoup aimé Les plages d'Agnès...)

5 décembre 2010

sur la tête

un excellent post,, sur un blog découvert grâce à zvezdo...

5 décembre 2010

principe de précaution

LE NOM DES GENS
de Michel Leclerc

Rayon de soleil, route noire, neige fondue... hop! je saute dans la twingouille pour aller au cinéma. hésitation pour la séance de 18h : celui-ci ou celui-là (dont j'ai oublié le titre et le réalisteur mais dont je me souviens qu'il est avec Gilles Lellouche) ? Je décide de ménager mon coeur, et la raison l'emporte. Le nom des gens, donc!
Au générique de fin (enfin, juste avant) est apparue, sans que je la pressente vraiment, la petite larme de circonstance. C'est le genre de film un peu fait pour moi quand même (politiquement, je veux dire : le message à la base serait : "à droite c'est tous des fachos et à gauche c'est que des gentils..." ce qui n'est pas pour me déplaire). C'est un film qui pourrait nous venir du Sud-Ouest, tant il est rose, viscéralement de gauche, je veux dire. Deux personnages que tout oppose : lui, Arthur Martin  (comme les cuisinières) costume-cravate, un poil tristounet, et elle, Bahia Benmahmoud, bien de 20 ans sa cadette, pétant le feu, et ayant pour doctrine de coucher avec les fachos de droite afin de les convertir. On voit bien le genre, love story, opposite attracts, Qui se ressemble s'assemble, etc.
Sauf que le réalisateur nous la joue plus finement que ça, dotant ses deux héros d'un background familial dans chaque cas  aussi prégnant que caractéristique (ses grands-parents à lui, juifs, ont été déportés, ses grands-parents à elle, algériens, ont été abattus par les soldats français), et faisant raconter en parallèle à chacun des deux, face caméra, sa famille, son enfance, et son adolescence. Ça a un petit côté très agréable, avec des choses vraiment très drôles, à défaut d'être original (Amélie poulain, Toto le héros, La tête de maman... pour ne citer que les premiers qui me viennent en tête, mais, ça tombe plutôt bien, j'adore ce genre-là...) Ce qu'on pourrait appeler autrement le syndrome Amicalement votre...
C'est un film très écrit, où les répliques font mouche, le plus souvent dans la vachardise et l'humour, plus ou moins noir, plus ou moins trivial, c'est selon. Le petit problème, c'est que xhacun des personnages -excepté nos deux héros et encore- restera d'un bout à l'autre cantonné dans la silhouette que lui ont dessiné le réalisateur et sa co-scénariste (qui n'est autre que sa femme et se prénomme aussi Bahia, on sent donc que sont exposées dans le film des thèses et des situations qui leur tiennent à cœur) et sont donc sans surprise, une fois qu'on les a découverts (le père franchouillard pro-nucléaire, la mère rescapée des camps qui souffre en silence, le père immigré  le coeur sur la main qui ne pense qu'aux autres, la mère, la mère ex-baba reconvertie militante associative spécialisée dans les mariages blancs...
On sent bien que les scénaristes voulaient évoquer beaucoup de choses (le racisme au quotidien, ici et maintenant mais aussi ailleurs et hier, l'intégrisme, le métissage,  la guerre d'Algérie, la Shoah, le clivage droite/gauche, le port du voile, la tolérance,  Lionel Jospin, la grippe aviaire, le respect, le choc des cultures, le droit à la différence, mais à la longue tout ça finit par s'entasser un peu et brouiller le discours...
Je le répète, c'est vraiment sympathique, c'est drôle, c'est efficace, mais c'eut pu à mon avis être encore plus sympathique, encore plus drôle, encore plus efficace, avec une mise en scène moins désinvolte (des problèmes récurrents de rythme dans les scènes), et, surtout, une direction d'acteurs moins approximative (surtout -et c'est dommage- pour nos deux tourtereaux) : Gamblin fait son Gamblin (je l'aime bien cet homme, mais il frôle parfois le sur-jeu) et Sara Forestier, si elle a pour elle quelques éléments imparables (son insolence et sa plastique, par exemple), n'est pas toujours juste, au niveau du jeu (surtout au début du film).
Mais le film est tellement bourré de trouvailles  (comme celle de faire intervenir les personnages adolescents de nos héros) qu'on lui pardonne ses maladresses et son c^té brouillon... Et puis un film qui tape sur l'UMP et notre président actuel ne peut pas être foncièrement mauvais, n'est-il pas ?

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2 décembre 2010

si ça c'est pas de la putain de poésie hivernale...

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1 décembre 2010

je fais ce que je peux pour survivre

BIUTIFUL
D'Alejandro Gonzales Iñarittu

En Javieroscope et en Bardemvision, c'est dire si on ne voit que lui ou presque. Et qu'il le vaut bien. En tout cas, un des opus les plus convaincants du Monsieur (le réalisateur). Toujours aussi black, mais moins tape-à-l'oeil, moins convulsif, moins "remarque un peu mon montage comment qu'il est virtuose" que les précédents.
Le film s'ouvre une très belle scène chuchotée, suivie d'une autre, tout aussi belle,  dialoguée au milieu d'arbres enneigés, séquences qu'on reverra d'ailleurs, à la fin, replacées dans leur contexte. Et crac alors arrive le titre du film. Qu'on comprendra plus tard aussi. Et on ressent tout de suite ce sentiment de léger déséquilibre, dans le rythme, la façon dont les plans sont montés.
Le film est construit comme un agencement (plutôt qu'une succession) de plaques (tectoniques ?) instables, vacillantes, incertaines, peu sûres, des scènes donc, avec chacune son identité propre (composition des plans, rythme, musique) qui parfois se prolongent, permettant de passer facilement de l'une à l'autre,  et parfois s'éloignent (comme on sauterait d'un toit à l'autre) ou se heurtent, s'entrechoquent, créant des lignes de fracture, des mini-séismes autour d'un épicentre terrassant de beauté parfois mais de mal à l'aise aussi ou de dégoût ou de colère ça dépend.
Soit Uxbal, un mec pas très sympathique ni engageant à première vue. Sa vie, de petits trafics en magouilles diverses. Ses deux enfants et sa femme bipolaire, qui le trompe, comme on l'apprend assez vite, avec son frère (à lui, pas à elle),qui d'ailleurs ne suce pas de la glace (ni ne siffe que de la farine). Uxbal qui "fournit un emploi" à des blacks  (clandestins) qui revendent à la sauvette des cochonneries contrefaçonnées fabriquées par des chinois (clandestins),employés par d'autres chinois  (accessoirement un peu mafieux mais aussi très gays) dans des ateliers (clandestins). Uxbal (Javierchounet) est la cheville ouvrière de ces différents trafics (il ya aussi une histoire de chantier, que je n'ai pas trop bien comprise, avec un entrepreneur utilisant au black les mêmes chinois clandestins...) et fait transiter des biffetons d'un main à l'autre (mais n'oublie pas la sienne.)
Sans oublier des flics ripoux mais pas si odieux que ça, des morts accidentelles,  quelques enterrements, des fantômes aussi.  Et des papillons de nuit au plafond...

Sauf que , -sinon tout serait un peu trop facile- Uxbal apprend qu'il a un cancer, et n'a plus que "quelques mois" à vivre. Et va donc s'employer à, en quelque sorte, organiser sa succession. Le film est long (presque 2h et demie) mis on ne ressent jamais vraiment cette durée comme pénible au ennuyeuse. Au contraire. Iñarittu a sorti tout son (gros) arsenal, et nous enflamme une véritable pyrotechnie cinématographique. Du grand art. Très très noir, mais indéniablement efficace.
On pourra objecter -et regretter- cette prédilection pour le sordide, le destroy, le cracra, cette fascination quasi-masochiste (et complaisante ?) pour le misérabilisme mélodramatique. Et on pourra aussi rétorquer que tout ça, ça existe, partout, pas si loin de nous, parfois, et( que le cinéma ça n'est pas uniquement Mary Poppins meets the Bisounours. Iñarittu se complait peut-être dans la représentation de la fange, mais il s'est donné les moyens de le faire, et, la fange en question, elle clapote, et de plus en plus fort, et de plus en plus près de nous, et le niveau n'arrête pas de monter d'ailleurs.
Le petit plus qui permet de respirer un peu, de sortir la tête de l'eau noire et puante du quotidien d'Uxbal, c'est, -paradoxalement ?-, la pincée de fantastique dont le réalisateur saupoudre son histoire : les rapports ambigus qu'entretient Uxbal avec la mort, avec les morts plutôt ("I see dead people..."), s'extrayant ainsi juste ce qu'il faut du constat social hyper-réaliste, et nous permettant ainsi à nous spectateurs de prendre ce minimum de distance nécessaire pour ne pas se noyer ou s'asphyxier.
Et le "recentrement" des intrigues autour d'un unique personnage  s'avère tout aussi -justement- efficace. Le film a été fait, Iñarittu l'a dit, surtout pour Bardem. Javier est grand et Iñarittu est son prophète (non, il me semble que c'est plutôt le contraire, non ?).

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(Je dédie ce post à manu, marie et catherine, qui auraient dû venir avec moi à cette ultime séance, juste avant la neige...)

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