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lieux communs (et autres fadaises)
18 juin 2009

boîte en fer

LA SANGRE BROTA
de Pablo Fendrik

Une baffe. De temps en temps, un film vous fait cet effet-là. Un film qui déboule sans prévenir, auquel on ne s'attendait pas. Un film qui préexiste au spectateur en tant que système autonome, en circuit fermé, un film qu'on découvre, qu'on visite, qu'on appréhende, dans lequel on s'immerge, on s'enfonce, on tâtonne, plutôt qu'une simple trame narrative dont on suivrait benoîtement le fil(m) tendu depuis son point initial i jusqu'à son point final f, et basta.
Le film de Pablo Fendrik est doté, et c'est rien de le dire, d'une forte personnalité. L'Amérique du sud (et l'Argentine notamment) nous envoie régulièrement des objets étranges, des alcools forts, des formes pas formatées. La sangre brota se range au confluent de ces catégories.
C'est un film (chromatiquement) bleu (ou plutôt viré au bleu, et tirant -paradoxalement- vers le glacial l'incandescence qui semble régir cette fourmilière speed de Buenos Aires). C'est un film hargneux, teigneux, où la façon de filmer (le plus souvent, pour les scènes urbaines, en caméra sur l'épaule) rejoint la violence et la fébrilité qui sous-tendent les rapports des différents personnages. C'est un film mystérieux, aussi, dans la façon qu'il a de livrer en pâture (de jeter à la figure ?) au spectateur des pièces éparses,des éléments disparates, des personnages plus ou moins opaques, mais de très naturelle et dynamique façon. Fendrik ne construit pas volontairement du mystère, il ne fait que livrer une réalité brute, complexe, et multiple.
Chaque personnage (et son histoire) pourrait faire l'objet d'un film à lui tout seul, et le mélange des tous ces univers crée un méta-récit encore plus oppressant. Deux personnages se détachent  : Arturo, chauffeur de taxi quadragénaire, mutique et bridgeur, et Leandro, un jeunot destroy partagé entre sex, drugs et quasiment rock'n'roll (sauf qu'ici ça serait plutôt de la techno). Il s'avèrera au bout d'un certain temps que ces deux-là sont père et fils et que l'unique point commun (ou presque) qu'ils auront dans le film est une boîte en fer contenant les économies d'Arturo. Si le film met le spectateur dans un tel état,  ce n'est pas tant par ses scènes de violence (qui, si elles  sont paroxystiques, ne sont néanmoins pas traitées sous l'angle du réalisme gore mais plutôt "stylisées") que par le malaise permanent (et un peu paranoïaque) dans lequel il est plongé : chaque personnage, chaque situation, est source d'inquiétude, d'appréhension, on redoute à chaque fois le pire, parfois il survient,  et parfois c'est le contraire...
Si un mot pouvait résumer le film, ce serait peut-être "menace". Mais, encore une fois, ce n'est pas tant l'histoire (à la limite, le scénario n'est qu'un prétexte) que le traitement. qui importe Et là, chapeau! Vraiment, c'est techniquement (et donc esthétiquement) sidérant. Un cinéma qui vibre, qui court, qui pulse, qui halète,  parfois presque s'asphyxie mais repart aussi sec. Zigzaguant entre gestes délicats (un cheveu qu'on enléve d'une épaule une épaule qu'on masse...) et images choc (un bébé qu'on abandonnerait dans une poubelle, une langue qu'on sectionnerait d'un baiser, un visage qu'on écrabouillerait...)
Le visage androgyne de Leandro (c'est quasiment comme une fille avec une ombre de moustache) et ses cheveux emmêlés face au visage fermé et atone d'Arturo. Le sang, bien sûr. La rage. Et toutes ces combines, ces magouilles, ces trafics, ces addictions  qui grouillent tout au long  du film, le creusant de part en part (les courses, le bridge, l'ecstasy...) comme autant de galeries d'économie souterraine...
On sort de là impressionné, c'est indiscutable, et le film longtemps après passe encore dans la tête.

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17 juin 2009

vzoul

reçu hier d'un ami ce courrier que je ne résiste pas au plaisir de vous citer in extenso (ça devrait rappeler des choses à certain(e)s...)

Tu sais que tu viens de Vesoul quand :

• tu as déjà voté Joyandet, mais tu sais pas vraiment pourquoi ;

• tu mets "LE" ou "LA" devant le prénoms d'une personne ;

• tu te farcis encore le train corail pour "monter à Paris" ;

• tu es capable de t'envoyer un pot de cancoillotte avec, voire même sans pain le soir devant la télé ;

• après avoir fait la rue Paul Morel dans un sens tu la refais dans l'autre car il n'y a rien d'autre à voir ;

• tu peux, de tête, citer tous les magasins du centre ville en partant de la mairie jusqu'à la place du marché ;

• tu prononces le T à la fin de vingt ;

• tu stationnes une semaine ta voiture en zone bleue sans prendre un PV ;

• tu sais pas quoi faire quand il pleut et tu regardes des programmes de merde à la télé le dimanche ;

• t'es trop fier(e) de dire que tu vas passer le week-end à Paris ;

• tu fais l'effort de trier tes déchets et que les gars qui ramassent les conteneurs mettent tout dans le même camion ;

• tu vas acheter tes chaussures à Besac parce qu'ici il y a rien qui te plait ;

• tu sais que le BHV n'est pas qu'un grand magasin parisien mais aussi un bar à la déco bien ringarde ;

• tu trouves ça classe de porter des baskets ;

• tu sais pas marcher avec des talons ;

• t'en a marre d'entendre parler de Brel ;

• tu trouves que les pavés des trottoirs sont trop casse gueule et que le mec qui a pensé ça devrait être à St Remy ;

• quand tu regardes les habitants tu as l'impression qu'il y a 80% de logements sociaux à Vesoul ;

• tu dis que ton maire est ministre, et quand tu dis son nom, personne le connait ;

• tu rêves de sauter en parachute, mais tu sais même pas qu'il y à un club au sabot, d'ailleurs tu es jamais monté à l'aérodrome ;

• tu sais que l'été doit être une saison qui existe quelque part dans le sud de la France ;

• t'en as marre de la fête du bois, de la brioche, du miel, du fromage, de la mure, des vide greniers… vivement la fête du string ;

• tu trouves que les chiottes du Shaker, du Français, du BH et de tous les bars sont pourris sauf le Globe ;

• tu as peur de retrouver ta voiture rayée par un connard qui rentre bourré le samedi soir (et les autres soirs aussi) ;

• tu trouves ça lamentable de mettre la rue Lafayette à 30km/h et que les flics en profitent pour mettre leur radar ;

• tu en as marre d'entendre les gosses rouler en scooter sans pot d'échappement ;

• tu as fait tes études à Besac même si tu rêvais de les faire à Paris ou à Nice ;

• tu lis l'Est au café, même si tu trouves ça nul comme canard ;

• tu vas à la Loco ou "au" Manouch et que tu trouves ça nul mais que tu y retournes la semaine suivante parce qu'il n'y a rien d'autre à faire ;

• tu trouves ça nul d'avoir rebaptisé Manouch en H2O et la Loco en 3ème monde ;

• tu vas place de l'église à la Ste Catherine pour voir l'étalage des minettes ou minets célibataires ;

• tu mets encore le chauffage le 15 mai ;

• tu adores manger les patates avec de la cancoillotte chaude ;

• tu trempes tes tartines avec du fromage dans ton bol de café ou de chocolat le matin ;

• tu as déjà marché sur le lac en hiver en ayant la trouille de passer au travers de la glace ;

• tu dis que tu viens de Vesoul, on te répond systématiquement : « C'est où ? » ;

• tu vas regarder les célibataires de Vesoul sur Meetic, tu en connais presque la moitié ou au moins de vue ;

• tu peux pas faire 100 mètres sans croiser quelqu'un que tu connais ;

• tu sais que un tel couche avec une telle et que Truc a quitté Machine pour aller avec l'autre ;

• tu connais tous les mecs célibataires et t'as au moins une de tes copines qui est sorti avec…

• tu comprends l'expression "ça caille";

• tu comprends les expressions : "ch’suis gaugé", "Vingt dieux la glaise" ;

• tu as forcément quelqu'un de ta famille qui travaille chez (à) Peugeot (la Peuge) ;

• tu dis "desserre-toi"pour"décales-toi" ;

• tu te fais chambrer parce que Vesoul c'est une préfecture avec même pas 20 000 habitants ;

• t'es trop content que la Star Ac viennent à Vesoul parce que c'est les seules "stars" de l'année qui viennent jusqu'ici ;

• tu dis encore "j'vais au Prisu" alors que ça fait bien 10 ans que c'est plus Prisunic mais Monoprix ;

• tu dis "c'est FIN NUL" ou encore "c'est FIN BIEN" ;

• tu dis "on va AU Cora" ;

• tu as eu ton cochon en pain d'épice avec ton nom dessus et un sifflet dans le cul à la sainte Catherine ;

• pour t'acheter une moto ou la faire réparer t'es obligé d'aller chez Trail 70 ;

• tu sais que le seul haut-saônois connu du monde entier (ou presque) c'est Stéphane Peterhansel ;

• tu dis pas "Vesoul" mais "Vzoul" ;

• tout les mercredi soir t'es obligé de bouger ta caisse car le jeudi matin y a le marché et que tu t'es déjà fait avoir une fois ;

• ta télé déconne à chaque mobylette qui passe dans la rue ;

• tu peux pas te promener en ville sans slalomer entre les merdes de chien ;

• tout les samedi, tu vois des jeunes au kiosque en train de danser la tectonik qui est démodée depuis bien longtemps… sauf à Vesoul ;

• tu es fasciné par le casseur de vaisselle de la Saint Catherine ;

• tu trouves que c’est la classe de se balader en cuissard moulant même si t’as un cul gros comme la Motte ;

• tu t’arrêtes pour lire La Presse dans la vitrine de la rédaction du journal même si c’est un canard foireux ;

• tu dis "j’ai mal LA tête" ou "j’ai mal LE j’nou";

• tu es fier que ta ville accueille le Festival INTERNATIONAL du film asiatique même si tu n’y mets jamais les pieds parce que les film projetés sont trop chiants ;

• tu portes des pantalons "pattes d’eph" à taille basse par moins quinze pour que tout le monde voie ton tatouage ethnique sous la ficelle de ton string ;

• tu penses encore que peindre ta Peugeot à l’aérographe constitue le summum du bon goût ;

• tu klaxonnes frénétiquement quand tu quittes des connaissances, et ce quelle que soit l’heure du jour et de la nuit ;

• tu es capable de boire un litre du vin chaud de la Saint-Catherine sans vomir ;

• tu as peur de traverser la N19 parce qu’il y plein de jeunes délinquants aux Montmarin ;

• tous les samedi soirs, tu bouffes un “repas” acheté au MacDo dans ta voiture sur le Parking des Haberges avant de laisser tous tes déchets à deux mètres de la poubelle ;

• tu te dis que les pentes de la Motte se sont bien construites et que le lac a dû déborder quand tu vois une photo du Mont Saint-Michel ;

• tu rêves d'avoir un gros 4x4 de marque allemande comme les commerçants du cru afin de pouvoir descendre la rue Paul Morel avec le samedi après-midi ;

• tu ne vois pas où est le problème si tu te gares en double file pour aller acheter ton pain ;

• tu ne peux pas t’empêcher de t’offrir une gaufre ou des marrons chaque fois que tu passes devant chez Franchi ;

• tu considères que les Vosgiens sont des gros ploucs qui conduisent comme des cons ;

• le dimanche matin, tu vas faire la queue pour astiquer ta voiture à la station de lavage ;

• le samedi soir, tu achètes tes bières à 22 heures chez Paillottet parce que tu oublies chaque semaine d’aller “au” Cora pendant les heures d’ouverture ;

• tu te plantes sur les ponts du Durgeon pour contempler durant des heures les poissons malades qui nagent dans l’eau cradingue ;

• tu évites de te rendre à la campagne parce que c’est plein de pécores et que toi tu es un(e) vrai(e) citadin(e) ;

• tu vas faire tes courses à Carrefour Valentin, parce que "au" Cora, il n’y a que des ploucs venus de toute la Haute-Saône…

14 juin 2009

distributeur de bananes

LES BEAUX GOSSES
de Riad Sattouf

Ouah le film! Je suis sorti de l'école à 20h et j'ai filé directos au bôô cinéma, sans même manger. J'avais trooop envie! En plus j'avais l'aval de l'avis d'Hervé et je pouvais donc même y entrer la tête haute... Riad Sattouf, j'aime vraiment beaucoup : j'ai déjà parlé ici de son Pascal Brutal dont je suis, comme tous les garçons sensibles, (même pas) secrètement amoureux, mais il a dessiné plein d'autres trucs sur cette race à part : l'ado (Manuel du puceau, les années-collège, etc...) qu'il a l'air de plutô bien connaître, puisque là, il remet le couvert, mais en images qui bougent, sur grand écran et avé le dolby. Pour nous narrer les aventures d'une sacrée paire, d'un duo comme on les aime : le grand un peu trop mou et le petit un peu trop speed, bref l'union improbable de la méduse et du moustique. Et bien entendu ça fonctionne grave, pour nos deux pieds-nickelés (quoique, dans le cas présent, il vaudrait mieux parler de chaussettes dans cet état!)
Parce que Hervé et Camel sont ados, et donc avec un look d'ado, un langage d'ado, une problématique d'ado et des obsessions d'ado... Mais Riad Sattouf a l'extrême intelligence de ne pas forcer le trait, de rester toujours dans le vraisemblable, même si pas toujours très politiquement correct. Bien entendu, comme leurs homologues américains, tous les deux ne pensent (pratiquement) qu'à une chose, qu'on pourrait résumer globalement par "le cul" (avec toutes ses déclinaisons et ses sous-classes : la branlette, le baiser, l'érection, la pipe, la chatte, le rendez-vous, les teufs, etc.) et pratiquent la stabulation en groupe avec leurs homologues (dits "les potes"), pour faciliter l'observation, en restant à distance respectueuse, du groupe du sexe dit opposé. Les filles, quoi... Bon c'est surtout un film "de garçons", mais on voit bien que les lolitas sont aussi dans la démangeaison affectivo-sexuelle (pour elles c'est plus bien sûr dans l'affectif, elles sont plutôt du genre à se recoiffer en soupirant, alors que les p'tits mecs c'est plutôt branlette dans les chaussettes en matant la voisine d'en face ou à défaut le catalogue de la Déroute à la page des dessous)
Oui, Riad Sattouf y va franco (le film s'ouvre sur un super roulage de pelle en très gros plan, genre bernard-l'hermite(s) échangeant leurs habitacles, avec le bruitage mouillé ad hoc et la quantité requise d'acné juste à point suppurant, sous le regard médusé et jaloux de nos deux compères) et pourtant ce n'est jamais complaisant ni condescendant. Genre documentaire, quoi. D'autant plus qu'il a pris soin de ne situer précisément le film ni géographiquement, ni temporellement, lui conférant ainsi une sorte d'universalité.
C'est incontestablement drôle, mais c'est plus que ça. Je n'ai pas encore parlé des adultes, avec qui cohabitent / contre qui défendent leur territoire nos lascars à boutons et à appareil dentaire : bien entendu, ils se subdivisent en deux espèces, les "profs" et les "parents", également insupportables pour nos têtes dites "blondes", avec encore une fois tout un panel finement observé et tout aussi tendrement vachard (et je voudrais encore une fois parler ici de l'excellente Noémie Lvovsky, surprenante dans un rôle de mére "dépressive" (c'est elle qui le dit) mais incontestablement à la ramasse) dont le réalisateur semble dire que, finalement, au niveau des envies et besoins, ils ne sont pas si éloignés que ça des fistons et fifilles, hein...
Le résultat n'est pas non plus très éloigné des bandes dessinées de notre réalisateur : en y regardant de très très près, on peut quand même parvenir à déceler le bâti, la structure, qui fait de chaque scène prise individuellement un genre de strip en une page (auquel on pourrait donner un titre), avec (généralement) une chute, mais que tout ça est très finement bout-à-bouté, cousu avec des points tellement minuscules qu'on ne s'en aperçoit même pas. Oui c'est du cousu main. Disons, pour pinailler,  que que le réalisateur a fait montre de plus d'acuité dans son observation que d'originalité dans sa mise en scène. Mais bon pour un résultat répétons-le à cent coudées au-dessus de ses coreligionnaires, qu'ils soient français ou américains.
Je n'ai pas de gamins, mais ils me semble que si j'en avais, j'aurais pu les reconnaître là-dedans (j'y reconnais bien ceux des autres!)... et le plus rigolo c'est lorsque les lumières se rallument dans la salle et que les spectateurs se lèvent ; j'ai eu soudain l'impression, très Quatrième Dimension, qu'ils venaient de descendre de l'écran et avaient pris forme humaine : c'étaient les mêmes! Vous reprendrez bien une banane, au distributeur ?

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12 juin 2009

fluides corporels

SUNSHINE CLEANING
de Christine Jeffs

Avouons-le, j'ai eu un peu peur au début. Pas tant par la scène d'ouverture (un mec se fait joyeusement sauter le caisson au fusil de chasse dans un magasin d'armes, oui oui, je me suis caché les yeux) que par la façon dont le film se met en place, et présente les différents membres de la famille dont il va être question. Il y a quelque chose d'un peu maladroit, de laborieux, d'artificiel... Comme si le montage claudiquait. Et puis, plus on progresse et mieux les choses se mettent en place, s'ordonnent, s'organisent, et plus on y prend de plaisir.
Bon précisons que nous n'avons pas affaire à la comédie survitaminée soeurette de Little Miss Sunshine qu'essaieraient de nous vendre plus ou moins en loucedé les producteurs (les seuls points communs éntre les  deux étant -justement- "sunshine" dans le titre et l'acteur qui joue le grand-père,  pour le reste circulez, et ne les écoutez pas, ces filous!) Une fois qu'on a écarté ce conditionnement fallacieux, reste un agréable film, pas vraiment guilleret tout de même.
L'histoire de deux frangines (une sage et souriante, et une punkette révoltée) qui tentent de s'en sortir en fondant une petite entreprise de nettoyage de scènes de crimes. Il y a aussi le grand-père (dont les boulons ont de temps en temps besoin d'être un peu resserrés) et le fiston (qui a des problèmes à l'école, peut-être parce qu'il est surdoué, mais qui est sacrément -en même temps- attachant et agaçant) sans oublier l'amant de la proprette (un flic marié qui n'est visiblement pas prêt à quitter sa chère et tendre) et la "maîtresse" de la punkette (mais bon il ne faudrait pas que je vous racontasse tout quand même!)
Le thème de la maternité (et de la filiation) est omniprésent et la mort (comme l'amour, mais ce n'est pas nouveau) est présentée comme une problématique terriblement abstraite mais en même temps horriblement prosaïque et terre-à-terre (un être disparaît, certes, mais il laisse des traces...) Il est -encore une fois, mais il ne faut pas cesser d'enfoncer le clou)- question des à-côtés du rêve américain et de ses laissés-pour-compte, dans cette chronique douce-amère (non non, vous ne vous taperez pas les cuisses de rire pendant une heure trente!) avec de jolis moments attendrissants (les problèmes de personnes) et d'autres qui le sont... moins (les problèmes de lieux, -du crime- notamment...) 
En tout cas, un film qui fonctionne, plutôt  bien bâti, qui sait alterner les moments de comédie avec d'autres plus larme-à-l'oeil (pas forcément les plus réussis, une ou deux scènes notamment vers la fin, même pour un garçon sensible comme moi sont presque un peu too much) et qui sait habilement tricoter les petites histoires des protagonistes et même celle de leurs  à-cotés (les seconds rôles sont aussi également attachants...) pour le plus grand plaisir du spectateur...

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11 juin 2009

sac à main

THE PLEASURE OF BEING ROBBED
de Josh Safdie

Ue heure dix. Soixante-dix minutes. Et pourtant... Pour faire simple, c'est le spectateur qui a le sentiment de being robbed. De ne pas en avoir pour ses sous. J'aurais du me méfier. La critique faisait référence au Jarmusch de Permanent vacation. Pour sa liberté de ton. Et je n'aime pas Permanent vacation. Où j'avais déjà eu le même sentiment de un peu foutage de gueule. Le réalisateur (qui, reconnaissons-le, a une jolie barbe toute mimi) a pris sa petite caméra et a filmé son actrice principale. Dont il semble entiché. Tellement il la filme sous toutes les coutures. Mais bon. Ca ne fait pas vraiment un film. C'est juste des bouts. Mis bout à bout. Le spectateur (moi) n'est pas aussi fasciné que le réalisateur par l'héroïne en question. Elle est même un chouïa agaçante, la demoiselle. Avec ses airs de gamine délurée et de regardez je suis rebelle. Je l'avoue, j'ai trouvé ça agaçant. Tiens je vais prendre ma caméra et filmer ma voisine quand elle ratiboise son ficus. Et on ira au festival de Sundance. (Non, ma voisine est moins nouvelle vague-ouah provo-jeunesse insolente-icône de la liberté ou de je ne sais pas quoi - emblématique, quoi. De quoi ? On se le demande.) Bref (!), oui, un peu énervant à mon goût. Parce que tout de même essentiellement vide. Sympa mais très vide...

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8 juin 2009

micro63

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le bruit des glaçons dans le verre, presqu'aussi rafraîchissant que la boisson elle-même

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je me suis racheté un téléphone, pour remplacer mon vieux cassé,
il fait de la lumière bleue comme Mister Freeze

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la différence fondamentale entre choisir et être choisi

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problème de compatibilité : j'ai enfin réussi à voir les vidéos réalisées par le jeune homme en t-shirt

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(c'est touchant de voir ses fesses...)

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France-Télécom m'a réveillé à 3 heures du mat pour me confirmer que mon répondeur était activé et m'y souhaiter la bienvenue...

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Je me suis fort civilement arrêté pour laisser traverser
un couple de vieillards cacochymes
quand j'ai soudain réalisé qu'ils se rendaient au bureau de vote et que,
s'il faut en croire les statistiques, j'aurais mieux fait de  les empêcher de passer

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de mars à septembre, les mois passent trop vite

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du nougat "framboise & macaron"

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à la recherche du pantacourt de mes rêves
(quête aussi compliquée que celle du mec du même nom)

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6 juin 2009

sait citer (s'est cité ?)

LES ETREINTES BRISEES
de Pedro Almodovar

Madre mia! (ou plutôt, le cas présent, Padre mio!) on se l'était gardé pour la fin, avec gourmandise, genre la cerise ibérique sur le gâteau du week-end, et, plouf!, on est sortis de la salle aussi déçus l'un que l'autre... Dommage dommage! Tandis que certains critiques se lacèrent les vêtements de joie, s'en pissant quasiment dessus,  et s'arrachent d'enthousiasme les derniers cheveux qui leur restent en huuuurlant à la lune le géééénie de Pedro  et la beauauauauté de la subliiiiime Pénélopé, il serait quand même temps de remettre les choses à leur niveau. Almodovar est un réalisateur sympathique, plutôt doué, qui réalise des films agréables (bien qu'hélas, en ce qui me concerne, beaucoup trop volatils) mais trop appliqués pour toucher au sublime. Et si Penelope Cruz a un bien joli minois et un popotin idem, Blanca Portillo, l'autre actrice principale du film est tout aussi intéressante, question présence et intensité dramatique...
Voilà c'est dit. Bon, on passe un bon moment, on ne s'ennuie presque pas (si il y a un moment quand même où on serait presque tenté de regarder sa montre...). Pedrochounet nous a emberlificoté un de ces scénars dont il a le secret (amours embrouillées, histoires de famille, mystères, soupçons, révélations (tiens ,il n'y a cette fois-ci pas le moindr(e) transexuel(le) pour venir un peu pimenter le gazpacho...) et l'utilise (son histoire) comme prétexte à une "mise en abyme" cinématographique. Il nous (y) parle de cinéma, "du" cinéma (un très joli générique volé, sur les "apparences"...), d'un cinéaste devenu aveugle, de son actrice principale / maîtresse, d'un producteur / mari jaloux, d'une monteuse / amoureuse en secret, d'un film "maudit" charcuté par le méchant producteur puis réhabilité, en nous y glissant d'ailleurs un "film dans le film" ("Chicas y maletas") qui ressemble furieusement à un des films qui contribua à asseoir sa notoriété chez nous : Femmes au bord de la crise de nerf.

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(c'est beaucoup plus joli en español, je trouve, mais je ne suis pas objectif...)

Pedro nous montre que non seulement il est un réalisateur de talent, mais aussi un cinéphile avéré, nous glissant de ci de là (cahin-caha ?) de multiples références et cailloux blancs cinéphiles : Audrey, Marylin, Romy, Jeanne ? (je ne me souviens plus dans quelle jaquette de dvd est cachée la copie de Chicas y maletas). Bref on est content pour lui, mais bon... l'aurait pu forcer un peu moins sur le mélo ("Ma que yé souis ton père, hijo mio..." -là, j'exagère, j'ai vu le film en VO, et ça, il faut le reconnaître -mais je ne suis pas objectif- que c'est toujours un IMMENSE plaisir que d'entendre un film hispano dans sa langue originale-) mais bon de toute façon je n'irai JAMAIS voir un Almodovar en VF-) et un peu plus sur... sur quoi, au fait ? c'est bien là le problème : que faut-il au cinéma d'Almodovar pour que ce soit un grand cinéma ? Un peu moins d'application et de consensualité (oh le vilain mot, j'espère qu'il n'existe pas...) peut-être ? Un peu plus de... densité ? (je n'arriverai pas à trouver le mot exact!)

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(je trouve que le titre est très beau, et l'affiche d'ailleurs aussi...)


5 juin 2009

tu danses comme un grec

JERICHOW
de Christian Pedzold

Film noir, schéma classique, histoire connue : le mari la femme et l'amant, la belle la brute et le bellâtre, le riche l'endettée et le sans-le-sou, le bon con la salope et le joli coeur, (etc. etc. et etc.) à décliner à l'envi, selon le mood du moment. Dans un film au profil de lame : aiguisé et tranchant. Plutôt film-poignard que film-sabre, d'ailleurs. Sec et noir, dense, ramassé, allant à l'essentiel, et ne rajoutant à la trame initiale (le squelette de l'histoire) que le minimum de chair mais tous les muscles (indispensables),  sans un poil de "graisse" narrative.
J'avoue avoir été plus... sensible au personnage d'Ali, le mari (un salopard aussi pourtant, mais tout en jovialité et en rondeurs moyen-orientales), opposé physiquement à Thomas le "héros", qui, s'il est jeune et beau et barraqué et tout, n'a l'air de sourire que lorsqu'il se coince le nez dans un tiroir, c'est à dire assez peu souvent. Un beau bloc, mais un bloc tout de même...
Le film s'attache à l'évolution de leur relation (comment procède l'"amitié virile"), parallèlement à celle de Laura (la belle épouse délaissée, froide dehors et brûlante dedans) et Thomas (qui est, on le voit bien, la cheville ouvrière du film). On n'est pas du tout dans une "psychologie" commode et facile, non, juste des faits. Des trajets, des allers et retours, de dialogues parcimonieux en  étreintes brèves mais intenses, des scènes plutôt répétititives, "banales", avec parfois une échappée, comme cette scène de pique-nique dominical sur une plage venteuse, avec un mec saoul en chemise blanche qui danse face à la mer -et qui je crois l'image que je garderai du film-) Au spectateur de se mettre dans la tête des personnages pour tenter de deviner et de comprendre leurs raisons : est-ce l'amour, la lassitude, le désir, la cupidité qui les poussent à agir ainsi  ?
J'avoue que je ne connaissais pas du tout le réalisateur, mais là, franchement, ça donne envie d'en voir davantage (et notamment Yella, l'autre film, sorti en même temps, avec Nina Hoss, la même actrice principale)
Ach! Zes allemands, ils nous veront touchours rire! (avec l'accent de Papa Schultz)

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2 juin 2009

(lou reed...)

"Just a perfect day,
Drink sangria in the park,
And then later, when it gets dark,
We go home.
Just a perfect day,
Feed animals in the zoo
Then later, a movie, too,
And then home.

Oh it's such a perfect day,
I'm glad I spent it with you.
Oh such a perfect day,
You just keep me hanging on,
You just keep me hanging on.

Just a perfect day,
Problems all left alone,
Weekenders on our own.
It's such fun.
Just a perfect day,
You made me forget myself.
I thought I was someone else,
Someone good.

Oh it's such a perfect day,
I'm glad I spent it with you.
Oh such a perfect day,
You just keep me hanging on,
You just keep me hanging on.

You're going to reap just what you sow…"

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1 juin 2009

under the mask

LOOKING FOR ÉRIC
de Ken Loach

Ooh Aah! Un film qui requinque, comme on dit chez nous. Qui plus est un Ken Loach, (ce qui n'était pas gagné d'avance) qui se paie le double luxe de nous faire rire et de "bien" finir... Elle est pas belle la vie ? L'histoire d'une paire d'Éric : Éric 1 le "héros" du film, postier, dépressif, suicidaire, et mal à l'aise (et c'est un euphémisme) avec ses deux fils (avec qui il vit depuis qu'il a quitté sa femme) et Éric 2 (à moins que vous ne rentriez d'un treck en Mongolie subseptentrionale, vous ne pouvez pas ne pas savoir qu'il s'agit de "ze" king himself, Éric Cantona) son idole, qui va soudain, après quelques pétards, devenir son mentor, son entraîneur, son Jiminy Cricket, son confesseur, son éminence grise (et barbue), le temps que notre Éric 1 réussisse à sortir un peu la tête hors de l'eau, pour se sortir de la merde dans laquelle s'est foutu un de ses fistons, en frayant avec un psychopathe notoire et friqué ayant pignon sur rue.
L'arrogance des riches, la solidarité des pauvres, le fossé entre les classes sociales, l'importance sociale du pub, du foot, et de la batte de base-ball, on est en terrain loachement connu. D'autant plus, que loachesquement again, intervient tout au long du film, en contrepoint de la dépression carabinée dans laquelle Éric 1 s'abîme (dans tous les sens), la joyeuse troupe de ses copains postiers, qui déploient toute leur énergie à le faire réagir, à lui changer les idées, à le faire rire, à l'aider... Et c'est pas triste!
Canto nous la joue plutôt très sobre, posant avec une jubilation retenue les aphorismes que le dialoguiste lui a préparés comme autant de cailloux blancs sur le chemin qui mène Éric 1 vers une salutaire (et saccageuse) prise de conscience. Contrairement à d'aucuns qui lisent ce blog (et avec qui j'en ai un peu parlé...), je persiste et signe : ce mec je le trouve sympa, touchant, peut-être (et heureusement ?) parce je ne le connais pas du tout footballistiquement parlant.
On n'était que 10 dans la salle (même pas de quoi constituer -heureusement!- une équipe de foot), mais, à la sortie, l'arbitrage a été unanime : Carton plein! A quand le match-retour ?

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