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lieux communs (et autres fadaises)
13 juin 2008

tapé dans l'oeil

Dans la série "allons donc manger au FJT pour nous y remonter le moral", je persiste et signe, et même de plus en plus assidûment. Mon ami hirsute et noiraud ayant, définitivement semble-t-il, quitté le navire, il a bien fallu que je me trouve un autre centre d'intérêt.
C'est drôle comme ça fonctionne. Je les regarde passer, à chaque fois, les uns après les autres, les peintres, les maçons, les forestiers, les couvreurs, les électriciens, les plaquistes, et autres professions viriles et plus ou moins exotiques. Il y a les habitués, il y a les nouveaux, tous sont a priori dignes d'intérêt. Egaux devant mon objectivité oculaire.
Et puis, une fois, puis une suivante, on se prend à en retrouver un avec plus de plaisir, a lui accorder plus d'attention, à le chercher du regard s'il n'est pas arrivé. C'est le nouvel élu.
Le voilà donc, tête ronde, yeux clairs, pas rasé, cheveux courts et sur le front cette apostrophe de peinture blanche. Un peu rouge déjà d'avoir pris le soleil, à moins que ce soit d'être venu s'asseoir face à cette demoiselle, sous les ricanements entendus de ses collègues restés à la table de derrière (la demoiselle).
Je le retrouve quelques instants après, en buvant le café avec Manu. Il vient s'installer au bar avec ses trois acolytes (le vieux barbu, le petit teigneux, et le troisième, le brun souriant, pas mal du tout non plus...) Ils sont venus boire leur café et cette théorie de workpants et des culs qui les remplissent m'attire le regard ("Mais, tu mates le cul des ouvriers" me fait remarquer en rigolant Manu, voyant bien que je ne suis sa discussion que d'un oeil, et je lui réponds que ce n'est pas vraiment de ma faute, que c'est lui qui vient me le mettre quasiment sous le nez).
Et c'est le sien le plus beau, sans discussion possible. Rond, expressif, appétissant, jovial, dans son pantalon de travail bleu bruiné de peinture ou de plâtre, je ne suis pas sûr. Et il est appuyé au comptoir, discute, rigole, et n'arrête pas d'agiter, inconsciemment, ce cul somptueux, me faisant presque des signaux amicaux. De temps en temps, même, la position, le déhanchement,  font que son t-shirt se soulève, révélant une mince bande de la peau du dos, au-dessus de la ceinture.
Hmmm oui, charmant, vraiment.

11 juin 2008

micro46

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Tant pis s'ils continuent de tailler les haies avec obstination, presque juste en dessous de la fenêtre de ma chambre : ce matin, je me suis recouché.

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Je casse sans le faire exprès tous mes verres (à bière) les uns après les autres

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le triomphe des histrions

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tiens, il pleut!

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"Je voudrais que tout revienne alors que tout est passé
et je chante à perdre haleine que je n'ai que des regrets..."

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tiens, il pleut!

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"Ce n'est pas moi qui suis saoul, c'est le monde qui tourne..."

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Pourquoi les mois d'hiver passent si lentement et les mois d'été si vite ?

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tiens, il pleut!

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8 juin 2008

nous vivons une guerre lente

ROME PLUTÔT QUE VOUS
de Tariq Teguia

Il y a plusieurs sortes de cinéastes : les raconteurs d'histoires, les montreurs d'images, les faiseurs de discours, et les essayeurs, qui n'hésitent pas à se colleter (souvent d'ailleurs pour la première fois) à la matière même du récit filmique, à sa forme, et qui n'hésitent pas à remonter les manches et à mettre les mains dans le cambouis. Tariq Teguia est de ceux-là.
Ils expérimentent, ils bidouillent, ils malaxent, ils étirent ils resserrent ils coupent et ils recollent. Ils déconstruisent, ou, au contraire, reconstituent. Ils sont libres, formellement, comme l'est le free jazz, comme l'est l'écriture automatique, comme le sont les improvisations. Mieux vaut tenter vivant que juste filmer mort.
En trois plans tout est dit : un travelling nocturne en caméra embarquée de bord de route bord de mer  crépusculaire, puis Kamel, face caméra, faisant des photos d'identité et sortant du champ après la deuxième, et Zina dans sa cuisine se préparant un café, en temps réel, et restant debout appuyée à la cuisinière, rêveuse et silencieuse, le temps qu'il soit prêt. Chaque plan, chaque vignette a son identité, son rythme, et génère sa façon de filmer propre. Plans d'ensemble, gros plan, travelling rêveur, plan séquence, caméra portée, plan fixe, toute la grammaire filmique est mise à contribution. Et à propos.
Un garçon, Kamel, une fille, Zina, puis un autre garçon, Merzak. Une certaine errance. Une ville aussi, Alger, grise, décrépite, étouffée, silencieuse. Un port, lieu de tous les possibles. Un quartier labyrinthique en démolition/reconstruction on ne sait plus bien. Et une (vieille) bagnole, empruntée par Kamel à son oncle. Toute la journée (tout le temps du film) Kamel cherchera Le Bosco, un marin, à la recherche d'un passeport, d'une identité, qui pourrait lui permettre de quitter le pays et d'aller voir de l'autre côté.
Intrigue suffisamment lâche pour permettre, autour, à côté de, de part et d'autre de cette "ligne principale" narrative, des tas de personnages, de petites histoires, d'interférences parallèles. Un jeune homme en t-shirt vert (je n'invente rien...) un autre en bleu de travail, un gros monsieur inquiet, un flingue, de l'argent qui change de mains, des flics arrogants... quelquefois, on n'en saura pas davantage de ces variations sur le motif.
Il y a des scènes muettes musicales belles juste pour elles (travelling nocturnes de bords de route), qui sandent le récit, des scènes réalistes étirées jusqu'à leur paroxysme (la visite à la Madrague, la scène avec les flics) et nous faisant alors vivre réellement la pénibilité de leur durée, et puis des scènes infiniment joyeuses et belles  : la "rencontre" dans la rue de Kamel et Zina avec la caméra qui leur court après ; une chorégraphie silencieuse entre chien et loup et deux mecs bourrés qui rentrent chez eux au petit matin (pourtant dieu sait si j'ai d'habitude horreur des scènes d'ivresse au cinéma, parce qu'elles sonnent faux la plupart du temps) ; une scène de danse à quatre filmée de très près ; la scène de plage  où passerait presque l'ombre -en couleurs!- de Stranger than paradise et  la partie de foot hâchée menu qui lui succède... Et, toujours, la ville, filmée comme une friche urbaine, lépreuse froide la nuit, ou au contraire diurne et surexposée et externe. Tariq Teguia filme sa ville, et la jeunesse comme pétrifiée, empêchée, de ses héros ("A Alger, tout le monde rase les murs...") avec une maîtrise assez sidérante.
A la fin,j'avais envie d'applaudir. D'ailleurs j'aurais pu, sans déranger personne. Parce que dans cette salle du bôôô cinéma, ce samedi-là à 18h, j'étais tout seul.

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7 juin 2008

I don't speak hebrew

DESENGAGEMENT
d'Amos Gitaï

Comme je disais avec ma copine Françoise juste avant que le film commence, des fois, Gitaï, c'est chiant. Oui oui, j'assume. Et des fois c'est très bien. mais, c'est sûr, ce mec-là est vraiment un cinéaste. Avec des choses à dire qui lui tiennent à coeur. Des fois ça passe, des fois ça lasse...
Par exemple, cette scène d'ouverture qui (pour moi) confine au sublime : un plan fixe (cinq minutes au moins) sur Nathalie Portman en train de pleurer dans une voiture, au début d'un film dont j'ai d'ailleurs oublié tout le reste, même le titre. Ca c'était du cinéma. Parfois c'est trop compliqué (c'est souvent le cas dans le cinéma israélien, mais arrivera-t-on un jour à véritablement intégrer cette situation ?) parfois trop théorique, ou trop intello.
La scène d'ouverture, encore une fois, est très belle : dans un train italien, un israélien, une palestinienne (ou le contraire, désolé, je ne suis plus sûr) se croisent, il lui demande une cigarette, ils discutent, un douanier tâtillon les titille, et ils finissent par s'embrasser en assurant au dit douanier qu'ils ne font ensemble "rien de politique..."
Le jeune homme, Uli,  vient en France, à Avignon, à l'occasion de la mort de son père, et y retrouve sa soeur Anna (Juliette Binoche), avec laquelle il va passer cette première partie du film. Et avec qui il va repartir en Israel, puisqu'elle a été sommée testamentairement d'aller retrouver là-bas sa fille Dana (abandonnée par elle à sa naissance) pour lui remettre en main propre sa part d'héritage, selon les volontés de son père. Car Uli est aussi militaire et veut rentrer pour participer à l'opération d'"évacuation" des colons juifs de la bande de Gaza. Ce sera donc la seconde partie du film, sous la double marque des retrouvailles  (familiales) et des séparations. Dès leur arrivée, le frère et la soeur sont séparés, puisqu'il est catégoriquement (par un collègue énervé braillard et règlement/règlement) refusé à Anna de monter dans la jeep où son frère s'embarque. Elle sera finalement conduite jusqu'à sa fille par un ami de son frère, joué par Gitaï lui-même, après une mémorable scène de franchissement de check-point (encore une scène forte gitaïesque, peut-être celle qui me restera de ce film, d'ailleurs). Elles tomberont dans les bras l'une de l'autre, jusqu'à ce que, destin cruel...
Le film procède ainsi, dans ce double mouvement d'assemblage / séparation, jusque dans sa forme même. C'est vrai que, tels quels, on a un peu l'impression d'avoir deux demi-films juxtaposés (Frère & soeur à Avignon et Mère & fille à Gaza), dont chacun aurait mérité un traitement particulier, et qui sont appariés juste par la présence des deux personnages principaux, le frère et la soeur, justement. Histoire de famille, donc, de racines et des liens qu'elles génèrent, de déracinement peut-être aussi), c'est idéalement la métaphore pour évoquer la situtation, là-bas, et le dialogue de sourds. Mais cette dichotomie  n'est pas si gênante, finalement, tellement on suit l'histoire avec intérêt et émotion, dans les deux cas.
Oui, je sais que je suis plutôt bon public et que j'ai plutôt -surtout à chaud- la critique louangeuse, mais il me semble que c'est mon Gitaï préféré depuis... un bon bout de temps. Bien entendu, inutile de préciser que la distrib' est nickel : tiens Jeanne Moreau, tiens Barbara Hendricks, tiens Hiam Abbas... Amos n'a visiblement pas mégoté sur la distribution, même pour les petits rôles. Et puis des barbes et des joues mal rasées et des treillis et des kippas... Et s'ils s'arrêtaient un peu de se gueuler dessus et commençaient à se faire des câlins, plutôt que de se foutre sur la gueule, sans arrêt comme ça, hein ? (c'est le message de Boutros Boutros Chori)

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4 juin 2008

camille à la plage

LE PREMIER VENU
de Jacques Doillon

Une demoiselle. Un godelureau. Dès le début du film on prend l'histoire en route, qui ne nous a pas attendus pour commencer. Des routes, d'ailleurs, il y en a beaucoup. Des routes où les personnages marchent côte à côte,  ou l'un vers l'autre, ou bien s'y tournent le dos en se disant "à plus tard".
La demoiselle, Camille (Clémentine Beaugrand, excellente, avec de charmants faux-airs de Clotilde Hesme) aime le godelureau Costa,(Gérald Thomassin, très bien aussi, qui a bien grandi depuis Le petit criminel), sans qu'elle, ni lui, (ni nous d'ailleurs), ne comprenne vraiment pourquoi. Enfin, disons qu'elle a décidé de l'aimer. Un petit malfrat, un peu alcoolo, un peu toxico, un peu irresponsable. Et voilà que dans leur histoire interfère Cyril, un jeune flic,(Guillaume Saurrel) à la fois amoureux de Camille, copain de Costa, et accessoirement ex-amant de son ex-femme Gwendoline.
Sacs de noeuds, bonnes intentions (surtout de la part de Camille) et effets divers, hésitations et chassés-croisés quasi rohmériens (T'aimes-je / M'aimes-tu ?). Ca va du plaisant au pénible, de l'insupportable au touchant. Doillon, quoi... avec un happy end comme un lapin sorti d'un chapeau (cette comparaison est aussi originale que cette fin-là l'est...)
Mais y a aussi dans ce film une très très belle lumière (c'est ce qui frappe dès les premières scènes) qui vient transcender ces paysages pour la plupart maritimes et hivernaux. Je crois d'ailleurs que c'est ça que j'en retiendrai...

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2 juin 2008

la belle si tu voulais....

UN COEUR SIMPLE
de Marion Laine

Il y a des actrices, comme ça, qui me transportent. A cause de leur rareté, et de leur justesse. Il y en a très peu. Et Sandrine Bonnaire en fait indiscutablement partie. C'est pour elle (et peut-être un peu aussi pour Flaubert) que j'avais envie de voir ce film.
Bonne surprise, déjà, une salle inhabituellement remplie pour un samedi 18h (on était au moins 16, pulvérisant ainsi les taux de fréquentation de "nos" films dans le bôô cinéma...) Le film de Marion Laine, comme la nouvelle de Gustave, raconte la vie de Félicité, une "servante au grand coeur". Pas une vie facile facile, qui verra au fil des années se succéder trahisons, départs, disparitions et morts de ceux qu'elle aime : Théodore, un paysan (qui la demande en mariage et préfère finalement en épouser une plus vieille et plus riche), Victor, son neveu (qui s'engage dans la marine et mourra du typhus) , Clémence la fille de sa patronne (qui mourra au couvent), Loulou,  le perroquet (qui mourra, lui, de froid), et Mathilde, sa patronne, incapable semble-t-il d'exprimer le moindre sentiment aimant (qui mourra, on ne sait pas comment, peut-être d'un excès de laudanum ?), et à qui Marina Foïs offre une étonnante incarnation, toute en lèvres pincées et mutisme affectif.
Un film très soigné, une interprétation excellemment homogène (homogènement excellente ? Il faudrait nommer tout le monde...), une adaptation personnelle (Marion Laine n'a pas fait que retranscrire la nouvelle de Flaubert, elle se l'est véritablement appropriée) pourtant on reste un tout petit peu sur sa faim. Il manque un petit quelque chose, un poil d'audace formelle, un montage un peu plus resserré, un petit grain de folie, pour que le film enthousiasme vraiment. Tel quel il est déjà très bien, peut-être juste un peu trop sage, timide, compassé (c'est peut-être l'histoire et l'époque qui le veulent...). Mais bon Sandrine Bonnaire est excellente d'un bout à l'autre et vaut, déjà à elle seule, le déplacement, et puis ce sous-texte quasiment lesbien est tout de même assez troublant, non ?

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1 juin 2008

un mot pour dire "livre dans lequel on trouve des mots qui résument en seul mot des choses compliquées"

TINGO
de Adam Jacot de Boinod

Je suis tombé dessus tout à fait par hasard (je flânais au rayon "dictionnaires", oui, j'aime les dictionnaires), je l'ai feuilleté, et ça m'a tout de suite emballé : l'auteur a étudié de nombreuses langues étrangères, et a ramené, pour chacune d'entre elles, un florilège lexical, où à chaque fois, un mot unique sert à traduire quelque chose qui, dans notre langue, prendrait énormément plus de mots :
ulaia (hawaïen) : vivre en ermite en raison d'une grande déception
lutmensch (yiddish) : un rêveur dépourvu de sens pratique et qui ne possède aucune activité ou source de revenus précis
samir (persan) : une personne qui parle la nuit, au clair de lune
... et ainsi de suite. En plus, c'est un 10/18 mais relié "en dur" et jacquetté. Et même, vendu avec deux très jolis marque-pages. Il ne quitte plus mon sac. Un peu comme un musée de mots personnel portatif et ludique.

tingo

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